Et maintenant ?

MeredIroise44
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Re: Et maintenant ?

Message par MeredIroise44 »

Bonjour Awb,

Je me reconnais beaucoup dans ton parcours et dans tout ce que tu écris. Merci de poser ces mots sincères sur ce que tu vis, c’est une aide de me reconnaître dans ton parcours. On doit se l’approprier, même si on n’en veut pas !
Nous avons beaucoup plus en nous la conscience de la fragilité de la vie puisque nous l’avons vécu à l’intérieur de nous-mêmes, dans notre chair. Les sentiments qui en découlent peuvent véritablement s’avérer difficiles à vivre : de l’angoisse à là négativité, il n’y a qu’un pas. (Voir tout en noir, imaginer le pire…) Et de la négativité à la culpabilité il n’y a aussi qu’un pas (on se reproche d’être inquiète et on s’inquiète des répercussions de cette inquiétude sur nous-mêmes et sur notre entourage) c’est un peu le cercle vicieux dont il nous faut sortir. Mais comment ? En extériorisant (c’est ce que nous faisons) et aussi je pense, en essayant de savourer les toutes petites choses de tous les jours, même si elles n’ont plus complètement la même saveur car nous savons désormais que tout peut nous être arraché du jour au lendemain. Oui le pire peut arriver, c’est certain, mais ce n’est pas parce qu’il peut arriver qu’il va arriver. Et le meilleur aussi peut arriver. La vie est pleine de surprises : bonnes et mauvaises et tout le monde un jour expérimente la douleur de la perte. Notre perte à nous est évidemment une des pires, mais j’ai compris qu’il ne servait à rien de vouloir comparer les douleurs. On ne peut vivre que la sienne, de toutes façons. On ne peut pas se mettre à la place des autres et personne ne peut se mettre à notre place.
La douleur, ça ne se compare pas, m’a dit un jour le psy. Ça m’a fait un déclic.
Je ressens une sorte de confusion à éprouver tout ça en même temps, à ne plus jamais connaître l’insouciance totale la légèreté et l’optimisme serein. Bien sûr que c’est dur, et même très dur. Encore et toujours. Et j’ai aussi cruellement et souvent manqué de patience envers mes deux aînés à qui leurs petits frère et sœur manquent aussi! Et je me suis dit la même chose que toi : dire que j’en veux un autre plus que tout, et eux je n’arrive même pas à être à la hauteur pour eux... qui sont encore bien petits pour vivre une telle déflagration. Mon espace mental est saturé et il me reste trop peu de place en moi pour tout le reste (l’organisation du quotidien, le travail, il faut faire aussi de la place pour les soins que je m’accorde (psy et groupe de parole…)
C’est envahissant de penser et de panser notre deuil. C’est un travail à part entière, que personne ne soupçonne, qui est infiniment intérieur et profond. Je crois qu’il est de ces travails qu’on ne peut faire totalement seule, on a besoin d’être accompagné, soutenu, entendu. Je m’entoure comme je peux de femmes qui sont passées par là et j’ai bien pris conscience que les autres ne peuvent pas totalement comprendre, tout comme je ne comprenais pas avant, moi, ce que ça pouvait représenter en termes de souffrance, de perdre un bébé qui n’est pas encore né. Je me racontais des histoires rassurantes.
Ce travail de reconstruction j’y consacre du temps, de l’énergie et de l’argent. Je n’ai pas le choix.
J’ai aussi réalisé que je serai toujours en deuil maintenant. Quoiqu’il se passe. Jusqu’à la fin de mes jours.
C’est ainsi et cela fait partie de moi, je dois apprivoiser cette réalité. Cette nouvelle personne.
Ma fille Iroise me manque terriblement. Mon petit Gwennili aussi, bien sûr. Même si dans la vie ils n’auraient sans doute pas pu exister tous les deux. Je les aime d’un amour éternel et passionné.
Perdre son arc-en-ciel est absolument inhumain. Le faire vivre en soi est une vraie mission de vie. En faire quelque chose pour soi et pour les autres. Cela me parle de plus en plus, au-delà de ma souffrance, qui parfois s’apaise un peu, mais pas longtemps.
A la fois je me tiens debout, forte, combative, déterminée à survivre et même à revivre un jour, et de l’autre côté je doute de m’en relever complètement un jour. J’ai peur.
Nous devons réapprendre à aimer la vie, et à lui faire confiance, et retrouver confiance aussi dans nos capacités à réapprendre tout cela.
L’écriture est un des moyens, l’art et le savoir aussi, pour ma part.
J’ai réalisé un rêve que j’avais d’avoir chez moi un piano. Je suis très fière qu’il soit là et qu’il ramène de la vie et de la voix chez nous. Les enfants aiment le faire sonner. Un jour peut-être joueront-ils de jolis morceaux émouvants.

Je pense bien à vous, vous qui me faites l’honneur de me lire, et je pense fort à tous nos bébés qui sont dans un monde meilleur et qui voudraient nous voir heureuses.
uNco
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Re: Et maintenant ?

Message par uNco »

Awb a écrit : 27 mars 2025, 17:23 Bonjour à toutes

Je ne sais plus trop où poster maintenant que mon IMG à eu lieu (le 1er Mars), ici ça me paraît bien. J'ai besoin d'écrire aujourd'hui.

C'est un jour particulier, il y a presque 1 mois que j'ai accouché de ma bébé décédée (à 32SA). Et il y a pile un an jour pour jour je subissais ma 1ère IMG par aspiration (à 14SA), si on m'avait dit qu'un plus tard, je ferais le deuil d'un second bébé...

Chaque jour est différent, j'ai l'impression d'un trou dans le coeur qui me fait mal quand j'y pense, je pleure mais moins que je ne l'aurais pensé. Mais quand ça arrive j'ai l'impression que je ne m'en remettrai jamais. Ensuite ça passe et ça va mieux. J'ai un immense vide devant moi. Que faire de ces belles journées de printemps qui arrive, lorsqu'on avait prévu de les passer à pouponner ?

La 1ère IMG l'année dernière était un tel choc à la T1, on ne s'y attendait tellement pas, ça a été très dur. Mais on a tenu bon, on s'est relevé avec mon conjoint. Notre 1ère fille va bien, c'était pas de chance, rien au niveau génétique. Et on a recommencé les essais rapidement plein d'espoir.
La grossesse suivante je l'ai appréhendée différemment, plus stressée, même si je me suis assez vite dit que la foudre ne tombait pas 2 fois au même endroit, la T1 était OK. Mais non tout a recommencé encore, mais en tellement différent. L'attente pour savoir ce qu'on faisait, IMG ou non, a été interminable, plus de 3 mois. pour finalement accouché au début du 8ème mois d'un bébé presque à terme, palpable, visible, quant la fois d'avant il n'était "qu'un embryon".

Comme quoi tout est relatif, l'année dernière je pleurais mon 2ème bébé, et aujourd'hui que je pleure le 3ème j'ai l'impression de minimiser ce qui est arrivé au 2ème...

Quelle fois est la pire ? Je ne sais pas. Est-ce-qu'il faut hiérarchiser ? Je ne crois pas.
Tout ce que je sais c'est qu'aujourd'hui 27 Mars 2025, je suis tellement en colère contre la vie. C'est tellement injuste. Je suis dévastée, avoir perdu 2 bébés en moins d'un an me paraît irréel, impossible. Ça ne peut pas m'être arrivé. J'ai été enceinte 8 mois sur 12 en 2024...

Et maintenant ? J'ai tellement envie d'un 2ème bébé en vie... Mais est ce que je vais avoir la force. Est ce que je vais avoir cette chance un jour ? Pourquoi 2 bébés malformés alors que la 1ère est bien là elle ? J'attend le rdv post accouchement début Mai, avec les résultats d'autopsie.

Merci à celles qui m'auront lu, c'est un peu décousu, je suis désolée.
Merci beaucoup pour ton message, il me touche profondément. Moi aussi, j’ai vécu deux IMG à des moments différents de la grossesse, et je ressens ce même mélange de douleur, de colère et d’incompréhension face à ce que la vie nous impose. Ce vide, cette impression d’irréalité, je la connais aussi, et certains jours sont plus lourds que d’autres.
ch'ti love
Je comprends tellement ce que tu décris : la difficulté de comparer les épreuves, l’envie d’un autre bébé, les questions sans réponse… On avance comme on peut, avec nos cicatrices et nos espoirs. N’hésite pas à écrire ici autant que tu en as besoin, tu n’es pas seule. Je t’envoie tout mon soutien et beaucoup de douceur pour traverser ces journées difficiles.
Citron
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Enregistré le : 03 juin 2025, 11:11

Re: Et maintenant ?

Message par Citron »

Bonjour,

Merci pour vos témoignages qui résonnent avec ce que je vis et ressens (même si les situations sont différentes).

De mon côté, je n'ai subi qu'une IMG et le chemin pour se reconstruire est difficile. Je pensais qu'après l'accouchement et la crémation, la parenthèse serait fermée.... Mais je me suis trompée...

Tout est compliqué. J'ai l'impression d'être en décalage avec le monde, d'être un disque rayé qui tourne en boucle. Je ne pense qu'à l'IMG, à Léon et au désir d'une nouvelle grossesse. J'ai peur que cela prenne du temps. J'ai besoin d'être rassurée mais comment l'être après ce qu'on a vécu ?

Je n'ai pas encore trouvé l'apaisement mais de vous lire faire déjà énormément de bien. Je me sens comprise et moins seule.

Je vous souhaite à toutes bien du courage pour faire face à ces situations que personne ne devrait traverser.
J'espère que l'avenir sera plus radieux.

Prenez soin de vous,
Léon, IMG à 19SA (11 juin 2025)
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