Congé maternité - sentiment de ne pas être légitime

[Juliette76]

Bonjour à toutes,

Claire, je compatis beaucoup, car nous sommes dans le même "timing de vie" difficile, je suis aussi en "congé maternité" jusqu'à fin juillet.
Si tu veux déculpabiliser : perso je ne culpabilise PAS DU TOUT, après tout ce qu'on vit, on doit se reconstruire doucement. Alors oui "visuellement" on peut se dire que l'on va bien mais il y a des re-descentes aussi... Je me suis aussi dit "peut être que je pourrais y retourner plus tôt" (en plus ça occupe et rythme aussi les semaines) mais en fait j'ai peur de faire la maligne et de craquer, de pas avoir la tête à, ou même de m'écrouler plus tard... Là au moins on a le temps de vivre dans l'ordre, quitte à a voir des moments down... Il faut que l'on prenne soin de nous avant de "donner" à nouveau vers l'extérieur (enfin je me dis ça).
Je valide à 100% l'idée de voyager, ça permet de couper! On est parti seulement 2 semaines à la montagne/dans nos familles deux semaines après l'IMG et rien que ça (on a eu l'impression d'être parti 1 mois!)... Maintenant on projette un plus grand voyage (le besoin d'aller LOIN, désolé l'écologie pour cette fois...) d'ici la fin de l'année (je trouve injuste que les papas ne puissent pas avoir un plus grand arrêt/congé). Moi là ce qui me freine c'est la rééduc du périnée qui bloque quand même (JOIE DE VIVRE DU POST PARTUM !) et aussi j'ai pas envie d'être éloignée trop longtemps de mon compagnon (qui lui a repris le travail malheureusement). J'oscille entre le besoin "d'organiser" (pour me dire qu'on avance et qu'on survit) et je sais qu'on est pas à l'abri de plus avoir envie au moment venu de la fameuse chose organisée, alors du coup je laisse faire au jour le jour (c'est le lâchez prise je crois ? haha). C'est comme le contact avec l'entourage : besoin de sentir qu'on est entouré et en même temps pas toujours l'énergie "de raconter"/de parler au téléphone...

Comme tu dis Clara, le temps est notre meilleur allié. Quand je lis que tu penses à ton bébé de manière plus apaisée avec le temps, c'est tout ce que je nous souhaite.

Nanou, ton dernier paragraphe je l'aime beaucoup, très positif et j'essaye de penser pareil. Evidemment les éventuelles futures grossesses seront sources de stress mais aussi intenses et encore plus belles (car là je pense qu'on a toute bien saisi que tout peut s'arrêter d'un coup sans prévenir).

En tous cas Claire, je suis de tout coeur avec toi dans ce "congé mat" qui n'a aucun putain de sens. Il y a des jours où j'ai de l'énergie pour "faire" et d'autres où je reste en pyjama (comme aujourd'hui) et je focalise sur mon bébé envolé, "j'accueille" comme dirait l'autre, ...pas envie de me forcer à être dans l'action pour occulter mes émotions.
Step by step.
On va y arriver

[Clara.]

Ce qui est dingue c'est de voir qu'on passe toutes par les mêmes étapes, les mêmes émotions et ressentis. Ca fait du bien quand on lit que les autres vivent la même chose que nous. C'est vraiment ce qui a fait partie des choses qui m'ont le plus aidée.
Par contre c'est rigolo parce que je disais il y a quelques jours que j'allais bien et que je ne pensais plus à mon bébé avec une réelle tristesse. Mais alors hier, j'ai complètement craqué au boulot. Je travaille avec des enfants autistes, et après avoir vu la maman d'un des enfants, mes collègues se sont mis à s'imaginer qu'elle avait grossi, qu'elle avait du ventre et qu'elle était sûrement enceinte. Elles riaient, elles étaient tout excitées, et moi j'avais envie de hurler pour qu'elles arrêtent de parler de ça, et surtout avec cette joie... Bref, j'ai craqué et j'ai pleuré toute la matinée, à chaudes larmes, sans pouvoir m'arrêter.
Mes collègues ont été sympa heureusement, j'ai pu m'isoler le temps de me reprendre. Et je pensais à vous et au fait que je vous avais dit que ça allait bien, mais aussi que les vagues de tristesse viennent toujours par surprise. Voilà un bel exemple !
Puis, plus tard dans la journée, j'ai réalisé qu'on était le 20 du mois, et que ça faisait donc pile 6 mois que j'avais accouché. Mon esprit ne le savait pas, mais mon corps en a eu la mémoire, j'en suis persuadée (ça et le fait que j'ai eu mes règles la veille alors que j'ai l'espoir d'être enceinte à chaque cycle).

Avec vous dans la pensée, très souvent. Le meilleur est à venir (je croise les doigts).

[Juliette76]

Coucou Clara,
C'est exactement le bon terme "les vagues de tristesse par surprise". Limite quand "ça va", je me dis "euh... je vais avoir une vague bientôt ou pas, c'est bizarre". Faut vraiment apprendre à lâcher le contrôle puisque ces vagues on ne pourra jamais les contrôler. Comme si "le risque d'être mal" planera toujours, c'est à moitié stressant, parce qu'on n'a jamais envie de s'effondrer en public ou en plein magasin ou au boulot... Après tout, c'est peut être ça qu'on apprend : lâcher prise, s'en fiche du regard des autres (oui on pleure parfois, "oui on a perdu un bébé" et "oui on est quand même forte").
Ce forum fait du bien, car à ma prochaine vague de tristesse en public (parce qu'on est quand même mieux chez nous dans notre cocon à ce moment là) je penserai à toi et à toutes celles qui ont connu/connaissent ça, on est des petits matelots sur notre radeau en pleine houle et on va toutes finir sur une belle île ensoleillée à un moment donné