Comment vous faites avec les bébés des autres ?

[Clara.]

Bonjour à toutes,

Je m'appelle Clara, j'ai 37 ans et un petit garçon de 3 ans qui s'appelle Oscar. Nous avons perdu notre deuxième bébé au mois de novembre d'une MFIU à 22 SA.
Aujourd'hui je me sens mieux, j'ai beaucoup de jours où tout va bien et quelques jours où ça va moins bien. On a le projet d'une nouvelle grossesse.
Mais voilà, je suis très sensible quand je vois des femmes enceintes ou des petits bébés.

Par exemple, la copine préférée d'Oscar (de l'école) vient de devenir grande soeur. Avec sa maman, nos grossesses se suivaient de deux mois. Quand j'ai appris la naissance de son bébé, j'ai pleuré toute la journée.
Je n'arrive pas à féliciter les mamans qui accouchent ou qui annoncent leur grossesse (je parle des femmes que je ne connais pas trop, comme les mamans de l'école ou des connaissances), je fais l'impolie en ignorant la nouvelle.
J'ai une amie qui a accouché début janvier, elle m'a annoncé la naissance de sa petite fille par message. J'ai pu lui répondre brièvement que j'étais heureuse que tout aille bien et que je la félicitais. Mais depuis je n'ai pas pris de nouvelles, c'est trop dur pour moi.

Ma plus grosse interrogation concerne une autre amie qui a accouché deux semaines avant que je perde mon bébé. J'ai même été leur rendre visite alors que mon bébé était déjà décédé dans mon ventre mais je ne le savais pas, je l'ai appris le lendemain lors de mon rendez-vous mensuel chez ma sage-femme. Avec cette amie, les choses sont devenues difficiles. On est très proches, on se voyait régulièrement et c'est quelqu'un qui compte beaucoup pour moi, elle est très empathique. Depuis que j'ai perdu mon bébé, on s'est vues trois fois, en présence de son bébé. La première fois ça a été horrible, les fois d'après un peu moins mais tout de même... Pour moi c'est trop dur de voir son bébé, de l'entendre parler bébé, biberons, tétées, nuits difficiles, petits cacas mignons
Je regarde à peine sa petite fille, je ne veux pas la porter ni lui faire de bisou, en fait je l'ignore et j'essaye de faire comme si elle n'était pas là. Et je ne ressens pas de tendresse pour elle, ni même de petit sentiment de mignonnerie. Rien à part une espèce de "jalousie", même si c'est pas vraiment ça.

J'ai finalement pu dire à cette amie que c'était trop difficile pour moi de voir sa fille et même d'en parler, et que j'avais besoin de distance pour le moment, même si je tenais énormément à notre amitié et que je savais que ça irait mieux plus tard. Elle l'a bien pris, elle m'a dit qu'elle comprenait et qu'elle était malheureuse que j'ai à vivre cette épreuve.
Mais moi je m'en veux, je me trouve dure et égoïste. J'aimerais que ce soit autrement mais je ne peux pas. Depuis la perte du bébé, j'ai appris à m'écouter et à prendre soin de mes besoins, mais ça commence à me gonfler de ne pas réussir à voir des bébés.

Comment vous faites ? Je pense que c'est normal et qu'on est nombreuses à ressentir ça alors ça m'aiderait d'avoir vos témoignages et vos petites histoires déculpabilisantes. Je me sens coupable et triste de ressentir ça, j'aimerais réussir à le dépasser.
Merci !

[Pépin]

Bonjour Clara,

Tout ce que tu ressens est vraiment normal. Ça peut être "mal perçu" de ceux qui n'ont pas vécu de deuil périnatal... Mais les personnes les plus proches de toi doivent apprendre à comprendre les "challenges" qu'une maman en deuil doit vivre.

J'avais énormément de mal à être heureuse pour les autres car je souffrais de trop.

En plus, j'ai eu une VAGUE d'annonces de grossesses et de naissance au moment où je perdais notre petite fille.

Littéralement 4 jeunes femmes qui étaient à l'université avec moi ont annoncé l'arrivée de leur premier bébé en mars/avril avec une DPA proche de celle de Pépinette. Pendant que la vie leur souriait, moi, je perdais pied.

Le lendemain du diagnostic de notre fille, c'est la voisine d'en face qui revenait de la maternité avec sa petite fille. Nous étions abattus, hagards, effondrés. Et devant notre fenêtre, nous avons vu passer le bonheur de ces nouveaux parents.

Deux semaines après la naissance de Pépinette, c'est un couple d'amis qui annonçait la naissance de leur bébé... Petite fille qui porte le prénom que j'envisageais pour notre bébé. C'est un peu horrible, mais j'ai planqué les faire-parts au fond du grenier pour ne pas les voir. Je ne sais même plus où ils sont.

Début mai, c'est un couple d'amis proches qui a annoncé qu'ils attendaient leur deuxième. Je me sentais très mal. Le pire, c'est que le papa a dit en rigolant : "Avec notre malchance, ce sera encore une fille.". Des sentiments très violents se sont agités en moi à ce moment-là. Quelle malchance d'avoir deux enfants vivants et en bonne santé.

J'étais aussi incapable de voir ma filleule née en décembre 2023. J'ai mis du temps avant de revoir mon filleul qui avait moins d'un an aussi. Après, tout le monde a été très compréhensif. Ils m'ont laissé beaucoup de temps. J'étais incapable de tenir un bébé dans mes bras. La douleur et la peine étaient trop grandes. Ça me brisait le cœur de voir tout ce qui m'avait été si injustement arraché. J'ai pris mes distances pour me protéger.

Avec le temps et la grossesse d'après, j'ai réussi à mieux vivre les annonces et la présence des bébés. Quand j'apprends une grossesse, j'ai quand même un pincement au coeur, mais j'arrive à mieux le vivre et à faire face. J'ai des pensées parfois un peu négatives ("Attendez le DPNI avant de vous réjouir" ou "Il n'y a pas certitudes que vous aurez ce bébé dans votre bras")... Mais je les garde pour moi et elles finissent par passer.

Bref. Tout ça pour dire que tu dois te laisser du temps et que tes sentiments négatifs sont tout à fait normaux et légitimes.

Préserve-toi ! Explique à tes proches ce que tu ressens. Les vrais amis comprendront.

[Clara.]

Merci Manon pour toutes tes petites histoires.

Je comprends ton truc pour le faire-part planqué ! Je n'en ai pas encore reçu depuis la perte de mon bébé mais j'appréhende également. Est-ce que cette amie dont je parle va avoir la délicatesse de ne pas me l'envoyer tout de suite ou au moins d'y mettre un petit mot personnalisé pour mon bébé ? Je l'espère.

Les maladresses des gens, c'est vraiment difficile. Mais je me dis qu'on peut tous être maladroits et que ce n'était sûrement pas voulu de la part du couple d'amis qui espérait ne pas avoir une deuxième petite fille (en bonne santé). Il faut quand même que les gens apprennent à tourner sept fois leur langue dans leur bouche.
En ce moment, puisque j'ai parlé de mon désir de nouvelle grossesse à mes amies, la toute jeune maman dont j'ai déjà parlé m'a dit : peut-être que cette fois-ci ça sera une fille, on espère, ça serait super pour toi et pour faire une copine à ma fille. Il faut savoir qu'on est un petit groupe de trois amies : une amie qui a deux garçons, moi qui ai un garçon et perdu un autre petit garçon, et cette amie qui vient d'avoir une fille. Gloups, ça m'a fait un choc qu'elle dise ça, c'était comme si elle pensait que c'était pas si mal que j'ai perdu mon garçon, comme ça je pouvais à nouveau espérer avoir une fille. Je ne sais pas comment mais il va falloir que j'anticipe ces réflexions parce que dans ma famille ça va être pareil, étant donné qu'avec ma soeur et mes cousines, on a toutes fait que des garçons. Tout le monde rêve d'une petite fille... Il va falloir que je dise clairement, dès le départ, que peu importe le sexe tant que notre bébé sera vivant et en bonne santé.

Tu veux dire que même en étant enceinte de 8 mois, tu as encore du mal à supporter la présence des femmes enceintes et des bébés ? Moi qui espérais que ça s'arrête quand je serai enceinte... Je crois que je veux aller trop vite.

[Pépin]

J'espère de tout cœur que cette bonne amie pensera à être particulièrement prévoyante vis-à-vis de toi. J'ai aussi eu la chance d'avoir des proches qui ont fait très attention avant de m'annoncer une grossesse.

Deux collègues (dans une équipe de 12 personnes) m'ont annoncé l'été passé leur grossesse à part et en avant-première pour ne pas que je l'apprenne en même temps que tout le monde, de manière abrupte. Elles ne savaient pas que j'étais moi-même aussi enceinte, avec un terme prévu une semaine après le leur. Leur empathie et leur délicatesse m'a vraiment fait plaisir. Je n'ai pas mal pris leurs annonces et j'ai vécu ma grossesse d'après à leur côté sans problème.


Je t'avoue que concernant le sexe, j'ai aussi eu des commentaires qui me mettaient un peu mal à l'aise. On m'a dit que c'était "super" que le bébé suivant soit un garçon, comme ça je "penserais moins à notre fille". Je n'ai pas réussi à me positionner par rapport à cela. Car au final, en attendant un petit garçon, je devais faire le deuil des petites robes que nous avions imaginé pour notre premier enfant. J'ai laissé couler ces réflexions qui sont revenues plusieurs fois, mais je n'étais pas forcément à l'aise avec cela. Moi, j'étais juste soulagée et heureuse d'attendre un bébé en bonne santé. Attendre un garçon ne me semblait pas spécialement "mieux". Je pense tout de même quotidiennement à notre fille.

Alors, je n'ai plus de mal à supporter la présence des femmes enceintes et des bébés. Il vaut mieux d'ailleurs, vu que je fais des séances d'aquagym prénatale avec d'autres futures mamans.

Par contre, quand une annonce de grossesse tombe, j'ai toujours cette pensée un peu déroutante de me dire : "Ils ne se rendent sans doute pas compte que ça peut dérailler.". Quand je vois qu'un bébé est né, je ne peux pas m'empêcher de me dire : "Je me demande s'ils réalisent leur chance". Bref, je conserve une sorte de petite angoisse car je sais que toutes les grossesses ne finissent pas bien. Ça passe heureusement assez vite et j'arrive à côtoyer des femmes enceintes et des bébés. Je ne suis plus submergée par la tristesse comme au début.

Le temps aidera. Une possible grossesse d'après aussi. Mais il faut être patiente et te préserver en attendant.

[Aureli]

Bonjour,
Cela fait des semaines que je viens lire les témoignages sur ce forum mais que je n'ai pas encore participé.
Toutefois ton témoignage fait particulièrement écho en moi car je suis en colère contre les bébé des autres en ce moment.
J'ai perdu ma fille Alba d'une MFIU inexpliquée la veille de mon terme en novembre dernier, après une grossesse parfaite.
Depuis je ne supporte plus la vue d'un bébé, je détourne le regard quand je vois des poussettes dans la rue et j'en ai jamais autant vu que depuis que j'ai perdu mon bébé, comme si malgré moi mon regard et mon attention était attirée par les poussettes.
Je suis en colère que tous ces bébés soient en vie et pas ma fille, mais je me sens horrible de ressentir ça...
Nous sommes invités dans 2 semaines à l'anniversaire de la nièce de mon conjoint. Dans la famille de sa belle soeur, il y a un bébé de 5 mois qui sera là. Je n'ai aucune envie de le voir, je ne veux rien savoir de ce bébé. Nous n'avons pas encore décidé si on allait y aller.
J'ai une très proche amie qui est enceinte qui va bientôt accoucher. J'arrive à parler de sa grossesse, d'elle, mais impossible pour moi de parler de son bébé. Elle a publié des photos d'elle enceinte sur les réseaux avec un message comme quoi elle est impatiente de rencontrer son bébé et je ne peux pas m'empêcher de penser "tu ne peux pas dire ça, tu ne sais pas si tu vas la rencontrer". A nouveau, je me sens horrible et pas normal de penser ça.
Alors vos témoignages me font du bien et je comprends parfaitement ton sentiment de culpabilité. Désolée pour ce long partage mais ce sentiment négatif à l'égard des bébés me pèse beaucoup aussi en ce moment et ça fait du bien de ne pas se sentir seule.
Courage à vous, j'espère qu'un jour, on aura plus de tendresse pour les bébés des autres.
Aurélie

[Clara.]

C’est fou parce que quand je lis ton témoignage, je trouve normal tout ce que tu ressens. Alors que lorsque c’est moi qui ressens ça je me trouve horrible.
Comme quoi il faudrait être plus indulgent avec soi-même.
Tu n’es pas horrible d’être en colère. Tu es en colère contre ce qui t’est arrivé, et il faut bien la diriger contre quelqu’un. Ceux qui vont bien et qui continuent leur petite vie, surtout s’ils ont un bébé en bonne santé, nous mettent en colère, ça me parait normal.
Ceci dit, ça ne me le fait pas lorsque ce sont des femmes qui ont vécu la perte d’un bébé comme nous. Au contraire, pour celles-ci je suis heureuse et pleine d’espoir pour moi plus tard.

Pour la fête de famille dont tu parles, ne te force surtout pas si tu n’as pas envie d’y aller. Écoute toi. Ton mari peut peut-être y aller seul ou ne pas y aller du tout. Si tu sens que ce sera trop douloureux, ne le fais pas.
Ceci dit, les fois où j’ai vu mon amie avec son bébé, ça a pu être horrible mais je pense que ça m’a permis de faire un grand pas dans mon deuil. Une grosse douleur mais une petite avancée sur mon chemin de reconstruction. A toi de voir ce que tu es capable de supporter, sans te mettre d’injonction ni de pression. C’est toi qui décides ! Les autres comprendront, et s’ils ne comprennent pas ce n’est pas grave.

[petitfaon]

Je trouve que tout dépend aussi comment la personne qui a le bébé se comporte avec nous. Si la personne est empathique et compatissante, ça passe tout de suite tellement mieux. Alors que si pour la personne nous n'avons rien vécu, que nous ne sommes pas parents (pour ceux qui n'ont pas d'autre enfant), qu'avoir un bébé en bonne santé est juste la norme et que ça lui parait normal qu'on s'extasie sur le sien sans arrière-pensée, c'est hyper dur.
Forcément moi je pense au mien en même temps, et je me dis "cette personne ne m'a jamais complimentée sur mon bébé, pourquoi je devrais le faire pour le sien" ? Ce qui bien sûr est un peu idiot car personne ne l'a vu, mais j'ai toujours ce genre de pensée, cachées derrière la politesse de façade bien sûr.

[F@nny]

Bonsoir à toutes

Je lis vos témoignages et ça me « rassure » un peu, mais ça fait tellement de peine…

Mon bébé est né sans vie suite à une IMG pour cardiopathie sévère il y a presque 4 semaines. Depuis j’oscille entre haut et bas, j’arrive à être 3/4 jours assez bien, et puis y a des jours où je ne fais pas grand chose à part pleurer.

On est allé chez un couple d’amis qui a deux petites filles aujourd’hui, ça été. Mais en nous baladant, on a croisé pleins de famille avec poussettes, plusieurs enfants…
Ce soir une amie qui connaît ma situation m’a annoncé bien embêtée qu elle était enceinte du 3ème…
La fin d’après midi et la soirée ont été horrible: ça me renvoie au fait qu on aurait dû avoir un bébé dans 2 mois, qu’il ne sera pas là, que je ne suis plus enceinte, que ce petit bébé est mort et qu il y a « tout » à refaire, qu on ne sait pas dans combien temps j’aurai enfin un bébé en bonne santé dans les bras. Je ressens de la colère et de la « jalousie » : ils font tous des enfants en bonne santé et nous le seul qu on avait fait était condamné et n’est déjà plus là….

Mais quand est ce qu’on va vraiment mieux? Que le bonheur des autres n’est plus aussi douloureux?

[Lili74]

Bonsoir chère Fanny,

Je ne pourrais pas te dire quand ça va passer, j’imagine que ca ne disparaîtra jamais. Je ne ressens pas de problème par rapport aux autres bébés ni mamans mais ça me plonge dans une peine immense à chaque fois, et je me dis que nous aussi on devait l’avoir notre bébé. Parfois j’ai envie d’être en colère, la déverser sans limite mais contre qui ? Contre le CMV qui a bousillé le cortex cérébral de Marcellino ? Mais on ne peut pas être en colère contre un virus.

J’ai éprouvé de la colère et surement encore maintenant contre les couples que l’on connaît ou pas d’ailleurs, qui ne se soucient de rien, ne font attention à rien, prennent des risques alimentaires pendant la grossesse ou font courir un risque à leur enfant niveau santé ou alimentation etc.
Contre eux je suis en colère. Je me dis que nous essayons de toujours bien faire, de faire attention à tout et qu’on s’est chopé ce virus de merde que personne n’a chopé dans tout mon entourage même élargi.

Pour en revenir aux pensées négatives/jalousie, je comprends tellement. C’est pour un autre sujet mais nous on a mis 5 ans à avoir nôtre aîné. On s’est battu corps et âme, et mon dieu qu’on l’a desiré. Et bah encore aujourd’hui, si on m’annonce une grossesse « facile » ou pire « accidentelle » je vrille.
Je me souviens d’une de mes meilleures amies qui m’a annoncé qu’elle était enceinte quand mon fils avait 6 mois.
Elle m’a dit que c n’était pas du tout prévu, son couple bâtait de l’aile en plus, bah j’ai peté un plomb en raccrochant alors que j’avais mon petit garçon.


Mon mari partage cette colère sur ces deux sujets, il n’y a pas que nous mamans donc je pense que c’est presque assez naturel de ressentir cela.

Je vous envoie à toutes tout mon courage. Nous ne sommes pas seules

[Clara.]

Fanny,

Merci de partager ça avec nous. C'est bête mais ça fait vraiment du bien de savoir qu'on ressent toutes un peu les mêmes choses, on n'est pas folles ou méchantes, c'est juste normal.

Quelle folie ce processus de deuil ! Il y a des moments où tout semble aller plutôt bien (j'ai perdu mon bébé en novembre, je ne suis qu'un tout petit peu plus avancée dans le deuil que toi, mais chaque jour compte car chaque jour nous fait avancer et peut être différent du précédent), il m'arrive même de penser que ce n'est pas si grave ce qui nous est arrivé. Puis il y a de nouveaux creux dans la vague, comme là depuis 15 jours- 3 semaines, où je me sens à nouveau très triste. Je retiens qu'il faut profiter quand on se sent bien, sans culpabiliser, parce que c'est super d'aller bien ! J'ai hâte de me sentir à nouveau heureuse, même si la tristesse doit revenir ensuite.
Il faut juste accepter et comprendre ça comme ça vient et ne pas lutter. Et encore moins se forcer à exprimer des sentiments joyeux pour les autres bébés.
L'autre jour au parc avec mon fils, il y avait sa copine d'école qui vient d'être grande soeur et le petit bébé (une fille) était là aussi dans sa poussette. Je ne l'avais encore jamais vue, j'ai discuté avec les parents mais je n'ai pas pu regarder leur bébé. Je crois que c'était de la délicatesse, ils avaient tourné un peu la poussette, de ce fait je ne voyais pas le bébé et ils n'ont pas du tout attiré mon attention dessus. Je pense que ça dépend effectivement beaucoup du comportement des parents. J'ai failli jouer la politesse et aller la regarder mais je ne m'en sentais pas capable et j'ai réussi à m'écouter. Je suis fière de moi, c'est peut-être rien mais pour moi c'est énorme.

Lisa,

Je comprends tout à fait ta colère pour les personnes qui ont un enfant facilement. C'est un sujet que j'ai toujours trouvé délicat, quand moi-même je n'avais pas eu de difficulté à tomber enceinte et que je savais que d'autres couples d'amis n'y parvenaient pas. On ne sait pas comment agir pour ne pas blesser, même si on y pense et qu'on essaye de bien faire. Je fais ce parallèle maintenant quand le comportement des autres n'est pas adapté à ma souffrance : je me dis que dans leur situation je ne saurais sûrement pas être parfaite non plus, comme j'ai peut-être pu être maladroite malgré moi quand j'ai annoncé ma grossesse à des couples en difficulté pour faire un bébé. Ca m'aide à ne pas en vouloir aux personnes que je trouve maladroites aujourd'hui.

Merci d'être là les filles, on se soutient et c'est précieux ! Je pense bien à vous et vous envoie plein de courage quand ça ne va pas.