Ma fille, Rozen, est décédée suite à une IMG il y a 2 ans et demi (déjà!).
Et cette nuit, elle est venue me cueillir, là où je ne m'y attendais plus.
Alors que mes pensées sont encore parfois houleuses, souvent sereines, ce moment hors du temps m'a complètement retournée.
Dans ce rêve ... elle vivait. Avec son papa, nous allions la voir, dans une sorte de nurserie de l'hopital. Elle avait 1 an. Et cela faisait un an quelle n'avait pas quitté cette pièce, dans laquelle elle vivait du fait de son handicap. C'était la première fois que nous allions la voir, depuis un an. Nous l'avions abandonnée.
Et elle demeurait là, dans cette petite pièce, et à l'intérieur de cette pièce pleine d'autres bébés abandonnés, dans une espèce de cage.
Ce rêve était dans une société où abandonner quelqu'un de part son handicap était la norme, et le reprendre était un acte bizarre.
Poignardée par le fait de voir ma fille dans cette cage, je décidais de la prendre avec moi, de la ramener à la maison ... Et je devais signer toutes sortes de décharges pour dire que j'étais bien en accord avec cette décision.
Puis nous rentrions, retrouvant l'amour ... Aussi les doutes, après plus d'un an d'abandon, qu'allait elle devenir ... Et en arrivant à la maison ma fille était devenue un lapin (Oui, on est bien dans un rêve

Bref, les larmes coulent en écrivant, je suis happée de tant d'émotions et d'éléments survenus juste en une nuit, sans avertissements... Alors que le seul rêve marquant que j'ai fait d'elle était d'avant l'IMG.
Les doutes reviennent, au galop. En fait, cette maman qui a abandonné son enfant, c'est moi? En fait, cette société qui reclue les handicaps quels qu'ils soient, c'est bien nous tous? La petite boite, j'ai donc volontairement enfermé ma fille, mon petit bébé, dans une boite, de laquelle je ne peux plus la sortir?
Et aller la voir après ... Ce que j'aimerais. Comme j'aimerais, là, aujourd'hui, pouvoir dire "eh oh, nan mais en fait je veux juste revoir mon enfant, je suis prête à signer toutes les décharges du monde, mais faites moi revoir ma fille, je l'aime tellement, j'ai tellement d'amour à lui offrir".
Au fond, je raisonne. Ma fille, elle ne se serait pas transformée en lapin, ce n'est pas à son handicap que nous avons dit non, mais à toutes les souffrances qui l'attendaient.
Mais ces tripes là, au fond de moi, qui se tordent et me disent que je veux la voir, la serrer dans mes bras, ne faire qu'un avec elle encore tellement de fois ...
J'avais juste besoin de poser cela quelque part ...