Le calme après la tempête, ou les effets pervers de l'Après-IMG
Posté : 21 août 2017, 12:39
Bonjour à toutes (et tous!)
Il y a 12 jours, mon petit bébé prenait son envol...
Et depuis 12 jours, c'est comme si mon âme aussi s'était envolée, comme si j'étais spectatrice de ma vie d'"Après", de ma tristesse profonde...je ne me reconnais plus, tellement mes réactions sont incontrôlables et violentes.
Je voulais vous parler de l'état de choc qui suit l'IMG.
Il y a l'"Avant", quand on pense encore attendre un bébé en pleine santé, qu'on est le centre des attentions, que tout le monde nous parle de notre ventre arrondi qu'on exhibe fièrement en sentant les mouvements bien perceptibles de bébé.
Puis il y'a l'annonce, quand tout s'écroule, quand l'état de grâce devient un état secondaire, un flottement entre espoir et désespoir, entre envie de profiter de sa grossesse et envie que tout se termine....
Pendant toute la période qui suit l'annonce (pour nous ça a duré 2 mois), nous suivons le rythme effréné des rdv médicaux, et nous sommes toujours le centre du monde, car notre entourage est très présent, inquiet pour nous et notre bébé... Nous vivons dans une tension permanente, tout en essayant de maintenir les relations avec notre bébé, de profiter de notre cocon avec sa grande soeur.
L'intensité de cette période atteint son paroxysme pendant l'hospitalisation, le "Pendant l'IMG"...
En plus du soutien permanent de l'entourage, on a maintenant la présence de l'équipe médicale, si précieuse.
Le paradoxe de ce moment est que, même si nous vivons les instants les plus terribles de notre existence, avec tant d'angoisse et de souffrance, nous vivons également les derniers instants avec notre petit garçon, et même les seuls instants de son court passage sur Terre...
Et toutes les personnes de l'hôpital qui se sont occupées de nous ont réussi à faire de ces moments tragiques des moments magiques, en préservant notre petit cocon jusqu'au bout... ce sont eux qui ont pris soin de notre bébé, de nous, et je ne pourrais jamais oublier chaque personne qui était auprès de nous pendant ces 3 jours.
J'en rêve encore la nuit, je revois le visage de l'obstetricienne qui a fait l'injection dans le cordon de mon bébé, avec tant de douceur et de mots apaisants... je revois la Sage femme qui se sentait impuissante face à ma douleur, et qui a tout fair pour respecter mon corps er celui de mon bébé... l'anesthésiste qui me tenait la main et me chuchotait plein de mots rassurants... les jeunes aides soignantes, si gentilles et touchées par la situation. ... je m'en voulais même de leur donner a voir un tel tableau d'horreur, de leur enlever leur insouciance...je me disais "mais comment auront-elles encore envie d'avoir des enfants après avoir vu des situations pareilles ????"
Et puis après tout s'arrête. ... vraiment, pour de bon !
Quelques heures après, nous quittons l'hôpital, notre bébé, et tous ces gens qui nous ont pris en charge...
Le ventre plus vide que jamais, les yeux presque vides de larmes, tant elles ont déjà coulé, le coeur serré, la tête pleine d'images gravées à vie, de phrases qui résonnent.. .
Nous rentrons à la maison, et là c'est l"Après" qui commence.
Le Vide, le Silence, la Mort qui réellement se fait sentir.
C'est comme si j'avais laissé mon âme à l'hôpital , avec mon tout-petit. Les messages de condoleances remplacent les messages d'espoir des dernières semaines... plus personne ne sait quoi nous dire, plus personne ne parle de notre bébé.
Nous récupérons notre fille le soir même, et heureusement, pour que la vie reprenne un peu ses droits... elle se jette sur mon ventre pour vérifier que son petit frère est bien sorti a l'hôpital, et qu'il y est resté pour s'y endormir pour toujours... et puis elle passe à autre chose.
Tout est fini, plus de bébé, plus de ventre arrondi, plus de mouvements qui nous faisaient sourire jusqu'aux derniers instants, plus de rdv médicaux qui donnaient encore de l'importance et de la vie à notre bébé, plus de questions à se poser sur son devenir, plus rien que le vide et le silence. Les gens n'ont plus rien à nous dire, c'est comme si notre bébé n'avait jamais existé. ..
Même mon ventre est redevenu plat, c'est incroyable comme la nature semble s'appliquer à effacer les traces de son passage (je sais, je ne vais pas me plaindre de ce côté là, c'est déjà ça en moins à gérer!)...
3 jours Après, sous l'insistance de mon compagnon, nous partons rejoindre en vacances de la famille et des amis, car il est persuadé que ça me fera du bien ... Il doit aussi y retrouver son fils de 8 ans (né d'une union précédente), et ne veut pas me laisser seule...donc je cède, je ne vais pas en plus priver tout le monde d'une petite semaine de vacances !
Mais la semaine a été très dure, je n'avais aucune envie de vivre en communauté, de faire semblant, de me cacher pour pleurer, de supporter le bruit, les cris des enfants, les rires des adultes....
Même mon homme semble être déjà passé à autre chose, il a repris sa vie quotidienne avec une facilité déconcertante, et ne me parle plus du tout non plus de notre bébé. .. alors je sais bien que les hommes ne vivent pas du tout les choses comme nous, et que ce n'est pas pour autant qu'ils ne souffrent pas, mais ce n'est pas évident quand on a partagé autant d'émotions et de douleur... il a même réussi à me sortir un soir une phrase qui reste coincée dans mon cerveau : "questce quil y'a ? Ça ne va pas ? Tu as l'air triste ?"... 6 jours après la mort de notre bébé !!!!!!
Je ne veux surtout pas que notre couple se fragilise après cette épreuve, mais il va falloir que je prenne beaucoup sur moi...
Surtout que nous devons passer encore toute la semaine avec son fils, que j'ai énormément de mal à supporter, d'autant plus depuis le drame (un probleme de fond avec sa mère, qui s'est permise de lui annoncer que son petit frère ne vivrait pas, alors que notre decision n'était meme pas encore prise !)
Certaines d'entre vous sont-elles dans ma situation (d'un conjoint qui a déjà des enfants) ?
J'ai bientôt rdv avec la psychologue, il faudra avancer sur tout ça...
En attendant, je vous remercie d'avoir lu mon témoignage, écrire est déjà un très bon début de thérapie, et lire tous vos récits chaque jour m'aide à me sentir beaucoup moins seule...
Et surtout ils me font réaliser la chance énorme que j'ai d'avoir déjà une magnifique petite fille en pleine santé, et grâce à qui la vie reste belle... je pense si fort à toutes celles qui n'ont pas cette chance, et pour vous je me dois de retrouver le sourire et de ne pas me lamenter sur mon sort.
Plein de courage à toutes
Il y a 12 jours, mon petit bébé prenait son envol...
Et depuis 12 jours, c'est comme si mon âme aussi s'était envolée, comme si j'étais spectatrice de ma vie d'"Après", de ma tristesse profonde...je ne me reconnais plus, tellement mes réactions sont incontrôlables et violentes.
Je voulais vous parler de l'état de choc qui suit l'IMG.
Il y a l'"Avant", quand on pense encore attendre un bébé en pleine santé, qu'on est le centre des attentions, que tout le monde nous parle de notre ventre arrondi qu'on exhibe fièrement en sentant les mouvements bien perceptibles de bébé.
Puis il y'a l'annonce, quand tout s'écroule, quand l'état de grâce devient un état secondaire, un flottement entre espoir et désespoir, entre envie de profiter de sa grossesse et envie que tout se termine....
Pendant toute la période qui suit l'annonce (pour nous ça a duré 2 mois), nous suivons le rythme effréné des rdv médicaux, et nous sommes toujours le centre du monde, car notre entourage est très présent, inquiet pour nous et notre bébé... Nous vivons dans une tension permanente, tout en essayant de maintenir les relations avec notre bébé, de profiter de notre cocon avec sa grande soeur.
L'intensité de cette période atteint son paroxysme pendant l'hospitalisation, le "Pendant l'IMG"...
En plus du soutien permanent de l'entourage, on a maintenant la présence de l'équipe médicale, si précieuse.
Le paradoxe de ce moment est que, même si nous vivons les instants les plus terribles de notre existence, avec tant d'angoisse et de souffrance, nous vivons également les derniers instants avec notre petit garçon, et même les seuls instants de son court passage sur Terre...
Et toutes les personnes de l'hôpital qui se sont occupées de nous ont réussi à faire de ces moments tragiques des moments magiques, en préservant notre petit cocon jusqu'au bout... ce sont eux qui ont pris soin de notre bébé, de nous, et je ne pourrais jamais oublier chaque personne qui était auprès de nous pendant ces 3 jours.
J'en rêve encore la nuit, je revois le visage de l'obstetricienne qui a fait l'injection dans le cordon de mon bébé, avec tant de douceur et de mots apaisants... je revois la Sage femme qui se sentait impuissante face à ma douleur, et qui a tout fair pour respecter mon corps er celui de mon bébé... l'anesthésiste qui me tenait la main et me chuchotait plein de mots rassurants... les jeunes aides soignantes, si gentilles et touchées par la situation. ... je m'en voulais même de leur donner a voir un tel tableau d'horreur, de leur enlever leur insouciance...je me disais "mais comment auront-elles encore envie d'avoir des enfants après avoir vu des situations pareilles ????"
Et puis après tout s'arrête. ... vraiment, pour de bon !
Quelques heures après, nous quittons l'hôpital, notre bébé, et tous ces gens qui nous ont pris en charge...
Le ventre plus vide que jamais, les yeux presque vides de larmes, tant elles ont déjà coulé, le coeur serré, la tête pleine d'images gravées à vie, de phrases qui résonnent.. .
Nous rentrons à la maison, et là c'est l"Après" qui commence.
Le Vide, le Silence, la Mort qui réellement se fait sentir.
C'est comme si j'avais laissé mon âme à l'hôpital , avec mon tout-petit. Les messages de condoleances remplacent les messages d'espoir des dernières semaines... plus personne ne sait quoi nous dire, plus personne ne parle de notre bébé.
Nous récupérons notre fille le soir même, et heureusement, pour que la vie reprenne un peu ses droits... elle se jette sur mon ventre pour vérifier que son petit frère est bien sorti a l'hôpital, et qu'il y est resté pour s'y endormir pour toujours... et puis elle passe à autre chose.
Tout est fini, plus de bébé, plus de ventre arrondi, plus de mouvements qui nous faisaient sourire jusqu'aux derniers instants, plus de rdv médicaux qui donnaient encore de l'importance et de la vie à notre bébé, plus de questions à se poser sur son devenir, plus rien que le vide et le silence. Les gens n'ont plus rien à nous dire, c'est comme si notre bébé n'avait jamais existé. ..
Même mon ventre est redevenu plat, c'est incroyable comme la nature semble s'appliquer à effacer les traces de son passage (je sais, je ne vais pas me plaindre de ce côté là, c'est déjà ça en moins à gérer!)...
3 jours Après, sous l'insistance de mon compagnon, nous partons rejoindre en vacances de la famille et des amis, car il est persuadé que ça me fera du bien ... Il doit aussi y retrouver son fils de 8 ans (né d'une union précédente), et ne veut pas me laisser seule...donc je cède, je ne vais pas en plus priver tout le monde d'une petite semaine de vacances !
Mais la semaine a été très dure, je n'avais aucune envie de vivre en communauté, de faire semblant, de me cacher pour pleurer, de supporter le bruit, les cris des enfants, les rires des adultes....
Même mon homme semble être déjà passé à autre chose, il a repris sa vie quotidienne avec une facilité déconcertante, et ne me parle plus du tout non plus de notre bébé. .. alors je sais bien que les hommes ne vivent pas du tout les choses comme nous, et que ce n'est pas pour autant qu'ils ne souffrent pas, mais ce n'est pas évident quand on a partagé autant d'émotions et de douleur... il a même réussi à me sortir un soir une phrase qui reste coincée dans mon cerveau : "questce quil y'a ? Ça ne va pas ? Tu as l'air triste ?"... 6 jours après la mort de notre bébé !!!!!!
Je ne veux surtout pas que notre couple se fragilise après cette épreuve, mais il va falloir que je prenne beaucoup sur moi...
Surtout que nous devons passer encore toute la semaine avec son fils, que j'ai énormément de mal à supporter, d'autant plus depuis le drame (un probleme de fond avec sa mère, qui s'est permise de lui annoncer que son petit frère ne vivrait pas, alors que notre decision n'était meme pas encore prise !)
Certaines d'entre vous sont-elles dans ma situation (d'un conjoint qui a déjà des enfants) ?
J'ai bientôt rdv avec la psychologue, il faudra avancer sur tout ça...
En attendant, je vous remercie d'avoir lu mon témoignage, écrire est déjà un très bon début de thérapie, et lire tous vos récits chaque jour m'aide à me sentir beaucoup moins seule...
Et surtout ils me font réaliser la chance énorme que j'ai d'avoir déjà une magnifique petite fille en pleine santé, et grâce à qui la vie reste belle... je pense si fort à toutes celles qui n'ont pas cette chance, et pour vous je me dois de retrouver le sourire et de ne pas me lamenter sur mon sort.
Plein de courage à toutes