Et soudain, il a arrêté de bouger...
Posté : 31 mai 2017, 11:47
Bonjour à tous,
Je suis la mamange d'un petit ange parti trop tôt le 9 avril.
Nous l'avons espéré pendant plus d'un an et quand je suis enfin tombée enceinte, nous étions tellement heureux. J'ai rapidement fait du diabète gestationnel à 8 SA et à 15 SA, nous sommes allés aux urgences car je perdais du sang. Il s'est avéré que c'était un hématome situé en arrière du col. Les saignements ont continué pendant plusieurs semaines et je suis restée au repos complet pour éviter que les membranes ne se rompent.
Pendant toutes ces semaines, nous avons eu des échographies tous les 15 jours, moments privilégiés pendant lesquels nous pouvions admirer notre bébé, entendre son cœur battre, constater que tout allait pour le mieux et qu'il grandissait parfaitement.
A partir de 18 SA j'ai commencé à sentir de tous petits mouvements, comme une sensation étrange mais agréable, et ça s'est poursuivi semaine après semaine, c'est petites sensations se transformant en petits coups très réguliers et de plus en plus vigoureux. Mon petit garçon allait être un petit sportif, comme son papa.
L'échographie du 2è trimestre et le RDV gynéco nous ont enfin confirmé que l'hématome avait totalement disparu après 2 mois de saignements et que tout allait bien. Il était enfin temps de reprendre notre vie et de profiter de la grossesse.
On nous a tout de même prescrit une écho cardio foetale au cours de la 25 SA par principe à cause du diabète et d'un début de traitement à l'insuline. L'après-midi même de cette écho où le médecin a confirmé que son cœur était "parfait", je n'ai pas senti ses coups, c'était étrange mais je me suis dit qu'avec les stimulations il avait peut être changé de position. Le lendemain, pas de coup non plus, juste d'autres "mouvements", comme mon ventre qui se soulève, c'était sûrement normal. J'ai décidé de prendre sur moi et de ne pas paniquer, j'avais quand même vu son cœur battre la veille. Le surlendemain, toujours les mêmes mouvements de ventre, et toujours pas de coup de pied. Par mesure de précaution et pour confirmer que tout allait pour le mieux, j'ai décidé d'aller aux urgences, et là le verdict est tombé, son petit cœur s'était arrêté, à 25 SA, sans raison. Seule face à l'horreur de la situation, j'ai appelé mon conjoint qui est venu immédiatement.
J'ai été hospitalisée le vendredi et nous avons été bien accompagnés, nous avons agi comme des robots en faisant ce qu'on nous demandait jusqu'à l'accouchement qui était prévu le dimanche matin. Ça a été très rapide, pas de douleur, et nous avons demandé à le voir presque immédiatement, il était si beau, son petit nez bien dessiné, ses joues pleines, ses belles mains... Mais le cauchemar ne s'est pas arrêté là. Nous n'avons pas pu profiter de le voir et nous n'avons pas eu assez de temps pour lui dire au-revoir. J'ai fait une hémorragie presque instantanément, on m'a emmené faire un curetage mais comme mon utérus ne se contractait pas j'ai été transférée en urgences dans un autre hôpital où j'ai subi une embolisation qui a fonctionné, mais j'ai fait un CIVD. Mes reins ont arrêté de fonctionner, mon corps s'est mis "en pause". J'ai été admise en réanimation pendant 15 jours, branchée de tous côtés, avec la lumière et les bips nuits et jours, j'ai été transfusée, on m'a fait une hémofiltration de 72h puis 2 dialyses et mes reins sont repartis doucement, mes plaquettes sont remontées, mon hémoglobine difficilement. Transférée en néphrologie pendant 1 semaine, je suis sortie après 3 semaines de calvaire, pendant lesquelles j'ai dû mettre en pause mon cerveau pour sauver mon corps, où je me suis forcée à ne pas penser à mon petit ange pour pouvoir reprendre des forces et pouvoir en sortant m'occuper avec mon conjoint de ses obsèques et affronter sa perte.
Nous lui avons dit au revoir un mardi, un des jours les plus durs de ma vie, mais nous avons fait tout notre possible pour le laisser partir en paix avec tout notre amour. Nous lui avons acheté un doudou, écrit des lettres... La cérémonie était belle avec nos proches.
Il ne reste en nous qu'un énorme vide, la culpabilité de n'avoir pas su le protéger, la culpabilité d'être tombée malade au moment où nous aurions pu l'admirer tant et plus, prendre une petite photo de lui pour avoir un joli souvenir (différent des photos pas terribles qu'on a eu de la maternité)...
Il ne reste plus que larmes et tristesse. Mon corps va mieux, pas totalement guéri, j'attends les résultats et mes rdv de contrôle à l'hôpital, mais mon cœur est en pièces et chaque morceau pleure notre fils que nous avons aimé dès le 1er jour. Il nous manque tellement, mais le laisser partir nous a apaisé dans un sens. Il repose désormais avec d'autres petits anges tous partis trop tôt eux aussi.
Aujourd'hui, j'ai mal parce qu'il était dans tous nos espoirs et tous nos rêves, j'ai mal parce que notre 1er enfant est devenu un ange, j'ai mal parce que j'ai peur de n'être plus jamais capable psychologiquement de lui donner un petit frère ou une petite sœur. On doit faire le deuil de notre bébé et de notre vie de parents. On ne se remet jamais vraiment de la perte d'un enfant, ça j'en suis consciente, et on le pleurera toute notre vie, et on l'aimera à jamais. Mais en plus de tout ça, comment pourrais-je un jour trouver la force de retomber enceinte en sachant qu'il est absolument hors de question que nous enterrions un 2è bébé, qu'après chaque échographie en rentrant chez moi je ne serai jamais tranquille puisque mon bébé est décédé l'après-midi même de l'écho cardio foetale qui était pourtant "parfaite" donc ça voudrait dire au mieux 9 mois d'angoisse permanente et que je risque (si par bonheur tout se passait bien pendant 9 mois) de perdre la vie à l'accouchement ? L'autopsie et les examens génétiques n'ont rien révélé, juste une cicatrice sur le placenta assez petite qui est due à l'hématome et un léger retard de croissance. Quelques piste donc : hématome + diabète peut-être, mais rien de concret et pas de solution pour éviter que ça se reproduise à l'avenir.
Désolée pour le long pavé, j'avais besoin d'en parler à des personnes qui comprennent, et même si l'entourage essaye au mieux, ils n'ont pas vécu ce drame. Merci de m'avoir lue et je suis aussi très triste de vous lire, vos témoignages sont tout aussi difficiles et même si c'est dur, c'est beau de voir tout votre amour derrière votre douleur. Je souhaite que tous nos petits anges soient en paix.
Je suis disponible pour partager en MP ou sur le forum.
Bisous à toutes et tous, et courage à tous les paranges.
Noémie
Je suis la mamange d'un petit ange parti trop tôt le 9 avril.
Nous l'avons espéré pendant plus d'un an et quand je suis enfin tombée enceinte, nous étions tellement heureux. J'ai rapidement fait du diabète gestationnel à 8 SA et à 15 SA, nous sommes allés aux urgences car je perdais du sang. Il s'est avéré que c'était un hématome situé en arrière du col. Les saignements ont continué pendant plusieurs semaines et je suis restée au repos complet pour éviter que les membranes ne se rompent.
Pendant toutes ces semaines, nous avons eu des échographies tous les 15 jours, moments privilégiés pendant lesquels nous pouvions admirer notre bébé, entendre son cœur battre, constater que tout allait pour le mieux et qu'il grandissait parfaitement.
A partir de 18 SA j'ai commencé à sentir de tous petits mouvements, comme une sensation étrange mais agréable, et ça s'est poursuivi semaine après semaine, c'est petites sensations se transformant en petits coups très réguliers et de plus en plus vigoureux. Mon petit garçon allait être un petit sportif, comme son papa.
L'échographie du 2è trimestre et le RDV gynéco nous ont enfin confirmé que l'hématome avait totalement disparu après 2 mois de saignements et que tout allait bien. Il était enfin temps de reprendre notre vie et de profiter de la grossesse.
On nous a tout de même prescrit une écho cardio foetale au cours de la 25 SA par principe à cause du diabète et d'un début de traitement à l'insuline. L'après-midi même de cette écho où le médecin a confirmé que son cœur était "parfait", je n'ai pas senti ses coups, c'était étrange mais je me suis dit qu'avec les stimulations il avait peut être changé de position. Le lendemain, pas de coup non plus, juste d'autres "mouvements", comme mon ventre qui se soulève, c'était sûrement normal. J'ai décidé de prendre sur moi et de ne pas paniquer, j'avais quand même vu son cœur battre la veille. Le surlendemain, toujours les mêmes mouvements de ventre, et toujours pas de coup de pied. Par mesure de précaution et pour confirmer que tout allait pour le mieux, j'ai décidé d'aller aux urgences, et là le verdict est tombé, son petit cœur s'était arrêté, à 25 SA, sans raison. Seule face à l'horreur de la situation, j'ai appelé mon conjoint qui est venu immédiatement.
J'ai été hospitalisée le vendredi et nous avons été bien accompagnés, nous avons agi comme des robots en faisant ce qu'on nous demandait jusqu'à l'accouchement qui était prévu le dimanche matin. Ça a été très rapide, pas de douleur, et nous avons demandé à le voir presque immédiatement, il était si beau, son petit nez bien dessiné, ses joues pleines, ses belles mains... Mais le cauchemar ne s'est pas arrêté là. Nous n'avons pas pu profiter de le voir et nous n'avons pas eu assez de temps pour lui dire au-revoir. J'ai fait une hémorragie presque instantanément, on m'a emmené faire un curetage mais comme mon utérus ne se contractait pas j'ai été transférée en urgences dans un autre hôpital où j'ai subi une embolisation qui a fonctionné, mais j'ai fait un CIVD. Mes reins ont arrêté de fonctionner, mon corps s'est mis "en pause". J'ai été admise en réanimation pendant 15 jours, branchée de tous côtés, avec la lumière et les bips nuits et jours, j'ai été transfusée, on m'a fait une hémofiltration de 72h puis 2 dialyses et mes reins sont repartis doucement, mes plaquettes sont remontées, mon hémoglobine difficilement. Transférée en néphrologie pendant 1 semaine, je suis sortie après 3 semaines de calvaire, pendant lesquelles j'ai dû mettre en pause mon cerveau pour sauver mon corps, où je me suis forcée à ne pas penser à mon petit ange pour pouvoir reprendre des forces et pouvoir en sortant m'occuper avec mon conjoint de ses obsèques et affronter sa perte.
Nous lui avons dit au revoir un mardi, un des jours les plus durs de ma vie, mais nous avons fait tout notre possible pour le laisser partir en paix avec tout notre amour. Nous lui avons acheté un doudou, écrit des lettres... La cérémonie était belle avec nos proches.
Il ne reste en nous qu'un énorme vide, la culpabilité de n'avoir pas su le protéger, la culpabilité d'être tombée malade au moment où nous aurions pu l'admirer tant et plus, prendre une petite photo de lui pour avoir un joli souvenir (différent des photos pas terribles qu'on a eu de la maternité)...
Il ne reste plus que larmes et tristesse. Mon corps va mieux, pas totalement guéri, j'attends les résultats et mes rdv de contrôle à l'hôpital, mais mon cœur est en pièces et chaque morceau pleure notre fils que nous avons aimé dès le 1er jour. Il nous manque tellement, mais le laisser partir nous a apaisé dans un sens. Il repose désormais avec d'autres petits anges tous partis trop tôt eux aussi.
Aujourd'hui, j'ai mal parce qu'il était dans tous nos espoirs et tous nos rêves, j'ai mal parce que notre 1er enfant est devenu un ange, j'ai mal parce que j'ai peur de n'être plus jamais capable psychologiquement de lui donner un petit frère ou une petite sœur. On doit faire le deuil de notre bébé et de notre vie de parents. On ne se remet jamais vraiment de la perte d'un enfant, ça j'en suis consciente, et on le pleurera toute notre vie, et on l'aimera à jamais. Mais en plus de tout ça, comment pourrais-je un jour trouver la force de retomber enceinte en sachant qu'il est absolument hors de question que nous enterrions un 2è bébé, qu'après chaque échographie en rentrant chez moi je ne serai jamais tranquille puisque mon bébé est décédé l'après-midi même de l'écho cardio foetale qui était pourtant "parfaite" donc ça voudrait dire au mieux 9 mois d'angoisse permanente et que je risque (si par bonheur tout se passait bien pendant 9 mois) de perdre la vie à l'accouchement ? L'autopsie et les examens génétiques n'ont rien révélé, juste une cicatrice sur le placenta assez petite qui est due à l'hématome et un léger retard de croissance. Quelques piste donc : hématome + diabète peut-être, mais rien de concret et pas de solution pour éviter que ça se reproduise à l'avenir.
Désolée pour le long pavé, j'avais besoin d'en parler à des personnes qui comprennent, et même si l'entourage essaye au mieux, ils n'ont pas vécu ce drame. Merci de m'avoir lue et je suis aussi très triste de vous lire, vos témoignages sont tout aussi difficiles et même si c'est dur, c'est beau de voir tout votre amour derrière votre douleur. Je souhaite que tous nos petits anges soient en paix.
Je suis disponible pour partager en MP ou sur le forum.
Bisous à toutes et tous, et courage à tous les paranges.
Noémie