tout se mélange dans ma tête...
Posté : 17 octobre 2016, 22:39
Bonsoir,
Après plusieurs semaines passées à consulter ce forum, je me décide enfin à laisser un message. Je ne me sentais jusqu’à présent pas prête à coucher sur papier notre histoire et à en parler ouvertement. Je ne savais pas non plus si nous étions vraiment concernés car notre fille est arrivée un peu plus tôt que la plupart de vos anges et surtout son cœur s’est arrêté de sorte que nous n’avons pas eu à prendre la décision de l'IMG. Mais la lecture des diférents messages que vous avez laissés m’a fait du bien et je me suis souvent retrouvée dans vos propos donc je me lance…
Quelques mots sur notre histoire. Ensemble depuis 10 ans, nous décidons d’agrandir la famille il y a un peu plus de 5 ans. Bébé se fait attendre et au bout de 15 mois (!) je tombe enfin enceinte. Nous venons alors juste de commencer un suivi PMA. Joie, soulagement aussi (je « fonctionne » correctement). Malheureusement, lors de l’écho de datation, j’apprends (je car j’y suis allée seule…) que la grossesse est arrêtée depuis environ 2 semaines. J’ai au final du prendre du *****, très mal supporté, puis j’ai eu droit à un curetage dont je garde un très mauvais mais alors très mauvais souvenir.
Un peu moins de deux mois plus tard, fin janvier 2013, je tombe finalement enceinte de ma fille Camille. Grossesse idyllique, sans réel souci et notre petite puce arrive début octobre, deux jours après l’anniversaire de son papa. On se dit alors que tout est « oublié » ou en tous cas que nous sommes passés à autre chose et que la vie nous sourit.
Et puis, cette année, après 10 ans de galère, mon conjoint obtient le poste fixe tant convoité. Nous nous disons donc qu’il est temps pour un petit frère ou une petite sœur. Et là, surprise, je tombe enceinte toute de suite. Bon, la fin de l’été n’est pas terrible car j’ai de petits saignements qui nous inquiètent un peu, mais nous sommes si heureux ! L’écho de datation est ok, bébé grandit, son cœur bat. A la première écho lors des saignements, on me dit qu’il y a un petit décalage dans les dates, que la date de début de grossesse est un peu plus tardive que calculé précédemment, mais « pas d’inquiétude, cela arrive souvent car plus on va vers les 3 mois plus les calculs sont précis ». Au final, et après 3 écho, nous arrivons à celle des 12 SA confiants. Nous y allons ensemble (hors de question pour moi de refaire une écho toute seule après ma première expérience) mais bébé fait des siennes. Impossible de prendre une bonne mesure car il est tout recroquevillé en position fœtale. On rigole en se disant qu’il/elle aura du caractère comme sa grande sœur. Et finalement, l’échographiste nous demande de revenir 4 jours plus tard afin de retenter le coup. En y repensant, je me dis qu’elle avait déjà eu des doutes mais ne nous avait rien dit. Car hormis une petite tâche anormale dans l’abdomen, qu’elle pense au final avoir confondu avec la vessie ou l’estomac, elle ne mentionne rien.
Donc, je reviens 4 jours plus tard. Et oui, je reviens seule car mon homme n’a pas pu poser de nouveaux congés. Et puis nous nous sommes dit que ce n’était pas grave que c’était juste une histoire de mesure. Et puis il faut récupérer la petite à l’école. Et puis c’est mon anniversaire et comme ça ils pourront préparer la soirée… Quelle erreur ! Quelle claque !! Le rêve qui vire au cauchemar… Très vite, la nouvelle échographiste me dit qu’il y a plusieurs anomalies qui prises séparément ne posent pas souci mais qui toutes ensemble ne sont pas bon signe du tout. Qu’il faut envisager une choriocentèse. Et penser aussi à ce qu’on voudrait faire en cas de « problème ». J’ai l’impression de sortir de mon propre corps et de flotter. Je ne suis pas sûre de bien comprendre ce qu’elle me dit. Et pourtant il faut que je me concentre pour pouvoir redire tout ça à mon homme ensuite… Et comment on fait pour annoncer ça au futur papa ? Comment faire face alors que ma fille m’accueille d’un « Maman, maman on a des cadeaux pour toi ». Bref tout se mélange un peu… Mais je sens bien que c’est grave. Je le vois bien sur les images. Et je revois la gyneco me dire 3 semaines avant « je ne suis pas inquiète pour la suite »…
Bref, soirée pourrie, semaine pourrie, peu de sommeil, beaucoup de cogitations, on essaie de gérer nos angoisses au mieux pour la petite, la famille ne comprend pas trop ce qu’on leur raconte et surtout ne sait pas quoi dire de peur d’influencer une décision que finalement on a déjà prise, et on revient 7 jours plus tard. Et là, second choc, on apprend que notre petite étoile était trop faible et que son cœur s’est arrêté… L’impression de sombrer dans un gouffre, la culpabilité de ne pas avoir été là pour elle et de me dire qu’elle est partie sans que je m’en rende compte, sans qu’on lui dise au revoir, le sentiment qu’elle ne saura jamais à quel point on l’a aimé, que ces angoisses ont tout parasité… Et surtout la spirale infernale de la choriocentèse, de l’attente des premiers résultats, de la décision à prendre sur ce qui est le mieux car à ce moment-là un accouchement me parait juste insurmontable (même si maintenant je le regrette car je me dis qu’elle n’est même pas vraiment née). Les questions qui moi me paraissent importantes sur le prénom à lui donner, sur le fait de l’inscrire ou non sur notre livret de famille… mais auxquelles mon homme est hermétique. Pour finalement, que tout se termine de nouveau par un curetage le 5 octobre dernier, deux jours avant l’anniversaire de son papa.
Et là, 2 semaines plus tard, je me sens juste vide. J’ai l’impression d’un mauvais rêve, qu’Iris n’a jamais existé que dans mon souvenir. Je n’ai que les échos d’elle. Peut-être que ce message est aussi un moyen pour moi de lui donner « vie ». Et je vadrouille sur ce forum. Me retrouve dans les posts sur la douleur, ceux sur l’incompréhension de l’entourage, ceux qui demandent comment on peut se remettre de ça... Ceux qui disent que la vie est parfois bien dure avec nous. Je me dis aussi que notre puce nous a fait un beau cadeau en nous évitant de prendre une décision. Moi si rationnelle je finis par me demander si ce n’est pas moi qui ait pu lui donner cette foutue triploïdie (oui, je sais c’est juste impossible, mais bon, le cœur et la raison ne font pas bon ménage en ce moment). Et on attend les résultats du caryotype. Et il reste ces rdv médicaux, ces prises de sang, ces saignements aussi… qui me ramènent en permanence à ce qu’il s’est passé. Et il y a aussi cette copine avec qui je déjeunais tous les midis avant mais qui attend un bébé pour le mois de février et que je ne peux même plus croiser sans fondre en larmes (un des rares moments où je n’arrive pas à me contrôler au boulot). La difficulté à communiquer avec mon homme quand chacun vit les choses si différemment. La difficulté à retourner à une vie normale parce j'ai l’impression d’oublier ma fille… déjà ! La peur aussi de mettre en route un autre bébé et que tout recommence, même si l’horloge biologique fait tic-tac et que j’en ai viscéralement envie. Et tous ces souvenirs de la première fausse-couche qui me reviennent en boomerang… Bref, que des choses que vous connaissez malheureusement toutes/tous trop bien et qui donnent parfois l’impression de m’envahir au détriment de la vie, et surtout de ma grande.
Voilà, je suis désolée pour ce message décidément bien trop long. Merci à celles et ceux qui ont eu le courage de le lire jusqu’au bout. Quoi qu’il devienne, cela m’aura fait du bien de l’écrire.
Bisous volants à nos anges.
Après plusieurs semaines passées à consulter ce forum, je me décide enfin à laisser un message. Je ne me sentais jusqu’à présent pas prête à coucher sur papier notre histoire et à en parler ouvertement. Je ne savais pas non plus si nous étions vraiment concernés car notre fille est arrivée un peu plus tôt que la plupart de vos anges et surtout son cœur s’est arrêté de sorte que nous n’avons pas eu à prendre la décision de l'IMG. Mais la lecture des diférents messages que vous avez laissés m’a fait du bien et je me suis souvent retrouvée dans vos propos donc je me lance…
Quelques mots sur notre histoire. Ensemble depuis 10 ans, nous décidons d’agrandir la famille il y a un peu plus de 5 ans. Bébé se fait attendre et au bout de 15 mois (!) je tombe enfin enceinte. Nous venons alors juste de commencer un suivi PMA. Joie, soulagement aussi (je « fonctionne » correctement). Malheureusement, lors de l’écho de datation, j’apprends (je car j’y suis allée seule…) que la grossesse est arrêtée depuis environ 2 semaines. J’ai au final du prendre du *****, très mal supporté, puis j’ai eu droit à un curetage dont je garde un très mauvais mais alors très mauvais souvenir.
Un peu moins de deux mois plus tard, fin janvier 2013, je tombe finalement enceinte de ma fille Camille. Grossesse idyllique, sans réel souci et notre petite puce arrive début octobre, deux jours après l’anniversaire de son papa. On se dit alors que tout est « oublié » ou en tous cas que nous sommes passés à autre chose et que la vie nous sourit.
Et puis, cette année, après 10 ans de galère, mon conjoint obtient le poste fixe tant convoité. Nous nous disons donc qu’il est temps pour un petit frère ou une petite sœur. Et là, surprise, je tombe enceinte toute de suite. Bon, la fin de l’été n’est pas terrible car j’ai de petits saignements qui nous inquiètent un peu, mais nous sommes si heureux ! L’écho de datation est ok, bébé grandit, son cœur bat. A la première écho lors des saignements, on me dit qu’il y a un petit décalage dans les dates, que la date de début de grossesse est un peu plus tardive que calculé précédemment, mais « pas d’inquiétude, cela arrive souvent car plus on va vers les 3 mois plus les calculs sont précis ». Au final, et après 3 écho, nous arrivons à celle des 12 SA confiants. Nous y allons ensemble (hors de question pour moi de refaire une écho toute seule après ma première expérience) mais bébé fait des siennes. Impossible de prendre une bonne mesure car il est tout recroquevillé en position fœtale. On rigole en se disant qu’il/elle aura du caractère comme sa grande sœur. Et finalement, l’échographiste nous demande de revenir 4 jours plus tard afin de retenter le coup. En y repensant, je me dis qu’elle avait déjà eu des doutes mais ne nous avait rien dit. Car hormis une petite tâche anormale dans l’abdomen, qu’elle pense au final avoir confondu avec la vessie ou l’estomac, elle ne mentionne rien.
Donc, je reviens 4 jours plus tard. Et oui, je reviens seule car mon homme n’a pas pu poser de nouveaux congés. Et puis nous nous sommes dit que ce n’était pas grave que c’était juste une histoire de mesure. Et puis il faut récupérer la petite à l’école. Et puis c’est mon anniversaire et comme ça ils pourront préparer la soirée… Quelle erreur ! Quelle claque !! Le rêve qui vire au cauchemar… Très vite, la nouvelle échographiste me dit qu’il y a plusieurs anomalies qui prises séparément ne posent pas souci mais qui toutes ensemble ne sont pas bon signe du tout. Qu’il faut envisager une choriocentèse. Et penser aussi à ce qu’on voudrait faire en cas de « problème ». J’ai l’impression de sortir de mon propre corps et de flotter. Je ne suis pas sûre de bien comprendre ce qu’elle me dit. Et pourtant il faut que je me concentre pour pouvoir redire tout ça à mon homme ensuite… Et comment on fait pour annoncer ça au futur papa ? Comment faire face alors que ma fille m’accueille d’un « Maman, maman on a des cadeaux pour toi ». Bref tout se mélange un peu… Mais je sens bien que c’est grave. Je le vois bien sur les images. Et je revois la gyneco me dire 3 semaines avant « je ne suis pas inquiète pour la suite »…
Bref, soirée pourrie, semaine pourrie, peu de sommeil, beaucoup de cogitations, on essaie de gérer nos angoisses au mieux pour la petite, la famille ne comprend pas trop ce qu’on leur raconte et surtout ne sait pas quoi dire de peur d’influencer une décision que finalement on a déjà prise, et on revient 7 jours plus tard. Et là, second choc, on apprend que notre petite étoile était trop faible et que son cœur s’est arrêté… L’impression de sombrer dans un gouffre, la culpabilité de ne pas avoir été là pour elle et de me dire qu’elle est partie sans que je m’en rende compte, sans qu’on lui dise au revoir, le sentiment qu’elle ne saura jamais à quel point on l’a aimé, que ces angoisses ont tout parasité… Et surtout la spirale infernale de la choriocentèse, de l’attente des premiers résultats, de la décision à prendre sur ce qui est le mieux car à ce moment-là un accouchement me parait juste insurmontable (même si maintenant je le regrette car je me dis qu’elle n’est même pas vraiment née). Les questions qui moi me paraissent importantes sur le prénom à lui donner, sur le fait de l’inscrire ou non sur notre livret de famille… mais auxquelles mon homme est hermétique. Pour finalement, que tout se termine de nouveau par un curetage le 5 octobre dernier, deux jours avant l’anniversaire de son papa.
Et là, 2 semaines plus tard, je me sens juste vide. J’ai l’impression d’un mauvais rêve, qu’Iris n’a jamais existé que dans mon souvenir. Je n’ai que les échos d’elle. Peut-être que ce message est aussi un moyen pour moi de lui donner « vie ». Et je vadrouille sur ce forum. Me retrouve dans les posts sur la douleur, ceux sur l’incompréhension de l’entourage, ceux qui demandent comment on peut se remettre de ça... Ceux qui disent que la vie est parfois bien dure avec nous. Je me dis aussi que notre puce nous a fait un beau cadeau en nous évitant de prendre une décision. Moi si rationnelle je finis par me demander si ce n’est pas moi qui ait pu lui donner cette foutue triploïdie (oui, je sais c’est juste impossible, mais bon, le cœur et la raison ne font pas bon ménage en ce moment). Et on attend les résultats du caryotype. Et il reste ces rdv médicaux, ces prises de sang, ces saignements aussi… qui me ramènent en permanence à ce qu’il s’est passé. Et il y a aussi cette copine avec qui je déjeunais tous les midis avant mais qui attend un bébé pour le mois de février et que je ne peux même plus croiser sans fondre en larmes (un des rares moments où je n’arrive pas à me contrôler au boulot). La difficulté à communiquer avec mon homme quand chacun vit les choses si différemment. La difficulté à retourner à une vie normale parce j'ai l’impression d’oublier ma fille… déjà ! La peur aussi de mettre en route un autre bébé et que tout recommence, même si l’horloge biologique fait tic-tac et que j’en ai viscéralement envie. Et tous ces souvenirs de la première fausse-couche qui me reviennent en boomerang… Bref, que des choses que vous connaissez malheureusement toutes/tous trop bien et qui donnent parfois l’impression de m’envahir au détriment de la vie, et surtout de ma grande.
Voilà, je suis désolée pour ce message décidément bien trop long. Merci à celles et ceux qui ont eu le courage de le lire jusqu’au bout. Quoi qu’il devienne, cela m’aura fait du bien de l’écrire.
Bisous volants à nos anges.