IMG pour t21 + complication
Posté : 19 août 2025, 17:09
Bonjour à toutes,
Cela fait plusieurs semaines que je lis vos témoignages et je me décide à vous présenter le mien, car je me dis que le fait de mettre sur « papier » tout ce qui s’est passé peut m’aider à avancer, et peut-être aider d’autres personnes qui connaissent une situation similaire.
J’ai 38 ans et je suis tombée enceinte pour la première fois début avril dernier. Cette grossesse était un « petit miracle ». En effet, les médecins nous avaient dit que nos chances de concevoir étaient faibles (insuffisance ovarienne de mon côté et soucis également pour mon conjoint). Nous avions fait une demande de FIV qui avait été refusée en décembre 2024. À la même période, j’ai perdu ma maman des suites d’une très longue maladie, dans des circonstances très difficiles, aussi bien pour elle que pour toute notre famille.
Cette grossesse arrivée naturellement a donc été une merveilleuse surprise, un rayon de soleil après tellement d’épreuves…J’y ai vu le signe qu’enfin la vie nous faisait un cadeau, et moi qui suis pourtant de nature anxieuse je me suis vite sentie très épanouie enceinte, avec la conviction profonde que tout se passerait bien. Et le premier trimestre s’est, de fait, super bien passé, pas de nausées ou autres désagréments à part un peu de fatigue. Avec mon conjoint, nous nous sommes rapidement projetés, puisque tous les premiers examens étaient positifs (nous avons eu plusieurs échos avant la T1 pour vérifier que tout se passait bien). Nous avons partagé notre bonheur avec notre entourage assez rapidement, sans nous poser de questions. L’échographie du premier trimestre était un super moment, la gynéco a pu voir tout ce qu’elle souhaitait, la clarté nucale était nickel (1,2 mm). Nous faisons dans la foulée le ‘tritest’ qui indique un risque à 1/975, que l’on attribue surtout à mon âge, et on nous dit que le deuxième dépistage ne sera qu’une formalité.
Sauf que, le 11 juillet, le DPNI revient positif à la trisomie 21. Là, je pense que malheureusement vous connaissez toutes ce sentiment, le monde s’effondre littéralement et l’on bascule dans une toute autre dimension…De mon côté je passe d’une émotion à l’autre sans cesse, entre désespoir, colère, rage, et évidemment espoir d’une ‘erreur’ en notre faveur (je pense avoir épluché absolument tous les forums, articles et autres infos sur le sujet pour tenter de me rassurer..). L’amniocentèse a lieu une dizaine de jours après, on nous dit à nouveau que notre cas est ‘atypique’, ce qui maintient une petite lueur d’espoir. Rapidement éteinte puisque les résultats arrivent dès le lendemain et confirment la trisomie 21 libre et homogène (et nous apprennent par la même occasion que nous attendons un petit garçon, dont je rêvais…). Ensuite tout va très vite…C’est surtout notre volonté, car je suis presque à 18 SA et je commence à sentir une ‘activité’ dans mon ventre, je vois le fait d’attendre davantage comme un crève-cœur puisque notre décision est déjà prise concernant l’interruption de la grossesse. L’intervention est donc programmée rapidement, par accouchement. Découvrir l’accouchement dans ces circonstances était surréaliste pour moi, comme pour mon conjoint. Tout a eu lieu le 25 juillet, ça a été assez long puisque j’ai pris le premier cachet au réveil et j’ai accouché un peu avant 20h. J’ai eu peu de douleurs physiques car la péridurale a été faite assez tôt, mais évidemment les douleurs morales sont indescriptibles…Moi qui envisageait l’accouchement comme un moment magnifique, sans appréhension, je ne comprenais pas ce que je faisais là dans des circonstances si tragiques…Ca m’a profondément bouleversée. Peu après, nous avons pu rencontrer notre tout petit garçon, c’était très important pour nous et en même temps tellement difficile. Nous n’arrêtions pas de pleurer mais nous avons quand même pu le prendre dans nos bras chacun notre tour et profiter de ces seuls moments avec lui. Avant de remonter en chambre j’ai demandé à retourner le voir, pour lui dire combien nous l’aimions, et que ses grands-parents (ma maman et le papa de mon conjoint) allaient bien prendre soin de lui là-haut. J’ai envie de croire que c’est le cas…
Difficile ensuite de décrire combien on se sent vides et démunis, le cœur en miettes, de repartir à deux de la maternité avec une petite boîte…À se demander pourquoi une telle injustice nous frappe…Même si en vous lisant j’ai pu réaliser que (malheureusement) nous n’étions pas seuls au monde, c’est une situation à laquelle personne n’est préparé…
Malgré tout je me sens chanceuse d’avoir un compagnon formidable, qui ne m’a pas quitté un seul instant ; nous étions déjà très soudés et le sommes encore plus aujourd’hui. Nos amis et nos familles sont aussi très présents et soutenants, sans aucun jugement, et tous les soignants qui se sont occupés de nous ont été extrêmement bienveillants et à l’écoute – j’ai l’impression que ce n’est malheureusement pas toujours le cas…
Je remercie déjà celles qui ont pris le temps de me lire jusqu’ici..car ce n’est pas terminé!
Une semaine tout pile après l’IMG, alors que nous avions pris quelques jours à la campagne avec mon conjoint, j’ai dû retourner en urgence à l’hôpital car je faisais une hémorragie…J’avais des caillots plein l’utérus à cause d’une rétention placentaire ..J’ai donc été opérée sous AG, j’ai du être transfusée (j’avais perdu plus d’un litre de sang), et j’ai passé les deux jours suivants hospitalisée de nouveau.
Aujourd’hui, presque trois semaines après tout cela, j’ai encore du mal à croire que c’est bien arrivé. Je n’arrive pas à accepter ce « sale coup » de la vie, qui nous avait fait goûter au bonheur immense d’attendre un enfant pour le reprendre si vite. J’ai peur de ne plus jamais retrouver la moindre sérénité, de ne pas me relever de tout ça. Par-dessus tout j’ai peur de ne pas réussir à retomber enceinte, car c’est la seule idée qui nous réconforte un tout petit peu, mon conjoint et moi. Je sais qu’il faut se donner un peu de temps pour cicatriser physiquement et moralement, mais j’ai tellement peur de ne pas l’avoir ce temps. Même si tout le monde nous a dit que si ça avait fonctionné une fois, ça pourrait remarcher…
J’ai lu les nombreuses histoires de bébés arc en ciel qui réchauffent un peu le cœur, et vraiment je suis reconnaissante que cette association existe car la solitude est si grande face à ce deuil inconcevable.
Un grand merci à celles qui m’auront lu jusqu’ici…Je vous souhaite beaucoup de belles choses et formule de douces pensées pour vos petits anges.
Cela fait plusieurs semaines que je lis vos témoignages et je me décide à vous présenter le mien, car je me dis que le fait de mettre sur « papier » tout ce qui s’est passé peut m’aider à avancer, et peut-être aider d’autres personnes qui connaissent une situation similaire.
J’ai 38 ans et je suis tombée enceinte pour la première fois début avril dernier. Cette grossesse était un « petit miracle ». En effet, les médecins nous avaient dit que nos chances de concevoir étaient faibles (insuffisance ovarienne de mon côté et soucis également pour mon conjoint). Nous avions fait une demande de FIV qui avait été refusée en décembre 2024. À la même période, j’ai perdu ma maman des suites d’une très longue maladie, dans des circonstances très difficiles, aussi bien pour elle que pour toute notre famille.
Cette grossesse arrivée naturellement a donc été une merveilleuse surprise, un rayon de soleil après tellement d’épreuves…J’y ai vu le signe qu’enfin la vie nous faisait un cadeau, et moi qui suis pourtant de nature anxieuse je me suis vite sentie très épanouie enceinte, avec la conviction profonde que tout se passerait bien. Et le premier trimestre s’est, de fait, super bien passé, pas de nausées ou autres désagréments à part un peu de fatigue. Avec mon conjoint, nous nous sommes rapidement projetés, puisque tous les premiers examens étaient positifs (nous avons eu plusieurs échos avant la T1 pour vérifier que tout se passait bien). Nous avons partagé notre bonheur avec notre entourage assez rapidement, sans nous poser de questions. L’échographie du premier trimestre était un super moment, la gynéco a pu voir tout ce qu’elle souhaitait, la clarté nucale était nickel (1,2 mm). Nous faisons dans la foulée le ‘tritest’ qui indique un risque à 1/975, que l’on attribue surtout à mon âge, et on nous dit que le deuxième dépistage ne sera qu’une formalité.
Sauf que, le 11 juillet, le DPNI revient positif à la trisomie 21. Là, je pense que malheureusement vous connaissez toutes ce sentiment, le monde s’effondre littéralement et l’on bascule dans une toute autre dimension…De mon côté je passe d’une émotion à l’autre sans cesse, entre désespoir, colère, rage, et évidemment espoir d’une ‘erreur’ en notre faveur (je pense avoir épluché absolument tous les forums, articles et autres infos sur le sujet pour tenter de me rassurer..). L’amniocentèse a lieu une dizaine de jours après, on nous dit à nouveau que notre cas est ‘atypique’, ce qui maintient une petite lueur d’espoir. Rapidement éteinte puisque les résultats arrivent dès le lendemain et confirment la trisomie 21 libre et homogène (et nous apprennent par la même occasion que nous attendons un petit garçon, dont je rêvais…). Ensuite tout va très vite…C’est surtout notre volonté, car je suis presque à 18 SA et je commence à sentir une ‘activité’ dans mon ventre, je vois le fait d’attendre davantage comme un crève-cœur puisque notre décision est déjà prise concernant l’interruption de la grossesse. L’intervention est donc programmée rapidement, par accouchement. Découvrir l’accouchement dans ces circonstances était surréaliste pour moi, comme pour mon conjoint. Tout a eu lieu le 25 juillet, ça a été assez long puisque j’ai pris le premier cachet au réveil et j’ai accouché un peu avant 20h. J’ai eu peu de douleurs physiques car la péridurale a été faite assez tôt, mais évidemment les douleurs morales sont indescriptibles…Moi qui envisageait l’accouchement comme un moment magnifique, sans appréhension, je ne comprenais pas ce que je faisais là dans des circonstances si tragiques…Ca m’a profondément bouleversée. Peu après, nous avons pu rencontrer notre tout petit garçon, c’était très important pour nous et en même temps tellement difficile. Nous n’arrêtions pas de pleurer mais nous avons quand même pu le prendre dans nos bras chacun notre tour et profiter de ces seuls moments avec lui. Avant de remonter en chambre j’ai demandé à retourner le voir, pour lui dire combien nous l’aimions, et que ses grands-parents (ma maman et le papa de mon conjoint) allaient bien prendre soin de lui là-haut. J’ai envie de croire que c’est le cas…
Difficile ensuite de décrire combien on se sent vides et démunis, le cœur en miettes, de repartir à deux de la maternité avec une petite boîte…À se demander pourquoi une telle injustice nous frappe…Même si en vous lisant j’ai pu réaliser que (malheureusement) nous n’étions pas seuls au monde, c’est une situation à laquelle personne n’est préparé…
Malgré tout je me sens chanceuse d’avoir un compagnon formidable, qui ne m’a pas quitté un seul instant ; nous étions déjà très soudés et le sommes encore plus aujourd’hui. Nos amis et nos familles sont aussi très présents et soutenants, sans aucun jugement, et tous les soignants qui se sont occupés de nous ont été extrêmement bienveillants et à l’écoute – j’ai l’impression que ce n’est malheureusement pas toujours le cas…
Je remercie déjà celles qui ont pris le temps de me lire jusqu’ici..car ce n’est pas terminé!
Une semaine tout pile après l’IMG, alors que nous avions pris quelques jours à la campagne avec mon conjoint, j’ai dû retourner en urgence à l’hôpital car je faisais une hémorragie…J’avais des caillots plein l’utérus à cause d’une rétention placentaire ..J’ai donc été opérée sous AG, j’ai du être transfusée (j’avais perdu plus d’un litre de sang), et j’ai passé les deux jours suivants hospitalisée de nouveau.
Aujourd’hui, presque trois semaines après tout cela, j’ai encore du mal à croire que c’est bien arrivé. Je n’arrive pas à accepter ce « sale coup » de la vie, qui nous avait fait goûter au bonheur immense d’attendre un enfant pour le reprendre si vite. J’ai peur de ne plus jamais retrouver la moindre sérénité, de ne pas me relever de tout ça. Par-dessus tout j’ai peur de ne pas réussir à retomber enceinte, car c’est la seule idée qui nous réconforte un tout petit peu, mon conjoint et moi. Je sais qu’il faut se donner un peu de temps pour cicatriser physiquement et moralement, mais j’ai tellement peur de ne pas l’avoir ce temps. Même si tout le monde nous a dit que si ça avait fonctionné une fois, ça pourrait remarcher…
J’ai lu les nombreuses histoires de bébés arc en ciel qui réchauffent un peu le cœur, et vraiment je suis reconnaissante que cette association existe car la solitude est si grande face à ce deuil inconcevable.
Un grand merci à celles qui m’auront lu jusqu’ici…Je vous souhaite beaucoup de belles choses et formule de douces pensées pour vos petits anges.