IMG 26SA. Adieu mon bébé

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Ganaia
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IMG 26SA. Adieu mon bébé

Message par Ganaia »

Bonjour à toutes et à tous,

Je m'appelle Aurélie, j'ai 34 ans et j'ai perdu mon petit bébé à 26 SA et 1 jour, le 11 mars 2024.
J'ai rejoins ce forum afin d'échanger, et peut-être trouver de l'aide pour surmonter mon chagrin sachant que ce n'est pas dans mon habitude et que j'ai tendance à me débrouiller seule.

Au départ j'avais écrit un pavé mais je rétrécie mon post afin de passer trop de détails.

J'ai arrêté la pilule en août et je suis tombée enceinte environ 1 mois après. Je dois dire que je ne m'y attendais pas aussi vite, j'ai été un peu sous le choc au point de refaire 3 fois le test de grossesse tellement j'y croyais pas. J'ai eu énormément de mal à accepter cette 1ère grossesse car beaucoup de symptômes fort, désagréables et très tôt en plus du faite c'est arrivée très vite alors que je pensais avoir minimum 6 mois pour m'y préparer.

Les examens avances, tout va bien. Je m'y attache, je finis par accepter la grossesse à l'aimer. On réfléchit au prénom, si c'était une fille on l'avait déjà mais un garçon on était très hésitants encore. J'ai la sensation qu'il y a un truc pas normal depuis le début mais étant une première grossesse, je me dis que j'affabule, je stresse trop, j'essaie de pas y prêter attention et de profiter de ma grossesse.

L'écho du deuxième trimestre arrive, c'est un garçon. On est super heureux, mais il bouge tellement que l'examen dure 1h et elle n'arrive pas à prendre les clichés qu'elle voulait du cœur. Elle nous reprogramme un rdv une semaine plus tard auprès d'un collègue.
Ca nous paraissait bizarre mais bon, vu comme il faisait des pirouettes on laisse courir.
Et là c'est le choc, l'échographe nous dit qu'il y a un problème qui peut être grave ou pas et qu'il nous dirigent en urgence vers un spécialiste.
Il en avait à la fois trop dit et pas assez, donc on le questionne et il fini par nous dire qu'il y a des passages dans le cœur qui ne sont pas censé se faire, qu'il y a une persistance ombilicale en prime que ca en soit ce n'est pas grave mais que les deux cumulés c'est mauvais signe et que ca peut être un signe d'appel de trisomie 21.
Enormément de stress, une semaine horrible, j'ai commencé à rejeter mon petit, pour me protéger j'imagine mais je m'en veux.
On va voir le spécialiste, mauvaise nouvelle, malformation cardiaque, persistance ombilicale, et possible hypospade (non confirmé). Il nous dit qu'il est très inquiet sur l'avenir de ce bébé et que c'est effectivement un signe d'appel de trisomie. On comprends pas que rien n'ai été vu avant, la prise de sang est bonne, les battements de son cœur semblent normaux, l'os du nez est bien présent, le profil est normal, il est bien proportionné, tout allait bien. Il nous programme un rendez vous avec une cardiologue spécialisé pour refaire une écho cardiaque et une amniocentèse à la suite.
La cardiologue nous confirme que c'est pas très bon, qu'il lui faudra une opération à cœur ouvert peu de temps après la naissance, mais sans garantie de résultat et de survie, surtout s'il y a une trisomie en plus car ils sont plus fragiles et nous laisse même peu d'espoir de mener la grossesse à terme si c'est effectivement le cas.
On fait l'amnio, 2 jours horrible là encore. Mon mari pars travailler à ma demande, en ayant encore l'espoir qu'il n'y ai pas de T21. Je reçois l'appel de l'hôpital peu de temps après son départ. Trisomie 21 confirmée. Notre monde s'effondre, la sage femme me rappelle pour demander si nous souhaitions programmer une IMG. En ayant déjà discuter en amont avec mon mari je lui confirme notre décision d'interrompre la grossesse pour lui éviter des souffrances. Mon mari arrive et je hurle de douleur, je pleure, je m'effondre au sens littéral.
Les jours passent, je pleure toute les larmes de mon corps, on lui donne finalement autant d'amour que possible. On décide son prénom.

On se rend au rendez-vous de préparation, la sage femme nous explique le déroulement. On est dans un état lamentable. Elle essaie de nous rassurer autant que possible, de nous faire déculpabiliser et nous explique que les médecins ont déjà signé les papiers avant nous et que s'il avait fait comme ça, c'est qu'il n'y avait pas d'espoir. Et elle nous dit une phrase dont je me souviendrais toute ma vie je crois : "Il ne faut pas vous inquiéter, il ne souffrira pas, il ne sentira rien, il s'endormir tout doucement comme s'il était sur un petit nuage. Et pour lui il sera toujours avec vous dans son petit cocon." J'en pleure encore quand j'y repense et en écrivant ces lignes.

La prise des cachets pour ramollir le col deux jours avant l'IMG à été horrible moralement. Mon mari m'a soutenu comme il a pu autant que possible. Le week-end à été très long. Nous avons "dormi" pendant 2 jours avec ses doudous.

On arrive à l'hôpital, on m'installer en salle d'accouchement, j'entend une maman qui hurle... Ca m'a fendu le cœur et je me suis dis "Dans quelques heures ca sera moi." Ca a fait monter mon anxiété et mon désespoir en flèche.
L'anesthésiste arrive pour la péridural, ca monte encore car j'ai une peur bleue des aiguilles. Mon mari me soutient, me tient les mains, sa tête contre la mienne, il pique une première fois, ca fait mal, je lui sers les mains tellement fort que je lui fais mal. On m'allonge, ca fonctionne pas,
il me repique une deuxième fois, ca marche toujours pas, du coup il appelle une supérieur, la troisième fonctionne.

Le protocole avance, je suis mal, je fais des chutes de tension à répétition, les sages femmes sont super attentionnées et douces. Mon mari n'osait pas me quitter, elles m'ont tenue compagnie le temps qu'il revienne.

Arrive le point de non retour, on était très mal, j'ai refais une chute de tension pendant l'intervention, comme si mon corps avait compris alors que je ne sentais rien et qu'ils ne m'ont pas averti quand ils commençaient. Ils nous annoncent "Son coeur s'est arrêté, il est parti sur son petit nuage. Nous sommes désolés" on s'est effondré, j'avais envie de crier mais rien n'est sorti, seulement des larmes. Ils ont quittés la pièce en silence nous laissant mon mari et moi.

Les heures avancent, le déroulement continue, les contractions trainent à venir. (Je ne détails pas le protocole mais si des personnes souhaite savoir j'en parlerais en mp) L'équipe des sages femmes s'occupent bien de moi, elles viennent régulièrement nous voir, m'amener à boire, me faire uriner, me faire une toilette, m'aider à bouger un peu et demande nos souhaits, si nous souhaitions le voir où non, comment, si nous voulions ses empreintes, des photos. Elle m'explique les sensations que je vais avoir quand ca sera le moment. Mon mari souhaitait le voir mais j'hésitais encore jusqu'à la fin.

Les contractions arrivent, elle m'explique comment pousser, et 21h01, est né mon fils, mon petit Maxence. Ce qui aurait dû être le plus beau jour de ma vie, à été le pire. Là où j'aurais dû l'entendre pleurer, rien... Elle est sortie avec lui de la pièce rapidement pour le préparer et là encore impossible de crier.

La sage femme l'a amener, préparé, habillé avec un petit bonnet et un nid d'ange que nous avions choisi, elle lui a donné ses petits doudous que lui avions donné plus tôt. Elle m'a demandé si je voulais le voir et le prendre dans mes bras, et ca a été instinctif j'ai accepté. On lui a fait des câlins et des bisous autant que possible. Mon mari à voulu que la sage femme fasse des photos. On a énormément pleuré. On lui a beaucoup parlé. Je n'ai pas su dire grand chose à part que je l'aimais et que j'étais désolé de ne pas lui laisser une chance de vivre mais que je ne voulais surtout pas qu'il souffre. Mon mari lui a dit "On te donne tes deux doudous comme ça tu pourras frimer là où tu es, on t'aime."

Je ne l'oublierais jamais ni aucun de ces moments.

Mon post à l'air froid mais je suis en larmes en écrivant ses lignes. J'espère que vous comprendrez que je n'ai pas marqué les détails, ca serait trop long et je ne voudrais pas non plus que vous croyez que j'en rajoute ou je sais pas. C'est très compliqué pour moi de retranscrire ce que j'ai ressenti et ressent avec des mots.

J'espère qu'il est bien où il est, qu'il joue avec ses deux doudous et qu'il voit qu'on l'aime et qu'il nous manque.

Ca me fait mal d'en parler mais je crois que j'en ai besoin pour une raison que j'ignore.

Ca fait 4 mois bientôt 5 et je ne sors quasiment pas de chez moi dans l'angoisse de voir des bébés et des femmes enceintes. Le peu de fois où je prends courage et que je sors, comme par hasard je croise systématiquement des mamans et leur poussette. Je sais que la vie continue et que je ne peux pas empêcher les gens de vivre, que ce n'est pas parce que je suis malheureuse que les gens doivent l'être mais pour l'instant ça fait trop mal. Je suis même incapable de retourner travailler, entre affronter les regards de mes collègues, les questions, et le fait de côtoyer des gens, c'est trop compliquée pour moi (je travaille en grande surface dans la mise en rayon).

Y a t-il des personnes dans le même cas que moi? Et celle qui ont pu retourner travailler comment avez-vous fait?

Merci de m'avoir lu.
Mamange de Maxence le 11/03/2024 suite à une IMG à 26SA
Pépin
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Re: IMG 26SA. Adieu mon bébé

Message par Pépin »

Bonjour Aurélie,

Je suis sincèrement désolée de t'accueillir ici. Ton récit m'a donné les larmes aux yeux et a remué beaucoup de choses en moi.

J'ai subi une IMG le 28 mars à 17SA+1 pour ma fille qui était atteinte de T21. Elle n'y avait aucun signe aux échographies (bonne CN, os du nez présents, aucune anomalie, 30 ans pour ma part). Mais en Belgique, toutes les femmes passent par le DPNI lors de la T1. Le ciel nous est tombé sur la tête quand le résultat est revenu. Ce moment où l'univers bascule, je ne l'oublierai jamais.

Je vois que vous avez été bien entourés durant l'IMG par beaucoup de douceur et de bienveillance. Je suis persuadée que Maxence était un magnifique petit garçon. Votre choix était le plus douloureux et le plus difficile à faire. Mais il s'agissait du meilleur choix, car vous l'avez fait par amour pour votre fils, afin qu'il ne souffre pas.

J'espère que vous êtes encore bien entourés maintenant. Êtes-vous suivis par un(e) psychologue ? Avez-vous eu plus d'informations sur la trisomie de Maxence ? Avez-vous fait vos caryotypes ?

Pour ma part, j'ai repris le travail en télétravail trois semaines après l'IMG. J'ai mis au courant ma cheffe et mes collègues par écrit. Le premier trajet pour retourner au boulot a été très angoissant et difficile (c'est dans le train en allant au boulot que j'ai reçu l'appel qui m'annonçait les mauvais résultats du DPNI). Le fait que tout le monde sache, ça m'a permis d'être très bien entourée et soutenue aussi au travail. J'ai reçu des cartes, des fleurs et des petits mots très gentils. J'ai parlé ouvertement de l'IMG, du choix et de l'accouchement. En parler me fait beaucoup de bien. J'ai décidé de ne pas en faire un tabou.

La reprise douce du travail m'a permis de retrouver un rythme. De me sentir de nouveau fonctionnelle. J'ai des moments de tristesse, bien entendu. Mais j'accepte ces vagues et je les laisse passer. C'est tout a fait normal et légitime d'être triste. Cette douleur ne s'effacera jamais. Il faut apprendre à vivre avec.

J'ai toujours un peu de mal avec les femmes enceintes (surtout quand le terme est proche de ma propre DPA) et les bébés. Je ressens toujours le besoin de les éviter. Mon cœur se serre quand je les vois. C'est tout à fait normal comme réaction. C'est difficile d'être confrontée à ce qui nous a été arraché sans raison (la fameuse faute à pas de chance). Le désir d'avoir un enfant est plus présent que jamais après une telle perte. Souffrir de voir le bonheur des autres ne fait pas de soi une mauvaise personne.

Je vois un peu moins d'amis et de gens depuis l'IMG. Mais c'est aussi un choix. Je ne fais plus que des choses dont j'ai envie. Tous nos proches savent en détail ce que nous avons vécu. Ils comprennent et sont là pour nous soutenir.

Enfin, depuis quelques semaines, un nouvel espoir s'est niché dans mon ventre. Je pense que ça me permet aussi d'espérer de nouveau et de construire de nouveaux projets. J'arrive de nouveau à voir plus loin, malgré la tristesse et l'angoisse.

Depuis l'IMG, je m'accroche à cette phrase (que j'ai gravée sur la boîte contenant tous les souvenirs de notre fille) : "Le bonheur, en partant, a dit qu'il reviendrait". On y croit.

Je t'envoie tout mon soutien. Douces pensées pour Maxence.
Modifié en dernier par Pépin le 29 juillet 2024, 13:00, modifié 1 fois.
Manon, Équipe de modération de Petite Emilie
Pépinette, IMG à 17SA pour T21 - 28/03/2024
Louis, notre Petit Espoir - 05/03/2025
petitfaon
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Re: IMG 26SA. Adieu mon bébé

Message par petitfaon »

Bonjour Aurélie. Merci beaucoup d'avoir pris le temps de nous partager ton récit de grossesse et d'accouchement.

Pour mon bébé non plus aucun signe de trisomie n'avait été décelé, ni à l'écho T1 ni à celle du 4ème mois : les os du nez étaient bien présents, la clarté nucale était ok, la croissance également. J'avais un tri-test tout juste sous la norme ce qui m'a amenée à faire un DPNI.
A l'annonce de la T21 moi aussi j'ai rejeté mon bébé. J'ai commencé à le sentir bouger pendant l'attente des résultats, il était très remuant et très vite je l'ai bien et beaucoup senti. et pour moi c'était un crève-cœur à chaque fois. J'essayais de le repousser quand je sentais ses coups, et j'ai énormément culpabilisé là-dessus, même si je pense que c'est une réaction de défense et de protection compréhensible.
De ton côté ce rejet n'a été que passager et tu as su l'entourer de tout ton amour ensuite, bravo à toi.

C'est super que l'équipe médicale vous ait aussi bien accompagnés ton mari et toi. Ça a une telle importance, déjà pour nous aider à traverser le moment en tant que tel, mais aussi dans les souvenirs qu'on en gardera, une grande part dépend des soignants qui nous entourent.
Vous avez pu le prendre directement dans les bras et le câliner, ce sont des moments précieux que vous avez partagés avec Maxence, je suis sûre qu'il devait être adorable.
Et ne t'inquiète pas, ici on est toutes passées par là donc personne ne va te juger et penser que tu en rajoutes !

J'ai également beaucoup de mal avec les femmes enceintes, mais les bébés ça va à peu près.
J'ai repris le travail au bout de 15 jours, clairement trop tôt pour moi, c'était très difficile et ça l'est encore par moments. Prends le temps qu'il te faut pour te sentir prête. Je te souhaite beaucoup de courage.
💖 IMG à 20 sa pour t21 (mai 2024)
Petit_Cosmonaute
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Re: IMG 26SA. Adieu mon bébé

Message par Petit_Cosmonaute »

Bonjour Aurélie,

Ton message m’a énormément touchée car ton vécu ressemble beaucoup au mien et je suis tellement désolée que tu aies eu à passer par ces épreuves si terribles.

Je suis contente de lire que l’équipe soignante a été bienveillante et s’est bien occupée de toi, que tu as pu prendre Maxence dans tes bras et prendre des photos.

J ai perdu mon fils d’une IMG à 27SA en Mai (malformation cardiaque et cérébrales sans anomalie génétique)

Nous avions aussi dormi avec ses doudous les jours précédents. Cela me fend le coeur parce que je sais la douleur et cette attente si terrible pendant la procédure d’IMG. Vous avez tout bien fait, Maxence a de la chance de vous avoir pour parents.

La vue des bébés et femmes enceintes est si difficile…

Je te souhaite que le temps et la vie répare ta peine au maximum et que tu puisses prendre ta revanche.

Pensées pour nos bébés qui se montrent leur doudou depuis leurs nuages.
Cosmo.

Mamange de T. né dans les étoiles à 27SA (Mai 2024)
Ganaia
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Re: IMG 26SA. Adieu mon bébé

Message par Ganaia »

Pépin a écrit : 29 juillet 2024, 11:10 Êtes-vous suivis par un(e) psychologue ? Avez-vous eu plus d'informations sur la trisomie de Maxence ? Avez-vous fait vos caryotypes ?
Bonjour, j'ai été voir un psychologue mais j'ai arrêté car pour moi, ca ne servait à rien d'autre qu'à remuer le couteau dans la plaie. J'ai quand même fait la démarche d'essayer d'aller voir un/une psychologue spécialisé dans le deuil périnatal dans la maternité où je devais accoucher à la base, mais cela m'a été refusé car il y a des psychologues adaptés dans la maternité où j'ai accouché. Je n'irais pas car, ca remue de trop mauvais souvenir et en plus c'est à plus d'une heure de route de chez moi, si ca circule bien et qu'il y a de la place où se garer.

Nous avons eu un rendez vous avec la généticienne qui nous a expliqué que c'était une trisomie libre et homogène, donc un accident. La fameuse "faute à pas de chance". Et que pour la prochaine grossesse nous aurons droit au DPNI et si besoin pour calmer mes angoisses à l'amniocentèse (mais mon mari refuse de passer à nouveau par cela pour ne pas faire courir de risque au bébé si la DPNI est bonne.
Pépin a écrit : 29 juillet 2024, 11:10 Pour ma part, j'ai repris le travail en télétravail trois semaines après l'IMG. J'ai mis au courant ma cheffe et mes collègues par écrit. Le premier trajet pour retourner au boulot a été très angoissant et difficile (c'est dans le train en allant au boulot que j'ai reçu l'appel qui m'annonçait les mauvais résultats du DPNI). Le fait que tout le monde sache, ça m'a permis d'être très bien entourée et soutenue aussi au travail. J'ai reçu des cartes, des fleurs et des petits mots très gentils. J'ai parlé ouvertement de l'IMG, du choix et de l'accouchement. En parler me fait beaucoup de bien. J'ai décidé de ne pas en faire un tabou.


Malheureusement le télétravail c'est pas faisable pour moi, et on est nombreux /(ses) je ne penses pas que tout le monde le sache et j'avoue ne pas avoir envie d'en parler. La seule collègue qui est au courant de tout et avec qui ca me gène moins d'en parler à démissionnée. En plus l'ambiance est pas terrible, ca parle beaucoup derrière le dos des gens, les cheffes sont pas compréhensives et le directeur c'est une vraie tête de c**. Ca m'angoisse beaucoup ca aussi. La peur des regards, des questions, des réflexions maladroites du genre "vous êtes jeunes vous en aurait d'autres" en soit c'est pas mal intentionné mais c'est pas quelque chose que j'ai envie d'entendre, ca me donne l'impression de "vous allez le remplacer". Je sais que c'est pas ça mais moi je le prends comme ça.
Pépin a écrit : 29 juillet 2024, 11:10 J'ai toujours un peu de mal avec les femmes enceintes (surtout quand le terme est proche de ma propre DPA) et les bébés. Je ressens toujours le besoin de les éviter. Mon cœur se serre quand je les vois. C'est tout à fait normal comme réaction. C'est difficile d'être confrontée à ce qui nous a été arraché sans raison (la fameuse faute à pas de chance). Le désir d'avoir un enfant est plus présent que jamais après une telle perte. Souffrir de voir le bonheur des autres ne fait pas de soi une mauvaise personne.


C'est une torture, je suis incapable d'aller faire mes courses seule (et encore moins dans le magasin où je travaille). Si mon mari n'est pas avec moi je ne sors quasiment pas et encore, si y a trop de monde je fuis. En plus, je ne sais pas si ça le fais à d'autres femmes, je ne sais pas si c'est une impression ou si c'est parce que c'est l'été et que c'est les vacances et que les gens sortent plus, mais je vois des femmes enceintes, des poussettes et des bébés dès que je mets les pieds dehors. Ca me met mal à chaque fois et ça m'incite encore plus à rester cloitré chez moi. Je me sens nulle mais je suis pour l'instant incapable de réagir autrement tellement ca me fait mal.
Pépin a écrit : 29 juillet 2024, 11:10 Je vois un peu moins d'amis et de gens depuis l'IMG. Mais c'est aussi un choix. Je ne fais plus que des choses dont j'ai envie. Tous nos proches savent en détail ce que nous avons vécu. Ils comprennent et sont là pour nous soutenir.
J'ai pas énormément d'amies dans la région, mais du coup je "profite" pour faire plus de chose que j'osais pas faire avant. Je suis très anxieuse à l'idée de conduire en ville et je me suis lancé à aller dans une grande ville vers chez moi, quand il a fallu allait déclarer mon petit à la mairie, j'ai pris mon courage à deux mains pour conduire jusque là bas (par contre au retour incapable de conduire parce qu'on a croiser une maman et son bébé à la mairie, ca m'a mis dans un état lamentable et pour ne rien arranger, la façon dont mon petit Maxence à été noté sur le livret de famille m'a énormément blessé quand elle a barré la partie "Naissance" pour le mettre directement dans la partie "Décès".)
J'ai appris à faire du vélo.
Pépin a écrit : 29 juillet 2024, 11:10 Enfin, depuis quelques semaines, un nouvel espoir s'est niché dans mon ventre. Je pense que ça me permet aussi d'espérer de nouveau et de construire de nouveaux projets. J'arrive de nouveau à voir plus loin, malgré la tristesse et l'angoisse.


Félicitation, je te souhaite tout le bonheur du monde possible.
On essaye avec mon mari mais pour le moment sans succès à ma grande déception.
Comment appréhende tu cette nouvelle grossesse?

Merci pour les soutiens.
Mamange de Maxence le 11/03/2024 suite à une IMG à 26SA
Pépin
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Re: IMG 26SA. Adieu mon bébé

Message par Pépin »

Bonjour Aurélie,

Je n'ai personnellement pas accepté le suivi psy de l'hôpital où j'ai accouché. Tout simplement parce que la psychologue sur place n'a été pour moi d'aucune aide, ni d'aucune ressource au moment de l'IMG. Au contraire. J'ai senti qu'elle avait juste besoin de mon avis éclairé sur l'IMG pour faire un rapport et protéger l'hôpital en cas de regret de ma décision. Je lui ai donné ce qu'elle avait envie d'entendre, pas ce que j'avais envie de dire. Les quelques conseils qu'elle m'a donnés, je les avais déjà trouvé via la lecture de différents livres et témoignages. Je l'ai trouvée froide et distante. Elle tentait de se protéger de notre douleur. Mais sur le moment, nous l'avons juste trouvée inhumaine, à peser tous ses mots avec son discours tout fait.

Je ne me voyais pas retourner dans le service maternité pour la voir et affronter en même temps ces couloirs où nos rêves ont pris fin. Je me suis promis de retourner en maternité uniquement pour prendre ma revanche sur la vie avec un bébé arc-en-ciel.

Par contre, j'ai quand même noté les coordonnées d'une psychologue spécialisée en périnatalité proche de chez moi qui reçoit en-dehors des hôpitaux. Si je me sens submergée, je sais que j'ai cette possibilité.

Je sais qu'en France, il existe des antennes Agapa qui sont très utiles pour pour les parents qui font face à un deuil périnatal. Il y a des lignes d'écoute, des groupes de paroles. Je sais que plusieurs personnes de ce forum ont trouvé des ressources pour sortir la tête de l'eau grâce à cette association.

Il faut parfois voir plusieurs personnes pour trouver une aide qui nous convienne. Il n'y a pas de mal à chercher du soutien quand ça ne va pas.



Dans notre cas, le centre de génétique n'avait pas fait le caryotype de notre fille. Nous avons dû faire les nôtres et attendre plusieurs semaines pour avoir des réponses.

Le DPNI est une méthode sûre et non-invasive. Les faux négatifs (comme les faux positifs) sont extrêmement rares. Contrairement au tri-test. L'amniocentèse doit rester un moyen de confirmer un diagnostic. Le risque de fausse couche est tout de même d'environ 1%.



Je suis désolée de lire que ton environnement de travail est aussi délétère. Je comprends que tu n'aies pas envie d'en parler dans ces conditions. Cela rend le retour assez compliqué à affronter. N'y a-t-il pas des personnes de confiance au sein de l'entreprise (prévention/ressources humaines/psychologues du travail) à qui tu pourrais tout de même parler afin de faciliter ton retour et trouver des pistes pour affronter tout cela ?



Je t'avoue que ce fameux "vous êtes jeunes, vous en aurez d'autres", je l'ai entendu. Les gens cherchent toujours à dire du "positif". C'est humain (on cherche à apaiser la tristesse de l'autre en essayant d'envisager du positif). C'est très maladroit. Ça minimise la perte et ça fait mal. Je l'ai expliqué aux gens qui m'ont dit cela. Je leur ai aussi expliqué qu'on attendait pas forcément du réconfort, juste de l'écoute et une épaule pour nous soutenir dans ces moments-là. Parfois, il n'y a rien de positif à dire. Il ne vaut mieux rien dire. Juste écouter.


Tes réactions sont tout à fait légitimes. Je ressens le besoin de détourner le regard et de fuir les femmes enceintes. J'ai appris petit à petit à maîtriser et accepter ces sentiments violents et à garder le contrôle. Mais rien n'est facile. J'arrive aujourd'hui à faire face, même si ça fait mal. En été, les jeunes mamans promènent naturellement plus leurs bébés. J'en croise tellement depuis l'IMG.


Je n'ai malheureusement pas eu la possibilité de déclarer ma fille (en Belgique, à 17 SA, ce n'est pas possible). Mais j'imagine la violence de voir la mention "décès" à côté du nom de Maxence. J'ai eu un choc un peu semblable quand j'ai reçu le détail des factures d'hôpital payées par mon assurance. Voir sur la même page "accouchement par médecin" et "frais funéraires", c'est violent. C'est presque absurde. Ça ne devrait pas exister.

C'est bien que tu fasses des choses qui te font quand même un peu sortir. Moi, j'ai énormément jardiné. Faire du vélo, ça peut aussi aider à se changer les idées et à prendre l'air.


Je te souhaite d'avoir rapidement un beau positif pour te donner un peu d'espoir.

Cette nouvelle grossesse est une sorte de montagnes russes. Je suis vraiment très heureuse et pleine d'espoir. Mais les vagues de tristesse persistent, même si elles sont plus espacées. L'angoisse monte aussi par moment et je freine mes espoirs. Je pense que je serai plus sereine une fois le DPNI passé (il est prévu le 19 août).

J'avance étape par étape. Échographie par échographie.

Le deuil d'un bébé n'est pas linéaire. On doit faire le deuil de la grossesse, d'un bébé et de l'avenir qu'on avait imaginé avec lui. Une nouvelle grossesse n'arrange pas tout. Mais ça permet de créer de nouveaux rêves et projets.

Je t'envoie tout mon soutien.
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