IMG 17SA suite à T21

[JNN]

Bonjour

J'ai lu pas mal de témoignages avant et après mon IMG et je me décide à témoigner à mon tour sous les conseils de mon compagnon. Il faut savoir que je suis plutôt du genre méga carapace.

Mon cauchemar a commencé le 23 février lors de la première écho (première grossesse)... clarté nucale de 2,7. La sage femme de l'echo se veut rassurante, "c'est un peu épais mais c'est pas forcément grave. Tout le reste est parfait et il bouge bien."
Je ne prononce pas un mot, mon compagnon ne comprend pas ce qui se passe, il ne sait pas que cette mesure est importante.

On enchaine sur le tri test le jour même, résultat 1/18. J'essaye d'être optimiste et de me dire que ca veut dire qu'on a 17 chances sur 18 que tout aille bien...Je lis des centaines de témoignages, de thèses, etc.

Rv avec la conseillère en génétique, je suis trop tôt dans la grossesse pour l'amio, je fais donc un DPNI en attendant. Celui ce revient positif à la T21 10 jours plus tard. Mon monde s'écroule et mon pire cauchemar prend vie.
Je fais l'amio dans la foulée... Le test de Fish revient positif en 24h et confirme la T21.

Avec mon compagnon nous étions d'accord dès le début, ce sera une IMG.

Celle ci aura lieu 10 jours plus tard soit vendredi 29 mars 2024.

La prise des comprimés pour la maturation du col me prend des heures, je ne peux me résoudre à entamer la procédure... Je finis par les prendre. 24h plus tard nous entrons à l'hopital.
Le lendemain matin on monte en salle d'accouchement vers 8h15 et mon bébé nait sans vie à 10h27. Les sages femmes me "félicitent" c'est allé vite, mon corps a super bien fonctionné, je n'ai même pas eu besoin de contractant utérin.

Moi tout ce que je vois c'est que j'ai tué mon bébé parce qu'il était différent. Je l'ai aimé dès la première seconde suite à mon test positif à 15 jours de grossesse. La période la plus heureuse de ma vie. Et à la première difficulté je l'ai abandonné, il est la si petit, si fragile et si parfait.

Le départ de l'hôpital est un véritable déchirement. Le laisser dans cet endroit froid alors qu'il devrait être avec moi me brise le coeur.

Pour mon compagnon le plus dur est passé. Il le sait on ne vit pas les choses pareils. Pour moi le pire est maintenant, je culpabilise, mon coeur est brisé, je me sens seule dans mon corps et il me manque tellement. Je me dis que c'est débile, que c'est moi qui ai pris cette décision, qu'il n'a vécu "que" 17 semaines etc

J'ai pris contact avec une asso pour un groupe de paroles. Je ne sais pas si ca m'aidera...

Chaque matin j'espère me réveiller et voir que tout ceci n'est qu'un affreux cauchemar et que Noé est toujours là, bien au chaud dans mon ventre. Mais je sais que ce jour n'arrivera plus jamais.

[Pépin]

Bonjour JNN,

Je suis désolée de t'accueillir sur ce forum et dans ces circonstances.

Ton histoire fait écho à la mienne. J'ai subi une IMG le 28 mars, également à 17SA, pour la trisomie 21 de ma petite fille.

C'était ma première grossesse... Dès le test de grossesse positif (le 30 décembre), j'étais maman dans ma tête et aimais ce petit être plus que tout au monde. Comme toi, l'échographie T1 s'est bien passée. J'étais juste un peu inquiète de la clarté nucale (2,29). C'était un peu trop. Et ça a trotté longtemps dans ma tête, lorsque nous attentions les résultats du DPNI (en Belgique, il est réalisé automatiquement le jour de l'échographie T1). Mon mauvais pressentiment est malheureusement devenu réalité le 18 mars.

La culpabilité est un sentiment normal après une telle épreuve. Personnellement, je repense tout le temps à ce cachet que j'ai pris. Aux documents que nous avons signés pour donner notre accord. Je repense aux contractions que j'ai eues et qui ont arrêté le tout petit cœur de mon bébé...

Mais cette interruption de grossesse était un acte d'amour. Avec mon conjoint, nous avons préféré prendre pour nous la douleur et la souffrance, afin que notre petite fille n'ait jamais à vivre une vie de handicap mental et physique. Nous ne voulions pas d'une demi-vie pour elle.

Mon conjoint connait depuis l'enfance une personne trisomique (qui a aujourd'hui 27 ans)... Il a vu la souffrance de ses parents. Il a vu souffrance de cette jeune femme qui se rend compte de sa différence, de son manque d'autonomie et de son manque d'avenir. Elle est sous anti-dépresseurs depuis plusieurs années, maintenant. Elle est assez isolée et entièrement dépendante de ses parents. Pourtant, elle a la "chance" d'avoir un retard mental modéré et peu de handicap physique. Quand on sait que certaines personnes trisomiques ont un QI de 20 ou de 30 et de nombreuses malformations congénitales (souvent détectées en fin de deuxième trimestre)... Comment aurions-nous pu accepter une telle vie pour notre fille ?

Avant même d'être confrontés à ce choix horrible, nous avions décidé que nous ne souhaitions pas de cette vie pour nos enfants. Nous ne pensions pas un jour devoir faire ce choix... J'aurais tout donné pour ne jamais avoir à le faire. Je donnerais tout pour que tout ce que nous avons vécu ces deux dernières semaines ne soit qu'un mauvais rêve.

La décision que tu as prise, est aussi la décision la plus courageuse qui soit. Tu es forte. Tu es une maman aimante. Tu as fait le meilleur choix pour Noé, car il s'agissait de votre choix.

Seul le temps pourra apaiser un peu la peine et le vide que nous ressentons.

Douces pensées pour Noé.

[JNN]

Bonjour Pépin

merci pour ton message et ta compassion.

Effectivement nos histoires sont très semblables autant au niveau date qu'au niveau du vécu.

Pour mon amio j'ai attendu 1h40 entourée de femmes enceintes proches du terme, qui riaient et parlaient bébé avec leurs accompagnants...

Moi aussi j'avais un mauvais pressentiment avant la l'écho T1. Une nuit j'ai fait un cauchemar horrible. Lors d'une écho on m'endormais et je me réveillais avec le corps de mon bébé à coté de moi. Puis un homme le prenait et partait avec... Mon conjoint m'a reveillé parce que je pleurais dans mon sommeil.

Aujourd'hui malheureusement ce cauchemar est réel. J'avais tellement peur de l'acte médical en lui même que j'avais presque hâte que ce soit fait. Au final je revivrais cette journée à l'infini si ca me permettais de rester avec mon bébé.
J'avais aussi la bête idée de me dire que plus vite l'img serait faite moins je serais attachée à ce bébé et que ce serait plus facile. C'est fou ce qu'on est naïf avant de le vivre.

L'accouchement en lui même s'est passé tellement vite. Le jeudi soir j'ai eu la pose de batonnets de dilapan (algue qui gonfle lentement) pour commencer à ouvrir le col. Au final j'ai eu des contractions toutes la nuit. D'abord des petites, comme des crampes de règles pour lesquelles on m'a proposé du *****, j'ai passé la nuit à marcher dans la chambre et le couloir pendant que mon compagnon dormait (il a pris le cachet d'anxiolytique, pas moi). J'avais besoin d'être là pour les derniers instants avec mon enfant. A l'aube j'ai eu de vraies contractions, à genou au sol car mes jambes ne tenaient plus. On m'a monté rapidement en salle d'accouchement et fait venir l'anesthésiste en urgence. Pour tout vous dire j'ai failli refusé la péri car pour moi cette douleur faisait écho à celle de mon coeur mais j'ai bien vu que c'était vraiment trop dur pour mon compagnon.
La pose de la péri a été horrible... encore plus car il fallait parfois se stopper car contraction.
Tout ca pour découvrir que mon col était à 5,5 ce qui était largement suffisant pour percer la poche des eaux et permettre le passage de mon bébé.

Nous aussi nous avons pu voir et tenir notre bébé et je pense que je ne m'attendais pas à ce que mon attachement pour lui soit si profond. Ce fut extrêmement compliqué de le rendre à la sage femme. J'aurais pu le regarder et le toucher indéfiniment.

Merci de me rassurer quand à cette décision de faire une IMG. C'est vrai que c'est parfois difficile de confronter la réalité avec les bouilles rondes et souriantes que les réseaux ou certains sites nous montrent. J'ai également vu des témoignages qui disaient qu'à l'echo T1 tout allait bien niveau morpho mais que juste quelques semaines plus tard plusieurs malformations graves se déclaraient en lien avec la T21. Ca me rassure de me dire que oui peut être que mon bébé "allait bien" à cette première écho mais que ca aurait pu évoluer tellement vite.

Nous non plus nous n'avions pas choisi de prénom parce qu'avant le diag j'avais déjà trop peur de me projeter. Nous l'avons choisi le premier soir à l'hôpital et ce qui est marquant c'est qu'il était dans aucune de nos deux listes de prénoms mais qu'il s'est imposé comme ca et que maintenant pour rien au monde je voudrais en changer.

Comment réagit ton compagnon? Je sais qu'il a dit à certain(e)s de ses ami(e)s que pour lui le plus dur était passé et qu'il s'inquiétait plus pour moi. Mais j'ai peur du retour de baton ensuite. J'essaye de lui expliquer que je suis aussi là pour lui et qu'il a le droit de craquer, de s'énerver, de pleurer mais j'ai l'impression que ma peine prend trop de place pour que lui se sente légitime d'avoir la sienne :/

Grosse pensée pour ta Pépinette

[Pépin]

Pour l'amniocentèse, j'ai vécu une expérience semblable et douloureuse. 40 minutes dans une salle d'attente avec une femme sur le point d'accoucher. Elle a été mise en salle de monitoring, juste à côté de la salle d'attente. J'entendais les battements de cœur de son bébé. Elle riait avec son mari et la sage-femme... Et j'attendais, le cœur brisé en touchant mon ventre. Des sages-femmes ont eu pitié de moi et m'ont finalement installée dans une chambre le temps que les gynécologues arrivent.

Mon conjoint avait fait un cauchemar juste avant que les résultats de la prise de sang ne tombent... Il cachait son angoisse. Mais elle était aussi présente chez lui. Comme quoi, les parents savent...

Ta réaction première est tout à fait normale. Personnellement, quand on m'a annoncé la trisomie 21 (avec seulement 1% de chance de faux positif), j'avais envie que ça se termine très rapidement. Je ne comprenais pas pourquoi on nous laissait encore subir et attendre. Nous savions qu'il n'y aurait pas de happy ending. Pourquoi prolonger notre peine ? Pourquoi nous épuiser ? C'est juste après l'amniocentèse que j'ai réalisé qu'il s'agissait d'une chance de vivre encore quelques instants avec Pépinette. C'était le moment pour nous de lui dire au revoir et de réfléchir à ce que nous voulions faire pour elle et pour nous. Nous avions peur de regretter certaines choses. J'ai pris le temps de lire de nombreux témoignages ici pour être prête. Pour dépasser la douleur initiale et chercher un peu d'apaisement dans la tempête. Par exemple, en plantant un petit poirier pour elle, en préparant des doudous pour l'accompagner, en décidant de la rencontrer après l'accouchement...

Mais il est humain de vouloir que tout se termine rapidement, car la douleur est juste insupportable. On se dit que plus vite ça passera, plus vite nous pourrons oublier et passer à autre chose... Ce qui est faux.

J'ai eu le même ressenti que toi, pour l'accouchement. Ça a été très rapide pour moi aussi. La différence, c'est que j'ai accepté la péridurale directement. Ils l'ont placée (non sans mal) à 23h. Puis ils ont mis les premiers médicaments pour lancer le travail à 2h du matin. Pépinette est née à 8h06, sans la moindre poussée de ma part. Sa poche des eaux est descendue avec elle et s'est rompue au moment où elle sortait. J'ai passé toute la nuit en salle d'accouchement. Je n'ai pas vu un seul gynécologue de mon admission à la naissance. Les médecins pensaient que l'accouchement aurait lieu au plus tôt fin de matinée.

Tu as été très courageuse de vivre tout le travail sans péridurale... Je ne pense pas que j'aurais eu cette force.

La rencontre avec bébé a été aussi pour nous un moment suspendu. Elle était tellement belle. Nous avons ressenti tellement d'amour et de tristesse en la voyant. La laisser repartir a été un déchirement. Mais nous avons pris le temps de lui dire tout ce que nous souhaitions lui dire.

Les réseaux sociaux ne montrent généralement que le beau et de nombreuses mises en scène. Ils ne montrent pas les centres spécialisés où sont parquées les personnes trisomiques avec les formes les plus graves... Ils ne parlent pas non plus du fait que les personnes trisomiques commencent souvent à souffrir de démence précoce vers 40 ans... Ils ne parlent pas des malformations congénitales, des opérations plus ou moins lourdes à subir, des tonnes de spécialistes qui gravitent autour de leur enfant...

Noé est un très joli prénom. C'est bien qu'il se soit imposé à vous dans ces moments difficiles. De notre côté, nous avons décidé de conserver son surnom. Toute la famille l'appelle Pépinette depuis que nous avons fait l'annonce de ma grossesse. Choisir un vrai prénom sorti de nulle part, ça ne nous paraissait pas correct, ni naturel. Elle restera notre Pépinette, notre petit amour de bébé, notre rêve inachevé.

Mon compagnon s'est pas mal ouvert durant les épreuves. Il a osé dire ce qu'il voulait et pensait. Il a beaucoup pleuré. Il était aussi très inquiet pour moi.

Depuis l'accouchement, il pleure encore. Il fait des cauchemars. Il dort mal. Il a voulu absolument que nous assistions à la crémation prévue demain. Il s'exprime. Mais moins que moi. Pour lui, le pire est passé. Il s'occupe de moi et est content de voir que je me remets très bien physiquement. Il s'est senti spectateur de notre malheur et de ma douleur physique. Il semble penser qu'il a moins de légitimité que moi pour souffrir, car je portais notre fille et que j'ai subi les examens et l'accouchement... Je tente de lui faire comprendre que je n'aurais pas survécu à cette épreuve sans lui et qu'il a été un père extraordinaire et courageux pour notre fille. Il lui faudra du temps pour comprendre cela, je pense.

Après, je le rejoins sur le fait que le pire est passé. La tristesse revient par vague. Mais je ne suis plus angoissée. Je me sens vide, parfois inutile et nulle. Mais je suis soutenue. Et je m'accroche à cette phrase : "Le bonheur, en partant, a dit qu'il reviendrait.".

Parler me fait énormément de bien. Dans mon malheur, j'ai découvert qu'une personne de la famille de mon conjoint avait vécu la même expérience environ 20 jours avant nous. Échanger avec elle me fait énormément de bien. Parler est vraiment important.

Je pense donc que c'est positif que tu rejoignes un groupe de paroles.

Courage, en tout cas.

[Gaga846]

Bonjour JNN,

Comme Pépin l'a bien écrit, tu as pris la meilleure décision en connaissance de cause, pour ton enfant, pour toi et pour votre couple. Ma gynécologue m'avait expliqué que la plupart des personnes trisomiques que l'on voyait, c'était due au fait que les parents n'avaient pas "bénéficier" d'un diagnostic anténatal, et qu'ils devaient composer avec. Malheureusement notre société, n'est pas dès plus accueillantes pour les personnes atteintes d'handicap et au delà de cela, la charge mentale inhérente au fait d'avoir un enfant est déjà lourde, alors s'il faut en plus de cela avoir l'inquiétude toute sa vie durant, de la manière dont sera traitée notre enfant après notre départ, je n'imagine même pas le poids que l'on pourrait avoir sur les épaules.

En tout cas, de notre côté en ayant pesé le pour et le contre, on était en paix avec cette décision, même si la douleur est encore présence, avec le temps elle est moins vive, de mon côté ça fera un mois que la décision de l'IMG pour T21 a été prise. Il y a des jours avec, et des jours sans, mais au fur et à mesure, il y a beaucoup plus de jour avec !

J'espère que tu trouveras un groupe de parole, qui te permettra d'y déposer ta peine, et d'accueillir aussi l'espoir, car malgré cet épisode extrêmement douloureux, je suis sûre que la vie te réserve encore énormément de moments de bonheur !

Et si tu veux échanger, nous sommes là !

belle journée

Gaëlle

[JNN]

Merci à vous deux pour vos retours et encouragements !

Malheureusement les 3 asso que j'ai contacté n'ont pas de groupe de paroles à coté de chez moi (Lyon) et la psy qui devait me suivre à l'hôpital quitte le service ... et n'a pas de recommandations. J'aurais essayé ^^

Ce qui est difficile c'est que mon entourage, à part mon compagnon, préfère ne pas aborder le sujet avec moi, ce que je peux comprendre car on ne sait pas si ca ravive la douleur ou pas. Alors que moi j'ai envie de parler de lui, de dire comme il était petit et parfait. Comment s'est passé l'accouchement, bref j'ai envie de le faire "vivre". Mon compagnon me dit que c'est donc à moi de lancer le sujet avec les gens avec qui je suis à l'aise mais j'ai aussi peur de rendre les gens mal à l'aise...

J'ai 1 mois d'arrêt de travail, j'ai demandé moins mais le medecin de l'hôpital n'était pas d'accord. Je suis pas hyper pressée de retourner travailler même si je suis dans une super boite avec des patrons tres compréhensifs, mais 1 mois seule chez moi... heureusement j'ai mes deux chiens qui m'obligent à bouger tous les jours.

Par contre qu'est ce que c'est difficile de continuer le quotidien sans mon bébé. Toutes ces balades, tous ces gestes quotidiens sans lui c'est déchirant. Et j'ai pas envie de faire des trucs nouveaux non plus car je ne peux m'empêcher de me dire que s'il était là je serais mille fois plus heureuse de faire ce truc. Alors j'écoute les podcasts "Au revoir" pendant mes 10km de marche journalier.

J'ai commandé un bijou avec ses empreintes pour l'avoir tout le temps avec moi même si ca ne le remplacera jamais.

@Pépin nous aussi nous avons découverts des histoires d'IMG et de FC dans notre entourage, mais personne d'assez proche de moi pour en parler. Je trouve dommage que cela reste un tabou.
Avant l'accouchement je n'avais pas prévu d'assister à la crémation (mon compagnon si) mais maintenant je souhaite le faire aussi car je veux accompagner Noé jusqu'au bout.
Je te souhaite bon courage pour cette journée particulière et toutes mes pensées t'accompagnent.

@Gaga846 Oui j'ai eu ce retour aussi sur les personnes trisomiques. J'ai également lu et entendu des témoignages dont une personne ayant fait une IMG pour T21 en tant qu'éducatrice pour personnes trisomiques. Justement parce qu'elle savait très bien tous problèmes associés à ce petit chromosome en trop et au vécu des parents.

[Gaga846]

Bonjour JNN,

Je pense que l'association AGAPA organise des groupes de paroles sur Lyon, peut-être que tu pourrais les contacter si tu en éprouves le besoin ? Ils ont un réseau assez grand et pourrait peut être te rediriger vers d'autres groupes de paroles qui pourraient te convenir.

Comme dans notre société la mort est tabou, les gens ne savent jamais comment l'appréhender, et en parler, ils sont vite mal à l'aise, personnellement comme j'avais besoin d'extérioriser mon ressenti, mes peines, doutes, mes espoirs aussi, j'ai pris le pli d'en parler simplement avec mon entourage. Certains ont été réceptifs d'autres moins, mais j'ai pu me délester de ce poids. peut être essayer ?

Pour ma part, le médecin m'avait aussi mis un mois, mais je n'ai pas voulu rester à la maison car pour moi, je restais dans une abîme, j'ai préféré remettre le pieds à l'estrier. Tu dois sentir au fond de toi, ce qui te ferait le plus grand bien et faire en fonction.

Tout ce que tu décris, fais partie du processus de deuil, tout est encore tellement frais, ce sont des vagues qui nous assaillent, et un jour après l'autre on apprend à nager avec..

c'est un beau symbole le collier, ayant eu une montée de lait, j'ai commandé un bijou avec celui-ci aussi… un petit clin d'œil pour graver ce qui aura été éphémère…

laisse toi le temps, et écoutes toi, douce journée

Gaëlle

[Axel&baby4]

Merci à vous deux pour vos retours et encouragements !

Malheureusement les 3 asso que j'ai contacté n'ont pas de groupe de paroles à coté de chez moi (Lyon) et la psy qui devait me suivre à l'hôpital quitte le service ... et n'a pas de recommandations. J'aurais essayé ^^

Ce qui est difficile c'est que mon entourage, à part mon compagnon, préfère ne pas aborder le sujet avec moi, ce que je peux comprendre car on ne sait pas si ca ravive la douleur ou pas. Alors que moi j'ai envie de parler de lui, de dire comme il était petit et parfait. Comment s'est passé l'accouchement, bref j'ai envie de le faire "vivre". Mon compagnon me dit que c'est donc à moi de lancer le sujet avec les gens avec qui je suis à l'aise mais j'ai aussi peur de rendre les gens mal à l'aise...

J'ai 1 mois d'arrêt de travail, j'ai demandé moins mais le medecin de l'hôpital n'était pas d'accord. Je suis pas hyper pressée de retourner travailler même si je suis dans une super boite avec des patrons tres compréhensifs, mais 1 mois seule chez moi... heureusement j'ai mes deux chiens qui m'obligent à bouger tous les jours.

Par contre qu'est ce que c'est difficile de continuer le quotidien sans mon bébé. Toutes ces balades, tous ces gestes quotidiens sans lui c'est déchirant. Et j'ai pas envie de faire des trucs nouveaux non plus car je ne peux m'empêcher de me dire que s'il était là je serais mille fois plus heureuse de faire ce truc. Alors j'écoute les podcasts "Au revoir" pendant mes 10km de marche journalier.

J'ai commandé un bijou avec ses empreintes pour l'avoir tout le temps avec moi même si ca ne le remplacera jamais.

@Pépin nous aussi nous avons découverts des histoires d'IMG et de FC dans notre entourage, mais personne d'assez proche de moi pour en parler. Je trouve dommage que cela reste un tabou.
Avant l'accouchement je n'avais pas prévu d'assister à la crémation (mon compagnon si) mais maintenant je souhaite le faire aussi car je veux accompagner Noé jusqu'au bout.
Je te souhaite bon courage pour cette journée particulière et toutes mes pensées t'accompagnent.

@Gaga846 Oui j'ai eu ce retour aussi sur les personnes trisomiques. J'ai également lu et entendu des témoignages dont une personne ayant fait une IMG pour T21 en tant qu'éducatrice pour personnes trisomiques. Justement parce qu'elle savait très bien tous problèmes associés à ce petit chromosome en trop et au vécu des parents.

Tu n’es pas seule à Lyon! Si tu veux, on peut se prendre un café un midi!

[JNN]

@Gaga846
C'est l'AGAPA que j'ai contacté en premier, malheureusement ils n'ont pas de groupe sur Lyon. Ils font uniquement des cafés rencontres mais y en aucun sur le deuil en ce moment.

J'attends mon collier avec impatience même si je sais que ma peine restera la même.

@alex&baby4 merci de la proposition, je regarde ton mp.

Aujourd'hui a été une journée très compliquée. Je me suis effondrée plusieurs fois dans les bras de mon compagnon qui s'inquiète pour moi.

Tout mon quotidien me rappelle la perte de mon bébé et le fait qu'il devrait toujours être avec moi. Je ne peux m'empêcher de regarder sa photo encore et encore.

J'ai beau me dire que le problème était la dès sa conception je ne peux m'empêcher "d'idéaliser" mon bébé. Je pensais que le voir aussi petit m'aiderais à me rendre compte de tout ça. Au final ca encore plus ancrée mon amour pour lui.

Ce weekend je vais voir des amies, j'espère que ca va me changer les idées mais j'appréhende parce que je suis pas du genre à montrer mes émotions et que j'ai peur de craquer.

Demain je me balade avec une amie qui a un bébé de 4 mois. Elle m'a gentiment proposé de le laisser à son père mais j'ai décidé de le voir aussi. Je sais que j'aurais plus de mal avec l'annonce d'une nouvelle grossesse qu'avec un bébé déjà né.

Une autre amie m'a demandé si je voulais qu'on s'appelle pour parler de Noé <3. Ca m'a fait tellement plaisir qu'elle me le propose. Qu'il soit important pour elle aussi.

Je suis reconnaissance de leurs soutiens.

Concernant l'avenir je ne peux me retenir de me projeter dans une future grossesse. Mais j'ai peur de ne pas être aussi heureuse que pour celle ci, j'ai peur que ma peine gache une grossesse ou même la joie de la naissance.
On me dit que je saurais quand je serais prête mais on ne va pas se mentir, j'aurais 35 ans en septembre. Je ne vais pas attendre 3ans pour essayer de nouveau.

Reste à voir si mon compagnon est partant. Je sais qu'il aura encore plus peur pour moi...

Enfin bon un pas après l'autre. Les journées sont longues et les nuits très courtes. Parfois "ca va", parfois c'est l'enfer, je pleure non stop devant mon compagnon impuissant.

J'ai deja perdu mon petit ventre rond ... En moins d'une semaine.

[Pépin]

Courage JNN.

Sois indulgente avec toi-même : ça ne fera qu'une semaine demain.

Je craque aussi par moment. Je m'effondre quand je ressens le manque de la sentir dans mon ventre. Parfois, c'est juste un souvenir d'une projection que nous nous étions faite qui me fait craquer. Parfois, c'est juste un "comment vas-tu" d'un proche... Je suis toujours un peu à la limite de mes forces, à fleur de peau.

C'est normal. Nous avons aimé et nous aimons toujours nos bébés.

Aujourd'hui, j'ai reçu une belle boîte en bois gravée pour y déposer les photos, le carnet de suivi de grossesse, mon test de grossesse, son doudou, son nid d'ange, ses empreintes... Ça me fait du bien de regarder ses photos, de serrer le nid d'ange qui a enveloppé son corps. Avant, je sanglotais violemment à chaque fois que je regardais les photos. Maintenant, je suis bien plus calme. Les larmes coulent, mais je ressens plus d'amour que de douleur.

J'ai aussi commandé un médaillon avec ses empreintes de pieds pour l'avoir près de moi. J'en avais besoin.

Je pense aussi à la prochaine grossesse. Je crève d'envie de ressentir de nouveau la vie grandir, de prendre ma revanche. Je me sens parfois un peu coupable de désirer autant combler le vide. Pour le moment, j'attends le prochain rendez-vous avec la gynéco pour me laisser le temps de me remettre et de faire mon deuil... Je verrai à ce moment-là comment je me sens et si je suis un peu plus apaisée. Je pense que me lancer trop vite pourrait m'empêcher de faire mon deuil et me plonger dans le déni.

Bien entendu, l'âge peut aussi faire pression dans ce genre de situations... Laisse-toi déjà quelques semaines. Parles-en aussi à ton conjoint. Explique-lui tes doutes et tes inquiétudes. Vous verrez ensemble quand vous serez prêts. Mon conjoint m'a avoué qu'il ne se sentait pas prêt au début de la grossesse... Puis il a vu Pépinette à l'échographie et il a su qu'il voulait être papa. Ce sentiment ne l'a pas quitté malgré l'epreuve.

Après, cette prochaine grossesse sera angoissante. Je ne pense pas que je pourrais survivre une deuxième fois à une telle épreuve. Je crois qu'il est normal d'appréhender une nouvelle grossesse après ce que nous avons vécu.

C'est une bonne chose que tu voies des amis. J'ai revu cette semaine plusieurs personnes. J'ai craqué au début, en les voyant. Trop d'émotions, trop de mots, trop de douleur à leur exprimer. J'ai sangloté à chaque fois quelques minutes. Il n'y a pas de mal à cela. Nos proches sont aussi là pour nous soutenir dans ce genre de situations. Après, j'ai pu parler ouvertement de ce que nous avions vécu. Les larmes montaient parfois. Mais ça s'est bien passé. Je me suis sentie mieux de pouvoir en parler.

J'ai perdu mon ventre rond après seulement quatre jours. Je me sentais encore plus vide devant ce constat... Je sais que c'est normal. Mais ça fait très mal.

Douces pensées pour toi et nos étoiles. Seul le temps nous aidera à retrouver un peu de paix.