Lettre d'une maman d'un bébé qui n'existe pas...
Posté : 24 août 2016, 14:45
Bonjour à tous,
Cela fait 5 mois maintenant, que j'ai dû interrompre ma grossesse pour des raisons médicales...Et c'est à ce jour, la douleur la plus grande que je n'ai jamais vécu... Dans la vie, il y a des choses qu'on fait. Et des choses que l'on a choisi de ne pas faire.
Il y a des chemins qu'on prend et d'autres qu'on regrette de ne pas avoir pris.
Il y a ce que nous sommes, à un moment précis, et qui nous oblige à prendre une décision.
Et puis il y a tout le reste.
Tout ce qui nous arrive, tout ce qui nous tombe dessus, tout ce qui est là par la force des choses.
Il y a tout ce qu'on ne choisira pas, tout ce qu'on aurait jamais voulu voir arriver, il y a le "destin", le "hasard" ou la succession de faits qui amène à "ça".
Il y a les drames, ceux dont on parle
Il y a les drames intimes, ceux dont on ne parle pas.
Ceux qu'on évoque, avec ceux qui écoutent. Ceux que l'on murmure, quand on se sent prête à le faire.
Ceux qu'on dit, avec encore un noeud dans le ventre et la gorge nouée.
Ceux qu'on garde, au fond de soi, parce qu'ils font partie de nous.
Loin de moi l'idée d'établir une gradation.
Il y a toujours pire.
Cela ne veut pas dire qu'on ne souffre pas soi même.
5 mois et la douleur est toujours présente, c'est comme si toute ma vie avait basculé depuis ce jour dans monde où j'ai l'impression de me noyer.
Et me voilà qui me lance, alors qu'on ne saurait retranscrire la souffrance de la perte, le vide, le rien.
Je veux aujourd'hui parler de mon bébé qui été bien réel, qui n'était pas qu'un foetus de 12SA.
Je veux parler aujourd'hui des pertes qui arrivent alors que l'on n'a pas eu la chance de voir l'imaginaire devenir vrai, je veux parler de ce bébé qui n'existe pas légalement. Je veux parler aussi au nom de tous ces bébés qui ne verront jamais le jour.
Je voulais parler des fausses couches, des enfants qui ne naîtront pas vivants, de ceux à qui ont enlève la vie parce qu'il y a un problème médical, de ceux qui existent mais qu'on ne peut pas voir.
Je n'ai pas la prétention d'être juste, je n'ai pas la prétention d'être vraie.
On nous met dans une case de statistique.... ben oui ça arrive, c'est
Parce que ce n'est rien. Parce que ce n'est pas grand chose. Parce que c'est un "coup pour rien", un "brouillon" et que ça va "finir par marcher".
Bien sur.
Ou pas. Que ce n'était pas un bébé, mais qu'un foetus, un foetus sans âme... et j'en passe... en disant ça, les gens sont surement de pleins de bonnes intentions, mais ils ont tords...
C'est comme ceux qui pensent qu'il faut vite oublier, être fort, rien ne laisser paraître, les compagnons qui pensent qu'il vaut mieux vite enterré tout ça, ceux qui pensent qu'être fort ce n'est rien laissé paraître de ses sentiments...
Tout s'écroule...
Parce qu'en un quart de seconde, on passe d'un statut à un autre.
Une sonde est posée et tout s'écroule.
On porte la vie et puis on porte rien.
On "va avoir un bébé" et puis non. Le vide.
Etre pleine de rien.
Et l'attente.
Et le sang.
Et le sentiment que personne ne peut comprendre. Parce que c'est notre corps. Parce que c'est notre âme. Parce qu'on avait déjà imaginé. Parce qu'on avait déjà dit. Parce que ça n'arrive qu'aux autres.
Je ne saurais dire combien, je ne saurais dire pourquoi. Mais c'est là, ça fait mal et on ne peut pas vraiment en parler. Et puis comment se plaindre? Et puis comment dire alors que "ce n'est pas si pire".
Bien sur.
Ce n'est pas la fin du monde.
Mais on a le droit de pleurer quand même. On a le droit de prendre le temps. On a le droit de se dire qu'on a perdu quelqu'un. Qui ne sera jamais. Qui n'a pas existé. Sauf dans notre tête. Et que c'est déjà beaucoup.
On ne peut pas imaginer ce que c'est que de perdre un enfant in utéro...
"Je peux l'entendre, je peux sentir mon corps frissonner à cette idée, je peux penser à la souffrance, à la douleur. Mais je ne peux pas savoir... si je ne l'ai pas vécu...
Je ne veux pas imaginer l'instant où tout bascule, je ne veux pas." Pourtant, être parent, c'est une infinité de moments où tout peut basculer. Là, c'est trop tôt. Ça ne devrait pas basculer là.
Perdre un enfant et ne pas savoir ce qu'il aurait été. Perdre un enfant et ne pas pouvoir dire aux autres comment il était.
Je sais qu'on s'en relève, je sais qu'on y arrive.
Et il y a tellement de choses qui changent après ça... des images me hantent pour le restant de ma vie, le jour où tout s'est écroulé, le jour où tout s'est terminé... le son de son coeur résonne toujours dans ma tête, son image...et ce sentiment de culpabilité qui nous quitte pas, et ce sentiment que tout a été trop vite, que vite il fallait l'enlever, vite il faut tout enterrer, taire ce que l'on ressent, car ce n'est pas si grave, il vaut mieux le perdre maintenant...oui peut-être mais la souffrance n'en reste pas moins douloureuse et présente... on fait quoi de notre sentiment de culpabilité, de toutes ses images qui ont envahi notre tête... nous avons pris la décision de faire mourir notre bébé car il avait une malformation morphologique et une nuque trop épaisse... on n'a pas fait d'autres examens pour être sur... j'aurais aimé, mon compagnon lui voulait vite en finir... j'ai l'impression de ne pas avoir fait tout ce qu'il fallait... pour être sur... aujourd'hui, j'ai encore le sentiment d'avoir tué mon bébé... Pourquoi? et aujourd'hui, je ne veux plus garder ma souffrance pour moi... alors je la partage ici.. Je sais que beaucoup de personnes trouvent ridicules de donner un nom à un bébé dont on ne connait pas le sexe, je ne sais pas pourquoi j'avais l'impression que c'était une fille... J'ai besoin de la faire exister, ce bébé ne sera jamais reconnu légalement, je sais qu'il est déjà aux oubliettes pour mon entourage... j'ai eu besoin de lui dire adieu, de lui demander pardon....
Alors j'ai fait mes adieux à mon bébé le 30 mars, je suis partie à Bagnères dans un coin de rando que l'on faisait souvent avec son père, je lui ai parlé des moments partagés avec son père, ces moments où on était bien, heureux... j'ai laissé un message dans un arbre près de de cette petite rivière et une sculpture de pierre pour lui dire adieu... j'étais seule... avec mon bébé pour la dernière fois... et je me suis sentie bien seule encore face à ce deuil... et encore aujourd'hui cela me pèse...
Mon Bébé s'appelle Lou Begué et ce n'était pas qu'un foetus, elle a existé, et elle existera toujours pour moi... Lou cela signifie "Lumière" et dans l'immensité de son envolé, son étoile brille dans mon coeur... et dans chaque ciel étoilé, je penserai à mon enfant qui n'aura jamais vu le jour... et j'espère qu'un jour tout le monde prendra vraiment conscience du traumatisme que nous vivons quand nous avons perdu un bébé in utéro.
Cela fait 5 mois maintenant, que j'ai dû interrompre ma grossesse pour des raisons médicales...Et c'est à ce jour, la douleur la plus grande que je n'ai jamais vécu... Dans la vie, il y a des choses qu'on fait. Et des choses que l'on a choisi de ne pas faire.
Il y a des chemins qu'on prend et d'autres qu'on regrette de ne pas avoir pris.
Il y a ce que nous sommes, à un moment précis, et qui nous oblige à prendre une décision.
Et puis il y a tout le reste.
Tout ce qui nous arrive, tout ce qui nous tombe dessus, tout ce qui est là par la force des choses.
Il y a tout ce qu'on ne choisira pas, tout ce qu'on aurait jamais voulu voir arriver, il y a le "destin", le "hasard" ou la succession de faits qui amène à "ça".
Il y a les drames, ceux dont on parle
Il y a les drames intimes, ceux dont on ne parle pas.
Ceux qu'on évoque, avec ceux qui écoutent. Ceux que l'on murmure, quand on se sent prête à le faire.
Ceux qu'on dit, avec encore un noeud dans le ventre et la gorge nouée.
Ceux qu'on garde, au fond de soi, parce qu'ils font partie de nous.
Loin de moi l'idée d'établir une gradation.
Il y a toujours pire.
Cela ne veut pas dire qu'on ne souffre pas soi même.
5 mois et la douleur est toujours présente, c'est comme si toute ma vie avait basculé depuis ce jour dans monde où j'ai l'impression de me noyer.
Et me voilà qui me lance, alors qu'on ne saurait retranscrire la souffrance de la perte, le vide, le rien.
Je veux aujourd'hui parler de mon bébé qui été bien réel, qui n'était pas qu'un foetus de 12SA.
Je veux parler aujourd'hui des pertes qui arrivent alors que l'on n'a pas eu la chance de voir l'imaginaire devenir vrai, je veux parler de ce bébé qui n'existe pas légalement. Je veux parler aussi au nom de tous ces bébés qui ne verront jamais le jour.
Je voulais parler des fausses couches, des enfants qui ne naîtront pas vivants, de ceux à qui ont enlève la vie parce qu'il y a un problème médical, de ceux qui existent mais qu'on ne peut pas voir.
Je n'ai pas la prétention d'être juste, je n'ai pas la prétention d'être vraie.
On nous met dans une case de statistique.... ben oui ça arrive, c'est
Parce que ce n'est rien. Parce que ce n'est pas grand chose. Parce que c'est un "coup pour rien", un "brouillon" et que ça va "finir par marcher".
Bien sur.
Ou pas. Que ce n'était pas un bébé, mais qu'un foetus, un foetus sans âme... et j'en passe... en disant ça, les gens sont surement de pleins de bonnes intentions, mais ils ont tords...
C'est comme ceux qui pensent qu'il faut vite oublier, être fort, rien ne laisser paraître, les compagnons qui pensent qu'il vaut mieux vite enterré tout ça, ceux qui pensent qu'être fort ce n'est rien laissé paraître de ses sentiments...
Tout s'écroule...
Parce qu'en un quart de seconde, on passe d'un statut à un autre.
Une sonde est posée et tout s'écroule.
On porte la vie et puis on porte rien.
On "va avoir un bébé" et puis non. Le vide.
Etre pleine de rien.
Et l'attente.
Et le sang.
Et le sentiment que personne ne peut comprendre. Parce que c'est notre corps. Parce que c'est notre âme. Parce qu'on avait déjà imaginé. Parce qu'on avait déjà dit. Parce que ça n'arrive qu'aux autres.
Je ne saurais dire combien, je ne saurais dire pourquoi. Mais c'est là, ça fait mal et on ne peut pas vraiment en parler. Et puis comment se plaindre? Et puis comment dire alors que "ce n'est pas si pire".
Bien sur.
Ce n'est pas la fin du monde.
Mais on a le droit de pleurer quand même. On a le droit de prendre le temps. On a le droit de se dire qu'on a perdu quelqu'un. Qui ne sera jamais. Qui n'a pas existé. Sauf dans notre tête. Et que c'est déjà beaucoup.
On ne peut pas imaginer ce que c'est que de perdre un enfant in utéro...
"Je peux l'entendre, je peux sentir mon corps frissonner à cette idée, je peux penser à la souffrance, à la douleur. Mais je ne peux pas savoir... si je ne l'ai pas vécu...
Je ne veux pas imaginer l'instant où tout bascule, je ne veux pas." Pourtant, être parent, c'est une infinité de moments où tout peut basculer. Là, c'est trop tôt. Ça ne devrait pas basculer là.
Perdre un enfant et ne pas savoir ce qu'il aurait été. Perdre un enfant et ne pas pouvoir dire aux autres comment il était.
Je sais qu'on s'en relève, je sais qu'on y arrive.
Et il y a tellement de choses qui changent après ça... des images me hantent pour le restant de ma vie, le jour où tout s'est écroulé, le jour où tout s'est terminé... le son de son coeur résonne toujours dans ma tête, son image...et ce sentiment de culpabilité qui nous quitte pas, et ce sentiment que tout a été trop vite, que vite il fallait l'enlever, vite il faut tout enterrer, taire ce que l'on ressent, car ce n'est pas si grave, il vaut mieux le perdre maintenant...oui peut-être mais la souffrance n'en reste pas moins douloureuse et présente... on fait quoi de notre sentiment de culpabilité, de toutes ses images qui ont envahi notre tête... nous avons pris la décision de faire mourir notre bébé car il avait une malformation morphologique et une nuque trop épaisse... on n'a pas fait d'autres examens pour être sur... j'aurais aimé, mon compagnon lui voulait vite en finir... j'ai l'impression de ne pas avoir fait tout ce qu'il fallait... pour être sur... aujourd'hui, j'ai encore le sentiment d'avoir tué mon bébé... Pourquoi? et aujourd'hui, je ne veux plus garder ma souffrance pour moi... alors je la partage ici.. Je sais que beaucoup de personnes trouvent ridicules de donner un nom à un bébé dont on ne connait pas le sexe, je ne sais pas pourquoi j'avais l'impression que c'était une fille... J'ai besoin de la faire exister, ce bébé ne sera jamais reconnu légalement, je sais qu'il est déjà aux oubliettes pour mon entourage... j'ai eu besoin de lui dire adieu, de lui demander pardon....
Alors j'ai fait mes adieux à mon bébé le 30 mars, je suis partie à Bagnères dans un coin de rando que l'on faisait souvent avec son père, je lui ai parlé des moments partagés avec son père, ces moments où on était bien, heureux... j'ai laissé un message dans un arbre près de de cette petite rivière et une sculpture de pierre pour lui dire adieu... j'étais seule... avec mon bébé pour la dernière fois... et je me suis sentie bien seule encore face à ce deuil... et encore aujourd'hui cela me pèse...
Mon Bébé s'appelle Lou Begué et ce n'était pas qu'un foetus, elle a existé, et elle existera toujours pour moi... Lou cela signifie "Lumière" et dans l'immensité de son envolé, son étoile brille dans mon coeur... et dans chaque ciel étoilé, je penserai à mon enfant qui n'aura jamais vu le jour... et j'espère qu'un jour tout le monde prendra vraiment conscience du traumatisme que nous vivons quand nous avons perdu un bébé in utéro.