et tout d'abord un immense merci aux administrateurs bénévoles d'entretenir le forum de cette association si importante lorsque l'on doit naviguer dans les torrents de l'interruption médicale de grossesse et du deuil périnatal.
Et merci à tous ceux qui prennent le temps de répondre et d'apporter leur soutien...
Je vous ai beaucoup lu et ça m'a permis de sortir un peu la tête de l'eau.
Voilà, je me lance enfin à écrire à mon tour, dans l'espoir simple d'échanger, de discuter avec d'autres parents confrontés à la perte de leur.s enfant.s. Je suis tombée enceinte il y a tout juste un an, ma grossesse s'est arrêtée le 14 avril 2020 durant le premier confinement, au début de mon deuxième trimestre, sans explication.
Mon compagnon et moi nous sommes soutenus et relevés ensemble et je suis tombée à nouveau enceinte en juillet 2020. De ma Romi, ma fille, mon bébé, mon enfant adorée.
Je fais de l'hypérémèse gravidique lorsque je suis enceinte (nausées extrêmes et vomissements incoercibles) qui me font perdre énormément de poids et me font aller aux urgences pour déshydratation régulièrement. Mais passée la 20ème semaine j'ai enfin goûtée à une grossesse plus tranquille. Ma fille bougeait énormément dans mon ventre, je l'ai sentie très tôt et c'était un vrai bonheur! (sauf quand elle tapait dans ma vessie, avouons-le

J'avais mis du temps à refaire confiance à mon corps suite à ma fausse couche, et maintenant que le premier trimestre et tous ses risques était enfin passé, mon compagnon et moi reprenions petit à petit confiance, on commençait tout juste à se laisser aller, à lâcher prise. On recommençait à être heureux. Et tout doucement on se laissait porter par les rendez-vous, les préparations, les premiers achats.. mais durant une échographie du deuxième trimestre, tout s'est écroulé.
On nous a appris que notre fille avait des reins échogènes, avec de multiples kystes, que sa vessie était toute petite, qu'il n'y avait pas assez de liquide amniotique et qu'elle ne pourrait pas vivre en dehors de mon corps. Il a fallu alors choisir de souffrir à la place de notre bébé, choisir l'IMG.
J'ai accouché par voie basse le 22 décembre dernier, j'ai demandé à avoir la péridurale la plus basse possible car je voulais la sentir sortir de mon corps, peut-être pour la sentir une dernière fois... Quand nous l'avons rencontrée j'ai été émerveillée, subjuguée par ce magnifique bébé qui nous ressemblait, j'ai souri pendant des heures, je n'ai pas versé une larme alors que mon mari, lui, était en larmes.
Je sais pourquoi maintenant.
Ca ne fait que quelques jours seulement que je sors du brouillard. Pendant plus de trois semaines je ne pouvais croire à la mort de ma fille... J'étais secrètement persuadée que l'équipe médicale allait me la ramener. Et pendant ces trois semaines je me suis comportée avec exemplarité, je pensais que grâce à ça on remarquerait que je suis une assez bonne maman pour qu'on me redonne mon enfant... J'avais rendez-vous chez la psychologue de l'hôpital, je me disais que si je répondais bien aux questions on allait enfin sonner à ma porte et me ramener mon bébé. Je pleurais énormément parce qu'elle me manquait mais pas en me disant que je ne la reverrais plus. Je souffrais du manque mais sans réaliser.
Il n'y a que quelques jours que je commence à comprendre et mon dieu ce que ça fait mal. Cette douleur est monstrueuse.
Heureusement, nous sommes deux dans cette épreuve, seule je ne pourrais pas. Lui fait du yoga et prend le temps pour se recueillir tous les matins auprès d'elle dans ses pensées, c'est son rituel. Moi je n'arrive toujours pas à parler à ma fille, même dans ma tête... j'ai compris qu'elle ne reviendrait plus, mais je ne peux me résigner à l'imaginer ailleurs qu'avec moi, dans mon ventre, dans mes bras.
Bref, nous parlons énormément avec mon amoureux, nous pleurons énormément, et nous faisons beaucoup de petits et gros projets sur tout et n'importe quoi pour espérer s'en sortir. Je crois que pour ça, nous sommes très chanceux car nous sommes soudés.
Notre fille a eu une maladie certainement génétique, et il est fort probable que nous soyons porteurs sains. C'est une avalanche qui s'est abattue sur nous. C'est perdre son enfant et attendre des mois des résultats génétiques pour peut-être trouver une explication. C'est se sentir coupable de lui avoir transmis ce gène. C'est ne pas savoir si on aura d'autres enfants un jour. C'est la vie qui s'écroule. C'est ne rien avoir à quoi s'accrocher.
Elle me manque terriblement, j'ai besoin de raconter son histoire, j'ai envie de la dessiner, de la peindre, d'écrire des poèmes sur elle, de fabriquer des objets qui la symbolise. Mais tout ça ne panse pas la douleur d'imaginer que je ne la reverrai plus jamais...
Merci énormément de m'avoir lue.