Au revoir ma petite poupée d'amour
Posté : 13 janvier 2021, 12:12
Jamais je n'aurais pensé me retrouver un jour sur se site, d'ailleurs, je n'en connaissais même pas l'existence et me voici parmi vous, l'une d'entre vous...
Voici mon histoire ...
J'ai actuellement 41 ans et mon mari 46. Nous nous sommes connus sur le tard et avons entamé les essais bébé il y à 2 ans et demi .
Les 6 premiers mois nous avons essayé naturellement, mais vu mon âge avancé, nous avons décidé de consulter assez rapidement.
Après toute une batterie d'examens, rien de bien allarmant , une AMH plutôt basse pour moi et une légère OATS auprès de mon mari.
Notre gynécologue était tellement confiant que nous avons essayé avec des inséminations artificielles, 4 courant 2019 qui n'ont pas abouti.
Nous avons été redirigés en Centre PMA afin d'envisager une FIV ICSI en janvier 2020 . Le Covid étant passé par là, nous n'avons pas pu faire d'essai avant Juin 2020, mais nous finissons par obtenir 5 beaux embryons, 1 que nous transferons frais début juillet et les 4 autres congelés. Le transfert de juillet n'aboutira pas sur une grossesse. Nous ne perdons pas espoir et faisons un TEC de 2 embryons en septembre 2020.
Deux semaines plus tard , le verdict tombe, la prise de sang confirme que je suis belle et bien enceinte. C'est ma toute première grossesse, ma toute première accroche , je n'arrive pas à réaliser , après tant d'attente et d'essais on n'ose pas jubiler car malgré le test positif et les taux de BHCG augmentant toutes les 48h, on a toujours se doute qui nous assaille , que tout peut s'écrouler , surtout dans les 3 premiers mois.
Première échographie 2 semaines plus tard , le petit sac vitelin confirme ma grossesse, sur les 2 embryons , 1 seul s'est accroché, mais nous commençons à toucher du bout du doigt la réalisation de notre rêve. 2ème échographie 1 mois plus tard , notre petit haricot commençe à prendre forme et à la 3ème échographie le mois suivant c'est le coup de foudre assuré , notre petit bébé se mets de face , nous voyons ses petits yeux, comme s'il nous souriait et ses petits bras gesticuler de part et d'autre de sa petite tête, comme s'il voulait nous dire '' Coucou '' Est-il possible d'aimer tellement fort aussi tôt ? Oh que oui ... j'étais loin d'imaginer à quel point .
J'ai eu un début de grossesse assez difficile, j'ai souffert de très fortes nausées, ai perdu près de 4kg, tension basse et vertiges, mais je prenais sur moi, je me focalisais sur mon bébé et que tout se passe bien , qu'il soit en bonne santé. Passé les 3 mois, nous commençions mon mari et moi à prendre confiance et respirer un peu. C'est là que mon gynécoloque nous a parlé qu'il était temps de faire tous les examens de dépistage pour les malformations. Je ne sais pas pourquoi, cette information m'est passée au dessus de la tête, pour moi les 3 mois fatidiques étaient passées, notre bébé allait bien aux échographies, cette nième prise de sang était pour moi une banalité, une routine dans le suivi de la grossesse.
C'est une semaine plus tard que le monde s'est écroulé sur nos têtes. Je me reposais sur mon lit lorsque je vois un appel du secrétariat de mon gynécologue : '' Seriez-vous disponibles pour venir au cabinet cet après-midi, le docteur voudrait vous voir '' Je regarde mon mari et essaie de le rassurer : '' Mais non ne t'inquiètes pas chéri, cela doit faire parti du suivi médical, il doit manquer une info, qch comme ça ... '' Je tentais tant bien que mal de le rassurer alors que moi même j'étais terrifiée intérieurement et que mes jambes étaient sur le point de me lacher.
Arrivés au cabinet , le verdict tombe : '' Nous venons de reçevoir les résultats de la prise de sans DPNI , il y a 2 probabilités sur 3 que votre enfant soit porteur la trisomie 21 '' Le temps s'est arreté pour nous , mais non, ce n'est pas possible, cela ne peut être vrai, bébé vas bien, il est beau, il a une tête toute ronde , de belles petites lèvres , un tout petit nez tout mignon, ses bras ses pieds ... ce n'est pas possible, cela doit être une erreur ...
Le lendemain nous faisons une échographie pousséee pendant près de 30min , dans le silence total, je scrute les yeux du gynécologue, puis mon bébé à l'écran , on lui mesure sa clarté nucale, 2,7mm , à priori dans les normes ... toutes ses mesures sont dans les normes, il a bien son petit os de nez ...et c'est là que le gynécologue nous dit : '' Pour moi je vois un bébé sain à 85% , le seul doute que j'ai , ce serait cette petite tache blanche au niveau de son coeur , signe typique de cardiopathie des bébés porteurs de trisomie 21 , mais il ne peut le confirmer en l'état. Seul l'amniocentèse pourra nous le confirmer à 100% 2 semaines plus tard. C'est aussi lors de cette échographie que mon mari et moi allons apprendre que nous attendons une petite fille, notre petite poupée d'amour, notre princesse, notre petite puce tant désirée et aimée.
Ces 2 semaines d'attente nous parraitront interminables. Nous allons passer par tous les états d'âme : la tristesse, la déception, la peur, le doute, mais aussi l'espoir, après tout , il y a 1 chance sur 3 que ce petit bébé n'ait rien du tout, et nous nous y accrochons de toutes nos forces, de tout notre amour.
Entretemps on donne rdv avec un généticien, afin de comprendre ce qu'est une trisomie 21 et tout ce que cela peut comporter.
Ce généticien vas se révéler d'une humanité et d'une bonté exceptionelles. Pendant 1h30 il vas répondre à toutes nos questions avec beaucoup de douceur et précision.
C'est le 30 décembre que le verdict sans appel tombe : l'amniocentèse s'est révélée positive à la trisomie 21 , il n'y a plus de doute possible, il nous faut maintenant décider si continuer la grossesse ou l'interrompre. Comment est-ce possible , comment peut-on en tant que parent prendre une si lourde décision? Arrêter la vie de son bébé maintenant afin qu'il ne soit pas en souffrance plus tard, ou décider de le mettre au monde avec cette épée d'Amocles qu'à tout moment nous risquons quand-même de perdre notre enfant une fois né, à défaut de vivre une vie de souffrance avec un abonnement à vie aux soins médicaux ...
Après beaucoup de douleur et de larmes versés , nous décidons de faire une IMG , IMG qui aura eu lieu le 05/01/21 après 2 jours d'hospitalisation , 22h de contractions, je ne réalisais pas encore que j'allais à proprement parler, accoucher de mon enfant mort né. Quel traumatisme, quel choc, comment peut-on se remettre d'une telle épreuve ? Ce n'est pas possible , c'est un cauchemar éveillé, cela ne nous est pas arrivé à nous ? Si ... ?
Pendant les 2 jours passés à l'hopital, je n'ai pas réussi à verser une seule larme, alors que j'avais pleuré toutes les larmes de mon corps les 3 semaines auparavant, c'était comme si j'étais dans un état second. Je n'arrêtais pas de répéter: '' Tu ce que tu es en train de souffrir toi, tu l'épargnes à elle, tout ce que tu es en train de souffrir toi tu l'épargnes à elle ... '' Tout le personnel médical, notamment les sages femmes ont été formidables avec nous. Ils ont permi que mon mari reste avec moi jour et nuit malgré les restrictions Covid. Les sages-femmes nous ont aussi fait de psychologues : '' Le choix que vous avez fait demande beaucoup de courage et n'oubliez pas que c'est avant tout un geste d'amour envers votre petite fille ''
A plusieurs reprises, on nous a proposé avec douceur de voir notre petite fille. Je n'ai pas réussi, je n'en ai pas eu la force et ce pour deux raisons.
La première est que j'avais peur d'avoir un choc, voir mon tout petit bébé de 3 mois et demi mort, j'avais peur que cette dernière image me fasse m'éffondrer encore plus. J'ai besoin de me souvenir d'elle comme dans les échographies, là ou elle nous fait coucou. La deuxième raison pour laquelle j'ai refusé de la voir, c'est que j'ai vecu l'accouchement comme un '' abandon '' , comme si je la laissais partir, à ce moment là j'avais envie de hurler de douleur et de me taper la tête contre les murs, malgré l'effet grogy de la ***** .... Je ne voulais pas qu'en l'apportant dans la chambre, je revive le moment ou on me l'enlèverrait définitivement comme un deuxième abandon ... j'avais peur de ne pas m'en remettre et de ne pas vouloir la laisser partir. Même si elle n''est pas partie seule, nous lui avons laissé une photo de mariage avec quelques mots d'amour au verso, ainsi qu'un petit doudou que mes parents nous avaient offert quand ils ont appris la grossesse.
C'est encore tout frais , et le plus dur à vivre en ce moment c'est le manque d'elle. Ma poupée d'amour me manque terriblement, ma grossesse me manque, nos petits rituels avec mon mari , même mes nausées, mes brulures d'estomac me manquent ... Je sens un vide incommensurable en mon ventre , j'ai le sentiment d'avoir une plaie béante ouverte à la place du coeur ... comment survivre à cela ... ?
C'est hier que j'ai littéralement peté un cable. Cela faisait tout juste une semaine et j'ai été assaillie par un effroiable doute : '' Est-elle déjà partie ou est-elle encore là ? Et si je pouvais encore la voir ? Ma fille ...ma fille ... maman est là !!! J'ai appelé la maternité en pleurs, demandant s'il était possible que ma petite poupée soit encore là ... Malheureusement non , ma petite princesse n'est plus là ... Très sincèrement j'avais très peu d'espoir qu'elle soit encore là, et je ne sais toujours pas si au final j'aurai demandé à la voir, pour les raisons citées. Mais j'avais besoin de savoir ... le doute était pire que de ne s'avoir qu'elle était partie.
La sage-femme m'a informée qu'ils avaient pris des photos de notre petite puce et qu'à tout moment, si nous en ressentions le besoin ,on pouvait demander à les voir. Je ne pense pas être encore prête, mais savoir qu'elles existent et que je peux les voir à tout moment , me rassure un peu finalement.
Nous avons décidé mon mari et moi de consulter une psychologue en deuil périnatal vendredi prochain. Nous en ressentons le besoin, même si entre nous deux, nous parlons déjà beaucoup , mais on ne peut en ressortir indemnes d'une telle épreuve. Nous savons que nous n'oublierons jamais mais que nous devrons apprendre à vivre avec ...
Nous avons également demandé à revoir notre généticien, car dans notre malheur, il nous reste 2 embryons congelés. Nous sommes térrorisés à l'idée que le cauchemar se répète, je ne pense pas que j'y survivrai une deuxième fois ... et pourtant la vie doit continuer, je me dis que la vie doit prendre le dessus sur la mort ... cela ne peut se terminer ainsi
A toi ma petite poupée d'amour, tu auras été et resteras à jamais notre premier coup de foudre , notre toute première petite fille.
Si nous continuons à vivre c'est pour toi, si nous continuons à respirer c'est pour toi. Tu es encrée bien au chaud dans nos coeurs à tout jamais.
Pardon de ne pas avoir pu t'offrir une belle petite vie. Repose en paix ma poupée d'amour , papa et maman t'aiment tellement fort
Voici mon histoire ...
J'ai actuellement 41 ans et mon mari 46. Nous nous sommes connus sur le tard et avons entamé les essais bébé il y à 2 ans et demi .
Les 6 premiers mois nous avons essayé naturellement, mais vu mon âge avancé, nous avons décidé de consulter assez rapidement.
Après toute une batterie d'examens, rien de bien allarmant , une AMH plutôt basse pour moi et une légère OATS auprès de mon mari.
Notre gynécologue était tellement confiant que nous avons essayé avec des inséminations artificielles, 4 courant 2019 qui n'ont pas abouti.
Nous avons été redirigés en Centre PMA afin d'envisager une FIV ICSI en janvier 2020 . Le Covid étant passé par là, nous n'avons pas pu faire d'essai avant Juin 2020, mais nous finissons par obtenir 5 beaux embryons, 1 que nous transferons frais début juillet et les 4 autres congelés. Le transfert de juillet n'aboutira pas sur une grossesse. Nous ne perdons pas espoir et faisons un TEC de 2 embryons en septembre 2020.
Deux semaines plus tard , le verdict tombe, la prise de sang confirme que je suis belle et bien enceinte. C'est ma toute première grossesse, ma toute première accroche , je n'arrive pas à réaliser , après tant d'attente et d'essais on n'ose pas jubiler car malgré le test positif et les taux de BHCG augmentant toutes les 48h, on a toujours se doute qui nous assaille , que tout peut s'écrouler , surtout dans les 3 premiers mois.
Première échographie 2 semaines plus tard , le petit sac vitelin confirme ma grossesse, sur les 2 embryons , 1 seul s'est accroché, mais nous commençons à toucher du bout du doigt la réalisation de notre rêve. 2ème échographie 1 mois plus tard , notre petit haricot commençe à prendre forme et à la 3ème échographie le mois suivant c'est le coup de foudre assuré , notre petit bébé se mets de face , nous voyons ses petits yeux, comme s'il nous souriait et ses petits bras gesticuler de part et d'autre de sa petite tête, comme s'il voulait nous dire '' Coucou '' Est-il possible d'aimer tellement fort aussi tôt ? Oh que oui ... j'étais loin d'imaginer à quel point .
J'ai eu un début de grossesse assez difficile, j'ai souffert de très fortes nausées, ai perdu près de 4kg, tension basse et vertiges, mais je prenais sur moi, je me focalisais sur mon bébé et que tout se passe bien , qu'il soit en bonne santé. Passé les 3 mois, nous commençions mon mari et moi à prendre confiance et respirer un peu. C'est là que mon gynécoloque nous a parlé qu'il était temps de faire tous les examens de dépistage pour les malformations. Je ne sais pas pourquoi, cette information m'est passée au dessus de la tête, pour moi les 3 mois fatidiques étaient passées, notre bébé allait bien aux échographies, cette nième prise de sang était pour moi une banalité, une routine dans le suivi de la grossesse.
C'est une semaine plus tard que le monde s'est écroulé sur nos têtes. Je me reposais sur mon lit lorsque je vois un appel du secrétariat de mon gynécologue : '' Seriez-vous disponibles pour venir au cabinet cet après-midi, le docteur voudrait vous voir '' Je regarde mon mari et essaie de le rassurer : '' Mais non ne t'inquiètes pas chéri, cela doit faire parti du suivi médical, il doit manquer une info, qch comme ça ... '' Je tentais tant bien que mal de le rassurer alors que moi même j'étais terrifiée intérieurement et que mes jambes étaient sur le point de me lacher.
Arrivés au cabinet , le verdict tombe : '' Nous venons de reçevoir les résultats de la prise de sans DPNI , il y a 2 probabilités sur 3 que votre enfant soit porteur la trisomie 21 '' Le temps s'est arreté pour nous , mais non, ce n'est pas possible, cela ne peut être vrai, bébé vas bien, il est beau, il a une tête toute ronde , de belles petites lèvres , un tout petit nez tout mignon, ses bras ses pieds ... ce n'est pas possible, cela doit être une erreur ...
Le lendemain nous faisons une échographie pousséee pendant près de 30min , dans le silence total, je scrute les yeux du gynécologue, puis mon bébé à l'écran , on lui mesure sa clarté nucale, 2,7mm , à priori dans les normes ... toutes ses mesures sont dans les normes, il a bien son petit os de nez ...et c'est là que le gynécologue nous dit : '' Pour moi je vois un bébé sain à 85% , le seul doute que j'ai , ce serait cette petite tache blanche au niveau de son coeur , signe typique de cardiopathie des bébés porteurs de trisomie 21 , mais il ne peut le confirmer en l'état. Seul l'amniocentèse pourra nous le confirmer à 100% 2 semaines plus tard. C'est aussi lors de cette échographie que mon mari et moi allons apprendre que nous attendons une petite fille, notre petite poupée d'amour, notre princesse, notre petite puce tant désirée et aimée.
Ces 2 semaines d'attente nous parraitront interminables. Nous allons passer par tous les états d'âme : la tristesse, la déception, la peur, le doute, mais aussi l'espoir, après tout , il y a 1 chance sur 3 que ce petit bébé n'ait rien du tout, et nous nous y accrochons de toutes nos forces, de tout notre amour.
Entretemps on donne rdv avec un généticien, afin de comprendre ce qu'est une trisomie 21 et tout ce que cela peut comporter.
Ce généticien vas se révéler d'une humanité et d'une bonté exceptionelles. Pendant 1h30 il vas répondre à toutes nos questions avec beaucoup de douceur et précision.
C'est le 30 décembre que le verdict sans appel tombe : l'amniocentèse s'est révélée positive à la trisomie 21 , il n'y a plus de doute possible, il nous faut maintenant décider si continuer la grossesse ou l'interrompre. Comment est-ce possible , comment peut-on en tant que parent prendre une si lourde décision? Arrêter la vie de son bébé maintenant afin qu'il ne soit pas en souffrance plus tard, ou décider de le mettre au monde avec cette épée d'Amocles qu'à tout moment nous risquons quand-même de perdre notre enfant une fois né, à défaut de vivre une vie de souffrance avec un abonnement à vie aux soins médicaux ...
Après beaucoup de douleur et de larmes versés , nous décidons de faire une IMG , IMG qui aura eu lieu le 05/01/21 après 2 jours d'hospitalisation , 22h de contractions, je ne réalisais pas encore que j'allais à proprement parler, accoucher de mon enfant mort né. Quel traumatisme, quel choc, comment peut-on se remettre d'une telle épreuve ? Ce n'est pas possible , c'est un cauchemar éveillé, cela ne nous est pas arrivé à nous ? Si ... ?
Pendant les 2 jours passés à l'hopital, je n'ai pas réussi à verser une seule larme, alors que j'avais pleuré toutes les larmes de mon corps les 3 semaines auparavant, c'était comme si j'étais dans un état second. Je n'arrêtais pas de répéter: '' Tu ce que tu es en train de souffrir toi, tu l'épargnes à elle, tout ce que tu es en train de souffrir toi tu l'épargnes à elle ... '' Tout le personnel médical, notamment les sages femmes ont été formidables avec nous. Ils ont permi que mon mari reste avec moi jour et nuit malgré les restrictions Covid. Les sages-femmes nous ont aussi fait de psychologues : '' Le choix que vous avez fait demande beaucoup de courage et n'oubliez pas que c'est avant tout un geste d'amour envers votre petite fille ''
A plusieurs reprises, on nous a proposé avec douceur de voir notre petite fille. Je n'ai pas réussi, je n'en ai pas eu la force et ce pour deux raisons.
La première est que j'avais peur d'avoir un choc, voir mon tout petit bébé de 3 mois et demi mort, j'avais peur que cette dernière image me fasse m'éffondrer encore plus. J'ai besoin de me souvenir d'elle comme dans les échographies, là ou elle nous fait coucou. La deuxième raison pour laquelle j'ai refusé de la voir, c'est que j'ai vecu l'accouchement comme un '' abandon '' , comme si je la laissais partir, à ce moment là j'avais envie de hurler de douleur et de me taper la tête contre les murs, malgré l'effet grogy de la ***** .... Je ne voulais pas qu'en l'apportant dans la chambre, je revive le moment ou on me l'enlèverrait définitivement comme un deuxième abandon ... j'avais peur de ne pas m'en remettre et de ne pas vouloir la laisser partir. Même si elle n''est pas partie seule, nous lui avons laissé une photo de mariage avec quelques mots d'amour au verso, ainsi qu'un petit doudou que mes parents nous avaient offert quand ils ont appris la grossesse.
C'est encore tout frais , et le plus dur à vivre en ce moment c'est le manque d'elle. Ma poupée d'amour me manque terriblement, ma grossesse me manque, nos petits rituels avec mon mari , même mes nausées, mes brulures d'estomac me manquent ... Je sens un vide incommensurable en mon ventre , j'ai le sentiment d'avoir une plaie béante ouverte à la place du coeur ... comment survivre à cela ... ?
C'est hier que j'ai littéralement peté un cable. Cela faisait tout juste une semaine et j'ai été assaillie par un effroiable doute : '' Est-elle déjà partie ou est-elle encore là ? Et si je pouvais encore la voir ? Ma fille ...ma fille ... maman est là !!! J'ai appelé la maternité en pleurs, demandant s'il était possible que ma petite poupée soit encore là ... Malheureusement non , ma petite princesse n'est plus là ... Très sincèrement j'avais très peu d'espoir qu'elle soit encore là, et je ne sais toujours pas si au final j'aurai demandé à la voir, pour les raisons citées. Mais j'avais besoin de savoir ... le doute était pire que de ne s'avoir qu'elle était partie.
La sage-femme m'a informée qu'ils avaient pris des photos de notre petite puce et qu'à tout moment, si nous en ressentions le besoin ,on pouvait demander à les voir. Je ne pense pas être encore prête, mais savoir qu'elles existent et que je peux les voir à tout moment , me rassure un peu finalement.
Nous avons décidé mon mari et moi de consulter une psychologue en deuil périnatal vendredi prochain. Nous en ressentons le besoin, même si entre nous deux, nous parlons déjà beaucoup , mais on ne peut en ressortir indemnes d'une telle épreuve. Nous savons que nous n'oublierons jamais mais que nous devrons apprendre à vivre avec ...
Nous avons également demandé à revoir notre généticien, car dans notre malheur, il nous reste 2 embryons congelés. Nous sommes térrorisés à l'idée que le cauchemar se répète, je ne pense pas que j'y survivrai une deuxième fois ... et pourtant la vie doit continuer, je me dis que la vie doit prendre le dessus sur la mort ... cela ne peut se terminer ainsi
A toi ma petite poupée d'amour, tu auras été et resteras à jamais notre premier coup de foudre , notre toute première petite fille.
Si nous continuons à vivre c'est pour toi, si nous continuons à respirer c'est pour toi. Tu es encrée bien au chaud dans nos coeurs à tout jamais.
Pardon de ne pas avoir pu t'offrir une belle petite vie. Repose en paix ma poupée d'amour , papa et maman t'aiment tellement fort