Bonjour,
Je me suis inscrite sur le site après hésitation car mon témoignage peut ressembler à des histoires similaires. Je me suis demandée si cela pouvait servir à d'autres personnes ou à m'aider indirectement. Partager mon vécu derrière mon écran n'est pas si évident car je ne suis pas du tout expansive en public et encore moins en privé lorsqu'il s'agit de ma vie intime.
J'ai subi une IMG le 12 juin 2020 à 20 SA et accouché douloureusement de mon premier enfant Gabriel, un petit garçon que j'ai trouvé exceptionnellement beau lorsque je l'ai vu..... (rien que d'écrire cette phrase me fait fondre en larme)
Cela fait à peu près 4 ans que je suis un parcours en PMA (insémination, FIV protocole court, FIV ICSI protocole long). Auparavant opposée à ce type de procédure (j'avais peur d'imposer à mon corps des traitements chimiques), je me suis finalement lancée dans une "dernière tentative" médicale avec bcp d'incertitude. Par un miracle ("technologique"), je suis tombée enceinte début février et mon mari a mis du temps à y croire surtout qu'il n'a jamais pu assister à une consultation étant donnée le contexte du covid. Le 1er trimestre se passe comme un charme, je n'ai aucun désagrément physique. Tous les examens sont parfaits et la 1er écho très rassurante. Le seul bémol reste mon traitement thyroïdien qui n'est pas bien réglé mais je reste confiante grâce au suivi des spécialistes. On se projette avec insouciance dans l'avenir. Je ne suis pas d'ordinaire à fantasmer ou à faire des plans sur la comète mais je me laisse naïvement envahir par ce doux rêve de bercer mon enfant d'amour.
Lorsque je démarre ma première semaine de travail pour un nouvel emploi, les fameuses et tant redoutées hémorragies apparaissent. le verdict tombe : j'ai un hématome sous choriale. Le cauchemar débute lentement, s'ensuit alors des visites chaque semaine à l'hôpital (en pleine période de covid) pour surveiller mon hématome. Le 22 mai (jour qui restera gravé dans ma mémoire) j'ai une rupture prématurée des membranes et le diagnostique de l'anamniose tombe comme un coup de poing dans ma poitrine. Le temps s'est alors arrêté et je refuse de croire à l'inévitable car j'espère un miracle. De plus, le cœur de mon bébé bat toujours parfaitement. Malgré l'espoir, le repos et les litres d'eau ingérés, mon bébé ne peut toujours pas se mouvoir librement dans mon ventre et je désespère de ne pas pouvoir lui offrir de meilleure condition de vie. Le corps médical m'explique les risques et m'oriente inéluctablement vers un choix de raison. J'ai totalement conscience de l'issue dramatique si je poursuis ma grossesse mais mon cœur et mon âme refuse de prendre cette douloureuse décision qu'on nous impose, qu'on regrette bien qu'on sait inévitable. Tous les événements/rdv qui ont précédé l'accouchement m'ont paru dénué de sens et comme détaché de la réalité.
Encore aujourd'hui, mon esprit est embrouillé / déconnecté d'autant plus que je suis en arrêt de travail. Pour le moment je fuis les contacts, ne répond pas au téléphone (juste qq sms) pour pouvoir rester dans cet entre-deux monde où la vie est suspendue. Peut-être que je vais me réveiller de ce cauchemar ?
Je n'ai pas la force d'affronter ma famille ou certains amis qui sont pour la plupart des parents insouciants, indélicats.
Je veux juste continuer à fuir l'évidence.... Paradoxalement je ne veux pas ignorer ce qui m'est arrivé et j'aimerais pouvoir parler de mon bébé et évoquer son prénom à voix haute pour le faire exister.
Imaginer reprendre le cours de sa vie normalement serait pour moi d'une grande violence car j'aurai l'impression que mon histoire avec Gabriel n'a jamais eu lieu. Faire comme si tout était ordinaire et habituel serait comme une trahison, un manque de considération...
la vie en suspens
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Mamange de Gabriel, mon petit ange né le 12 juin 2020 à 20 SA.
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Re: la vie en suspens
Bonjour Ninou.
Les circonstances du décès de ma fille sont différentes, néanmoins j'ai l'impression de me reconnaître quand je lis ton dernier paragraphe. Vouloir que tout le monde connaisse notre enfant, sans pour autant avoir envie d'en parler pour éviter de verbaliser la dure réalité... Avec l'idée qu'inévitablement, la vie reprendra son cours.
Gabriel est né il y a seulement 1 mois et demi, à peine. Il est évident qu'il est trop tôt pour toi d'envisager une reprise de la vie quotidienne. J'étais à ta place il y a 5 mois et demi. Aujourd'hui, j'ai repris le travail il y a 3 semaines parce que j'en avais envie. Je sens bien que pour l'entourage, c'est comme si ça n'existait pas, dès que j'y fait référence les gens semblent surpris...
Laisse toi le temps que tu jugeras nécessaire pour te sentir mieux. Il n'y a que toi qui sait ce qui est bon. Peu importe que tu parles à ta famille ou tes amis, si tu ne veux pas tu ne le fais pas !
Es-tu soutenue par ton mari ? Comment vit-il la situation ?
C'est bateau, et moi-même il y a 5 mois je n'y croyais pas mais : accroche-toi, tu vas surmonter ça.
N'hésite pas.
Alexia
Les circonstances du décès de ma fille sont différentes, néanmoins j'ai l'impression de me reconnaître quand je lis ton dernier paragraphe. Vouloir que tout le monde connaisse notre enfant, sans pour autant avoir envie d'en parler pour éviter de verbaliser la dure réalité... Avec l'idée qu'inévitablement, la vie reprendra son cours.
Gabriel est né il y a seulement 1 mois et demi, à peine. Il est évident qu'il est trop tôt pour toi d'envisager une reprise de la vie quotidienne. J'étais à ta place il y a 5 mois et demi. Aujourd'hui, j'ai repris le travail il y a 3 semaines parce que j'en avais envie. Je sens bien que pour l'entourage, c'est comme si ça n'existait pas, dès que j'y fait référence les gens semblent surpris...
Laisse toi le temps que tu jugeras nécessaire pour te sentir mieux. Il n'y a que toi qui sait ce qui est bon. Peu importe que tu parles à ta famille ou tes amis, si tu ne veux pas tu ne le fais pas !
Es-tu soutenue par ton mari ? Comment vit-il la situation ?
C'est bateau, et moi-même il y a 5 mois je n'y croyais pas mais : accroche-toi, tu vas surmonter ça.
N'hésite pas.
Alexia
Alexia.
MFIU en cours d'accouchement : ma Coccinelle 2020 décédée à sa naissance.

"Seigneur, fais moi un arc-en-ciel, je le ferais briller sur ma mère." : petit Scarabée 2021

MFIU en cours d'accouchement : ma Coccinelle 2020 décédée à sa naissance.
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Re: la vie en suspens
Bonjour Alexia,
Merci pour ton message, tu as raison il faut se laisser du temps pour s'adapter au deuil.
Mon mari est compréhensif face à mon chagrin mais très peu expressif sur ses sentiments perso. Même si je respecte son silence et sa capacité de résilience phénoménale, j'ai été particulièrement choqué de le voir reprendre le cours de sa vie normalement. Mon mari est très investi dans son boulot et je pense que ça l'aide énormément. Je suis surprise et en colère intérieurement de le voir sourire et saluer nos voisins par exemple comme si rien de grave venait d'arriver. Heureusement, je lui parle assez librement pour lui exprimer mes pensées anarchiques et mon étonnement face à son comportement toujours lisse. Hommes/Femmes nous n'avons pas du tout les mêmes codes et je le respecte mais c'est parfois compliqué.
A l'inverse de lui, je veille à sortir de mon appart lorsque je suis certaine de ne croiser personne. Je regarde le sol pour éviter de croiser le regard des autres car je me sens honteuse et coupable même si on nous répète qu'on ne doit rien se reprocher.
Comment faire semblant et mettre un masque ? je n'en suis plus capable.
Je souhaiterai être plus authentique dans mes sentiments. Avant j'étais tjrs dans la retenue et la complaisance, toujours à m'excuser, mais depuis j'ai envie d'être plus franche quitte à surprendre et vexer les gens qui m'entourent.
Sans indiscrétion, la reprise au travail n'a pas été trop étrange ? moi je me pose mille et une question.
Ninou,
Merci pour ton message, tu as raison il faut se laisser du temps pour s'adapter au deuil.
Mon mari est compréhensif face à mon chagrin mais très peu expressif sur ses sentiments perso. Même si je respecte son silence et sa capacité de résilience phénoménale, j'ai été particulièrement choqué de le voir reprendre le cours de sa vie normalement. Mon mari est très investi dans son boulot et je pense que ça l'aide énormément. Je suis surprise et en colère intérieurement de le voir sourire et saluer nos voisins par exemple comme si rien de grave venait d'arriver. Heureusement, je lui parle assez librement pour lui exprimer mes pensées anarchiques et mon étonnement face à son comportement toujours lisse. Hommes/Femmes nous n'avons pas du tout les mêmes codes et je le respecte mais c'est parfois compliqué.
A l'inverse de lui, je veille à sortir de mon appart lorsque je suis certaine de ne croiser personne. Je regarde le sol pour éviter de croiser le regard des autres car je me sens honteuse et coupable même si on nous répète qu'on ne doit rien se reprocher.
Comment faire semblant et mettre un masque ? je n'en suis plus capable.
Je souhaiterai être plus authentique dans mes sentiments. Avant j'étais tjrs dans la retenue et la complaisance, toujours à m'excuser, mais depuis j'ai envie d'être plus franche quitte à surprendre et vexer les gens qui m'entourent.
Sans indiscrétion, la reprise au travail n'a pas été trop étrange ? moi je me pose mille et une question.
Ninou,
Mamange de Gabriel, mon petit ange né le 12 juin 2020 à 20 SA.
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Re: la vie en suspens
Ninou,
En effet, dans un couple, hommes et femmes sont différents. 99% d'entre nous ici le dit !
J'avais été très en colère contre mon mari aussi quand il a repris son travail quasi instantanément, me demandant presque de faire la même chose...!!! Au final le confinement est passé par là, et les choses ont été différentes.
Après mon congé maternité, j'ai eu 2 mois d'arrêt supplémentaire. D'une part car au départ j'avais encore des difficultés physiques suite à la césarienne en urgence, mais aussi car j'avais très peur du regard de mes collègues. Je ne voulais pas avoir la sensation d'avoir l'étiquette "bébé mort" collée au front... J'ai même cru que je ne pourrais jamais y retourner, alors que j'adore ce que je fais et où je suis employée.
Et un jour je me suis levée et je me suis dit qu'il fallait que j'y retourne. Les jours ont passés et j'en avais toujours envie. Alors effectivement ça fait bizarre, mais tous mes collègues sont au courant donc ils ne commentent pas d'impair (ou pas volontairement, en tout cas), et ils sont très soutenants. On m'adresse la parole comme avant, même si je sens que j'ai quelques dossiers sur lesquels je n'ai plus la mainmise, mais je refais ma place.
Aujourd'hui le travail m'aide vraiment à avancer, chose qui ne me semblait pas envisageable il y a encore 2 mois à peine. Mais pour en arriver là, il a fallu que je prenne mon temps, du temps pour moi, chose que je ne fais... jamais. Je n'ai rien forcé, c'est pour cela que je le vis bien. Trouve ton rythme, peu importe ce que peuvent penser les autres.
En effet, dans un couple, hommes et femmes sont différents. 99% d'entre nous ici le dit !
J'avais été très en colère contre mon mari aussi quand il a repris son travail quasi instantanément, me demandant presque de faire la même chose...!!! Au final le confinement est passé par là, et les choses ont été différentes.
Après mon congé maternité, j'ai eu 2 mois d'arrêt supplémentaire. D'une part car au départ j'avais encore des difficultés physiques suite à la césarienne en urgence, mais aussi car j'avais très peur du regard de mes collègues. Je ne voulais pas avoir la sensation d'avoir l'étiquette "bébé mort" collée au front... J'ai même cru que je ne pourrais jamais y retourner, alors que j'adore ce que je fais et où je suis employée.
Et un jour je me suis levée et je me suis dit qu'il fallait que j'y retourne. Les jours ont passés et j'en avais toujours envie. Alors effectivement ça fait bizarre, mais tous mes collègues sont au courant donc ils ne commentent pas d'impair (ou pas volontairement, en tout cas), et ils sont très soutenants. On m'adresse la parole comme avant, même si je sens que j'ai quelques dossiers sur lesquels je n'ai plus la mainmise, mais je refais ma place.
Aujourd'hui le travail m'aide vraiment à avancer, chose qui ne me semblait pas envisageable il y a encore 2 mois à peine. Mais pour en arriver là, il a fallu que je prenne mon temps, du temps pour moi, chose que je ne fais... jamais. Je n'ai rien forcé, c'est pour cela que je le vis bien. Trouve ton rythme, peu importe ce que peuvent penser les autres.
Alexia.
MFIU en cours d'accouchement : ma Coccinelle 2020 décédée à sa naissance.

"Seigneur, fais moi un arc-en-ciel, je le ferais briller sur ma mère." : petit Scarabée 2021

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Re: la vie en suspens
Bonjour,
J'ai perdu mon premier enfant dans des circonstances très similaires. Parcours PMA (moins lourd cependant), hémorragies, rupture de la poche des eaux, accouchement à presque 20 sa d'un petit garçon. C'était en 2017.
Se relever a été très douloureux il faut prendre le temps de se remettre physiquement et un tant soit peu psychiquement. Le temps apaise un peu ... Il faut pouvoir prendre appui sur le conjoint et l'entourage c'est important.
Les conjoints sont le plus souvent en retrait déjà parce que la grossesse est dans les premiers temps un phénomène physique et psychique et qu'il est plus dur pour eux de se projeter (surtout en période covid lorsqu'ils sont exclus des rendez vous de suivis) et aussi parfois parce qu'ils n'osent pas être plus expressifs préférant soutenir leurs conjointes.
J'avais un peu poussé mon mari a rencontré une psychologue (j'avais moi même un suivi de mon côté) il y est allé une fois je ne sais pas ce qu'il s'y est dit je ne lui ai jamais demandé mais je pense que ça lui a fait du bien de parler.
Concernant le regard d'autrui je pense que c'est difficile au début d'autant plus lorsqu'on père son premier enfant, quel statut pour nous ? Est on parent ? Que reste il ? J'ai été longtemps à ne pas savoir dire si j'avais des enfants ou pas où alors combien j'en avais. Aujourd'hui j'arrive à dire que j'ai eu 3 enfants ce n'est plus tabou.
Les grossesses futures seront à risque je pense qu'on préconisera du repos mais il y a de grandes chances que cela se passe bien. Pour ma fille j'ai eu beaucoup d'examens, prélèvements, échos du col tous les 15 jours jusqu'à 24 sa ect. Je suis restée allongée jusqu'à 28 sa parce que j'avais trop peur de saigner à nouveau (pour mon fils j'ai saigné pendant des mois et quand j'ai accouché j'étais à la limite de la transfusion sanguine),
Pour mon fils (grossesse surprise sans PMA) le suivi a été un peu plus light j'ai fais un peu moins attention (pas le choix avec un enfant qui n'avait que 10 mois quand je suis tombée enceinte).
Néanmoins j'ai souhaité être suivie par un gynécologue du centre de dépistage prénatal pour ces deux grossesses cela m'a rassuré.
Concernant l'existence de ce petit garçon avez vous fais le choix de l'inscrire dans votre livret de famille ?
Émilie
J'ai perdu mon premier enfant dans des circonstances très similaires. Parcours PMA (moins lourd cependant), hémorragies, rupture de la poche des eaux, accouchement à presque 20 sa d'un petit garçon. C'était en 2017.
Se relever a été très douloureux il faut prendre le temps de se remettre physiquement et un tant soit peu psychiquement. Le temps apaise un peu ... Il faut pouvoir prendre appui sur le conjoint et l'entourage c'est important.
Les conjoints sont le plus souvent en retrait déjà parce que la grossesse est dans les premiers temps un phénomène physique et psychique et qu'il est plus dur pour eux de se projeter (surtout en période covid lorsqu'ils sont exclus des rendez vous de suivis) et aussi parfois parce qu'ils n'osent pas être plus expressifs préférant soutenir leurs conjointes.
J'avais un peu poussé mon mari a rencontré une psychologue (j'avais moi même un suivi de mon côté) il y est allé une fois je ne sais pas ce qu'il s'y est dit je ne lui ai jamais demandé mais je pense que ça lui a fait du bien de parler.
Concernant le regard d'autrui je pense que c'est difficile au début d'autant plus lorsqu'on père son premier enfant, quel statut pour nous ? Est on parent ? Que reste il ? J'ai été longtemps à ne pas savoir dire si j'avais des enfants ou pas où alors combien j'en avais. Aujourd'hui j'arrive à dire que j'ai eu 3 enfants ce n'est plus tabou.
Les grossesses futures seront à risque je pense qu'on préconisera du repos mais il y a de grandes chances que cela se passe bien. Pour ma fille j'ai eu beaucoup d'examens, prélèvements, échos du col tous les 15 jours jusqu'à 24 sa ect. Je suis restée allongée jusqu'à 28 sa parce que j'avais trop peur de saigner à nouveau (pour mon fils j'ai saigné pendant des mois et quand j'ai accouché j'étais à la limite de la transfusion sanguine),
Pour mon fils (grossesse surprise sans PMA) le suivi a été un peu plus light j'ai fais un peu moins attention (pas le choix avec un enfant qui n'avait que 10 mois quand je suis tombée enceinte).
Néanmoins j'ai souhaité être suivie par un gynécologue du centre de dépistage prénatal pour ces deux grossesses cela m'a rassuré.
Concernant l'existence de ce petit garçon avez vous fais le choix de l'inscrire dans votre livret de famille ?
Émilie
Émilie 

Maman de :
* Maël mon étoile filante né le 9/03/2017 à 19 sa 1/2
* Romane ma princesse arc en ciel née le 4/4/2018
Et * Célian mon petit homme arrivé par surprise et né le 27/10/2019
Maman de :
* Maël mon étoile filante né le 9/03/2017 à 19 sa 1/2
* Romane ma princesse arc en ciel née le 4/4/2018
Et * Célian mon petit homme arrivé par surprise et né le 27/10/2019
Re: la vie en suspens
Bonjour Alexia,Coccinelle79 a écrit : ↑21 juillet 2020, 15:43 Ninou,
En effet, dans un couple, hommes et femmes sont différents. 99% d'entre nous ici le dit !
J'avais été très en colère contre mon mari aussi quand il a repris son travail quasi instantanément, me demandant presque de faire la même chose...!!! Au final le confinement est passé par là, et les choses ont été différentes.
Après mon congé maternité, j'ai eu 2 mois d'arrêt supplémentaire. D'une part car au départ j'avais encore des difficultés physiques suite à la césarienne en urgence, mais aussi car j'avais très peur du regard de mes collègues. Je ne voulais pas avoir la sensation d'avoir l'étiquette "bébé mort" collée au front... J'ai même cru que je ne pourrais jamais y retourner, alors que j'adore ce que je fais et où je suis employée.
Et un jour je me suis levée et je me suis dit qu'il fallait que j'y retourne. Les jours ont passés et j'en avais toujours envie. Alors effectivement ça fait bizarre, mais tous mes collègues sont au courant donc ils ne commentent pas d'impair (ou pas volontairement, en tout cas), et ils sont très soutenants. On m'adresse la parole comme avant, même si je sens que j'ai quelques dossiers sur lesquels je n'ai plus la mainmise, mais je refais ma place.
Aujourd'hui le travail m'aide vraiment à avancer, chose qui ne me semblait pas envisageable il y a encore 2 mois à peine. Mais pour en arriver là, il a fallu que je prenne mon temps, du temps pour moi, chose que je ne fais... jamais. Je n'ai rien forcé, c'est pour cela que je le vis bien. Trouve ton rythme, peu importe ce que peuvent penser les autres.
Je constate que bcp d'hommes se ressemblent, car mon mari semblait aussi penser que la reprise au travail m'occuperait et serait bénéfique... Mais les engagements professionnelles et les missions diffèrent pas mal en fonction des personnes.
Je ne sais pas si je suis encore disponible psychiquement pour travailler sereinement. Je suis éducatrice auprès de personnes en situation de handicap et je ne m'imagine pas pleurer devant les usagers que j'accompagne.
Lorsque tu parles d'étiquette, cela me renvoie aussi à mes peurs. Même si on ne doit pas avancer en se souciant de ce que pense les "autres", on vit dans une société où on est scruté et jugé en permanence. Moi qui suit d'ordinaire discrète mais aussi une pro pour faire toujours bonne figure, je me sentirais pour le coup désarçonné de devoir affronter des questions maladroites ou des commentaires sur ma vie privé.
Je fais des cauchemars parfois concernant mon travail et sans me souvenir exactement des détails, je ressent un sentiment de malaise profond.
A savoir que dans une autre période pas si lointaine (une autre région) j'ai fait un "burn out" (j'aime pas ce mot). Ce fut la première fois que je n'arrivais plus à contrôler mes émotions au travail. Un comble dans mon métier me suis-je dit. Je me suis sentie incompétente à exercer et à prodiguer des conseils à des personnes fragilisées/bordeline... si moi même je ne sais plus gérer ma sensibilité.
Heureusement j'ai trouvé qq "ressources" pour me relever de cette mauvaise expérience mais patatras me voilà frapper par le mauvais sort...
D'une certaine façon, vivre ce deuil bouleverse la confiance que j'avais en moi.
Tu as eu de la force de reprendre le travail et c'est une bonne chose si cela t'aide à avancer. Les équipes bienveillantes sont à conserver!
J'espère avoir comme toi l'énergie pour reprendre les rennes. Merci de partager ton expérience, on peut lire dans tes lignes que tu as bien cheminé personnellement pour te relever doucement de ce drame. Ta Coccinelle doit être très fière de sa maman courage.
Ninou.
Mamange de Gabriel, mon petit ange né le 12 juin 2020 à 20 SA.
Re: la vie en suspens
Bonjour Emilie,
Merci pour ton message.
Concernant mon mari, il y a peu de chance qu'il s'installe sur un fauteuil pour discuter avec une étrangère... Il a toujours été de nature très optimiste dans la vie. Son caractère m'aide beaucoup à ne pas sombrer d'ailleurs. Lorsque je tiens un discours déprimant, il me relève toujours avec ses mots simples mais plein de douceur. Même s'il est silencieux et n'évoque jamais la situation (par peur de me vexer ou me faire pleurer) je sais qu'il pense à notre fils. J'aimerais malgré tout pouvoir encore rêver à voix haute avec lui comme nous le faisions lorsque j'étais enceinte et en forme.... parler d'un bébé qui est né sans vie semble être devenu un sujet tabou dans notre couple. J'essaye à de rares occasions d'en parler avec mon mari.... mais la conversation est vite interrompue par mes larmoiements.
Oses tu évoquer imaginer avec votre conjoint ce qui aurait pu être sa vie avec son frère et sa sœur?
Les questions administratives et les sujets autour du devenir du corps ont été abordées sans détour dans notre couple car c'était comme une évidence. Oui je l'ai inscrit sur notre livret de famille pour qu'il soit reconnu comme notre premier enfant et c'est important pour notre histoire. J'aimerai comme toi un jour, assumer sans hésitation, dire que je suis ou j'étais (quelle conjugaison?) parent d'un premier enfant qui n'est plus. Tu as raison, notre "statut" juridique n'est pas trs clair. D'ailleurs le mot Mamange n'existe pas officiellement dans notre lexique. On doit donc s'inventer nous même une identité et s'approprier comme on peut une reconnaissance qui permettra de ne pas oublier qu'on a créé et porté une vie même si elle fut courte.
Mon mari a été très soutenant juste après l'IMG car il s'est occupé de toutes les démarches avec la société funéraire.
La seule chose que je regrette un peu, mais c'est de ma faute, j'ai voulu aller vite ; c'est de ne pas avoir choisi un columbarium ou petit monument / cavurne indépendant où déposer l'urne de mon bébé. Mon mari souhaitait au départ prendre plus de temps, et confier l'urne en "attente" au crématorium afin que nous fassions un choix mûrement réfléchi.... Finalement nous avons opté pour une dispersion dans un jardin des souvenirs prévu spécialement pour les enfants. Je me rends chaque semaine au crématorium pour me recueillir et entretenir mes fleurs sur l'espace prévu du jardin. Étrangement je me sens bien dans ce lieu rempli d'hommages et qui me rappelle pourtant à quel point mon ventre est vide...
Nous avons été accompagné par une équipe médicale bienveillante(Centre de dépistage prénatal) pour nous renseigner sur toutes les démarches qui se présentent lorsqu'on est confronté à un deuil périnatal suite à une IMG. A mon retour au domicile, une sage femme de l'hôpital (super pro, à l'écoute, douce, compréhensive) est venue me visiter pour s'assurer de mon état. Selon notre souhait, elle peut revenir ou simplement nous proposer un rdv téléphonique. Cette semaine par exemple, elle va me recontacter.
Ton histoire est encourageante. L'hypothèse de grossesses futures... me parait effrayante. Ma gynéco souhaiterait que je fasse des examens complémentaires (encore) justement pour vérifier si je n'ai pas une béance du col.
J'envie les femmes qui n'ont que 4 ou 5 consultations avec leur gynéco pendant toute leur grossesse. Moi j'avais l'impression (en + du parcours PMA) d'avoir un agenda surbooké par des rdv, prises de sang hebdomadaires (j'avais des hématomes aux 2 bras)
Tous ses rdv médicaux pour ta 2ème grossesse ont du à chaque fois te causer des nœuds à la gorge, j'imagine. Tu dis avoir annoncé ta grossesse tard, je te comprends parfaitement. C un gros dilemme et source de stress cette annonce qu'on doit faire à notre entourage surtout quand on a déjà vécu un deuil.
Me concernant je n'ai jamais révélé à ma famille que je suivais un parcours de PMA ni que nous avions le projet d'avoir un enfant... Lorsqu'on a annoncé à la fin des 3 mois, la bonne nouvelle c'était réellement une grosse surprise pour tout le monde. Personne ne s'y attendait surtout que les informations autour du covid prenaient tellement de place et de stress dans l'esprit des gens.
1 semaine environ après en avoir parlé, j'ai commencé à avoir des hémorragies. Je me suis dit bêtement que nous avions eu tort.... Bref c difficile de vivre cette épreuve et de devoir aussi rapidement se confronter à l'étonnement, la joie et la tristesse de ses proches.
Merci pour ton message.
Concernant mon mari, il y a peu de chance qu'il s'installe sur un fauteuil pour discuter avec une étrangère... Il a toujours été de nature très optimiste dans la vie. Son caractère m'aide beaucoup à ne pas sombrer d'ailleurs. Lorsque je tiens un discours déprimant, il me relève toujours avec ses mots simples mais plein de douceur. Même s'il est silencieux et n'évoque jamais la situation (par peur de me vexer ou me faire pleurer) je sais qu'il pense à notre fils. J'aimerais malgré tout pouvoir encore rêver à voix haute avec lui comme nous le faisions lorsque j'étais enceinte et en forme.... parler d'un bébé qui est né sans vie semble être devenu un sujet tabou dans notre couple. J'essaye à de rares occasions d'en parler avec mon mari.... mais la conversation est vite interrompue par mes larmoiements.
Oses tu évoquer imaginer avec votre conjoint ce qui aurait pu être sa vie avec son frère et sa sœur?
Les questions administratives et les sujets autour du devenir du corps ont été abordées sans détour dans notre couple car c'était comme une évidence. Oui je l'ai inscrit sur notre livret de famille pour qu'il soit reconnu comme notre premier enfant et c'est important pour notre histoire. J'aimerai comme toi un jour, assumer sans hésitation, dire que je suis ou j'étais (quelle conjugaison?) parent d'un premier enfant qui n'est plus. Tu as raison, notre "statut" juridique n'est pas trs clair. D'ailleurs le mot Mamange n'existe pas officiellement dans notre lexique. On doit donc s'inventer nous même une identité et s'approprier comme on peut une reconnaissance qui permettra de ne pas oublier qu'on a créé et porté une vie même si elle fut courte.
Mon mari a été très soutenant juste après l'IMG car il s'est occupé de toutes les démarches avec la société funéraire.
La seule chose que je regrette un peu, mais c'est de ma faute, j'ai voulu aller vite ; c'est de ne pas avoir choisi un columbarium ou petit monument / cavurne indépendant où déposer l'urne de mon bébé. Mon mari souhaitait au départ prendre plus de temps, et confier l'urne en "attente" au crématorium afin que nous fassions un choix mûrement réfléchi.... Finalement nous avons opté pour une dispersion dans un jardin des souvenirs prévu spécialement pour les enfants. Je me rends chaque semaine au crématorium pour me recueillir et entretenir mes fleurs sur l'espace prévu du jardin. Étrangement je me sens bien dans ce lieu rempli d'hommages et qui me rappelle pourtant à quel point mon ventre est vide...
Nous avons été accompagné par une équipe médicale bienveillante(Centre de dépistage prénatal) pour nous renseigner sur toutes les démarches qui se présentent lorsqu'on est confronté à un deuil périnatal suite à une IMG. A mon retour au domicile, une sage femme de l'hôpital (super pro, à l'écoute, douce, compréhensive) est venue me visiter pour s'assurer de mon état. Selon notre souhait, elle peut revenir ou simplement nous proposer un rdv téléphonique. Cette semaine par exemple, elle va me recontacter.
Ton histoire est encourageante. L'hypothèse de grossesses futures... me parait effrayante. Ma gynéco souhaiterait que je fasse des examens complémentaires (encore) justement pour vérifier si je n'ai pas une béance du col.
J'envie les femmes qui n'ont que 4 ou 5 consultations avec leur gynéco pendant toute leur grossesse. Moi j'avais l'impression (en + du parcours PMA) d'avoir un agenda surbooké par des rdv, prises de sang hebdomadaires (j'avais des hématomes aux 2 bras)
Tous ses rdv médicaux pour ta 2ème grossesse ont du à chaque fois te causer des nœuds à la gorge, j'imagine. Tu dis avoir annoncé ta grossesse tard, je te comprends parfaitement. C un gros dilemme et source de stress cette annonce qu'on doit faire à notre entourage surtout quand on a déjà vécu un deuil.
Me concernant je n'ai jamais révélé à ma famille que je suivais un parcours de PMA ni que nous avions le projet d'avoir un enfant... Lorsqu'on a annoncé à la fin des 3 mois, la bonne nouvelle c'était réellement une grosse surprise pour tout le monde. Personne ne s'y attendait surtout que les informations autour du covid prenaient tellement de place et de stress dans l'esprit des gens.
1 semaine environ après en avoir parlé, j'ai commencé à avoir des hémorragies. Je me suis dit bêtement que nous avions eu tort.... Bref c difficile de vivre cette épreuve et de devoir aussi rapidement se confronter à l'étonnement, la joie et la tristesse de ses proches.
Mamange de Gabriel, mon petit ange né le 12 juin 2020 à 20 SA.