C'est dans la tristesse que je rejoins cette communauté.
Après avoir lu beaucoup de vos conversations ces derniers jours, je pense avoir besoin de vous raconter mon histoire.
Déjà maman d'une petite Olivia qui a eu 2 ans le 13 décembre, nous nous sommes lancés dans le projet de bébé 2.
Projet qui s'est concrétisé très rapidement en 3 mois, j'ai su en quelques jours que je portais de nouveau la vie.
Le 29 septembre 2019 me voici relancée dans cette merveilleuse aventure qu'est la grossesse.
Beaucoup de nausées énorme fatigue mais voilà c'est pour la bonne cause. Pas grand chose niveau suivi ayant eu une première grossesse sans soucis particulier j'ai rencontré 2 fois la sage femme où nous avons seulement échangé verbalement durant ces 2 rdv.
Arrive ce 11 décembre, échographie du 1er trimestre, nous avons hâte de rencontrer bébé le temps nous a semblé long depuis l'apparition de ce petit
Quelques secondes après le début de l'examen la sage femme nous annonce qu'il y a en fait 2 bébés. Je me suis littéralement effondrée j'ai pleuré durant toute l'échographie. C'était pourtant une bonne nouvelle ils allaient bien. Mais cela a provoqué un tel tsunami en moi. Mon mari était également sous le choc mais a plutôt vite encaissé la nouvelle, voilà ils sont là on va s'organiser. J'espère ne choquer ou ne blesser personne (notamment peut-être des mamans de jumeaux) mais Pour ma part je me suis vu mère de 3 enfants, ce qui n'était pas prévu on voulait s'arrêter à 2, à me demander comment j'allais pouvoir gérer ce quotidien qui m'apparaissait surchargé, financièrement, émotionnellement et j'en passe. Je me voyais sacrifier ma vie à m'occuper de ma famille nombreuse. Nous avons donc revu notre plan d'annoncer la grossesse lors de la fête d'anniversaire de notre fille. Nous avons vite annoncé cette nouvelle à nos parents respectifs afin de recevoir un soutien et leur avis sur la situation. Évidemment surpris à l'annonce mais nous ont tout de suite dit que c'était une bonne nouvelle également. Ils ont vite ressentis nos craintes (surtout les miennes) ils nous ont alors dit qu'ils seraient là peu importe notre choix. Voilà j'en suis arrivée à me demander si je poursuivais cette grossesse ou pas. Enfin nous car mon mari s'est aussi posé toutes ces questions mais les angoisses venaient surtout de moi.Je devais choisir entre 2 choses que je ne souhaitais pas, accueillir des jumeaux (ce qui ne m'a jamais traversé l'esprit) ou bien interrompre cette grossesse. Mon mari m'a dit qu'il me soutiendrait quoiqu'il arrive mais tout reposait sur moi finalement. Il fallait faire vite, seulement quelques jours entre l'échographie et le délai des 14 SA.
Nous sommes allés jusqu'au rdv pour l'IVG tout était programmé pour commencer le protocole le lendemain. Et puis je me suis dis qu'est-ce qu'on fou là. Pendant ces quelques jours de réflexion cela a été une vraie torture émotionnelle j'étais effondrée vraiment j'ai passé mon temps a pleurer je changeais d'avis sans arrêt je ne me voyais pas avec des jumeaux mais je ne me voyais pas arrêter cette grossesse. Je me disais qu'on se remettrait d'une IVG mais une fois que les bébés seront là on ne pourra pas revenir en arrière. La veille du rdv je me suis donc endormie en me disant que c'était comme ça que cette vie n'était pas pour moi que je ne serais pas capable d'assumer. Le lendemain le jour J je me suis réveillée cette conviction m'avait déjà quitté, je me suis retrouvée à fouiller le forum du site jumeaux et plus et j'ai mis des mots sur ce que je ressentais il s'agissait du "choc gémellaire". J'étais alors rassurée je n'étais pas la seule à ressentir tout ça je n'étais pas la seule à avoir peur et à avoir envisagé l'interruption de la grossesse. Et surtout je me suis dis que je ne pouvais pas me rendre à ce rdv sans avoir la certitude que c'est ce que je voulais vraiment. Il n y a pas de place pour l hésitation pour un choix pareil.J'ai donc tout annulé. Et mon mal-être s'est arrêté instantanément j'avais fais le bon choix. Même s'il m'a fallu encore un peu de temps pour accepter cette grossesse pour imaginer et me projeter dans cette vie extraordinaire qui nous attendait.
Nous voici donc à annoncer la grossesse à ceux qui l'ignorait et préciser aux autres qu'ils étaient 2 petits êtres.
Après 2 semaines et demi d'arrêt pour me remettre de mes émotions et enchaîner avec les fêtes de fin d'année, je reprend le travail pour annoncer la nouvelle à certaines de mes collègues qui ne savait rien encore. Tout en sachant que je ne resterais pas longtemps car le moindre effort mon corps le ressentait déjà. Étant infirmière cela me paraissait compliqué de continuer et je ne voulais prendre aucun risque. Je précise qu'il s'agissait d'une grossesse monochoriale monoamniotique (ce qui est extrêmement rare) et d'après ce que j'ai vu en faisant des recherches sur internet l'accouchement est en général déclenché aux alentours de 34 SA. Je voulais donc les préserver le plus possible sachant qu'ils allaient sortir déjà bien trop tôt.
J'ai donc repris le travail le 7 et 8 janvier.
Le 9 janvier je suis en repos et j'ai enfin un premier vrai rdv de suivi de grossesse. Je vais rencontrer le médecin de la maternité qui va me suivre.
Ce jeudi 9 janvier c'est également l'anniversaire de mon mari, n'ayant pas du tout profité de la 1ère échographie vu notre état de sidération nous sommes vraiment impatients nous allons revoir nos bébés. Il n y a pas plus beau cadeau !
Le médecin qui est adorable nous explique donc beaucoup de choses concernant ce suivi particulier.
Elle voulait avoir la certitude qu'il s'agissait bien d'une grossesse gémellaire mono-mono pour organiser précisément la suite du suivi. Elle nous emmène donc après la consultation dans une salle d'échographie pour vérifier.
Et là en quelques secondes de nouveau mon monde s'écroule. Elle nous annonce que la grossesse s'est arrêtée. Au vue de la taille des bébés cela s'est produit aux alentours de 12 SA. Ce qui veut dire que cela s'est produit quelques jours seulement après la 1ère échographie. Je comprend donc pourquoi je les ai sentis bougés quelques jours puis plus rien. Ce qui veut dire que cela fait presque un mois que je vois mon ventre s'arrondir alors que mes bébés sont morts. Que j'ai eu tant d'inquiétudes alors que tout était déjà fini.
Et là tout s'accélère en quelques secondes le suivi de grossesse se transforme en consultation d'anesthésie en urgence, puis rencontre d'une sage femme dans le service qui nous accueillera samedi. Elle me donne un premier comprimé pour préparer le col, me propose de rester hospitalisée jusqu'au samedi jour du déclenchement. Je préfère rentrer et revenir s'il se passe quelque chose.
Je vous passe pour le moment les détails de ces 48h d'attente et de la naissance car j'ai déjà l'impression d'avoir écrit un pavé.
Ce 11 janvier c'est également l'anniversaire de ma nièce (et filleule), pendant que la famille célèbre son 4ème anniversaire, moi je donne la mort. Après réflexion nous avons choisi comme beaucoup d'entre vous de rencontrer nos bébés. Malheureusement ils n'ont pas pu identifier le sexe de nos enfants. Ce qui est un regret pour moi. Nous avons refusé l'autopsie proposée puisque la cause du décès est plutôt clairement identifiée les 2 cordons se sont emmêlés ce qui est un gros risque dans ce type de grossesse. Les médecins sont plutôt d'accord cela ne leur paraît pas nécessaire non plus et me disent d'ailleurs que très peu de grossesse mono mono vont à terme. Mais depuis 2 jours je me posais la question de demander quand même cette autopsie afin de savoir si j'attendais 2 petits garçons ou 2 petites filles. Nous n'avions pas encore choisi de prénom ni souhaité de les nommer aujourd'hui. Mais je me demande si je n'ai pas besoin de savoir pour mon deuil. Mon mari me dit que je risque de faire encore plus de projections d'imaginer plus de choses. Ce qui est sûrement vrai. Et ensemble nous nous disons que nous préférons être sûr qu'ils restent jusqu'au bout dans la même position qu'ils sont nés. C'est à dire l'un contre l'autre comme s'ils se faisaient un câlin. Leurs corps sont déjà si petits et fragiles ça me fait mal au cœur d'imaginer ce qu'on va leur faire juste pour que j'ai une réponse à ma question. On m'a d'ailleurs dit que vu le terme ce n'est pas certain que l'on pourra savoir . Alors j'espère ne pas avoir de regrets par la suite mais je préfère les laisser partir avec leur petit secret qu'ils ne nous ont pas révélé, je préfère les savoir l'un contre l'autre en paix.
Sachant que j'ai encore la journée de demain pour changer d'avis et que je vais continuer d'hésiter quand même jusqu'a la fin vu que j'ai encore le choix ... le délai de 10 jours arrive à échéance et ensuite je vais juste attendre qu'on m'appelle pour m'annoncer que ça y est mes bébés sont partis pour toujours.
J'ai donc vécu des jours douloureux et ça l'est toujours évidemment vu que c'est récent. Beaucoup de sentiments se mélangent, également beaucoup de culpabilité d'être passée par cette phase d'hésitation concernant la grossesse, je me dis comment j'ai pu être dans un état pareil alors que c'était finalement que du bonheur cette annonce comparée à celle qu'on m'a faite par la suite. Je n'ai pas eu le temps de vraiment me réjouir de leur présence j'ai passé le peu de temps que j'ai eu avec eux (en tout cas à ma connaissance vu la découverte tardive) à penser aux côtés négatifs de leur arrivée. J'ai rencontré la psychologue de la maternité hier qui me rassure sur tous ces sentiments mais ils sont encore bien présents. Ils vont certainement s'atténuer et s'apaiser avec le temps je l'espère mais pour le moment cela fait beaucoup de choses à gérer en 1 mois de temps. Il y a 1 mois on m'expliquait que je devais faire le deuil d'une vie à 4 que je m'étais imaginé pour pouvoir me projeter dans cette vie à 5. Aujourd'hui je dois faire le deuil de mes bébés... et je me dis que j'ai vraiment été ridicule de me mettre dans un état pareil il y a un mois quand je vois ce que je traverse aujourd'hui... A peine rentrée à la maison et l'assistante sociale de la CAF m'appelle pour m'informer de mes droits et aides financières dont je peux bénéficier dans le cadre d'une grossesse gémellaire, la sécu qui m'envoie par courrier les dates de mon congé maternité, l'impression qu'ils se sont donnés le mot ... et ce petit ventre toujours présent que je cache, que j'aimerais voir disparaître, mais d'un autre côté c'est tout ce qu'il me reste... Des détails qui font mal en plus de tout le reste...
Même si j'ai le sentiment d'avoir déjà beaucoup cheminé et avancé en si peu de temps, j'ai comme vous toutes besoin d'être rassurée sur ce que je ressens, besoin d'être entendue et soutenue, sentir que je ne suis pas seule mais ça je le sais déjà malheureusement quand je vois toutes vos histoires (même si je n'ai pas parcouru tout le forum).
Alors je nous souhaite à toutes des jours meilleurs et j'ai également une pensée à nos bébés tous envolés si tôt