Voilà quelques jours que je ne suis pas venue sur le forum. Tous les jours je veux t'écrire et puis je finis par te parler en silence...
Aujourd'hui, je t'écris parce que tu me manques terriblement, trop même...
Nos moments partagés repassent en boucle et j'ai mal.
Mon petit lion, je n'arrive pas à comprendre que nous n'ayons pas réussi a passer cette ultime épreuve. Voilà notre histoire :
A 3-4 semaines, je me suis inquiétée. Les urgences où j'ai été m'avait dit que tu étais un œuf clair et qu'il fallait te retirer avec anesthésie générale etc...ils ont tellement insisté. J'étais en pleurs, tellement déçue. J'ai passé la nuit a me convaincre qu'il fallait que ça aille vite...
Puis le lendemain j'ai voulu un deuxième avis. Je me souviendrai toujours, il y avait un arc en ciel au dessus du 2nd hôpital. Avec ton père, on se disait que c'était un signe...2 ème écho, alors que je me separais de toi, le Dr m'annonce une erreur de diagnostic. Tu es bien là et tu vas bien... Je pleure de joie ce coup ci mais je ne suis pas sereine, j'avais failli à tort me débarrasser de toi.
Je me dis que tu es là et que tu es un battant. Alors pour moi pas question que ça n'aille pas.
Et puis plein de petites misères, j'ai une mycose, on me fait passer des radios, je suis malade, fatiguée, on me met sous antibiotiques. A chaque fois je m'inquiète pour toi, je demande si tous ces traitements, bobos ne sont pas dangereux pour toi. On m'assure que non, de ne pas m'inquiéter. Alors je reprends des forces, je minimise les médocs et autres contrariétés.
L'écho du 1 et trimestre arrive. Tout va bien mais la clarté nuccale est un peu épaisse, je m'inquiète, on me parle de trisomie. Je fais 2 prises de sang et 3 semaines plus tard, on me rassure. Il n'y a rien. A ce stade on me dit de profiter, tu vas bien et je commence à te sentir bouger... enfin je me réjouis !
Papa commence les travaux pour préparer ton arrivée. Il y a pleins d'imprévus et les conditions sont difficiles. Avec ta sœur, on part de la maison pour un peu de "confort" mais je suis épuisée...et triste
Je ne voulais pas ça pour toi...tu mérites tellement mieux mon Petit cœur. Papa ne percute pas qu'il manque et moi je me sens seule. Ambre est formidable avec toi, elle te parle et te caresse tout le temps
Enfin, on rentre chez nous. Là je me dis que nous avons passé le plus dur. On prend nos bains dans la piscinette de Ambre dans le jardin. C'est pas confortable mais c'est drôle. On dort dans le canapé et on mange des glaces et plein de gourmandise. C'est pas grave, on est chez nous, tu bouges tout le temps et ça me rassure.
Le 28 juin, écho du 2 ème trimestre. On a tellement hâte de savoir...et de te voir. L'écho commence bien, tu bouges toujours autant. Je devinais ta position, je savais quand tu te dandinais ou tu jouais avec tes mains. A vrai dire je les sens encore...
Tu es un petit garçon. Avec ton père, on est trop heureux et puis quelque chose ne va pas...ton cœur n'est pas au bon endroit même s'il fonctionne bien et ton estomac a pris sa place. Le diagnostic tombe : hernie diaphragmatique. On nous dit de pas nous inquiéter, il y a des opérations in utero mais sans opérations, tu ne survivra pas...
Je remonte dans la voiture et je dis étape par étape...papa est choqué. Je me dis que je vais tout faire et tout essayé pour toi mon petit bonhomme mais encore une épreuve. Depuis le début c'est comme ça, on a toujours fait face et je te parle et te dis qu'on y arrivera tous les 2.
Je pleure beaucoup. Je sens qu'on va faire une fatalité...la tristesse m'envahit et toi tu me fais signe, tu bouges toujours autant sans trop gêner non plus. Tu es adorable. J'essaie de m'egayer pour que tu ne sentes pas a quel point je suis malheureuse...je te parle, je t'aime et je te demande de me faire un signe pour m'aider à savoir ce que je dois faire... Quelle exigence! Comment peut on te demander une telle chose... mais je suis ta maman et je t'aime et je suis prête à tout pour toi...je vais décortiquer les études cliniques des professeurs que je vois, je rencontre les équipes pédiatrique, je regarde si je peux bénéficier de traitements a l'étranger mais les stat ne sont pas bonnes. Tes chances sont faibles, le résultat très incertain et au prix de 1000 souffrances. Je les aurais porté pour toi mon bout de chou...
Avec ton père on décide l'img... devant la fatalité, parfois on ne peut pas lutter. J'ai exploré toutes les pistes. Pas d'issue...Je me prépare au choc...je te demande pardon tous les jours.
Je crois avoir tout essaye alors dans un dernier espoir, comme ce jour avec l'arc en ciel, je te propose de venir plus vite. Si tu veux vivre, il faut que tu viennes avant l'img et je saurais a quel point tu tiens à te battre. Rien ne se passe et l'img arrive. J'ai senti ton dernier mouvement de ta main comme pour me dire au revoir. Puis ce silence a ta sortie. Je t'ai serré si fort en te demandant pardon. J'ai dormi avec ta couverture pour que tu aies mon odeur...
Personne ne comprend mais voilà les mam'anges, j'ai appris la semaine dernière par l'équipe médicale que je n'avais pas eu besoin de bâtonnets pour dilater le col. Il s'était ouvert... qu'est ce que dois comprendre ? J'ai pas laissé suffisamment de temps à mon fils ? Est ce que ça aurait fait une différence ? Je ne le saurais jamais, nous n'avons pas pris le risque et comment vais-je vivre avec ça ?
Mon petit bonhomme, je t'aime tant. Je suis là pour Ambre. Elle t'aime aussi et saches qu'elle te change des couches de cœur...je sais ce que je pouvais t'offrir, tu aurais été un Bb heureux parmi nous. Cette maison est remplie d'amour, un amour que je t donne chaque jour malgré mes larmes