Je m'appelle Sophie. Mon ami (je l'inclus car lui aussi a souffert et en souffre encore) et moi avons vécu une interruption médicale de grossesse en septembre 2017. Notre petit Tom est né sans vie, à 14 SA pour cause d'importantes malformations fœtales. Heureusement notre "grand" garçon de 3 ans Simon est là et nous apporte toute la joie qu'un enfant peut transmettre autour de lui.
Seulement quelques jours après l'accouchement, j'ai repris un nouveau travail (je travaille dans le secteur artistique et enchaîne de nombreuses missions dans des structures variées). Cela m'a permis de me plonger dans une activité sans pour autant mettre de côté cette épreuve et cette tristesse qui l'accompagne. J'ai beaucoup lu de témoignages et de livres permettant de mieux comprendre et intégrer ce deuil. Cette peine a eu la force de libérer ma parole à l'égard de personnes et d'événements dans lesquels je ne me reconnais pas. Ce petit Tom m'a quelque part transmis une énergie nouvelle.
Mais cette énergie est aujourd'hui ternie par une terrible anxiété. J'ai terminé mon travail début février et me retrouve donc à la maison. Je m'occupe, mais je fais un véritable transfert d'angoisse sur mon garçon Simon. Je crains qu'il lui arrive quelque chose de grave, qu'il disparaisse à son tour. A la moindre petite infection (et il les enchaîne car il est en petite section de maternelle!), au moindre bleu sur sa peau, au moindre signe de fatigue, je panique littéralement. C'est une réaction incontrôlable, irrationnelle qui me stresse et m'épuise (je peux ne pas en dormir). J'essaie de me raisonner, j'en échange avec mon ami (mais pas trop, de peur de lui communiquer ce stress) mais j'ai beaucoup de mal à gérer cette inquiétude permanente.
Je sais que j'approche de la date d'accouchement que devait être celui de Tom, je sais que d'être sans activité me renvoie en pleine face sa perte et je sais aussi que je suis enceinte de quelques semaines! Cette nouvelle est bien sûr réjouissante, mais je ne fais que me focaliser sur mon garçon Simon qu'il soit en pleine forme et n'ait aucun bobo. C'est une réelle répercussion du décès sur le vivant. Je revois la psychologue du CHU bientôt car j'en ai grandement besoin. Mais je voulais savoir si certain.e.s d'entre vous avez connu cet effet boomerang, cette sensation de pouvoir perdre ce qui est là à tout instant ?
Je vous remercie d'avoir pris le temps de me lire. Au plaisir de vos retours

J'espère que la reconstruction est en bonne voie pour vous et que les perspectives sont heureuses !
Sophie