Un chemin bien difficile à parcourir
Posté : 22 février 2018, 16:57
Bonjour à toutes,
J'ai déjà posté quelques messages sur le forum, échangé des mots avec d'autres mamanges... Mais aujourd'hui, j'ai vraiment besoin de m'épancher un peu plus. Cela fait deux mois et quelques jours que j'ai accouché. J'étais entrée dans mon sixième mois, mon bébé devait arriver en même temps que le printemps. Tout semble s'être écroulé autour de moi à l'échographie du 5e mois. C'était la 4e échographie, après celle pour la datation, celle du 3e mois puis une rapide écho de contrôle lors de la visite du 4e mois (mon gynécologue habituel était absent à la précédente). J'attendais avec une telle impatience cette nouvelle rencontre avec notre bébé... Bizarrement, je n'étais pas tellement stressée, bien moins que pour celle du 3e mois. J'avais l'impression que le plus dur était derrière nous, que le premier trimestre étant passé, plus rien ne pouvait nous arriver. Bien sûr, j'avais déjà entendu parler de fausse couche tardive ou d'IMG mais je n'avais pas envie d'y penser et je voulais profiter pleinement de cette première grossesse. Je suis tellement en colère que l'on ait pu me voler cette innocence et cette insouciance ! Le couperet est tombé : notre bébé a un problème cardiaque. Je n'oublierai jamais ce jour, ni les suivants qui ont mené vers l'IMG. Un accouchement qui ne s'est pas déroulé comme prévu mais qu'importe : je redoutais énormément cette épreuve mais tout s'est finalement bien passé et je me disais, au fond de moi, que malgré cette issue que jamais je n'aurais imaginée, je porterai mon bébé dans mes bras, je pourrai faire sa connaissance. Tous ces instants, que j'ai vécus avec mon mari, resteront gravés en mois.
Mais il y a des hauts et des bas... Je suis toujours en congé maternité car, même si j'ai envisagé pendant un temps de reprendre le travail plus tôt, je ne m'en sens pas prête. Il y a des jours où je me sens mieux, des semaines durant lesquelles je ne pleure pas ou peu, même si je pense plusieurs fois par jour à mon bébé. Et puis, sans crier gare, viennent d'autres jours qui sont difficiles à gérer. Ces jours se font de plus en plus rares, mais ils sont toujours présents et, à chaque fois, surgissent des souvenirs que j'aurai aimé mettre un peu de côté et qui amplifient ma peine, ma mélancolie, ce sentiment de perte tellement énorme... Hier, une connaissance, qui n'avait pas idée de ce que nous avions traversé fin 2017, m'a annoncé sa grossesse. Très sincèrement, j'étais contente pour elle et j'ai mesuré le chemin parcouru lorsque je lui ai transmis mes félicitations - d'autres personnes, qui savaient ce que j'avais traversé, avaient par ailleurs été assez indélicates en m'annonçant leur grossesse et m'avais profondément heurtée. Là, rien de tout ça. Mais ce n'est que plusieurs heures plus tard que j'ai subi le contrecoup : cette jeune femme allait devenir mère avant moi. Elle est tombée enceinte après moi et rentrera chez elle avec son bébé. Hier soir, j'ai beaucoup pleuré en y pensant. Ce matin, nouvelle étape : une visite chez mon médecin, pour un rendez-vous de routine. Dans cette salle d'attente, certaines images se sont imposées à moi. Je me revoyais dans la salle d'écho de mon gynécologue, je revoyais les larmes de mon mari lors de l'échographie de référence (un moment auquel je n'avais pas pensé depuis des semaines, préférant me focaliser sur celui durant lequel nous avions fait la rencontre de notre bébé)... A cela s'ajoute le fait que je dors mal, que depuis quelques jours je rêve du travail mais aussi de maternité. Et cet après-midi, je me sens triste, bien plus meurtrie que ces derniers jours. Je sais qu'il y aura d'autres bons moments, d'autres projets à mettre en place, peut-être d'autres enfants, mais j'ai l'impression que toutes les pensées positives que j'essaie d'avoir d'habitude n'y font rien.
Les prochaines semaines, rythmée par certains jalons importants, me font tout simplement peur et j'ai l'impression de me focaliser dessus plutôt que de profiter du répit que m'offre le présent : le rdv pour les résultats de toutes les analyses , la date de mon terme qui coïncide avec la reprise du travail et les retrouvailles avec des collègues qui reviennent de congé maternité ou s'apprêtent à commencer le leur, la naissance de bébés qui auraient dû naître en même temps que le mien. Tout cela se chamboule dans mon esprit... Je songe de plus en plus à demander une ou deux semaines supplémentaires, à la fin de mon congé maternité, pour souffler un peu et être au calme pendant ces échéances. Ma psychologue me le conseille, d'autant que lorsque je reprendrai le travail, il faudra que je sois investie à 100% et être assez forte pour ne pas flancher. Mais je culpabilise à l'idée de demander un arrêt... Et j'ai l'impression que mon médecin traitant ne me comprend pas : la dernière fois que je l'ai vue, c'était avant l'IMG. Aujourd'hui, elle a voulu s'assurer que je n'étais pas enceinte à nouveau car elle devait me prescrire un médicament spécifique : je lui ai dit que non, que je n'étais pas encore remise de cette épreuve. Elle n'a pas cherché à creuser plus, à me demander si j'avais repris le travail. Sans doute est-ce normal, cela dit. Peut-être aurais-je dû lui dire frontalement mes inquiétudes, mais je n'ai pas eu le courage car je me sentais très vulnérable sur le moment.
Je vous lis toutes et tous plusieurs fois par jour et cela me fait vraiment du bien... Je me sens comprise, je sais que je ne suis pas seule, ce qui met vraiment du baume au coeur à un moment où la plupart des gens qui nous entourent pensent que nous avons tourné la page - ce serait tellement simple !
Des pensées à vos anges, à vous.
Sophie
J'ai déjà posté quelques messages sur le forum, échangé des mots avec d'autres mamanges... Mais aujourd'hui, j'ai vraiment besoin de m'épancher un peu plus. Cela fait deux mois et quelques jours que j'ai accouché. J'étais entrée dans mon sixième mois, mon bébé devait arriver en même temps que le printemps. Tout semble s'être écroulé autour de moi à l'échographie du 5e mois. C'était la 4e échographie, après celle pour la datation, celle du 3e mois puis une rapide écho de contrôle lors de la visite du 4e mois (mon gynécologue habituel était absent à la précédente). J'attendais avec une telle impatience cette nouvelle rencontre avec notre bébé... Bizarrement, je n'étais pas tellement stressée, bien moins que pour celle du 3e mois. J'avais l'impression que le plus dur était derrière nous, que le premier trimestre étant passé, plus rien ne pouvait nous arriver. Bien sûr, j'avais déjà entendu parler de fausse couche tardive ou d'IMG mais je n'avais pas envie d'y penser et je voulais profiter pleinement de cette première grossesse. Je suis tellement en colère que l'on ait pu me voler cette innocence et cette insouciance ! Le couperet est tombé : notre bébé a un problème cardiaque. Je n'oublierai jamais ce jour, ni les suivants qui ont mené vers l'IMG. Un accouchement qui ne s'est pas déroulé comme prévu mais qu'importe : je redoutais énormément cette épreuve mais tout s'est finalement bien passé et je me disais, au fond de moi, que malgré cette issue que jamais je n'aurais imaginée, je porterai mon bébé dans mes bras, je pourrai faire sa connaissance. Tous ces instants, que j'ai vécus avec mon mari, resteront gravés en mois.
Mais il y a des hauts et des bas... Je suis toujours en congé maternité car, même si j'ai envisagé pendant un temps de reprendre le travail plus tôt, je ne m'en sens pas prête. Il y a des jours où je me sens mieux, des semaines durant lesquelles je ne pleure pas ou peu, même si je pense plusieurs fois par jour à mon bébé. Et puis, sans crier gare, viennent d'autres jours qui sont difficiles à gérer. Ces jours se font de plus en plus rares, mais ils sont toujours présents et, à chaque fois, surgissent des souvenirs que j'aurai aimé mettre un peu de côté et qui amplifient ma peine, ma mélancolie, ce sentiment de perte tellement énorme... Hier, une connaissance, qui n'avait pas idée de ce que nous avions traversé fin 2017, m'a annoncé sa grossesse. Très sincèrement, j'étais contente pour elle et j'ai mesuré le chemin parcouru lorsque je lui ai transmis mes félicitations - d'autres personnes, qui savaient ce que j'avais traversé, avaient par ailleurs été assez indélicates en m'annonçant leur grossesse et m'avais profondément heurtée. Là, rien de tout ça. Mais ce n'est que plusieurs heures plus tard que j'ai subi le contrecoup : cette jeune femme allait devenir mère avant moi. Elle est tombée enceinte après moi et rentrera chez elle avec son bébé. Hier soir, j'ai beaucoup pleuré en y pensant. Ce matin, nouvelle étape : une visite chez mon médecin, pour un rendez-vous de routine. Dans cette salle d'attente, certaines images se sont imposées à moi. Je me revoyais dans la salle d'écho de mon gynécologue, je revoyais les larmes de mon mari lors de l'échographie de référence (un moment auquel je n'avais pas pensé depuis des semaines, préférant me focaliser sur celui durant lequel nous avions fait la rencontre de notre bébé)... A cela s'ajoute le fait que je dors mal, que depuis quelques jours je rêve du travail mais aussi de maternité. Et cet après-midi, je me sens triste, bien plus meurtrie que ces derniers jours. Je sais qu'il y aura d'autres bons moments, d'autres projets à mettre en place, peut-être d'autres enfants, mais j'ai l'impression que toutes les pensées positives que j'essaie d'avoir d'habitude n'y font rien.
Les prochaines semaines, rythmée par certains jalons importants, me font tout simplement peur et j'ai l'impression de me focaliser dessus plutôt que de profiter du répit que m'offre le présent : le rdv pour les résultats de toutes les analyses , la date de mon terme qui coïncide avec la reprise du travail et les retrouvailles avec des collègues qui reviennent de congé maternité ou s'apprêtent à commencer le leur, la naissance de bébés qui auraient dû naître en même temps que le mien. Tout cela se chamboule dans mon esprit... Je songe de plus en plus à demander une ou deux semaines supplémentaires, à la fin de mon congé maternité, pour souffler un peu et être au calme pendant ces échéances. Ma psychologue me le conseille, d'autant que lorsque je reprendrai le travail, il faudra que je sois investie à 100% et être assez forte pour ne pas flancher. Mais je culpabilise à l'idée de demander un arrêt... Et j'ai l'impression que mon médecin traitant ne me comprend pas : la dernière fois que je l'ai vue, c'était avant l'IMG. Aujourd'hui, elle a voulu s'assurer que je n'étais pas enceinte à nouveau car elle devait me prescrire un médicament spécifique : je lui ai dit que non, que je n'étais pas encore remise de cette épreuve. Elle n'a pas cherché à creuser plus, à me demander si j'avais repris le travail. Sans doute est-ce normal, cela dit. Peut-être aurais-je dû lui dire frontalement mes inquiétudes, mais je n'ai pas eu le courage car je me sentais très vulnérable sur le moment.
Je vous lis toutes et tous plusieurs fois par jour et cela me fait vraiment du bien... Je me sens comprise, je sais que je ne suis pas seule, ce qui met vraiment du baume au coeur à un moment où la plupart des gens qui nous entourent pensent que nous avons tourné la page - ce serait tellement simple !
Des pensées à vos anges, à vous.
Sophie