mamy ange inquiète pour sa fille, merci de m'éclairer

[capucine 78]

Bonjour,
Ma fille a 26 ans et est mamange depuis 14 jours. Elle a appris il y a un mois que son bébé avait une hernie diaphragmatique. Juste après cela, après avoir tenu à le garder quand même, le couple a appris que le bébé une petite fille avait de nombreuses malformations cardiaques, et qu'il fallait
se résoudre à une IMG Sa petite fille est née à 5 mois et demi de grossesse. Ma fille et son conjoint ont beaucoup pleuré, surtout qu'ils avaient un parcours de pma de 2 ans derrière eux.
mon inquiétude est peut-être inutile, mais je trouve que ma fille réagit d'une façon étrange. Trois jours après l'accouchement, elle est venue en famille fêter l'anniversaire de son conjoint, elle riait, s'amusait d'un rien, parlait de choses et d'autres. Personne n'a soulevé le problème du coup. Je me suis dit elle est dans le déni. En fait ma psy que je vois pour moi, m'a dit elle est en état de sidération, elle fera son deuil plus tard. Et depuis elle se change les idées, elle part en week-end, va au cinéma, au spectacle, reçoit des amis, tout cela dans les 10 jours qui ont suivi l'accouchement. Je suis partagée entre la joie de voir ma fille s'en sortir si bien, admirative de sa force... et l'inquiétude de sa réaction qu me semble innapropriée. Ma psy me dit qu'il faut faire attention au retour de bâton, car on ne peut pas faire l'économie du deuil d'un tel drame, ou alors le corps somatise, ou encore elle peut se retrouver en dépression dans quelques mois .... Ma fille est allée voir la psy de l'hopital, qui trouve par ailleurs qu'elle réagit très bien, elle pleure de temps en temps, et le reste du temps elle va bien. J'espère qu'elle a raison, et que je m'inquiète pour rien. Mais quand je vois la détresse et le désespoir des gens ici, je m'interroge ? Ma fille a-t-elle une force inouie en elle ? a-t-elle tellement pleuré avant l'IMG que son deuill est fait ? Est-elle dans le déni ?
Je lui en ai un peu parlé, et elle m'a répondu : non maman, parfois je pleure, je suis triste, mais je me change les idées pour ne pas y penser. Ya tellement plus grave sur terre, et puis, j'ai accouché oui, mais j'ai pas l'impression d'avoir eu un bébé ! Pourtant elle l'a vu. j'espère que vous allez me rassurer, et je souhaite que ma fille va donner tord à ma psychiatre, et qu'elle va bien, sans effet boomerang etc....Merci de me donner vos avis.

[pepe]

Bonjour,

Je suis désolée de l'épreuve que vous traversez. Je n'ai pas de réponse précise à vos questions mais je suis moi même maman d'une petite fille décédée par IMG le 28 octobre dernier, il n'y a pas si longtemps que ça mais bien longtemps quand même!
J'ai eu personnellement une phase de 7-10 jours difficile et douloureuse mais aujourd'hui je souris, je ris et je profite de la vie car j'ai bien compris ce que cela peut être.
Je suis moi même étonnée de ma réaction et m'attends chaque jour à sombrer.
Je pense qu'il y a pour certaines d'entre nous une force profonde qui nous fait avancer.

Votre fille a pour le moment besoin de vivre sa vie et profiter, d'où sa façon de réagir actuellement.
Le mieux que vous puissiez faire c'est être la de la façon dont elle veut que vous soyez la, sortir? Aller au resto? Partir en vacances ? Suivez ses envies, mais soyez la et toujours vigilante pour la soutenir. Ne lui parlez pas de tout ça, dites lui que vous êtes là pour en parler le jour où elle en aura envie/besoin ou non.

J'attends la même chose de mes amies et redoute a chaque instant les "comment ça va" hésitant des personnes que je revois seulement depuis les événements.

Alors je n'ai donc pas de réponse mais simplement des suggestions en rapport avec ma vie personnelle.

J'espère vous avoir un peu aidé, n'hésitez pas si vous avez d'autres questions.

[Petitprince]

Bonsoir,
je comprends votre inquiétude légitime en tant que maman.
Moi même j'éprouve le deuil depuis 1 mois, j'essaie de trouver le juste milieu entre affronter ma souffrance et reprendre le goût au choses.

Il est certain que nous sommes toutes et tous différents. Mon conjoint s'inquiète pour moi car je suis souvent triste même si ça va quand même mieux, la psychologue nous a dit qu'elle serait très inquiète si je n'étais pas triste et que je mettai de côté ma souffrance.
et moi je m'inquiète pour mon conjoint car il n' exprime pas sa douleur et ça m'inquiète aussi. Mais notre psy nous a dit aussi d'accepter qu'on vive le deuil de façon différente et chacun a son rythme.

Je crois que c'est légitime d'être inquiet pour les personnes que l'on aime après une telle epreuve.
Soyez présente pour elle, et encouragez là, vous ne pouvez pas la forcer à éprouver son deuil diffèrement, seulement l'accompagner et la soutenir, rester attentive s'il y a des signes de dépression.

Votre fille éprouve quand même de la tristesse ce n'estpas complètement un déni?
En avez vous parlé avec votre gendre ?
Et vous comment vous vivez cet événement?

La seule chose qui m'interpelle est de dire " je n'ai pas l'impression d'avoir perdu un bébé" mais je ne suis pas psy et on ne peut pas être psy de ses proches, seulement etre la et les écouter.

Bon courage à vous
Liz

[MathisMonPetitCoeur]

Oui moi aussi c'est cette phrase qui m'interpelle, car elle révèle vraiment une part de déni...
Mais ce que je peux te dire, c'est que juste après mon IMG j'ai eu une espèce d'instinct de survie qui m'a poussée à rester positive, surtout pour ne pas inquiéter mes proches, et ça c'est très important pour expliquer peut-être le comportement de ta fille.
J'ai vu mes parents et ma soeur tellement dévastés pendant toute cette période, que j'ai vite voulu les rassurer et ne pas trop les inquiéter.
Et ce n'est pas parce que ta fille est souriante au quotidien et dans sa vie sociale, qu'elle ne pleure pas une fois seule, et quelle nest pas changée à jamais par cette épreuve...
Moi je dis toujours qu'en surface je vais bien, que j'ai repris le cours de ma vie, que j'ai le sourire et l'envie de vivre... Mais derrière cette surface il y'a les angoisses, les larmes, les retours de bâton dans certaines situations, et le sentiment que, quoiqu'il arrive, la perte de mon bébé m'a marquée et changée pour toujours, sauf que je ne le montre pas !
Je pense que ta fille a une volonté de vivre sui est rassurante, ce qui ne veux pas dire qu'elle occulte la perte de son bébé, donc rassure toi, elle ne fera pas pour autant une dépression dans quelques mois...

[Keana]

Bonjour capucine, désolé de vous accueillir ici et désolé pour votre petite fille.

Alors ce n'est simple de répondre à vos questions. Je comprend votre inquiétude.
Son deuil est encore très récent, 14j ce n'est rien. C'est normal qu'elle souhaite se changer les idées, sortir, rire voir des amis ect. Ce qui montre probablement que si elle ne s'occupe pas, la douleur et la tristesse prennent trop de place.
Pour ma part le 1er mois je sortait souvent, je voyais des amis, la famille, j'ai même été à un festival. Et même deux jours après mon accouchement, je pétais le feu, je pensait déjà à reprendre les essais bébé 2, j'étais bien. Après tout c'est mélangé, chez moi je pleurait mais je sortait malgré tout. Jusqu'au jour où tout cela m'a fatigué et j'ai pris conscience qu'il fallait que j'écoute et que je laisse ma douleur s'exprimer.

Maintenant pour votre fille c'est difficile à dire, chaque personne réagit différemment face à cette situation. Ici effectivement il n'y a que des mam'ange pour qui c'est très douloureux et pour qui il est difficile d'avancer. Cela ne représente pas forcément le sentiment de toutes les mam'anges.

Et comme les filles, quand elle dit qu'elle n'a pas l'impression de ne pas avoir eu de bébé, cela m'interpelle. Est ce le reflet d'un deni ou est ce qu'elle le pense réellement ? Ce qui est possible. Seul le temps pourra répondre à cette

Continuez à être présente pour elle, vous lui êtes sans doute une aide précieuse. Et rassurez vous, ce n'est parce qu'elle comme ça en ce moment qu'elle va forcément sombrer dans une dépression Chacun vis son deuil différemment.

N'hésitez pas à venir nous parler, que ce soit pour votre fille ou même pour vous.

Plein de courage

[Lulu1211]

Bonjour,
En effet je rejoins les autres témoignages sur le fait que chaque réaction est différente.
Pour ma part j'ai fais un IMG le 30 novembre dernier pour une delétion sur un chromosome... Les deux premières semaines j'ai beaucoup pleuré je voulais voir personne et maintenant je sors.
Je ne supporte pas de rester à rien faire, du coup je me prévois pleins de choses pour ne pas avoir de période de tristesse à la maison... C'est une façon de se protéger aussi.
Si votre fille est triste chez elle c'est bien qu'elle a conscience de tous ça mais elle a peut être besoin de rire pour penser à autre chose.
Ludivine

[capucine 78]

Merci à vous toutes !
vous m'avez un peu rassurée..ce qui m'inquiète c'est que je n'arrête pas de rêver de bébés morts, de bébé nouveaux-né que je laisse tomber sur le carrelage, alors que ma fille me l'a confié...etc J'ai avorté il y a quelques année, (j'avais pris des médicaments contre-indiqués) mais très tot, à i mois et une semaine, et cela ne m'a pas perturbée le moins du monde. Ma psy pense que l'histoire de ma fille réactive chez moi une tristesse que je n'ai pas éprouvée alors, mais, bon, cela me paraît bizarre, cela fait 30 ans !
Sinon, hier ma fille est venue nous voir, mon mari et moi pour nous parler de Noël... et après cela elle m'a dit qu'elle allait retrouver une amie qui était enceinte en même temps qu'elle. Je lui ai demandé si cela n'allait pas lui faire mal, au coeur, puisque le terme était le même, et aussi de voir son bébé dans quelques mois et elle m'a répondu : écoute maman, c'est son bébé, je ne suis pas gaga des bébés comme toi, ce sont les bébés des autres, j'aimerai le mien Et là, c'était affreux ce que j'ai vu, cela ne ressemblait pas à un bébé, je n'ai pas eu de bébé faut arrêter avec ça !
Nous étions abasourdis mon mari et moi, mais bon, on va la suivre comme vous le conseillez si bien, et puis, peut-être qu'après les deux ans de pma qu'elle a vécus, peut-être trouve-t-elle que toutes ces médications, ces médecins, ces analyses, et être enceinte, pour accoucher d'un foetus mal formé, cela représente une longue maladie, et qu'elle est sortie d'affaire.
En tous cas je suis triste pour vos histoires, et je vous remercie d'avoir bien voulu prendre la peine de me répondre;
<tous mes voeux de bonheur futurs à vous toutes
capucine

[capucine 78]

Bonjour,
Je reviens vers vous...Ma fille a rencontré son gynécologue hier (elle a accouché il y a un mois et une semaine) et il lui a dit que ce drame allait l'aider à voir la vie différemment et qu'il fallait qu'elle accueille le deuil comme quelque chose d'indispensable. il lui a dit, vous n'oublierez jamais, je vous trouve très positive, je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi positif. Mais ne vous leurrez pas, ce n'est pas en se changeant constamment les idées, que vous allez oublier ce drame.
Ma fille m'a dit, bon, ben moi j'y pense presque plus, et je crois que c'est possible d'oublier. Je m'interroge, est-elle si forte? je suis inquiète de sa réaction je vous l'avoue. Pensez-vous qu'elle soit réellement sortie d'affaire ? Alors pourquoi ma psy et son gynéco pensent que c'est impossible de faire son deuil si vite...Ils m'inquiètent alors que c'est peut-être possible ?
Merci à vous

[Natange]

Bonsoir,

à votre question "est-il possible de faire son deuil si vite?", je peux répondre qu'on peut remonter la pente rapidement. C'est ce qui m'est arrivé mais je ne me retrouve pas vraiment dans les réactions de votre fille.

J'ai perdu mon fils le 8 mars. J'ai subi une img car il était porteur de t21. Les jours les plus difficiles pour moi ont été le jour de l'annonce du diagnostic et le jour où celui-ci a été confirmé. Je garde un souvenir très doux de la naissance de mon bébé, même si ce jour était rempli de tristesse.

Très rapidement, je me suis sentie mieux. Au début, je culpabilisais de me sentir bien et puis je l'ai accepté. Mais là, où c'est assez différent d'avec votre fille, ce qui m'a permis d'aller mieux, c'est de faire "vivre" mon fils à travers des souvenirs et de lui trouver une place dans ma famille. Une fois ces souvenirs construits (cadre avec empreinte, médaille avec son prénom et sa date de naissance, portrait sur base d'une photo, impression d'un livre de poche reprenant mon histoire vécue avec lui, ...), je me suis vraiment apaisée et j'ai effectivement appris à profiter des moindre petits bonheurs de la vie. Il m'a donné une force que je n'imaginais pas avoir.

[Sandrinebeaumont]

Bonjour Capucine,

Je me permets de te faire part de mon expérience, j’ai accouché le 23 décembre à 16sa d’une petite Nieves. Il y a donc 3 semaines.

Il y a quelques jours je me suis renseignée sur les différentes étapes du deuil, et sur sa durée car je me suis retrouvée dans une phase très inquiétante qui a duré plusieurs jours. C’est une phase pendant laquelle je ne comprenais plus le sens de ma vie, à tel point que je ne comprenais plus l’intérêt de continuer à vivre.
Mes recherches m’ont fait comprendre qu’il n’y a pas de durée “normale” ou “anormale” pour un deul, et qu’il n’y a pas de méthode. Et surtout que c’est un cheminement très personnel. Et la raison pour laquelle c’est très personnel, c’est que chaque personne vit et investit sa grossesse différemment et que lorsqu’on perd son bébé, on ne perd pas qu’un petit être, on perd aussi tout ce qu’on avait investi dans cette grossesse (les projets d’avenir, la vision de soi en tant que maman, l’évolution de sa propre vie vers une phase altruiste où on va s’occuper de ce petit bout, ou d’autres notions totalement différentes,etc) Chaque situation, chaque deuil est donc totalement singulier et unique. Et quand une personne a un deuil très court dans le temps, ou vit son deuil d’une façon particulière, cette personne culpabilise parce que l’entourage a sa propre idée de comment faire un deuil et combien de temps ça dure, et ne manque pas d’exprimer sa vision de ce qui “devrait” être. Mais personne ne devrait se permettre d’émettre le moindre jugement ou avis sur la question.

Pour ma part, je suis passée par différentes étapes après mon accouchement:
- le choc de retrouver ma maison (le 25 décembre), après une semaine d’hospitalisation, et que tout soit resté à sa place, “normal”, alors que pour moi tout avait changé, rien ne serait plus jamais comme avant. Comment revivre normalement??? J’étais vraiment comme un lapin aveuglé par les phares d’une voiture, sidérée.
- la tristesse, une tristesse infinie, profonde, un sentiment de vide énorme, le manque, les questionnements “vais-je un jour pouvoir être maman d’un enfant vivant?” Etc etc Cette phase pour moi a été accompagnée de beaucoup beaucoup beaucoup de pleurs.
Dans ces deux premières phases je me suis enfermée chez moi et n’ai ni vu ni parlé à personne.
- ensuite une phase de léger mieux-être, où les phases de pleurs étaient moins fréquentes mais plus intenses, mais où je suis sortie de chez moi pour faire des courses, j’ai déjeuné chez des amis (ce n’était pas l’extase mais ça s’est bien passé)
- ensuite cette phase de perte de sens, “que vaut ma vie?” “pourquoi je suis encore là?” “à quoi bon vivre”
- maintenant depuis deux jours je suis dans une phase de vraiment mieux, j’ai commencé un régime, j’ai pris contact avec un coach sporif pour me remettre un peu en forme, vu des amis hier soir et on a même rigolé
Voilà mon cheminement en 3 semaines, pendant les fêtes. Mais je n’ai pas repris le travail et je passe encore le plus clair de mon temps à me reposer à la maison. Il faut dire que j’ai eu quelques petites complications, j’ai dû retourner à l’hôpital pour un curetage après mon accouchement.

C’est un résumé que j’ai fait, mais à l’intérieur de chaque phase il y avait plusieurs états différents. Je ne sais pas quelles sont les prochaines étapes.

Pourquoi je te raconte tout ça? Pour te dire que si tu demandes à n’importe quelle autre personne ayant vécu un deuil périnatal, cette personne te racontera une toute autre histoire, avec un tout autre timing. Par exemple, la majorité des parents endeuillés ne viennent pas sur ce site et sur ce forum. On retrouve ici les personnes qui soit souffrent particulièrement de cette expérience, soit ont besoin de partager leur histoire et d’entendre celle des autres.
Ta fille a sa propre histoire. Elle est la seule à la connaître. Ensuite, il y a ce qu’elle vit, et il y a ce qu’elle te dit. Elle vit peut-être des choses qu’elle ne partage pas et que tu ne sais pas.
Elle a peut-être déjà fait son deuil. Ou peut-être est-ce en cours. Ou peut-être est-ce tellement douloureux qu’elle est dans le déni et fera son deuil plus tard. Mais dans tous les cas sa façon de vivre les choses sera la meilleure façon pour elle, ça lui appartient, ainsi que ce qu’elle décide d’en dire, ou pas.

A mon sens, si je peux me permettre un avis, ton rôle est d’accueillir ce qui vient, sans juger. Car s’inquiéter c’est juger (je m’inquiète puisque ce n’est pas normal. Mais rappelle-toi: qui peut dire ce qui est normal?) Si elle est joyeuse, accueille cette joie, si elle est triste, accueille cette tristesse. Si elle a envie d’en parler, accueille sa parole, et si elle n’en parle pas, c’est ok aussi. Et dis-lui que tu es là pour elle dans tous les cas.

Voilà Capucine ce que je peux te dire, vu de ma fenêtre.

Je t’envoie beaucoup de courage et beaucoup d’amour.

Sandrine