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Sophie de la lune
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Re: IMG bientôt à presque 33 SA

Message par Sophie de la lune »

Natividad a écrit : 31 mars 2020, 19:23 À la prise de décision j’étais persuadée de ne pas avoir la force de le voir, et plus le temps passe plus je me demande si ce n’est pas important de le faire, comme vous le dites.
Notre entourage est assez distant, ils ne savent pas comment réagir envers nous donc ils sont silencieux mais nous avons besoin d’être ensemble pour le moment, avec également notre aînée qui nous apporte beaucoup.
J’aimerais, et j’espère tellement faire le maximum envers ce bébé pour lui montrer qu’il compte pour nous et qu’il restera à jamais dans nos vies.
La seule chose qui m’aide à me projeter c’est une nouvelle grossesse.. ça peut être terrible de déjà l’évoquer.. mais j’en ai besoin.

Je parlerais avec plaisir avec vous, c’est vrai que ça fait du bien de se sentir comprise.
Je pensais comme vous, ne pas avoir la force d'aller le voir après son décès, ni d'ailleurs de lui organiser une cérémonie de sépulture. Je me suis laissée porter par mon mari qui lui en éprouvait fortement le besoin. Avec le recul (cela fait 9 mois pour moi), je sais que l'avoir vu, lui avoir organisé une belle sépulture avec de beaux chants et de beaux témoignages, avoir pu le bercer, le porter, le toucher et donc l'accueillir comme j'ai fais pour mes 2 autres enfants, ont été indispensable pour que je me sente mieux aujourd'hui, car j'ai le sentiment d'avoir accompli mon rôle de mère jusqu'au bout de son existence terrestre. Je suis allée jusqu'au bout de moi-même pour lui donner tout ce qu'il y a de plus digne pour un être humain. Je sais que c'est difficile, mais il faut essayer de ne pas s'en vouloir et de ne pas se reprocher ces moments ou on ne pouvait plus se voir dans le miroir ni regarder son ventre, ni le toucher. c'est une phase normale et que beaucoup de femmes traversent (et les pères aussi d'ailleurs). Quand on a pris cette terrible décision, je n'arrivais plus à toucher mon ventre et j'avais tendance à éloigner mes autres enfants pour ne pas qu'ils tissent une relation trop forte avec le bébé. J'avais peur pour eux autant que pour moi. Ce sont des choses normales que de réagir comme cela. Je m'en suis voulue mais maintenant, je sais que c'est normal.
Nous avons aussi impliqué les enfants. Ils n'ont vu leur petit frère qu'en photo car cela nous semblait un peu trop difficile qu'ils le voient en vrai. Mais nous leur avons tout expliqué et ils ont aussi participé à la sépulture. Ensuite nous en avons parlé autant qu'ils le demandaient. Nous leur avons lu des histoires aussi. Mais ça, c'est très personnel à chacun et certains parents ne le sentent pas. Ça se respecte tout autant. La petite de 4 ans a eu besoin de faire 3 séances avec une psy. Mais maintenant ça va. Les enfants ont une force de vie et de résilience incroyable! On pourra discuter de cela aussi si vous le souhaitez, sur comment accompagner ses autres enfants dans cette épreuve.
J'ai aussi ressenti le fait que mes proches soient démunis. Ils étaient touchés mais ne savaient pas quoi me dire. Cela m'était insupportable et cela l'est toujours... Plusieurs mois après, je suis encore souvent en colère contre les autres et encore beaucoup de réflexions et de réactions des autres me blessent. C'est dur de se protéger. Beaucoup ne comprennent pas, mais heureusement, on rencontre parfois certaines personnes dont l'écoute est d'une aide précieuse et dont l'empathie fait beaucoup de bien. Il faut s'accrocher à ceux là.
Sinon, je peux vous promettre que la douleur s’apaise un jour. On ne fait jamais son deuil, on le traverse comme on peut et on oublie jamais. Mais la douleur s’apaise avec le temps.
Je vous donne tous mon courage. N’hésitez pas si vous avez besoin...
Sophie
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Message par Sophie de la lune »

Noux a écrit : 31 mars 2020, 19:31 Tout ce que je peux te donner comme conseil, est de lui donner encore de l'amour. De l'accompagner jusqu'au bout. Le sentir bouger en sachant qu'il va devoir partir est une épreuve extrêmement dure que personne ne peut comprendre. Mais il est encore la, au chaud dans ton ventre. Il faut que tu sois forte pour lui, pour ta filler et ton mari, mais surtout pour lui. Parce que ton bébé a encore besoin de l'amour de ta maman. Je m'en suis voulu d'avoir arrêté de caresser mon ventre et de lui donner de l'amour pendant quelques jours après le choc de l'annonce. Je m'en suis voulu parce qu'il l'a senti et qu'il a arrêté de bouger. Quand j'ai recommencé a communiquer avec lui par ma pensée, il a recommencé a bouger, et je me suis promis de l'accompagner jusqu'au bout, jusqu'au moment ou ils allaient l'endormir là, au chaud dans mon ventre. Et aujourd'hui j'en suis fière parce que c'est la plus belle preuve d'amour que j'ai pu lui donner. Il va y avoir beaucoup de fois ou tu vas devoir te protéger certaines de situations après l'img, ne te protèges pas de celle la.

Je t'envoie plein de courage pour affronter cette épreuve
Merci pour ce témoignage trés fort. Je me retrouve beaucoup dans ce que vous dites! Merci!
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Message par Natividad »

Sophie de la lune a écrit : 02 avril 2020, 19:46
Natividad a écrit : 31 mars 2020, 19:23 À la prise de décision j’étais persuadée de ne pas avoir la force de le voir, et plus le temps passe plus je me demande si ce n’est pas important de le faire, comme vous le dites.
Notre entourage est assez distant, ils ne savent pas comment réagir envers nous donc ils sont silencieux mais nous avons besoin d’être ensemble pour le moment, avec également notre aînée qui nous apporte beaucoup.
J’aimerais, et j’espère tellement faire le maximum envers ce bébé pour lui montrer qu’il compte pour nous et qu’il restera à jamais dans nos vies.
La seule chose qui m’aide à me projeter c’est une nouvelle grossesse.. ça peut être terrible de déjà l’évoquer.. mais j’en ai besoin.

Je parlerais avec plaisir avec vous, c’est vrai que ça fait du bien de se sentir comprise.
Je pensais comme vous, ne pas avoir la force d'aller le voir après son décès, ni d'ailleurs de lui organiser une cérémonie de sépulture. Je me suis laissée porter par mon mari qui lui en éprouvait fortement le besoin. Avec le recul (cela fait 9 mois pour moi), je sais que l'avoir vu, lui avoir organisé une belle sépulture avec de beaux chants et de beaux témoignages, avoir pu le bercer, le porter, le toucher et donc l'accueillir comme j'ai fais pour mes 2 autres enfants, ont été indispensable pour que je me sente mieux aujourd'hui, car j'ai le sentiment d'avoir accompli mon rôle de mère jusqu'au bout de son existence terrestre. Je suis allée jusqu'au bout de moi-même pour lui donner tout ce qu'il y a de plus digne pour un être humain. Je sais que c'est difficile, mais il faut essayer de ne pas s'en vouloir et de ne pas se reprocher ces moments ou on ne pouvait plus se voir dans le miroir ni regarder son ventre, ni le toucher. c'est une phase normale et que beaucoup de femmes traversent (et les pères aussi d'ailleurs). Quand on a pris cette terrible décision, je n'arrivais plus à toucher mon ventre et j'avais tendance à éloigner mes autres enfants pour ne pas qu'ils tissent une relation trop forte avec le bébé. J'avais peur pour eux autant que pour moi. Ce sont des choses normales que de réagir comme cela. Je m'en suis voulue mais maintenant, je sais que c'est normal.
Nous avons aussi impliqué les enfants. Ils n'ont vu leur petit frère qu'en photo car cela nous semblait un peu trop difficile qu'ils le voient en vrai. Mais nous leur avons tout expliqué et ils ont aussi participé à la sépulture. Ensuite nous en avons parlé autant qu'ils le demandaient. Nous leur avons lu des histoires aussi. Mais ça, c'est très personnel à chacun et certains parents ne le sentent pas. Ça se respecte tout autant. La petite de 4 ans a eu besoin de faire 3 séances avec une psy. Mais maintenant ça va. Les enfants ont une force de vie et de résilience incroyable! On pourra discuter de cela aussi si vous le souhaitez, sur comment accompagner ses autres enfants dans cette épreuve.
J'ai aussi ressenti le fait que mes proches soient démunis. Ils étaient touchés mais ne savaient pas quoi me dire. Cela m'était insupportable et cela l'est toujours... Plusieurs mois après, je suis encore souvent en colère contre les autres et encore beaucoup de réflexions et de réactions des autres me blessent. C'est dur de se protéger. Beaucoup ne comprennent pas, mais heureusement, on rencontre parfois certaines personnes dont l'écoute est d'une aide précieuse et dont l'empathie fait beaucoup de bien. Il faut s'accrocher à ceux là.
Sinon, je peux vous promettre que la douleur s’apaise un jour. On ne fait jamais son deuil, on le traverse comme on peut et on oublie jamais. Mais la douleur s’apaise avec le temps.
Je vous donne tous mon courage. N’hésitez pas si vous avez besoin...
Sophie
Je suis très touchée par votre message car je ressens les choses de la même manière que vous.
J’ai commencé par être totalement fermée vis à vis de ma grossesse. Aujourd’hui je vois les choses différemment, j’ai appris la date de l’IMG et je me dis qu’il me reste très peu de temps à partager avec mon bébé et désormais, j’arrive à poser à nouveau ma main sur le ventre et ses mouvements me rappellent l’amour qu’il y a entre nous depuis le début.
J’ai également décidé de lui organiser les obsèques, avec l’aide de ma belle famille et nos amis respectifs avec mon conjoint. Je veux lui donner une reconnaissance.
Pour ce qui est de le voir, je commence à me faire à l’idée.. mon conjoint pas du tout.. je lui avais acheté un petit carré de couverture avec son prénom brodé dessus j’ai envie qu’il soit enveloppé dedans..
L’accouchement me fait peur, j’ai tellement peur de ce vide que je vais ressentir en moi.. je vais perdre une partie de moi, mon cœur va se briser en milles morceaux.

Mes parents ainsi que mon frère et ma sœur sont totalement absents, j’ai reçu un mail de mes parents qui me disent qu’organiser des obsèques n’aide pas au deuil et que je vais faire un choc émotionnel à ma grande. Je suis très déçue de cette attitude.. très peinée aussi de ne pas avoir leur soutien.

L’accouchement est prévu mardi 7 avril. J’ai peur, vraiment peur de mon état ensuite. Mais j’y arriverais, comme vous toutes...
Maman d’Alessia née le 11/10/2016 ❤️
Mamange de Timéo, IMG à 34 SA le 08/04/2020 ❤️
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Sophie de la lune
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Re: IMG le 7/04 à 34 SA

Message par Sophie de la lune »

Oui, bien sur que tu vas y arriver!
Je pense bien à toi aujourd'hui. J'espère que ton accouchement se passera bien et que ce sera malgré tout un beau moment de rencontre avec ton bébé. Même si ce moment n'est pas "beau" comme tu l’imaginai, il sera forcement une étape indispensable dans ta reconstruction.
Le vide ressenti est très fort au début puis s’atténue. Il refait parfois surface les mois qui suivent. Tout ces premiers moments sont douloureux mais terriblement nécessaire. Et puis cela va engendrer de la solidarité, de l'humanité, de l'amour et de l'amitié autour de toi. Il y a du beau dans tout ce drame...
Ta famille ont la réaction des gens qui ont peur de leurs propres émotions et préfèrent se protéger eux en te demandant de ne pas faire de sépulture. Ils ne se rendent pas compte à quel point le rituel est important pour ne pas être accablé sous le poids du traumatisme qu'est la mort de son enfant, pour tout le reste de sa vie.
Il faudrait qu'ils puissent regarder le reportage "et j'ai choisi de vivre " en replay sur france 5 jusqu'au 11 avril. Il y a une interview de Christophe Fauré qui explique justement l'importance de ces rituels, mais aussi qui donnent des conseils à l’entourage pour les aider à savoir comment se positionner et quoi dire à une personne en deuil. Ta famille sont un peu à coté de la plaque si je peux dire. C'est parce qu’ils souffrent, qu'ils sont démunis et sidérés face à ce drame terrible qui arrive dans votre famille. je ne les défend pas car je sais à quel point la réaction des autres peut faire mal. Mais ce que j'ai appris, c'est aussi que chacun fait comme il peut avec les ressources qu'il a. Quoi qu'il en soit, laisse les, c'est un problème qui leur appartient et entoure toi des gens qui sont en capacité de t'écouter et de te comprendre et de partager tout cela avec toi (voir ton bébé, organiser sa cérémonie...) A l’hôpital il y a parfois un service d'accompagnement autour du deuil périnatal. J'ai eu ce soutien et c'est très aidant.
Pour ta fille, aie confiance. Parler de cet événement et participer à la célébration sera pour elle aussi très important. Il faut garder le dialogue ouvert pour que ça ne reste pas dans le non-dit.
Je me rend compte que je t'ai tutoyé. J'espère que ça ne te dérange pas, sinon dis le moi!
N'hésite pas à m'envoyer un MP si tu veux échanger d'avantage.
Je te donne tout mon courage.
Sophie
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Message par Natividad »

Sophie de la lune a écrit : 07 avril 2020, 12:23 Oui, bien sur que tu vas y arriver!
Je pense bien à toi aujourd'hui. J'espère que ton accouchement se passera bien et que ce sera malgré tout un beau moment de rencontre avec ton bébé. Même si ce moment n'est pas "beau" comme tu l’imaginai, il sera forcement une étape indispensable dans ta reconstruction.
Le vide ressenti est très fort au début puis s’atténue. Il refait parfois surface les mois qui suivent. Tout ces premiers moments sont douloureux mais terriblement nécessaire. Et puis cela va engendrer de la solidarité, de l'humanité, de l'amour et de l'amitié autour de toi. Il y a du beau dans tout ce drame...
Ta famille ont la réaction des gens qui ont peur de leurs propres émotions et préfèrent se protéger eux en te demandant de ne pas faire de sépulture. Ils ne se rendent pas compte à quel point le rituel est important pour ne pas être accablé sous le poids du traumatisme qu'est la mort de son enfant, pour tout le reste de sa vie.
Il faudrait qu'ils puissent regarder le reportage "et j'ai choisi de vivre " en replay sur france 5 jusqu'au 11 avril. Il y a une interview de Christophe Fauré qui explique justement l'importance de ces rituels, mais aussi qui donnent des conseils à l’entourage pour les aider à savoir comment se positionner et quoi dire à une personne en deuil. Ta famille sont un peu à coté de la plaque si je peux dire. C'est parce qu’ils souffrent, qu'ils sont démunis et sidérés face à ce drame terrible qui arrive dans votre famille. je ne les défend pas car je sais à quel point la réaction des autres peut faire mal. Mais ce que j'ai appris, c'est aussi que chacun fait comme il peut avec les ressources qu'il a. Quoi qu'il en soit, laisse les, c'est un problème qui leur appartient et entoure toi des gens qui sont en capacité de t'écouter et de te comprendre et de partager tout cela avec toi (voir ton bébé, organiser sa cérémonie...) A l’hôpital il y a parfois un service d'accompagnement autour du deuil périnatal. J'ai eu ce soutien et c'est très aidant.
Pour ta fille, aie confiance. Parler de cet événement et participer à la célébration sera pour elle aussi très important. Il faut garder le dialogue ouvert pour que ça ne reste pas dans le non-dit.
Je me rend compte que je t'ai tutoyé. J'espère que ça ne te dérange pas, sinon dis le moi!
N'hésite pas à m'envoyer un MP si tu veux échanger d'avantage.
Je te donne tout mon courage.
Sophie
Merci pour ton message Sophie.

Ça été l’épreuve la plus difficile de ma vie, physiquement et moralement. Une péridurale qui ne fonctionne pas, beaucoup d’angoisse lors du geste pour arrêter son petit cœur de battre, la poussée et ce silence si intense derrière. Je suis bouleversée. La première chose que j’ai fais au réveil c’est pleurer.

J’ai pu le rencontrer et à ma grande surprise mon conjoint a changé d’avis et a participé à cette rencontre si indispensable.. j’étais contente qu’il fasse ça avec moi même si ça été déchirant puisque nos seules paroles envers notre fils étaient pleines de culpabilité de notre part mais aussi d’amour...

Cet accouchement m’a brisée. Comment avoir un autre enfant après un tel drame ? Comment se relever ? Ce ventre vide, me serre le cœur. Pourquoi on a dû en arriver là si prêt du but ? Je suis démunie, complètement prise par la fatigue et par son absence.
Maman d’Alessia née le 11/10/2016 ❤️
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Sophie de la lune
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Message par Sophie de la lune »

Natividad a écrit : 08 avril 2020, 09:25 Merci pour ton message Sophie.

Ça été l’épreuve la plus difficile de ma vie, physiquement et moralement. Une péridurale qui ne fonctionne pas, beaucoup d’angoisse lors du geste pour arrêter son petit cœur de battre, la poussée et ce silence si intense derrière. Je suis bouleversée. La première chose que j’ai fais au réveil c’est pleurer.

J’ai pu le rencontrer et à ma grande surprise mon conjoint a changé d’avis et a participé à cette rencontre si indispensable.. j’étais contente qu’il fasse ça avec moi même si ça été déchirant puisque nos seules paroles envers notre fils étaient pleines de culpabilité de notre part mais aussi d’amour...

Cet accouchement m’a brisée. Comment avoir un autre enfant après un tel drame ? Comment se relever ? Ce ventre vide, me serre le cœur. Pourquoi on a dû en arriver là si prêt du but ? Je suis démunie, complètement prise par la fatigue et par son absence.
Natividad,
Ton message est bouleversant et mes replonge 9 mois en arrière.
Je suis heureuse pour toi que tu ai pu partager cela avec ton mari. C'est une chose précieuse. Tu verras, c'est une épreuve pour le couple mais qui au final renforce les liens. Chacun de vous va avancer dans cette épreuve à son rythme et à sa manière. Vos chemins vont sans doute se croiser et se séparer par moment. Même si la manière qu'a l'autre de traverser le deuil peut parfois faire violence, il faut essayer de l'accepter... Avec mon mari, nous avons eu de très beaux moments de partages, mais aussi des moments d’incompréhension mutuelle. Lui avait besoin de se noyer dans le travail pour ne pas penser et de solitude, moi j'avais besoin de parler et d'être entourée...
Comme toi, nos paroles adressées à notre petit étaient remplies d'amour et de culpabilité. Mais cela passe... Avec le temps, vous aurez la certitude que votre décision était la meilleure pour lui, une décision d'amour pour lui éviter une vie de calvaire. Il faut vous dire que au final, c'est le corps médical qui décide vraiment. Ce genre de démarche est étroitement entourée par le comité d'éthique...
Pour ce qui est d'imaginer avoir un autre enfant, il faut un certain temps qui dépend de chaque couple. Ton corps doit d'abord vivre le manque, le vide. Je me rappelle de ce vide atroce... Ton corps doit aussi se remettre aussi de cet accouchement car, oui, tu as bien été enceinte et tu as bien accouché, même si il n'y a pas de bébé pour en témoigner. Et puis, il y a le temps nécessaire pour qu'un nouveau désir d'enfant arrive, non pas pour remplacer ou pour réparer, mais pour accueillir un nouvel être qui ne viendra jamais remplacer l'enfant perdu. Il faut du temps pour cela. Certain couple ont besoin de seulement quelques semaines d'autres de plusieurs années. Pour ma part, nous avons ressenti très vite l'envie d'un nouvel enfant, au bout de seulement quelques semaines, mais ce n'était pas pour les bonnes raisons. Nous n'étions pas prêt. Il m'aura fallu 6 mois pour accepter, me sentir prête et être à nouveau enceinte (j'en suis à trois mois de grossesse et j'attends toujours la prochaine écho pour être rassurée et investir vraiment ce nouveau bébé.) Pour autant, je n'oublie pas Zacharie. J'y repense chaque jour car il a toute sa place dans notre famille.
Je lis qussi que tu te sens démunie. C'est bien normal après un tel choc, une telle épreuve. La parole est un formidable outil pour traverser ces moments douloureux, pour retisser l'histoire et se l'approprier pour qu'elle soit moins douloureuse. Il y a les psy bien sur, les unités d'accompagnement, mais il y a aussi certains amis, certains membres de la famille, les membres de ce forum qui ont vécu ces choses là... Et tu peux écrire aussi... Ça aide beaucoup. Cela permet de mettre hors de soi toutes ces émotions difficiles plutôt que de les garder enfouies. Elles ne feraient que ressortir plus tard...
Et vous, avez vous fait le choix de nommer votre bébé? Était-ce un garçon, une fille? Avez vous choisi d’organiser une sépulture?
Chaque histoire est singulière, unique. Il n'y a pas de bonne ou mauvaise manière de faire, c'est en fonction du ressenti de chacun.
Je reste disponible si tu as l'envie et le besoin.
Je te donne encore beaucoup de courage.
Sophie
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Message par Natividad »

Sophie de la lune a écrit : 13 avril 2020, 12:46
Natividad a écrit : 08 avril 2020, 09:25 Merci pour ton message Sophie.

Ça été l’épreuve la plus difficile de ma vie, physiquement et moralement. Une péridurale qui ne fonctionne pas, beaucoup d’angoisse lors du geste pour arrêter son petit cœur de battre, la poussée et ce silence si intense derrière. Je suis bouleversée. La première chose que j’ai fais au réveil c’est pleurer.

J’ai pu le rencontrer et à ma grande surprise mon conjoint a changé d’avis et a participé à cette rencontre si indispensable.. j’étais contente qu’il fasse ça avec moi même si ça été déchirant puisque nos seules paroles envers notre fils étaient pleines de culpabilité de notre part mais aussi d’amour...

Cet accouchement m’a brisée. Comment avoir un autre enfant après un tel drame ? Comment se relever ? Ce ventre vide, me serre le cœur. Pourquoi on a dû en arriver là si prêt du but ? Je suis démunie, complètement prise par la fatigue et par son absence.
Natividad,
Ton message est bouleversant et mes replonge 9 mois en arrière.
Je suis heureuse pour toi que tu ai pu partager cela avec ton mari. C'est une chose précieuse. Tu verras, c'est une épreuve pour le couple mais qui au final renforce les liens. Chacun de vous va avancer dans cette épreuve à son rythme et à sa manière. Vos chemins vont sans doute se croiser et se séparer par moment. Même si la manière qu'a l'autre de traverser le deuil peut parfois faire violence, il faut essayer de l'accepter... Avec mon mari, nous avons eu de très beaux moments de partages, mais aussi des moments d’incompréhension mutuelle. Lui avait besoin de se noyer dans le travail pour ne pas penser et de solitude, moi j'avais besoin de parler et d'être entourée...
Comme toi, nos paroles adressées à notre petit étaient remplies d'amour et de culpabilité. Mais cela passe... Avec le temps, vous aurez la certitude que votre décision était la meilleure pour lui, une décision d'amour pour lui éviter une vie de calvaire. Il faut vous dire que au final, c'est le corps médical qui décide vraiment. Ce genre de démarche est étroitement entourée par le comité d'éthique...
Pour ce qui est d'imaginer avoir un autre enfant, il faut un certain temps qui dépend de chaque couple. Ton corps doit d'abord vivre le manque, le vide. Je me rappelle de ce vide atroce... Ton corps doit aussi se remettre aussi de cet accouchement car, oui, tu as bien été enceinte et tu as bien accouché, même si il n'y a pas de bébé pour en témoigner. Et puis, il y a le temps nécessaire pour qu'un nouveau désir d'enfant arrive, non pas pour remplacer ou pour réparer, mais pour accueillir un nouvel être qui ne viendra jamais remplacer l'enfant perdu. Il faut du temps pour cela. Certain couple ont besoin de seulement quelques semaines d'autres de plusieurs années. Pour ma part, nous avons ressenti très vite l'envie d'un nouvel enfant, au bout de seulement quelques semaines, mais ce n'était pas pour les bonnes raisons. Nous n'étions pas prêt. Il m'aura fallu 6 mois pour accepter, me sentir prête et être à nouveau enceinte (j'en suis à trois mois de grossesse et j'attends toujours la prochaine écho pour être rassurée et investir vraiment ce nouveau bébé.) Pour autant, je n'oublie pas Zacharie. J'y repense chaque jour car il a toute sa place dans notre famille.
Je lis qussi que tu te sens démunie. C'est bien normal après un tel choc, une telle épreuve. La parole est un formidable outil pour traverser ces moments douloureux, pour retisser l'histoire et se l'approprier pour qu'elle soit moins douloureuse. Il y a les psy bien sur, les unités d'accompagnement, mais il y a aussi certains amis, certains membres de la famille, les membres de ce forum qui ont vécu ces choses là... Et tu peux écrire aussi... Ça aide beaucoup. Cela permet de mettre hors de soi toutes ces émotions difficiles plutôt que de les garder enfouies. Elles ne feraient que ressortir plus tard...
Et vous, avez vous fait le choix de nommer votre bébé? Était-ce un garçon, une fille? Avez vous choisi d’organiser une sépulture?
Chaque histoire est singulière, unique. Il n'y a pas de bonne ou mauvaise manière de faire, c'est en fonction du ressenti de chacun.
Je reste disponible si tu as l'envie et le besoin.
Je te donne encore beaucoup de courage.
Sophie
Félicitations pour ta nouvelle grossesse, je t’envoie plein de bonheur pour que tout se passe au mieux.

Nous avons appelé notre petit garçon Timéo, nous avons souhaité le faire apparaître dans notre livret de famille et nous lui avons organisé un enterrement. Moment déchirant. Nous sommes arrivés au cimetière son cercueil était posé sur une table avec un napperon rouge, la plaque que nous avions demandé avec le dessin du petit prince et la phrase « Timéo, les étoiles entre elles ne parlent que de toi.. ». Je me suis effondrée.

Depuis j’ai envie de passer mes journées près de lui à lui parler, lui dire combien il me manque. Comme tu l’as dis, écrire fait un peu de bien. Alors parfois je lui écris ce que je ressens. L’autre jour je suis restée sur sa tombe une heure, seule, à pleurer et lui parler. Je lui ai dis que je n’avais pas accompli mon rôle de mère car je ne lui ai pas donné la vie.

Nous avons une petite fille de 3 ans et demi mais je suis tellement bouleversée que j’ai du mal à m’occuper d’elle comme avant. C’est encore plus culpabilisant mais elle est tellement pleine de vie et moi remplie de tristesse.
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Sophie de la lune
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Message par Sophie de la lune »

Merci pour tes félicitations mais cette grossesse est emprunte d'anxiété, et il est encore difficile de l'investir. Je ne revivrai plus jamais une grossesse naïve et sereine comme pour mes aînés. Avant chaque échographies étaient un moment de bonheur et de rencontre avec le bébé, maintenant c'est un moment que nous attendons et vivons avec appréhension... On attend la prochaine écho pour savoir si tout va bien. les médecins ne savent pas si le syndrome poly malformatif de Zacharie était génétique dans le sens d'héréditaire ou bien s'il s'agit d'une erreur génétique dans un ovule ou spermatozoïde. Suivant le cas, la situation est très à risque ou non... C'est quitte ou double pour nous... Il faut encore attendre pour savoir...

Timéo, c'est un très joli prénom. L'histoire que tu racontes est très touchante. C'est dur de s’effondrer et en même temps, c'est nécessaire. Cette étape de la sépulture est, je crois, nécessaire, pour espérer un jour se sentir apaisée. Je suis sure que cela a dû être un très beau moment, même si douloureux en même temps. Nous avons aussi décoré le cercueil de Zacharie avec des fanions de tissus. C'était très joli. Nous avons opté pour une crémation et moi aussi je me suis effondrée quand ils ont emmené le cercueil. Nous avons dispersé les cendres au sommet d'une montagne qui surplombe notre maison. Ainsi, nous l'avons tous les jours avec nous.

Tu me parles du manque. Ce vide, cette absence est déchirante et transperce le corps. je m'en souviens avec douleur. Maintenant, ce manque est plus doux, plus délicat. La culpabilité et le sentiment d'échec que tu décris m'ont quitté car je sais maintenant qu'on a prit la meilleure décision pour notre enfant, pour lui éviter une vie de calvaire. C'est pareil pour Timéo. Il n'aura connu que du bon à l’intérieur de toi.

C'est normal que tu ne sois pas pleinement dispo pour ta fille aînée. L'essentiel et de lui parler pour qu'elle comprenne ce qui t'habite et pour éviter que ce soit traumatique pour elle. Il y a des livres aussi pour réussir à parler de tout ça. Mais les enfants sont plein de vie et de ressources. Ils sont bien plus résilients que nous. Ça va aller pour elle, ne t'en fait pas.

Je te souhaite beaucoup de courage pour la suite. N'hésites pas à aller voir Timéo autant que nécessaire, seule ou accompagnée, à pleurer, à parler de lui... Crois moi que jamais tu ne l'oubliera même si ta souffrance s'atténue. Avec le temps, on fini par se sentir mieux, mais tu verras, il y aura des moments difficiles (colère envers ses proches, décalage avec son entourage, manque...) mais aussi des moments plus faciles. Et avec le temps, ca s’apaise.
Tu ne me croira peut-être pas, mais au bout de 9 mois, je m’estime chanceuse d'avoir vécu cela, parceque j'ai eu la chance de connaître Zacharie, mais aussi parceque son histoire m'a donné un enseignement incroyable sur la vie et m'a appris beaucoup de choses, et que son décès a suscité une vague gigantesque d'amour et d’amitié autour de nous. Je lui en suis terriblement reconnaissante.

Tu peux revenir vers moi dés que tu le souhaites, cela me fait aussi du bien d'échanger avec des gens qui comprennent.
Bon courage pour la suite,
Sophie
Natividad
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Message par Natividad »

Mardi 7 avril 2020. Il est 6h30, le réveil sonne. Je dois me lever car j’ai rendez vous à 8h30 au ***** pour une interruption médicale de grossesse. Je me lève pour la dernière fois de mon lit en basculant mon ventre de femme enceinte, je prend une dernière douche en lavant ce ventre rond que j’attendais depuis si longtemps. Impossible de prendre un petit déjeuner, on termine de préparer mon sac pour l’hospitalisation et on prend la route.
Arrivés là bas, je dois me présenter au personnel en disant que je suis là pour une IMG. J’ai honte de le dire, je me sens mère indigne. Pourtant si vous saviez comme j’ai mal, et comme j’ai désiré et aimé ce bébé. On m’amène dans ma chambre et on me fait patienter, seule, car les papas ne peuvent venir qu’en salle d’accouchement à cause de ce coronavirus de merde. Je m’assois sur mon lit et la seule chose que je fais c’est caresser mon ventre. Je vais ensuite prendre une dernière photo de mon fils encore dans mon ventre, déjà nostalgique à l’idée de me dire que d’ici quelques heures, je n’aurais plus de ventre à admirer. On vient ensuite me chercher et Nicolas peut enfin me rejoindre. Nous sommes amenés dans la salle d’accouchement. J’ai tellement attendu ce moment où j’allais enfin entrer dans cette salle, mais bordel, l’issue que je m’étais imaginée pendant ces 7 mois n’était pas celle qui se déroulait à cet instant. Je pensais venir ici pour donner la vie, et je venais finalement pour donner la mort.
La sage femme vient nous voir et nous explique que pendant une IMG l’équipe médicale essaye de laisser le couple seul au maximum, mais qu’on peut les demander à tout moment si on en ressent le besoin. Je vois son regard, elle essaye d’être douce et compréhensive mais personne ne peut savoir à quel point j’ai mal.
L’anesthésiste arrive pour pratiquer la péridurale. Soit disant pour ce type d’accouchement on fait en sorte que la maman ne souffre pas physiquement. La première étape m’a montré tout le contraire. Cette fichue anesthésie m’a donné la nausée, j’étais tellement mal. On venait sans arrêt tester si j’étais correctement anesthésiée et chaque fois je sentais ce coton froid qu’on posait sur mon corps pour voir si j’avais la sensation. Elle ne marchait pas c’était évident. On me disait d’appuyer sur le bouton qui envoie une dose toutes les dix minutes, alors je me suis exécutée. Ça ne changeait rien. On m’a laissé comme ça.
15h30. D’un seul coup, plusieurs personnes arrivent dans la salle. Des visages inconnus. Ils s’équipent tous, s’habillent de blouses, de gants, de charlottes sur les cheveux. Je commence à comprendre qu’ils sont là pour arrêter le cœur de Timéo. Depuis que j’étais debout je le sentais bouger en moi, il était toujours vivant et je me sentais coupable car je me disais que dans quelques instants, il ne vivra plus. On m’installe allongée sur le dos, on me met de l’oxygène, un grand champ devant moi pour ne pas voir l’écran d’échographie. J’étouffe, j’ai envie de vomir, je retiens mes larmes. Je tiens la main de Nicolas et je lui dis : je ne veux plus jamais d’enfant. Il me promet qu’on y arrivera et qu’on aura un jour un autre enfant en bonne santé. Je ne le crois pas. Je sens tout ce qui se passe sur mon ventre, et quand l’aiguille entre dans mon ventre je me dis ça y est, c’est fini. Il est mort. Je l’ai perdu à tout jamais. Quand l’aiguille est retirée le médecin dit la même chose : c’est fini. On m’enlève le champ, et on me demande si je souhaite rester seule avec Nicolas ou si on enchaîne. Je venais de vivre l’instant le plus terrible de ma vie. J’ai demandé à ce qu’on enchaîne et qu’on passe au déclenchement du travail. On me place alors des comprimés dans le vagin pour lancer les contractions puis on nous laisse. On peut enfin craquer et pleurer tous les deux. Je me sens tellement triste, mon bébé est toujours dans mon ventre mais il ne bouge plus.
Deux heures plus tard la sage femme revient et elle décide de passer à un déclenchement par les veines : on me passe alors un produit dans ma perfusion. Quand les contractions arrivent, je n’étais pas censé les sentir. Pourtant, mon corps en a décidé autrement. Je ressentais ces contractions de travail dans le bas ventre, mais uniquement du côté droit. Bien heureusement je savais déjà la douleur que ça inflige, mais j’ai essayé de me rappeler tous les bons conseils de ma sage femme pour les gérer. Toutes les trois minutes, je souffle. Je ne pense à rien, je laisse passer cette douleur. J’appelle l’anesthésiste qui continue de me dire d’appuyer toutes les dix minutes. Mais je n’arrête pas d’appuyer sur ce fichu bouton ! Ça ne fait rien. J’ai mal mais j’apprécie cette douleur, je me dis que je la mérite, qu’il faut que je l’affronte. Au bout de deux heures de contractions, on décide finalement de me donner un produit plus puissant pour m’anesthésier. Ça été horrible, j’ai senti une énorme chaleur dans mon corps, ça me traversait. Ensuite j’étais paralysée, mon dos était bloqué avec un point énorme au milieu. Je me suis mise à vomir. Nicolas me tenait le sac et je lui disais que j’étais en train de m’étouffer dedans, que j’en avais marre de souffrir et que je voulais que ça s’arrête. Je pleurais de souffrance physique, morale. C’était d’une intensité inimaginable. Puis chute de tension. Je redescend à 7, j’ai l’impression que je suis en train de mourir. Je me disais peut être que je vais partir rejoindre mon fils. Finalement, j’essayais de me battre. J’ai pensé à Alessia, notre fille de 3 ans et demi qui a besoin de nous. Chaque fois que je me sentais tomber dans les pommes je rouvrais mes yeux pour revenir à moi, tant bien que mal. J’ai appelé la sage femme car je n’allais vraiment pas bien alors on m’a injecté un nouveau médicament dans ma perfusion pour que je ne vomisse plus. Ça s’est calmé, Nicolas s’est endormi sur son fauteuil. Moi, j’avais l’impression de jongler entre la vie et la mort. Je partais complètement ailleurs puis je revenais à moi et ce, pendant des minutes qui semblaient interminables. D’un coup, j’ai senti mon bébé descendre dans le bassin. Je n’avais jamais ressenti ça pour Alessia, elle était coincée. J’ai réveillé Nicolas je lui ai dis appelle appelle il est là je le sens. Ça me faisait atrocement mal. Il s’est tout de suite levé et il a appuyé sur le bouton d’appel. La sage femme est vite arrivée elle a dit que les choses s’étaient accélérées et que j’étais à dilatation complète. Mais pour m’éviter de trop pousser il fallait qu’il descende encore.
On m’a fait attendre, attendre encore... c’était interminable je ne savais plus comment tenir. Je regardais l’horloge et j’attendais désespérément qu’on revienne me voir pour me faire accoucher. A 1h30 du matin, alors que mon fils était décédé depuis maintenant dix longues heures, j’ai encore senti sa tête arriver. Une douleur atroce, j’essayais de le retenir, j’avais peur d’accoucher là maintenant toute seule. Je paniquais, j’ai cherché le bouton pour appeler la sage femme comme une folle. Elle est arrivée en disant j’allais justement venir pour s’installer. Comment être aussi sereine ? Moi je souffrais je sentais que mon bébé était tout proche de la sortie, je ne supportais plus cette douleur. On m’a encore mise derrière ce fichu champ qui cache l’horreur. Et j’ai poussé, poussé. Nicolas me tenait la tête, je le voyais pleurer et moi j’avais tellement mal au cœur, dans mon corps, dans ma tête. Après 15 minutes de poussée, je l’ai senti sortir et j’ai n’ai eu qu’un seul mot : merci. Merci pour la délivrance merci de me libérer de cette douleur. Sauf que dans la salle le silence était insoutenable. Il n’y a pas eu de bébé qui cri, on ne m’a pas posé mon enfant sur la poitrine comme on me l’avait fait la première fois, je n’ai pas pleuré de bonheur. J’ai dû pousser encore pour délivrer le placenta et on m’a ensuite recousue. J’étais étonnée d’avoir eu une déchirure alors que ça faisait des semaines entières qu’on me disait que j’allais avoir un bébé minuscule. On est restés seuls ensuite. Une dizaine de minutes. Je ne sais même plus si on a pleuré encore. J’étais submergée par tout ce que je venais de vivre. Je regardais mon ventre, redevenu plat. J’étais vide de toi mon amour, tu me manquais déjà. La sage femme est revenue et elle a demandé à Nicolas de sortir car elle allait m’amener Timéo. J’avais souhaité le voir après sa naissance, pour poser un visage sur mon enfant, lui parler. Nicolas n’était pas prêt. Alors il est sorti, et Timéo est arrivé, avec le petit pyjama que j’avais préparé, dans un petit couffin, blotti dans la couverture avec son prénom que je lui avais acheté. J’ai fondu en larmes. La première chose que j’ai dis à mon fils c’est que j’étais désolée. Désolée de t’avoir donné la mort, désolée de ne pas t’accueillir dans notre famille... j’étais inconsolable face à son visage si marqué par cet accouchement, ses yeux fermés à tout jamais. J’avais envie de rester près de lui pendant des heures mais je pensais à Nicolas qui était seul dans un couloir d’hôpital, en pleine nuit. Je l’imaginais pleurer tout seul, l’esprit rempli de toute cette journée. J’ai pris mon téléphone et je lui ai dis de me dire quand il souhaite revenir près de moi pour que je leur demande de prendre Timéo. Et il m’a demandé si je souhaitais qu’il vienne près de moi.. je lui ai dis tu veux le voir ? Il a répondu un simple « j’arrive ». J’étais tellement heureuse qu’il vienne avec nous, qu’il prenne le courage de le voir alors qu’il s’en sentait incapable jusqu’à présent. Mais j’avais toujours respecté son choix. Il est entré et comme moi, il s’est effondré. J’ai encore le cœur en miettes de le revoir aussi malheureux. Alors je me suis excusée à lui aussi. Il me disait c’est pas de ta faute. Pourtant je me sentais tellement coupable, j’avais rêvé de lui offrir enfin son petit garçon tant désiré, j’étais si prêt du but.. je l’observais assis, en larmes, avec son fils dans les bras. Je les trouvais tellement beaux tous les deux, j’avais tellement hâte de revoir l’homme que j’aime avec notre bébé dans les bras. Mais notre fils était mort. Et il fallait l’accepter.
Quand Nicolas a trouvé que c’était suffisant pour lui, il m’a demandé d’appeler quelqu’un pour qu’on prenne Timéo. On s’est retrouvé seuls, dans cette salle si silencieuse, les yeux pleins de larmes. On s’est quittés à 5h du matin. Lui est rentré chez nous, moi je suis partie en chambre. Comment trouver le sommeil après une telle journée ? J’avais mal partout. Finalement j’étais si épuisée que je me suis endormie sans même attendre de savoir si Nicolas était bien rentré.
J’ai pu dormir 2h. A 7h30, on venait frapper à ma porte de chambre pour m’amener un petit déjeuner. Je me suis installée pour boire mon café et je pleurais devant mon plateau. Mon fils me manquait, j’étais fatiguée, vidée. En fin de matinée, miracle, on m’a proposé de m’amener mon bébé dans ma chambre. J’ai tout de suite accepté. J’ai encore pleuré, mais qu’est ce que j’étais bien en même temps. Je voyais enfin mon bébé, celui que j’ai imaginé pendant 34 semaines, celui que j’ai attendu et qui s’est installé dans mon corps alors que je n’y croyais plus. Il était beau, ses petites mains si adorables, son petit nez aussi. Je n’ai pas cessé de le tenir au creux de mes bras, de l’embrasser, de lui dire que je l’aime. J’ai demandé à le garder une heure avec moi et le temps est passé si vite. Quand on est venu le chercher j’ai dis « déjà ? ». Dès qu’on me l’a pris des bras il m’a manqué. C’est tellement dur. Je suis restée enfermée dans cette chambre d’hôpital toute la journée, à attendre que le temps passe. Le lendemain je savais que notre enfant allait être enterré à Revel, près de nous. Que notre deuil allait pouvoir démarrer. Je n’ai pas arrêté de me poser la même question en boucle : comment vivre après ça ? J’essayais de penser à notre fille bien sur, mais la tristesse a toujours pris le dessus sur tout le reste. Je suis enfin sortie de cet hôpital le lendemain et quand j’ai vu que la vie continuait autour de moi, que le soleil brillait, j’avais mal. Car mon monde à moi, venait de s’écrouler. J’ai retrouvé Nicolas qui m’a tellement manqué depuis l’accouchement. Et nous sommes allés ensemble dire au revoir à notre enfant. Il était en paix, toujours emmitouflé dans sa couverture. Son visage était apaisé. Mais nous, nous étions brisés. Encore une fois, nous étions pris par le chagrin. On l’a embrassé chacun notre tour, nous lui avons dit à quel point nous l’aimions. On a glissé un dessin de sa grande sœur dans son cercueil, puis on a pris quelques dernières photos. J’ai réalisé que je ne verrais plus jamais son visage, que je ne prendrais plus sa main dans la mienne. Mon cœur était en miettes. Comment vivre après ça ? Je me posais encore et encore la même question.
Nous avons pris la route jusqu’à Revel, j’ai retrouvé ma fille, ma magnifique petite fille. Elle était toujours aussi heureuse, bien dans sa tête alors que moi, j’étais malheureuse. De son jeune âge, elle ne pouvait pas comprendre à quel point ses parents étaient tristes. J’étais contente qu’elle ne subisse pas la situation même si plus tard, j’ai eu du mal à la voir si insouciante alors que j’étais brisée de mon côté. L’après midi meme nous avions rendez vous au cimetière. A 14h, nous sommes arrivés devant le cercueil, posé sur une table avec un napperon rouge. J’ai pleuré la première. Comment faire pour accepter tout ça ? Comment se relever ? Comment ne pas avoir envie d’être sous terre avec son enfant ? J’étais remplie de peine, une peine qu’aucune mère ne devrait connaître. Je n’ai pas voulu faire durer l’enterrement, c’était trop dur pour nous deux.
Depuis ce jour nous avons entamé notre deuil. De mon côté, j’ai été incapable de m’occuper de ma fille alors que c’est pour elle que je tiens encore debout aujourd’hui. Je n’ai plus réussi à assurer mon rôle de maman, je n’y arrivais plus maintenant que j’avais demandé à ce qu’on arrête de faire battre le cœur de notre bébé. J’ai envie de passer des heures près de la tombe de Timéo, c’est le seul endroit où je me sens bien, où j’arrive à vider mon sac. Le temps apaisera peut être tout ça, même si je pense que ça sera très long.
Mon amour, je pense à toi très souvent. Je t’aimerais toute ma vie.
Modifié en dernier par AlineR le 19 avril 2020, 08:32, modifié 1 fois.
Raison : Les noms d'instituts sont interdits
Maman d’Alessia née le 11/10/2016 ❤️
Mamange de Timéo, IMG à 34 SA le 08/04/2020 ❤️
En essai bébé arc en ciel ❤️🙏
Juli1
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Re: IMG le 7/04 à 34 SA

Message par Juli1 »

Chère Natividad,
Ton message a ravivé en moi tellement de souvenirs de notre IMG. J'en ai les larmes aux yeux, d'une part pour mon fils, d'autre part pour vous qui devez traverser la même douloureuse expérience. C'est tellement injuste.
Quand je te lis je retrouve l'état d'esprit que nous avions avec ma compagne il y a un an, et je réalise aussi le chemin que nous avons parcouru depuis. L'absence de notre fils est toujours douloureuse, mais cette douleur s'est atténuée, et nous avons appris à vivre avec ...
Nous pensons toujours à lui tous les jours.
Avez vous pu ou souhaiter voir le psychologue de la maternité?
Julien, Équipe de modération de Petite Emilie
Papa d'un garçon né sans vie au printemps 2019 (34SA) & d'un bébé DPI né mi-janvier 2022
"Cela aussi passera" Légende Perse
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