Bonjour,
Je vous écris ce message car je suis en pleine insomnie. Il y a 24h, j’étais enceinte de 12SA, sur mon petit nuage. Après des essais "naturels" pendant plus d’un an suivis d’un parcours en PMA où, par grande chance, je suis tombée enceinte à la première stimulation ovarienne. J’avais ma première échographie dans une semaine.
Le matin en m’essuyant après la miction, je découvre des pertes brunes. J’en parle à ma mère qui me dit de voir un médecin. J’appelle ma sage-femme de ville qui ne répond pas et ne me rappellera jamais. Honteuse, je vais frapper en service de gynécologie (je travaille dans un CHU) pour demander conseil. On me dirige vers les urgences gyneco. Encore plus honteuse de déranger, je vais aux urgences, je me confonds en excuses de les déranger pour de petites pertes qui ne sont probablement rien. Deux externes me reçoivent et me disent que j’ai bien fait de venir. Ils me posent des questions et me disent que l’interne va passer me faire une échographie de contrôle. Après une bonne trentaine de minutes seule dans la pièce, une femme entre et se présente comme la gynécologue. Je comprends qu’il s’agit du médecin senior. Je comprends mais je continue à garder espoir. Elle pose la sonde sur mon ventre. Son visage est stoïque, aucune émotion n'est visible mais les secondes de silence deviennent des heures. Je comprends mais je refuse. Elle me dit que c’est trop petit et me demande si elle peut passer en endo-vaginal. Je comprends mais je refuse toujours. En endo-vaginal, nouveau silence. Je finis par pleurer avant l’annonce. Le fameux "je suis désolée Madame, je ne vois pas d’activité cardiaque". Je pleure. Beaucoup. Ensuite j’apprends qu’au vu de la taille de ce que j’appelle mon "bébé", même s’il ne s’agit "que" d’un embryon, il est mort dans mon ventre depuis près d’un mois (8SA).
Je me déteste, j’ai le sentiment de ne pas avoir eté suffisamment à l’écoute de mon corps. La migraine de 5 jours qui n’en finissait plus. La disparition de mes nausées que j’ai attribué à la fin du 1er trimestre. L’absence d’évolution de poids depuis quelques temps. Mon ventre qui a dégonflé. Tout aurait du m’alerter.
Je déteste mon corps. Le corps d’une femme de 39 ans qui n’arrive plus à enfanter, qui n’arrive plus à ovuler et, quand on lui donne un coup de pouce médical, qui n’est pas capable de maintenir mon bébé en vie. Ce corps qui me trahit et m’empêche de donner un petit-frere ou une petite sœur à mon petit garçon de 2 ans.
Dans 5h, je serai de nouveau à l’hôpital pour le curetage. Cela va durer la journée. Je suis scindée entre l’idée d’en terminer au plus vite et celle de garder encore un peu mon bébé pour moi. A 8 SA, je me dis qu’il va être jeté dans une poubelle de déchets organiques et être brûlé, sans que je puisse lui dire aurevoir et l’imaginer autrement que dans mes pensées.
Je me trouve ridicule et non légitime de pleurer sur mon sort vis-à-vis des parents qui perdent un enfant beaucoup plus tardivement dans la grossesse ou à la naissance. Je me trouve non légitime de pleurer sur une fausse couche précoce alors que c’est ultra fréquent et banalisé (du moins du point de vue medical).
Mais la douleur est là. La douleur mélee à la peur. La peur de tout recommencer. La peur désormais d'être enceinte. Car je ne vivrai plus jamais une grossesse sereinement. La peur de perdre encore un bébé ou d’avoir un bébé malade, au vu de mon âge. A 39 ans j’ai tellement envie de ce 2e enfant. C’est viscéral mais les statistiques sont contre moi et j’ai l’impression de me battre en vain. L’entourage de mon conjoint me culpabilise encore plus. Ma belle-mère me dit de "lâcher prise". La grand-mère me dit d’arrêter de forcer le destin. Je suis perdue. Je me sens coupable de la mort de ce petit être. J’en veux à la terre entière. A ma sage-femme qui n’a même pas pris la peine de me rappeler, à la PMA qui m’a abandonnée aussitôt que mon test de grossesse était positif alors que j’aurais peut-être eu besoin d’une surveillance médicale plus rapprochée, à mon conjoint qui ronfle à côté de moi pendant que j’écris ce message, à ma meilleure amie qui n’a pas trouvé les mots à la hauteur de ce que j’attendais d'elle dans cette épreuve.
Fausse couche silencieuse
Re: Fausse couche silencieuse
Malo,
Tout mon soutien pour cette épreuve si dure, si injuste. Ta peine est légitime, et tu as milles raisons de l'exprimer. L'entourage n'est pas très fin, selon leur propre parcours vers la maternité certains vont trouver les mots, d'autres vont minimiser tes maux. Mais garde confiance, on découvre dans ces moments-là des soutiens, parfois auxquels on ne s'attendait pas.
La perte de confiance en notre corps de femme, en notre corps de maman est malheureusement un sentiment que nous sommes nombreuses à partager. La peur de ne jamais connaître une nouvelle grossesse est aussi compréhensible, un pas après l'autre l'espoir revient. Je n'ai pas de recette à te partager, peut être d'en parler, avec des professionnels, avec des proches attentifs. Quand on commence à parler des difficultés du parcours vers la maternité on découvre le nombre considérable de femmes aux parcours silencieux...Chaque histoire est différente, chaque parcours est unique, mais les peines que l'on traverse et que l'on garde au fonds de nos cœurs résonnent ensemble.
Je t'envoie beaucoup de courage pour aujourd'hui et les jours à venir. J'espère que tu seras bien accompagnée par l'équipe médicale. N'hésite pas à venir échanger, écrire, lire, à parler avec des personnes soutenantes, tu n'es pas seule
.
Plein de force
Tout mon soutien pour cette épreuve si dure, si injuste. Ta peine est légitime, et tu as milles raisons de l'exprimer. L'entourage n'est pas très fin, selon leur propre parcours vers la maternité certains vont trouver les mots, d'autres vont minimiser tes maux. Mais garde confiance, on découvre dans ces moments-là des soutiens, parfois auxquels on ne s'attendait pas.
La perte de confiance en notre corps de femme, en notre corps de maman est malheureusement un sentiment que nous sommes nombreuses à partager. La peur de ne jamais connaître une nouvelle grossesse est aussi compréhensible, un pas après l'autre l'espoir revient. Je n'ai pas de recette à te partager, peut être d'en parler, avec des professionnels, avec des proches attentifs. Quand on commence à parler des difficultés du parcours vers la maternité on découvre le nombre considérable de femmes aux parcours silencieux...Chaque histoire est différente, chaque parcours est unique, mais les peines que l'on traverse et que l'on garde au fonds de nos cœurs résonnent ensemble.
Je t'envoie beaucoup de courage pour aujourd'hui et les jours à venir. J'espère que tu seras bien accompagnée par l'équipe médicale. N'hésite pas à venir échanger, écrire, lire, à parler avec des personnes soutenantes, tu n'es pas seule
Plein de force
Maman d'une princesse (née en mars 2019)
D'un petit trésor parti trop tôt (IMG T21 mars 2022)
D'une petite puce partie trop tôt (ISG T21 mai 2025)
Et d'un petit cœur attendu pour l'automne
>>> viewtopic.php?t=4817
D'un petit trésor parti trop tôt (IMG T21 mars 2022)
D'une petite puce partie trop tôt (ISG T21 mai 2025)
Et d'un petit cœur attendu pour l'automne
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Re: Fausse couche silencieuse
Bonjour Malo,
Toutes mes condoléances pour ton bébé.
Peu importe le stade où la grossesse s'interrompt, ta tristesse, ta colère et ta douleur sont légitimes.
Tu dois faire le deuil de ta grossesse, de ton bébé et de l'avenir que tu avais imaginé pour lui dans ta famille. C'est un deuil multiple, douloureux et malheureusement encore fort tabou.
Tu as le droit de pleurer ton bébé.
Je suis sincèrement désolée que tes proches soient si peu soutenants.
Je sais que c'est difficile en ce moment, mais sois indulgente envers toi-même. Tu n'es pas responsable de la perte de ton bébé. Tu n'as pas mal agi. Tu n'as pas été négligente. Tu n'es coupable de rien, si ce n'est d'aimer ce tout petit être dont le cœur s'est arrêté.
Quand les choses se passent mal et que nous devons dire adieu à notre tout petit, je pense que nous cherchons toutes nos erreurs. Nous perdons confiance en notre corps. Nous doutons de notre capacité à pouvoir donner la vie. C'est normal, même si ce n'est pas forcément rationnel.
Je t'envoie tout mon soutien pour cette journée qui s'annonce difficile. J'espère que le corps médical sera empathique et que tu seras bien soutenue durant cette épreuve.
Je pense fort à toi et à ta petite étoile.
Toutes mes condoléances pour ton bébé.
Peu importe le stade où la grossesse s'interrompt, ta tristesse, ta colère et ta douleur sont légitimes.
Tu dois faire le deuil de ta grossesse, de ton bébé et de l'avenir que tu avais imaginé pour lui dans ta famille. C'est un deuil multiple, douloureux et malheureusement encore fort tabou.
Tu as le droit de pleurer ton bébé.
Je suis sincèrement désolée que tes proches soient si peu soutenants.
Je sais que c'est difficile en ce moment, mais sois indulgente envers toi-même. Tu n'es pas responsable de la perte de ton bébé. Tu n'as pas mal agi. Tu n'as pas été négligente. Tu n'es coupable de rien, si ce n'est d'aimer ce tout petit être dont le cœur s'est arrêté.
Quand les choses se passent mal et que nous devons dire adieu à notre tout petit, je pense que nous cherchons toutes nos erreurs. Nous perdons confiance en notre corps. Nous doutons de notre capacité à pouvoir donner la vie. C'est normal, même si ce n'est pas forcément rationnel.
Je t'envoie tout mon soutien pour cette journée qui s'annonce difficile. J'espère que le corps médical sera empathique et que tu seras bien soutenue durant cette épreuve.
Je pense fort à toi et à ta petite étoile.
Manon, Équipe de modération de Petite Emilie
Pépinette, IMG à 17SA pour T21 - 28/03/2024
Louis, notre Petit Espoir - 05/03/2025
Pépinette, IMG à 17SA pour T21 - 28/03/2024
Louis, notre Petit Espoir - 05/03/2025
Re: Fausse couche silencieuse
Bonjour Malo,
Je suis vraiment désolé de t’accueillir ici. La tristesse n’est pas proportionnelle à l’âge gestationnel. Ta peine est légitime.
Et que c’est dommage de ne pas avoir le soutient suffisant autour de toi. Ici tu peux te confier.
J’espère que le curetage s’est bien passé.
Personnellement j’ai subi une IMG à 18 SA le 28/8. Grossesse également issu d’un parcours PMA. Donc je comprends la peine à retourner dans ce parcours. Bien que comme toi, j’ai eu de la chance que ça fonctionne du premier coup.
Bon courage.
Tiphanie
Je suis vraiment désolé de t’accueillir ici. La tristesse n’est pas proportionnelle à l’âge gestationnel. Ta peine est légitime.
Et que c’est dommage de ne pas avoir le soutient suffisant autour de toi. Ici tu peux te confier.
J’espère que le curetage s’est bien passé.
Personnellement j’ai subi une IMG à 18 SA le 28/8. Grossesse également issu d’un parcours PMA. Donc je comprends la peine à retourner dans ce parcours. Bien que comme toi, j’ai eu de la chance que ça fonctionne du premier coup.
Bon courage.
Tiphanie