Mon parcours entre deuil périnatal et éducation de mon aîné

[Lea66]

Bonjour à toutes et à tous,

Je m’appelle Léa, j’ai 32 ans et je suis maman d’un petit garçon de 4 ans. L’année dernière, nous avons dû faire face à une interruption médicale de grossesse, une épreuve que je n’imaginais pas traverser un jour.

Aujourd’hui, je ressens le besoin d’échanger avec des parents qui, comme moi, vivent ce deuil tout en continuant à avancer dans leur rôle de parent et dans l’éducation de leur enfant déjà présent. J’avoue que je me pose beaucoup de questions : comment trouver les mots justes pour expliquer l’absence à un jeune enfant ? Comment préserver son innocence tout en respectant la vérité ? Comment gérer nos propres émotions pour ne pas trop les transmettre ?

Je sais que beaucoup ici ont un parcours similaire, et j’aimerais beaucoup lire vos témoignages, vos astuces et vos petits conseils du quotidien pour réussir à conjuguer deuil et éducation bienveillante.

Merci d’avance pour vos partages si précieux.

[Monroe2023]

Bonjour
Je me permets de répondre a ce témoignage.

Mon img date de février dernier, mon aînée (17mois à ce moment là) était très investie dans la grossesse. L'équipe médicale m'a conseillé de poser les mots et de lui expliquer les choses, jai eu une brochure avec des livres pour enfants sur le sujet. Personnellement je me suis aidée de l'application grossesse+ pour lui expliquer la malformation de sa petite soeur et le processus de l'img.
Après l'accouchement, ma fille m'a complètement rejetée jai très mal vécu la situation mais je ne pleurais pas devant elle. J'ai acheter un coffret pour ranger les effets de sa petite soeur, je lui ai montrer plusieurs fois et elle a voulu "jouer" avec les photos malgré ma peur qu'elle les déchire, je lui ai proposé les regarder.
Depuis ce moment notre relation a retrouvé son équilibre.
Je suis actuellement enceinte de 9sa , je l'ai dit à mon aînée mais elle refuse le sujet, je n'insiste pas et je laisse temps faire les choses.

[melcaran]

Bonsoir Léa,

Toutes mes condoléances pour la perte de ton tout petit. Nous n'imaginons pas traverser de telles épreuves et personne ne devrait avoir à les affronter... La douleur, la tristesse et toutes les interrogations se mêlent.

Lors de la perte de notre fils, sa grande soeur avait 3 ans (comme ton grand si je ne me trompe pas). J'étais aussi très inquiète pour elle. Nous lui avons expliqué les choses telles qu'elles étaient avec des mots simples et sans équivoque ("mort" plutôt que "parti" par exemple), nous avons essayé (et essayons encore et toujours) de ne pas anticiper ses questions tout en répondant à toutes celles qu'elle nous posait (ou pose encore). Ça c'était un conseil d'une psy de l'hôpital et vraiment je la remercie tout particulièrement pour celui-ci, car les questions évoluent avec le temps. Et elle ne pose que les questions auxquelles elle a besoin de reponse. Parler de la mort avec un enfant est (à mon sens) beaucoup plus simple que d'en parler avec la majorité des adultes (il n'y a pas de tabou, et finalement moins de peur). Nous avons un livre intitulé "Un petit frère pour toujours" (c'est elle qui l'a trouvé), c'est un support très joli, qui nous correspondait bien. Elle m'a vu beaucoup pleuré et cela m'inquiétait aussi, je lui explique que ce n'est pas de son fait, que c'est simplement que je suis triste et que ça ne m'empêche pas d'être heureuse d'être avec elle. Aujourd'hui nous vivons un nouveau deuil périnatal, et si je m'inquiète de l'impact que notre histoire aura sur elle je suis aussi plus confiante. L'amour reste plus fort, nos petits trésors font partis de notre histoire de famille, ils nous accompagnent pour toujours dans nos cœurs. Et puis maintenant je sais que la tristesse n'empêche en rien l'amour et que la joie pourra revenir...

Comment te sens tu aujourd'hui ? Est ce que ton grand s'interroge sur cette tempête que vous avez traversée ?

Tendres pensées à nos enfants,
dans nos cœurs et dans nos bras

[Malorie]

Bonjour,
Chaque enfant réagit différemment et même dans le temps.
Le notre allait avoir 2 ans quand on a commencé à apprendre que notre petite fille avait des malformations au cœur pendant la grossesse et l'img à eut lieu 1 semaine après son anniversaire. On lui a tout expliqué, avec des mots d'enfants. Sur le moment, il était triste mais ça allait mais il vous a vu aussi toucher le fond avec son papa. On a eu la chance de pouvoir se relancer dans une nouvelle grossesse et avoir une autre petite fille, en vie et en forme l'année qui a suivi, et cette petite sœur est devenue sacrée à ses yeux. 2 ans et demi plus tard, il ne se passe pas un jour sans qu'il nous marque de Margot, sa 1ere petite sœur. Il en parle pour rappeler qu'elle était dans mon ventre, qu'elle est morte, ailleurs et nous pose un tas de questions diverses et variées. C'est à la fois mignon car il pense à elle mais aussi pas un jour passe sans qu'on ne puisse ne pas trop y penser. On a toutefois avec notre aîné des troubles de l'émotion +++. On a essayé psy, de l'homéopathie, des exercices via la gym, une psychomotricienne, la psy scolaire car ça part dans tous les sens. Un peu comme s'il ne autorisait pas à être heureux comme un petit garçon de 4 ans et demi, il peut tout faire partir en vrille si un trop plein d'émotions le prend. On nous parlait à un moment de tdah mais ça ne collait pas pour autant. Puis l'autre jour, la pédiatre a tout simplement formulé le fait "il est traumatisé votre fils, c'est tout. C'est peut-être brutal comme manière de vous le dire mais lui à son âge n'arrive pas à surmonter tout ce qu'il a vécu à son niveau et avec vous et c'est trop. Il est encore petit mais ce serait de l Emdr qui pourrait l'aider". Alors on essaie de trouver quelqu'un qui pourrait le prendre en séances et de l'accompagner au mieux dans son quotidien.
Sa 2e petite sœur quand à elle semble sereine, pour le moment. Elle aussi, on lui a tout expliqué mais du haut de ses 16 mois, cela semble ok.
Je pense qu'effectivement il faut leur en parler et en reparler de temps en temps et rester alerte dans le temps car ça les secoue effectivement. Tant de perdre un frère ou une sœur qu'ils ne connaîtront jamais avec eux, mais aussi de nous voir en tant que parents si tristes et chamboulés. En plus, ces aînés sont vraiment nos rocs et nos leitmotiv pour remonter la pente et apprendre à vivre avec cette peine.
Une chose est sûre, c'est qu'on les aime encore plus fort.