Difficultés à concevoir, déni de grossesse et IMG

Citron
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Difficultés à concevoir, déni de grossesse et IMG

Message par Citron »

Bonjour,

Merci pour tous vos témoignages qui m'aident beaucoup dans cette situation difficile.

Je me lance à mon tour en espérant que cela m'aide un petit peu à avancer.

J'ai 33 ans, autour de moi, toutes mes amies sont tombées enceinte, ont eu des enfants, sans aucun problème.

De mon côté, cela prend du temps. Je consulte un premier gynéco qui me dit d'être patiente... puis au bout d'un an, un autre spécialisé dans les problèmes d'infertilité qui me diagnostique en novembre un syndrome des ovaires polykistiques ainsi qu'une cloison dans l'utérus. Mon mari fait un spermogramme qui nous a beaucoup inquiété (99% de formes irrégulières), mais pour le gynéco cela n'est pas problématique car le volume est important.
Je fais des analyses complémentaires (radio, IRM) et le gynéco me propose d'opérer la cloison en avril. Finalement avril arrive et je n'ai toujours pas de date. Il finit par me dire qu'il ne pourra pas m'opérer lui et m'oriente vers un confrère. Nous bloquons un premier RDV en mai avec le gynéco et l'anesthésiste. RDV qui sera annulé par SMS sans aucune explication quelques jours avant... J'ai essayé d'appeler, mais entre les ponts du mois de mai tout le monde était en vacances.

J'ai fini par prendre RDV avec un 3e gynéco pour parler de ma situation et envisager enfin cette opération.

Entretemps, ma belle-soeur m'apprend qu'elle est enceinte (du premier coup... alors qu'ils commençaient à peine à essayer). Cela m'a beaucoup énervée mais mon compagnon m'a fait la réflexion que ça faisait longtemps que je n'avais pas eu mes règles (avec le SOPK, elles sont tellement aléatoires que pour moi c'est normal) et sans y croire (moi j'y croyais à 0%, mon mari à 20%), nous faisons un test qui s'avère positif ! Le lendemain idem. La prise de sang indique que je suis à peu près à 6 semaines de grossesse. On est heureux de cette bonne surprise, on commence à se projeter. En plus, grossesse en même temps que ma belle soeur, les cousins auront le même âge, c'est parfait !

Très heureuse, je réponds à un mail de mon oncle pour une cousinade en aout, je me dis qu'on l'annoncera à toute la famille à ce moment là. Mon oncle m'appelle et me dit qu'il ne sait pas si la cousinade aura lieu, que le timing n'est pas bon (j'avais reçu le mail en mars et j'avais fait trainer la réponse jusqu'à mai). Son fils d'une trentaine d'années est en phase terminale et devrait mourir dans les jours qui suivent. Je mets mon bonheur entre parenthèse.

Deux jours après, je vois le 3e gynéco qui confirme la grossesse mais m'annonce que j'en suis à 3 mois. Le ciel me tombe sur la tête (je n'ai eu aucun symptômes !) mais je suis contente. Avec la cloison, les risques de fausses couches sont plus élevées et si je n'en ai pas fait jusque là, c'est que le bébé est bien accroché.
J'ai quand même deux inquiétudes : la trisomie (j'attends les résultats) et des complications liées à la prise d'un médicament anti paludisme lors d'un voyage au 2e mois de grossesse. Mon compagnon est rassurant. A notre âge, la trisomie c'est 1 cas sur 700 et, suite à nos recherches, rien n'indique que le médicament que nous avons pris pose problème.

Le lendemain de cette premier échographie, j'apprends la mort de mon cousin. Je mets à nouveau ma grossesse entre parenthèse mais j'ai un pressentiment, pour moi les destins de mon cousin et de mon bébé sont liés et j'espère que rien ne va arriver.
On passe quand même un très bon moment lors de la fête des mères. On l'annonce à nos familles, on fait des photos avec un petit coeur sur mon ventre. On est heureux, insouciants.

Enfin, presque car je pensais toujours à la trisomie ou à un éventuel arrêt cardiaque... mais pas à ce que nous appris le sage-femme (le jour de l'anniversaire de mon mari...!)
Tout commence bien, il nous montre le nez, les yeux... Il est un peu agacé car il y a peu de liquide amniotique, il me dit de boire davantage. Puis, il voit le coeur, passe beaucoup de temps dessus et nous annonce qu'il y a une malformation "et... ce n'est pas tout". Il évoque un rein unique, polykistique, des pieds bots, une artère unique... Il nous fait comprendre que c'est assez grave et qu'en général, cela ne se reproduit pas sur les prochaines grossesses. Moi, je suis en état de choc, je veux me débarasser au plus vite de cette créature, de ce cancer qui grandit en moi.

Il nous dit qu'il va faire en sorte qu'on soit reçus rapidement par le centre de diagnostic prénatal. Nous n'avons rien à faire à part attendre qu'on nous recontacte. J'attends toute la journée, et le lendemain aussi toute la journée, rien... à part le 3e gyneco qui m'envoie les résultats de la trisomie (aucun problème de ce côté), sans un commentaire sur les malformations. Suite à mes questions, il confirme qu'il est au courant de la situation, me dit qu'on va être reçus par le centre de diagnostic prénatal avant de bloquer la conversation sur Doctolib. Je me sens tellement seule et démunie face à ce grand malheur. J'aurais aimé un peu de compassion, d'humanité mais non, il faut se débattre.
En plus, je suis quasiement sûre d'avoir des pertes de liquide amniotique depuis au moins le 2e mois de grossesse. Je pensais à des fuites urinaires et, quand j'ai appris pour la grosssesse, je me suis dit "c'est normal, le bébé appuie sur ma vessie". J'avais voulu en parler au 3e gynéco, mais j'étais tellement surprise de l'annonce des 3 mois que je n'ai pas eu le temps d'en parler, la consultation a été un peu expéditive. Après coup, quand le sage femme m'a dit de boire plus, j'ai fait le lien et je me suis promis d'en parler lors du RDV au centre de diagnostic prénatal.

Mais ce n'est pas pour tout de suite, car, bien sûr on tombe encore sur un pont en mai... Jour férié, je sais qu'on ne va pas m'appeler et je suis très stressée car je dois prévenir mon travail de mon absence... Finalement, n'en pouvant plus, j'appelle les urgences de l'hopital qui confirment le RDV. Cela me soulage d'avoir enfin une date et de me projeter un petit peu.

Entre temps, je repense à une ancienne collègue qui nous avait raconté qu'elle avait perdu son bébé et avait dû accoucher. Je l'appelle et notre échange m'aide beaucoup. Elle a perdu son bébé au même stade que moi, elle me parle du médecin (le même que celui va me recevoir), de l'accouchement (moi je pensais naïvement m'en sortir avec une aspiration, être absente 2 jours et revenir comme si de rien n'était), de la psychologue du service, du fait qu'on peut choisir de donner un nom, d'inscrire l'enfant sur le livret de famille, organiser des obsèques.
Je réalise enfin la situation, nous en parlons avec mon compagnon, nous trouvons des prénoms. Cela m'apaise. On est quasiment sûr qu'il faudra faire une IMG. De mon côté, j'ai envie que ça aille vite mais j'ai peur de devoir attendre des résultats complémentaires, que les médecins ne soient pas d'accord, s'acharnent...

Finalement, après une semaine de pleurs, de questionnements, d'inquiètude où tout me parait vain et dérisoire, le RDV au centre de diagnostic arrive et il n'y a aucun doute, tout ce qu'a vu le sage-femme est confirmé et cela n'a rien à voir avec le médicament anti paludisme (ouf, au moins je ne suis pas coupable, ni négligente !)
Le médecin nous explique que, conformément au protocole, il faut que le comité de médecin se réunisse pour confirmer la demande d'IMG mais que dans notre cas, il n'y aura pas de problème, elle sera acceptée. Je peux déjà plannifier la date de l'accouchement (à pile 4 mois de grossesse) et je rencontre l'anesthésiste et le généticien dans la foulée. Par contre, on ne fait pas de test pour les fuites urinaires / de liquide amniotique. A ce stade, ça ne change rien, mais j'aurais aimé savoir pour une future grossesse...
Et, en plus, pas de chance, la psychologue du service est partie à la retraite et sa remplaçante n'arrive quand dans plusieurs mois... De mon côté, je prends RDV avec une psychologue. Cela ne sera pas pris en charge... mais bon, tant pis, le matériel, dans ces cas là, ça passe après... J'ai déjà fait deux dépressions et il est hors de question que j'en fasse une troisième.

Je passe encore quelques jours à pleurer mais je profite aussi de ces jours avant l'accouchement pour profiter des derniers moments avec mon bébé, à qui je n'ai pas pu accorder beaucoup d'importance jusque là (entre le déni de grossesse, le deuil de mon cousin, l'annonce des malformations...).
Je commence à en parler autour de moi, j'essaie de m'occuper, de me reposer, d'organiser des petits moments en famille mais c'est difficile.

J'ai du mal à comprendre mon mari qui ne parait pas si triste. Je sais qu'il veut me protéger mais j'ai l'impression qu'il me rejette. Il avance les travaux, n'a pas besoin de mon aide (alors que moi je ne demande qu'à m'occuper pour penser à autre chose !)... Il n'a jamais beaucoup parlé de ces sentiments, j'ai du mal à savoir s'il va vraiment bien. Il devait appeler les pompes funèbres mais ne le fait pas. Je pense que c'est par flemme mais, en fait, il a envoyé des mails et je comprends qu'il n'a pas envie d'appeler et d'expliquer notre situation de vive voix. Moi j'aimerais qu'il fasse quelque chose pour ce bébé., j'ai besoin de sentir que je ne suis pas seule dans cette histoire. On en a parlé, j'espère que ça va aller, qu'on va rester soudés et qu'on va arriver à surmonter ça.

Je suis aussi très triste car j'avais espoir de m'en tirer rapidement, de pouvoir reprendre ma vie normale, c'est à dire reprendre le travail et faire du sport intensif 4 fois par semaine (surtout en ce moment pour me défouler, j'en aurais bien besoin !) mais j'ai bien compris qu'il fallait du temps pour que le corps se remette et que, malheureusement, ce ne sera pas pour tout de suite...

J'ai vu beaucoup de témoignages de femmes ayant déjà un enfant dire qu'elles tenaient bon grâce à leur fils ou à leur fille.
Qu'en est-il des femmes qui n'ont pas encore d'enfant ? Comment avez-vous fait pour combler ce vide ?

Pour celles qui ont eu des difficultés à tomber enceinte la première fois, avez-vous réussi à tomber enceinte rapidement après l'IMG ?

Concernant le papa, avez-vous des conseils pour aider à fluidifier le dialogue ?

Enfin, pour celles dont le travail n'était pas encore au courant de la grossesse, en avez-vous parlé ? Si oui, quelles ont été les réactions ?


Merci de m'avoir lue, c'était un peu long mais ça m'a fait du bien de poser des mots sur tout ce que je vis.
Léon, IMG à 19SA (11 juin 2025)
Pépin
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Re: Difficultés à concevoir, déni de grossesse et IMG

Message par Pépin »

Bonjour Citron,

Je suis sincèrement désolée de t'accueillir sur ce forum. Tu vis ce qu'aucune maman ne devrait vivre. Je suis aussi désolée de voir à quel point ta prise en charge a manqué d'humanité et d'empathie.

J'ai subi une IMG le 28 mars 2024 pour T21 à l'âge de 30 ans. Il s'agissait de notre premier enfant. Le vide a été écrasant au début. J'avais l'impression de n'avoir plus aucun bonheur dans ma vie. Mon ventre était vide. Mais bras étaient vide. La maison était vide. J'avais peur de ne pas réussir à avoir un jour un enfant en bonne santé et en vie. Je devais faire le deuil de l'avenir que j'avais imaginé avec notre fille.

Pour combler le vide, j'ai pris du temps pour moi. J'ai jardiné, j'ai regardé des séries, j'ai lu des livres sur le deuil périnatal pour mieux comprendre ce que je vivais. J'ai aussi pris le temps de rendre hommage à mon bébé. J'ai fait une boîte avec des souvenirs, j'ai planté un poirier. J'ai recommencé le travail en télétravail trois semaines après l'IMG. Ça m'a aidée à me changer les idées. J'ai beaucoup parlé de ce qui nous arrivait. Mettre des mots sur mes émotions, c'était important pour moi. J'ai tout fait pour garder une routine saine, un rythme normal de vie. Petit à petit, j'ai de nouveau eu des projets d'avenir et j'ai de nouveau pu être heureuse.

Lors de mon IMG, ma gynéco m'avait dit que cela ne réduisait pas mes chances d'avoir une nouvelle grossesse ensuite. Je n'ai pas vécu un parcours aussi compliqué que le tien. J'ai d'ailleurs eu l'immense chance de retomber enceinte au premier cycle d'essai après les feux verts médicaux et génétiques. Mon petit garçon est né le 5 mars 2025 en bonne santé.


Mon conjoint et moi n'avons pas vécu les choses de la même manière. Et c'est logique. En tant que mamans, nos bébés sont en nous et font partie de nous. Nous vivons ce deuil dans notre chair.
Les papas souffrent aussi. Mais pas de la même manière.

J'ai beaucoup parlé à mon conjoint. Il s'est aussi beaucoup ouvert. En communiquant, nous avons pu nous préparer ensemble au pire en faisait des choses que nous souhaitions tous les deux. Mon conjoint a par exemple écrit une lettre qui a été mise dans le petit cercueil. Nous avons pris la décision de la voir et de la prendre dans nos bras. Nous avons aussi décidé de prendre des photos d'elle. Et après l'IMG, nous n'avons pas caché nos larmes. Nous avons continué à parler. Cette épreuve nous a rendus plus forts et plus soudés.

Pour le travail, seul un collègue savait que j'étais enceinte. Le jour où le DPNI est tombé, j'étais en chemin vers le boulot. J'ai appris la mauvaise nouvelle dans le train, en pleine heure de pointe. J'ai appelé ce collègue pour lui dire. Ensuite, j'ai prévenu ma cheffe que j'avais une urgence médicale, que j'étais mise en arrêt et que je lui expliquerais par la suite plus en détails ce qui arrivait.

J'ai tout expliqué par écrit, au final. Je n'avais pas la force de le dire de vice voix. J'ai prévenu aussi une autre collègue que j'apprécie beaucoup par écrit. Puis j'ai chargé ceux qui savaient de le dire au reste de mon équipe.

J'ai reçu en retour énormément de soutien : des fleurs, des cartes, des petits mots... Et quand je suis revenue au boulot, j'ai pu parler ouvertement de ce que j'avais vécu. J'ai été bien encadrée et ça m'a beaucoup aidée.


Quand est prévu ton accouchement ?

Je t'envoie tout mon soutien. Je pense à toi et à ton bébé.
Manon, Équipe de modération de Petite Emilie
Pépinette, IMG à 17SA pour T21 - 28/03/2024
Louis, notre Petit Espoir - 05/03/2025
petitfaon
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Re: Difficultés à concevoir, déni de grossesse et IMG

Message par petitfaon »

Bonjour Citron,
Je suis désolée de lire ton parcours de maternité si difficile. Je suis choquée de lire le peu d'empathie dont fait preuve le corps médical à ton égard.

Pour ma part il s'agissait également de mon premier enfant, j'ai subi une IMG pour trisomie 21 l'an passé. Pour te répondre, je n'ai pas réussi à combler ce vide au retour de la maternité, j'ai un peu sombré dans les semaines qui ont suivi. Plus rien n'avait de couleur, ni d'intérêt, la vie était clairement sur "pause" pour moi. Je faisais bonne figure au travail mais je me cachais aux toilettes pour pleurer en journée, et le soir à peine rentrée je me mettais au lit et je pleurais.
Je pense que c'est une phase assez normale finalement, tous les projets tournent autour de cet enfant à venir, d'un changement de vie radical, et d'un coup tous ces rêves nous sont retirés. Sans parler de la chute hormonale du post partum qui n'arrange rien. Je ne dis pas ça pour te faire peur, mais plutôt dans le sens qu'il faut accepter d'avoir une période plus ou moins longue où potentiellement tu n'iras pas bien, ça fait aussi partie du chemin de deuil, mais ça ne durera pas éternellement.
J'ai énormément lu sur le deuil périnatal, des témoignages, des articles, écouté des podcasts... Me plonger complètement dans cet univers m'a fait du bien paradoxalement.
Et puis petit à petit, la vie reprend des couleurs, dans des petites choses du quotidien 👍
Mon mari a beaucoup exprimé sa tristesse au début, puis il s'est rapidement plongé dans le travail et a semblé s'en remettre relativement rapidement. Je me suis sentie par moments assez seule dans ma douleur, même si il a toujours été soutenant. Chacun vit les choses à sa manière, et se protège aussi comme il peut. Dans le cas de mon mari, j'ai l'impression que c'est maintenant, un an après, qu'il va moins bien.

Au travail, très peu de personnes étaient officiellement au courant de ma grossesse. Quand j'ai expliqué la situation à certains collègues à mon retour, ça a globalement été très mal accueilli. Pour beaucoup, le fait que ma grossesse était peu visible, rendait ma souffrance complètement abstraite. Pas de ventre visible = pas de "vrai" bébé, donc après avoir essuyé plusieurs remarques franchement blessantes et malveillantes, j'ai préféré me protéger et ne plus en parler. Je pense que ça dépend vraiment de ton environnement de travail, si tu te sens en confiance avec tes collègues ou pas.

Je t'envoie beaucoup de courage
💖 IMG à 20 sa pour t21 (mai 2024)
Citron
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Re: Difficultés à concevoir, déni de grossesse et IMG

Message par Citron »

Merci pour vos retours. C'est rassurant de se dire que, malgré tout, la vie continue et qu'on arrive à surmonter cette épreuve, même si elle restera à jamais gravée dans nos histoires.

J'ai accouhé hier matin de notre petit garçon, Léon. On a pu le voir, passer un moment avec lui. Ca a rendu toute cette aventure beaucoup plus concrète. J'appréhendai beaucoup le fait de voir les malformations, mais finalement, c'est plutôt l'inverse qui m'a perturbée. Il ressemblait à tout petit bébé, avec des petites mains, des petits doigts... Il était serein. Ca m'a presque fait douter de la décision d'interrompre la grossesse. Il aurait pu grandir un petit peu plus... mais au fond, je sais qu'on a pris la bonne décision. Attendre aurait fait plus de mal que de bien à tout le monde.

Tout le personnel médical a été adorable. On était bien entourés à l'Hopital. Le fait de revenir à la maison avec mon mari n'est pas facile. Tout semble vide mais bon, il faut s'occuper de l'inscription sur le livret de famille, de l'incinération. On va avancer pas à pas.

Et en parallèle, je culpabilise vis à vis de mon travail... J'aurais pu reprendre avant, ça m'occuperait l'esprit. Là, pendant deux semaines, je ne sais pas trop ce que je vais bien pouvoir faire de mes journées...
Je pensais aller à la piscine pour nager un peu (vu qu'il n'y a pas beaucoup de sport autorisé) mais la sage-femme m'a dit qu'il fallait attendre au moins un mois pour les baignades, pour éviter les risques d'infection.

Est-ce qu'il y a des petits trucs que vous avez fait dans les jours / semaines après votre accouchement qui ont pu vous faire du bien ?
Léon, IMG à 19SA (11 juin 2025)
Margui
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Enregistré le : 06 mai 2025, 10:31

Re: Difficultés à concevoir, déni de grossesse et IMG

Message par Margui »

Hello Citron,

Toutes mes condoléances pour la perte toute récente de ton bébé. La prise en charge que tu as reçue au moment du diagnostic a de quoi mettre la rage, en revanche je suis heureuse de lire que ça s'est mieux passé au moment de l'accouchement, c'est super important car ça te permettra de garder quelques beaux souvenirs avec ton enfant, quand bien même l'issue n'est évidemment pas celle que tu avais imaginée.

Ma situation n'est pas tout à fait la même (j'ai perdu mon enfant il y a quelques mois d'une mort in utero imprévisible au terme de la grossesse) mais plus je navigue dans l'univers du deuil périnatal et plus je me rends compte que le principal - le chagrin de la perte d'un enfant - est partagé quelles que soient les circonstances, même si chaque deuil est évidemment unique.

De mon côté, dans les toutes premières semaines, ça m'avait fait du bien de ne rien faire (j'en étais incapable de toutes manières, en dehors des tâches quotidiennes de base), mais aussi et peut-être surtout de parler, parler, parler, avec mon compagnon et avec des amis. C'était libérateur pour moi de pouvoir dire tout ce qui me passait par la tête, même des pensées apparemment absurdes (souvent elles ne le sont pas tant, c'est la situation qui l'est), et de pouvoir exprimer mes émotions sinon elles tournaient en boucle.

Au début, j'étais vraiment dans mon cocon toute la journée, chez moi, avec de la musique apaisante en fond sonore. Et puis ça m'a fait du bien de partir à la campagne avec mon compagnon puisque j'en avais la possibilité. Globalement, passer du temps au calme et/ou dans la nature me faisait un bien fou, j'avais du mal à supporter au contraire les rues ou les terrasses bondées.

Il y a aussi tous les podcasts sur le deuil périnatal qui m'ont beaucoup aidée (il y a pas mal d'épisodes à ce sujet dans le podcast Bliss). J'en écoute un peu moins maintenant mais ça m'a vraiment permis de me sentir moins seule de voir que d'autres personnes étaient passées par là et avaient continué à vivre. Ça remettait de la "normalité" (si d'autres l'ont vécu, c'est que ça arrive parfois et donc, c'est quelque part plus acceptable) dans une situation globalement vue comme anormale (et heureusement que ça reste minoritaire évidemment comme expérience).

Voilà pour quelques pistes même si ce n'est évidemment pas universel. Tu vas trouver petit à petit des choses qui te font du bien à toi. Écoute-toi surtout : dans les premiers moments de l'épreuve, tant que tu en as la possibilité, ne fais absolument que des choses que tu as envie de faire.

Courage et vraiment plein de pensées, tu n'es pas seule !
petitfaon
Messages : 136
Enregistré le : 06 juin 2024, 14:36

Re: Difficultés à concevoir, déni de grossesse et IMG

Message par petitfaon »

Ne culpabilise surtout pas de t'arrêter quelques temps pour le travail, c'est vraiment nécessaire de pouvoir atterrir un peu après tous ces traumatismes.
Pour ma part dans les jours qui ont suivi, j'ai passé pas mal de temps à faire des choses pour mon bébé : lui écrire une lettre, chercher une belle boîte à souvenirs, écrire aussi notre histoire pour ne rien oublier, faire graver un collier avec son prénom... Je ne voulais pas passer à autre chose trop vite.
J'espère que ton accouchement s'est physiquement bien passé, et je suis contente de lire que ton petit Léon avait l'air serein.
💖 IMG à 20 sa pour t21 (mai 2024)
Manon Louis 7
Messages : 2
Enregistré le : 09 avril 2025, 22:48

Re: Difficultés à concevoir, déni de grossesse et IMG

Message par Manon Louis 7 »

Bonjour Citron

Je lis le forum depuis mi février sans jamais avoir osé écrire ou répondre.
Nos situations sont assez similaires donc je n'ai pas pu me retenir.
Tout d'abord je suis absolument désolée de ce qui t'arrives et surtout du manque d'écoute et d'accompagnement que tu as eu au niveau médical.

J'ai 31ans en couple depuis 10ans.
Nous sommes dans ce "combat" pour avoir un bébé ne vie depuis 2ans.
Je suis Sopk et j'ai une cloison utérine partielle (uterus en forme de cœur). Des cycles de 45 à 80 jours mais dans ma chance avec une ovulation de qualité.
Nous avons fait une première fausse couche précoce en sept 2023, puis rien pendant des mois. La gynécologue a essayé ***** et rien ne marchait. Puis j'ai pris le taureau par les cornes et me suis formée pour apprendre à connaître mon corps. Avec une ovulation très rare je ne voulais pas louper le coche (je n'ai rien à te conseiller car tu verras que mon parcours n'est pas un succès mais je pense qu'étant sopk il faut apprendre à connaître son corps car les gynécologues que j'ai rencontré eux ne m'ont jamais rien expliqué)

En juillet 2024 de nouveau enceinte mais une nouvelle fausse couche précoce. Je n'ai pas de retour de couche je retombe enceinte en septembre mais cela se termine par une Geu avec ablation de la trompe. Donc sopk utérus cloisonné et plus qu'une trompe.

Puis notre miracle est arrivé. Pareil sans retour de couche je tombe enceinte fin novembre. C'est Louis qui malheureusement sera diagnostiqué à 3mois de grossesse et malgré une écho T1 parfaite avec une trisomie 18. Nous avons donc dû faire ce choix ignoble, inhumain d'une Img à 18sa le 7 Mars 2025.

Tout ce que tu décris de n'avoir rien à se rattacher (pas d'enfants) de tomber bas sans but sans projet, d'avoir peur. Je ne vais pas te mentir j'ai mis du temps a un petit peu remonter la pente. Et le chemin est encore long. Je ne reprends le travail que la semaine prochaine.
Croiser des femmes enceintes des enfants est toujours très dur.
Le vide à mon sens tu ne le combles pas. Il y a un avant et un après. Par contre faire une place à mon fils m'a fait du bien. Mettre des photos dans la maison, le livret de famille, un médaillon avec son initiale. La douleur est toujours présente et fait mal mais peut être moins qu'au début parce que je le fais exister à ma manière.

Pour ton compagnon la seule chose que je puisse te conseiller et te dire c'est ce que ma psy m'avait dit : on fonctionne très différemment nous sommes 2 personnes très différentes donc face à un drame, un trauma nos réactions sont forcément à l'opposé.
Le plus important c'est arriver à se réserver quelques petits moments de communication pour savoir où en est l'autre et le laisser vivre son deuil comme cela lui convient.
Moi je te conseille d'essayer de trouver un moment où de programmer un moment où vous êtes tous les 2 prêts à en discuter le plus calmement possible.
Et surtout ne jamais se mettre à la place de l'autre. mon compagnon ne parlait pas ne pleurait pas parce que pour lui j'étais effondrée donc il fallait qu'il reste fort, rationnel. Peut être est ce qui se passe avec ton compagnon ?

Pour le travail je ne l'ai dit qu'à certaines personnes à qui j'avais envie de me confier. Ma psy me dit de ne pas me forcer et de me confier si j'ai envie qu'aux gens que j'estime qu'ils méritent de connaître l'histoire de Louis.
Nous avons eu beaucoup de chance nous n'avons eu que des réactions de gentillesse et d'empathie.

Pour la grossesse d'après pour la 4eme fois consécutive sans retour de couché je suis tombée enceinte fin avril. Je suis actuellement à 8sa. Je ne te le cache pas c'est hyper angoissant. Je gère mal les écho les prises de sang et surtout l'attente. Peut être n'était ce pas une bonne idée de ne pas attendre la date du terme. Nous ne pensions pas que ça remarcherait aussi vite.

Désolée pour ce pavé assez indigeste et très decousu. Je sais que mon histoire n'est pas celle qui t'apportera de l'espoir parce qu'elle ne se termine pas forcément bien mais j'espère en tout cas que tu ne te sens pas seule.
Si tu souhaites discuter avec moi n'hésites pas.

Bon courage et d'énormes pensées à ton bébé ❤️
Pépin
Messages : 494
Enregistré le : 24 mars 2024, 19:04

Re: Difficultés à concevoir, déni de grossesse et IMG

Message par Pépin »

@Citron :

Toutes mes condoléances pour ton petit Léon. Il est parfois dur de réaliser que notre décision était la bonne quand le handicap ou les malformations ne sont pas visibles.

Toutefois, vous avez pris la meilleure décision pour lui afin qu'il ne souffre pas. Il n'a connu que ton amour et la chaleur de ton ventre.

Pour me changer les idées, j'avais beaucoup jardiné. La piscine est effectivement déconseillée après l'accouchement.

Ne culpabilise pas pour le boulot. Prends du temps pour toi. Tu en as besoin.


@ Manon Louis 7

Toutes mes condoléances pour ton petit Louis.

Je suis sincèrement désolée de lire ton parcours si difficile.

La grossesse d'après est angoissante. J'ai eu l'impression de souffler un peu plus après certaines étapes : le DPNI, la DPA de notre fille (c'est comme si la grossesse précédente était finalement derrière moi) et la T2 qui nous confirmait que tout allait bien. C'est à ce moment-là que j'ai vraiment osé préparer l'arrivée de notre garçon.

Je te souhaite une douce grossesse. Je pense à ton petit garçon et à ce petit bébé qui grandit en toi.
Manon, Équipe de modération de Petite Emilie
Pépinette, IMG à 17SA pour T21 - 28/03/2024
Louis, notre Petit Espoir - 05/03/2025
Manon Louis 7
Messages : 2
Enregistré le : 09 avril 2025, 22:48

Re: Difficultés à concevoir, déni de grossesse et IMG

Message par Manon Louis 7 »

Bonjour Manon
Je me permet de t'appeler par ton prénom. Je t'ai beaucoup lu sur ce forum et me suis beaucoup identifiée à vous, a votre histoire (avoir le même prénom était un point commun supplémentaire) . À ta petite fille qui est partie à peu près au même terme que mon bébé et à ton magnifique espoir. J'ai lu je pense 2 ou 3 fois toute la conversation espoir pour 2025.

Je te remercie en tout cas parce que tes conseils et ta bienveillance envers tout le monde m'ont beaucoup aidé même si on n'avait jamais echangé ensemble.

Je me permet de te demander des nouvelles de ton petit garçon ?

De douces pensées pour toi et tes deux bébés.
Bonne soirée
Pépin
Messages : 494
Enregistré le : 24 mars 2024, 19:04

Re: Difficultés à concevoir, déni de grossesse et IMG

Message par Pépin »

Je suis heureuse de lire que mes mots et le partage de mon histoire ont pu t'aider dans ces moments si difficiles. J'ai moi-même trouvé énormément de réconfort, d'espoir et de soutien sur ce forum.

Nos histoires ont des échos communs et même, des prénoms communs. J'ai été touchée en te lisant.

Mon bonhomme se porte bien. Nous venons de passer nos premières vacances à trois. Je n'aurais pas forcément imaginé cela, il y a un an. Pourtant, l'espoir et le bonheur sont revenus.

Je croise les doigts pour que tout se passe bien pour toi et pour ton petit espoir.
Manon, Équipe de modération de Petite Emilie
Pépinette, IMG à 17SA pour T21 - 28/03/2024
Louis, notre Petit Espoir - 05/03/2025
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