Tension dans le couple

[Dieuddel]

Bonsoir,
J’ai fait une IMG le 23 août 2021 à 21 SA.
Pour la petite histoire, je suis séparée du papa de mon premier fils et remise en couple avec un homme sans enfant encore.
Ce bébé était un rêve qui se réalisait pour lui. Je suis tombée enceinte rapidement et c’était presque un choc que ça aille si vite et si facilement.
On était heureux de ce bonheur.
Et puis… tout s’est écroulé… le cœur de notre petit garçon a arrêté de battre.
Cela fait 4 mois et demi… et on ne s’en remet pas très bien… il aurait une semaine à peine. Les fêtes ont été difficiles à passer!
Et on fait le bilan avec mon compagnon et on se rend compte qu’on a vécu ce drame de manière totalement différente. Et ça nous éloigne… le rire a quitté la maison, a déserté notre couple. Mon premier fils est mon rayon de soleil mais fait beaucoup de mal à mon compagnon qui a le reflet de ce qu’il n’a pas, un fils.
Je suis triste aussi!!! Mais lui est aigri de cette situation.
Vu cet éloignement, recommencer les tentatives est difficile à envisager pour moi… ce qui fait que le fossé se creuse encore plus…
Je viens de changer de travail (en cdd prolongeable) et j’ai peur pour mon emploi si je tombe enceinte…

Je suis perdue, j’ai peur de courir à notre perte. Il ne veut pas aller voir qqun pour en parler.
Est-ce que cette situation vous semble normal ou est-ce que je dois vraiment m’inquiéter ?

Merci aussi pour vos conseils.

[Laure77]

Bonjour,

Je suis désolée de ta situation. Mais sache que c'est normal de le vivre différemment. Mais je pense que c'est aussi le plus dur à accepter pour nous les mamans. Mais comment veux tu qu'un homme vive la grossesse comme nous, physiquement, physiologiquement et psychologiquement ce n'est pas possible !!!

Laissez vous du temps, essayez d'en parler ensemble, parler de vos différences, c'est ce qui je pense peut vous aider à vous comprendre l' un et l'autre.

En ce qui me concerne, je pense qu'avec mon mari nous n'avons pas perdu notre fils de la même façon. Très vite, j'ai souhaité avoir un 3ème enfant. Lui n'était pas prêt. Et là, je ne vais pas tarder à accoucher !!! Et bien même en ce moment, nous ne vivons pas du tout la même chose. Et ce peut-être encore source de tension. Mais je pense que le plus important est de l'accepter et d'en parler !

Je te souhaite bon courage.
Le deuil est aussi une épreuve du couplé. Vous allez la traverser et vous en sortir plus forts. Patience et communication !!!

[Dieuddel]

Merci Laure!
Oui effectivement c’est une réelle épreuve et sûrement que si je retombe enceinte, il ne le vivra pas super bien non plus. Nous aurons beaucoup d’appréhension j’imagine.
On ne connaît pas la cause du décès et on a peur, comme tout le monde, que ça se reproduise!
Merci pour tes mots d’espoir.
Prends soin de toi et belle découverte de votre petit bébé bonheur.

[Adel22]

Bonjour,

IL faudra surement du temps, et de la patience pour renouer le dialogue avec ton mari. C'est sur que les hommes ne vivent pas la même chose que nous, et le bébé était "plus abstrait" pour eux, puisqu'ils ne le portent pas. Mais ils ont souvent tendance à refouler leurs pensées, alors qu'ils en souffrent, pour soi-disant se protéger Peut être qu'un groupe de parole pourrait aider? Peut être que la discussion se ferait plus simplement qu'avec un psy...

J'ai discuté hier de l'eventualité d'une prochaine grossesse avec mon mari (j'ai subit une img il y a 3 mois et nous devons concevoir par fiv). Il m'a dit que pour lui, le foetus/bébé n'existerait pas tant qu'il ne sera pas dans ses bras après les 9 mois de grossesse, qu'avant, il considérerait que "ce n'est rien", pour se blinder. Mais j'insiste pour que l'on aille voir la psychologue (même s'il ne vient pas à chaque fois, il dit toujours "que ça faisait du bien d'en discuter")

Je t'envoie du courage et de la patience !

[EmilieDS]

Bonjour,
Je comprends ton compagnon...
Je suis en couple avec un papa séparé qui a deux enfants (6 et 8) d'une autre femme. J'ai fait une IMG à 6 mois de grossesse le mois dernier (première grossesse pour moi).. et depuis voir les enfants de mon compagnon est un déchirement.
J'ajoute à ça que la maman des enfants, qui a refait sa vie, a accouché autour de la date de mon IMG d'un enfant de son nouveau compagnon... C'est un autre déchirement... Dès que je vois les enfants de mon compagnon, je l'imagine, elle, avec son bébé en vie... Et je me dis que c'est tellement injuste... Elle en a un autre alors qu'elle en a déjà deux...
Pour revenir à ton histoire et ton compagnon, je peux comprendre. Je le vois de mon côté. Les enfants de mon compagnon lui font des câlins, rigolent, ne parlent pas de ce qui vient de passer. Lui s'en occupe quand il a la garde,et moi je n'ai rien. Les bras vides,le cœur lourd de voir tout ce que je n'ai / n'aurai pas...et le silence
C'est tellement lourd et injuste. Ça fait sûrement en plus très très mal à ton compagnon de ressentir cela. Car il peut aussi culpabiliser de ressentir ces émotions alors qu'il n'a rien contre ton enfant... C'est déroutant comme émotions : être triste de sa perte présente mais aussi de l'avenir qu'il s'était imaginé, jaloux.se du bonheur des autres, et culpabiliser de sentir cette jalousie, se mettre en colère contre la vie...
Je ne sais pas si cela te fait du bien de lire mon témoignage, je me rends compte que je suis très pessimiste. Ce que je voulais te dire surtout c'est que je peux comprendre ton compagnon et la difficulté pour lui... C'est pas évident de trouver une bonne manière de faire les choses et de se projeter. Peut être faut il juste être indulgent avec lui, avec toi. Lui laisser un peu de temps à lui, sans l'exclure non plus car il pourrait en souffrir. L'écouter s'il souhaite parler (un homme a parfois plus de mal à exprimer les choses, surtout vis à vis de sa femme qui a vécu le drame à l'intérieur, dans son corps).
S'il ne veut pas en parler à un psy, peut être lui suggérer d'en parler à d'autres parents endeuillés ? Sur le forum ou dans un groupe de parole d'une association locale ?
En tout cas, c'est déjà super que tu sois là pour lui et que tu lui dises que tu entends sa douleur et que tu ne la minimises pas.
Je te souhaite beaucoup d'amour au sein de ton couple et de ton foyer...
Prenez soin de vous, mutuellement, en toute bienveillance...

[Meghan]

Bonjour, nous sommes quelques mois plus tard et j'espère que le temps fait bien son travail pour vous.. comme pour votre conjoint.
J'ai eu cette place qu'a votre conjoint à peu près, tout comme Émilie qui vous a répondu juste au-dessus.
J'ai enterré mon bébé de 3 semaines en juillet, et une des choses les plus douloureuses que j'ai été amenée à vivre après a été de devoir m'occuper de ses enfants. Il travaille beaucoup, j'en ai donc la garde une semaine sur deux à moi seule et ça a été un calvaire. Le terme est dur mais il n'est même pas suffisant... Se rendre compte que ces enfants n'y peuvent rien mais avoir une certaine rancoeur à leur égard, après avoir choisi de laisser partir mon bébé, je me suis sentie d'un égoïsme immense et je ne suis pas parvenue à le contrer. Je faisais semblant, mais dès le vendredi, je pensais à leur retour chez nous du lundi et j'en dormais mal.
Je suis ce jour sur ce forum justement car c'est une douleur qui reste un peu, car je suis de nouveau enceinte, je ne suis pas trop stressée mais ça fait quelques jours que je me tourmente en me disant "et s'il rearrive quelque chose, serais-je assez égoïste pour à nouveau les avoir en dégoût et vouloir les quitter?"
Pour l'instant, je pense que la réponse est oui. J'aime le papa terriblement et nous avons survécu au deuil ensemble, je l'ai aimé d'autant plus fort en perdant ce premier enfant, mais il a déjà ses deux enfants et voulait ce troisième avec moi plus pour moi que pour lui, donc c'est notre dernière tentative... mais je pense que je ne pourrais pas vivre une vie où je serais condamnée à m'occuper de ses enfants sans être mère de mon côté aussi.

Tout ça pour dire que votre compagnon a aussi ces tourments peut-etre, que c'est sans doute malgré lui et que c'est compliqué d'en parler alors que nous savons que ça risque de repousser notre conjoint. La souffrance est déjà assez grande sans cela. Moi je l'ai fait, et j'ai eu la chance d'être immédiatement entendue et comprise. En fait, c'est même lui qui a amené le sujet et m'a libérée de ce poids la première fois.

Croyez-moi, me relire me dégoûte aussi.