Alice

[Maryllis]

Bonjour, cela fait quelques temps que je lis beaucoup de messages ici mais que j’ai peur de raconter notre histoire. Un peu comme si en l’écrivant ça rend ce cauchemar un peu plus réel. Mais je pense que j’en ai besoin.
Tout a commencé avec mes difficultés à tomber enceinte, en même temps après l’ablation d’un de mes ovaires je m’étais préparée à cette éventualité mais quand même à chaque cycle négatif j’avais l’impression qu’on me mettait une gifle. Et puis en novembre 2020, beaucoup de retard, je ne me réjouis pas trop par peur de la déception. Je fais un test, positif. Je me souviens de la joie immense qu’on a ressenti avec mon fiancé. C’était tellement devenu inespéré…
La grossesse se déroule plutôt bien, malgré les désagréments de la T1. On commence à préparer son arrivée, acheter ses premiers petits doudous. On passe ensuite la T2. Tout est parfait. C’est une petite fille, en bonne santé. On lui achète ses premières petites robes, on commence même à préparer le ***** de naissance tellement on est impatients…. Si on savait…

En suivant les recommandations, bien qu’un peu stressée je décide de me faire vacciner contre le COVID. Je veux préserver notre petit bébé du mieux que je peux.
1 semaine après je ne sens plus mon bébé bouger. Je vais aux à urgences, je suis en larmes. On me pose le doppler sur le ventre, miracle on entend son petit coeur, c’était une fausse alerte. On me rassure, c’est ma première grossesse il se peut qu’elle bouge sans que je la sente. J’ai une échographie programmée quelques jours plus tard, on me répète de ne pas m’inquiéter.

Le week-end passe, je crois la sentir bouger (après coup je saurais que ce n’était pas des mouvements mais simplement son petit corps inanimé…), je reste un peu inquiète mais je me rassure. Le jour de l’échographie arrive. Je ne pourrais jamais oublié la violence de ce jour.

L’échographiste pose la sonde sur mon ventre. Elle l’enlève. « Bon vous avez senti quelque chose d’anormal non ». Je me souviens répondre « oui c’est pas un bébé très actif » auquel elle répond cette phrase absolument denué d’empathie : « Non la on parle pas de ça hein, vous la sentiez plus bougé? Parce que là y a plus rien. »

Je hurle de douleur. Je n’ai jamais autant ressenti de souffrance qu’à cet instant. Le monde s’écroule sous nos pieds. On est tous les deux, anéanti, a 800 km de nos familles. Et pourtant il va falloir affronter ça.
On nous somme d’aller aux urgences de la maternité. Je n’arrête pas de demander à l’échographiste ce qu’il va se passer maintenant. Elle ne me répond pas. Elle me dit qu’ils m’expliqueront sur place.

Arrivée à la maternité on nous explique tout, c’est horrible de devoir gérer ce flot incessant d’informations. Je ne suis pas prête. Laissez moi tranquille, il doit y avoir une erreur. Tout allait si bien…
On nous explique que je vais devoir prendre des médicaments aujourd’hui, revenir demain et que l’accouchement se passera seulement le lundi. On me dit que je vais pouvoir passer le week-end à la maison pour me reposer. Mdr
Je prend les premiers cachets et on nous laisse rentrer. Le week-end le plus horrible de notre vie. Je hurle de désarroi. Mon fiancé est en larmes. On implore, on supplie, on souhaite se réveiller de ce cauchemar. Mais la réalité est là, le cœur de notre petite fille s’est arrêté.
L’accouchement arrive le dimanche soir, calmement. Le moment que je redoutais le plus étais en fait le plus doux dans cette tragédie. On voit notre petite Alice, on la prend dans nos bras, elle est si belle… on doit rester avec elle une heure, hors du temps…
Et puis on nous la reprend, on nous fait signer des papiers, on me remet dans ma chambre et on doit dormir… le lendemain à 10h soit 12h a peine après avoir accoucher on nous dit qu’on peut rentrer. L’impression que la vie reprend son cours comme si de rien était.

On rentre le coeur et le ventre vide. Beaucoup de questions se bouscule, je me sens coupable. Est ce que c’est à cause du vaccin? Est ce que ma décision pour protéger mon bébé l’a finalement fait partir? Est ce que c’est parce que j’ai laissé mon chat monter sur mon ventre il y a quelques jours? Est ce que j’aurai du retourner aux urgences? Pourquoi je n’ai pas senti que son cœur ne battait plus? Tellement de questions qui sont encore aujourd’hui en suspens.

Pour le vaccin je ne souhaite pas de débat. Je vous raconte l’histoire telle qu’elle s’est passé. Sans dire que ca en est la cause. D’ailleurs les médecins m’ont dit qu’ils ne pourraient pas me l’infirmer ou me le confirmer. Et je pense que malgré tout j’ai pris la bonne décision en faisant ce vaccin. Mais forcément je culpabilise parce que c’est un des seuls « événements » qu’il s’est passé avant. C’est la première fois que j’en parle justement parce que je ne voulais pas que mon histoire soit reprise par des antivax, et serve dans une bataille qui n’est pas la mienne. Je vous en parle parce que la culpabilité est malgré tout présente. Et que j’ai du mal à avancer.

Hier c’était la date présumée du terme. Je suis une boule d’angoisse depuis quelques jours. Des crises de larmes, des douleurs somatiques, des attaques de panique…. J’ai l’impression d’avoir été encore dans le déni jusque hier et me prendre tout en pleine face… Je suis terrifiée, j’ai peur de l’avenir, peur de ne pas pouvoir continuer sans elle. Elle me manque tellement…. J’aimerai tellement savoir ce qu’il a pu se passer… j’aimerai revenir en arrière. Essayer de changer les choses…. Ou même juste pouvoir la serrer de nouveau contre moi….

Je ne sais pas si vous pourrez m’aider, ni même si vous arriverez jusqu’au bout de ce texte. J’espère que l’écrire me fera du bien.

Margaux

[Sandgab]

Margaux

Je suis de tout cœur avec vous, et ce que vous ressentez, ici toutes et tous le ressentons.
La culpabilité.
Nos histoires sont différentes certes mais se rejoignent sur ce dénouement horrible, la mort de nos bb.
J'ai accouché le 5 août a 22 sa et 5 jours, et je terre mon petit Valentin cette après midi.

J'ai une maladie immunitaire et j'avais 1% de risque de transmettre une grave maladie cardiaque à mon fils. 1% ce n'est pas grand chose même les médecins ne s'inquiètent pas plus que ça.
Et je culpabilise de lui avoir transmis.

Donc que cela soit le vaccin ou autre chose ce sentiment, je pense toutes les mamans l'ont.

Je ne peux pas vous remontez le moral, je n'en suis pas à ce stade encore.
Je ne peux que vous souhaiter beaucoup de courage.


À Alice,
À Valentin,

[Majaah]

Bonjour Margaux,

Je viens de lire ton histoire, j'en suis arrivé au bout avec les larmes au yeux. Je suis navrée de t'accueillir ici. Toutes mes pensées vont à ta petite Alice.
C'est un drame auquel nous ne sommes jamais preparé que l'on connaisse la cause ou non. La perte d'un enfant est terrible et je ne souhaite même pas à mon pire ennemi de vivre ça.

Je ne pourrai te dire si le vaccin est responsable ou non (et je ne donnerai pas mon avis la dessus car on est pas là pour ça), malheureusement, c'est juste arrivé, à toi, à Alice.

Je comprends tellement ce que tu dis par rapport à ton terme, le mien était le 10 août. Et c'était très compliqué. J'allais mieux et ce jour là, comme toi, j'ai eu l'impression de tout me reprendre en plein visage.

Il va vous et surtout TE falloir du temps pour surmonter cela. Mais ça ira, c'est une lutte quotidienne que vous allez vivre avec des meilleurs moments aussi.
Prends du temps pour toi, faire des choses que tu aimes, accepte tes émotions, pleures, hurle si tu en as besoin. Il va falloir apprendre à vivre avec la tristesse et le vide laissé par Alice. Mais tu vas y arriver, vous allez y arriver.
Ne culpabilise pas d'un jour passer une bonne journée, de sourire, de vivre tout simplement.

J'avais confectionné une boîte à souvenir avec des photos d'Alba, ses empreintes ça m'aide quand j'ai besoin de la revoir, quand je suis triste. Tu n'oubliera jamais tu apprendra à vivre avec.

Alice n'aura connu que des bons moments dans ton ventre en présence de sa maman et son papa.
Vous avez pu passer un petit moment avec elle, mettre un visage sur ce petit être, c'est important pour le deuil.

Je te souhaite plein de courage et de force pour surmonter cela. J'espère que tu trouvera un peu de soutien et de réconfort ici.
Toutes mes pensées à Alice, à toi et ton conjoint.

Mélanie,

[emilie50]

Bonjour
Ma fille est décédée in utero il y a 7 ans, et je me retrouve bcp dans ton parcours.
La peine et le chagrin sont immenses, et paraissent insurmontables. Mais finalement, on avance, malgré nous, malgré tout.la date du terme est une étape, il y en aura d'autres, mais vous parviendrez à les franchir.
J'espère que mettre des mots a pu vous apaiser...
Douces pensées à nos étoiles

[Juliette82]

Bonjour Alice,
J’ai comme toi perdu mon bébé l’année dernière à 37 ans, c’était mon premier bébé. Il est décédé à terme in utero, je ne l’ai plus senti bouger un jour.
Le deuil est long et douloureux je ne te le cache pas mais le temps adoucie cette peine incommensurable.
J’ai de nouveau eu la chance de porter la vie et de mettre au monde mon deuxième bébé le 6 août dernier.
Je ne sais pas si cela pourra t’aider à ne pas t’en vouloir mais j’ai eu la covid 19 enceinte de 2 mois et je me suis fait vacciner après l’échographie T2. J’ai beaucoup douté avant de faire ce vaccin mais j’ai fait confiance en la médecine. Vivre ton deuil en te rajoutant toute cette culpabilité n’est pas nécessaire, c’est déjà assez dur comme cela. Tu as voulu bien faire en te faisant vacciner c’est tout à ton honneur.
J’espère que les médecins t’apporteront les réponses que tu attends et que celles ci te permettront d’avancer.
Pensées à nos petits bébés d’amour

Bonjour, cela fait quelques temps que je lis beaucoup de messages ici mais que j’ai peur de raconter notre histoire. Un peu comme si en l’écrivant ça rend ce cauchemar un peu plus réel. Mais je pense que j’en ai besoin.
Tout a commencé avec mes difficultés à tomber enceinte, en même temps après l’ablation d’un de mes ovaires je m’étais préparée à cette éventualité mais quand même à chaque cycle négatif j’avais l’impression qu’on me mettait une gifle. Et puis en novembre 2020, beaucoup de retard, je ne me réjouis pas trop par peur de la déception. Je fais un test, positif. Je me souviens de la joie immense qu’on a ressenti avec mon fiancé. C’était tellement devenu inespéré…
La grossesse se déroule plutôt bien, malgré les désagréments de la T1. On commence à préparer son arrivée, acheter ses premiers petits doudous. On passe ensuite la T2. Tout est parfait. C’est une petite fille, en bonne santé. On lui achète ses premières petites robes, on commence même à préparer le ***** de naissance tellement on est impatients…. Si on savait…

En suivant les recommandations, bien qu’un peu stressée je décide de me faire vacciner contre le COVID. Je veux préserver notre petit bébé du mieux que je peux.
1 semaine après je ne sens plus mon bébé bouger. Je vais aux à urgences, je suis en larmes. On me pose le doppler sur le ventre, miracle on entend son petit coeur, c’était une fausse alerte. On me rassure, c’est ma première grossesse il se peut qu’elle bouge sans que je la sente. J’ai une échographie programmée quelques jours plus tard, on me répète de ne pas m’inquiéter.

Le week-end passe, je crois la sentir bouger (après coup je saurais que ce n’était pas des mouvements mais simplement son petit corps inanimé…), je reste un peu inquiète mais je me rassure. Le jour de l’échographie arrive. Je ne pourrais jamais oublié la violence de ce jour.

L’échographiste pose la sonde sur mon ventre. Elle l’enlève. « Bon vous avez senti quelque chose d’anormal non ». Je me souviens répondre « oui c’est pas un bébé très actif » auquel elle répond cette phrase absolument denué d’empathie : « Non la on parle pas de ça hein, vous la sentiez plus bougé? Parce que là y a plus rien. »

Je hurle de douleur. Je n’ai jamais autant ressenti de souffrance qu’à cet instant. Le monde s’écroule sous nos pieds. On est tous les deux, anéanti, a 800 km de nos familles. Et pourtant il va falloir affronter ça.
On nous somme d’aller aux urgences de la maternité. Je n’arrête pas de demander à l’échographiste ce qu’il va se passer maintenant. Elle ne me répond pas. Elle me dit qu’ils m’expliqueront sur place.

Arrivée à la maternité on nous explique tout, c’est horrible de devoir gérer ce flot incessant d’informations. Je ne suis pas prête. Laissez moi tranquille, il doit y avoir une erreur. Tout allait si bien…
On nous explique que je vais devoir prendre des médicaments aujourd’hui, revenir demain et que l’accouchement se passera seulement le lundi. On me dit que je vais pouvoir passer le week-end à la maison pour me reposer. Mdr
Je prend les premiers cachets et on nous laisse rentrer. Le week-end le plus horrible de notre vie. Je hurle de désarroi. Mon fiancé est en larmes. On implore, on supplie, on souhaite se réveiller de ce cauchemar. Mais la réalité est là, le cœur de notre petite fille s’est arrêté.
L’accouchement arrive le dimanche soir, calmement. Le moment que je redoutais le plus étais en fait le plus doux dans cette tragédie. On voit notre petite Alice, on la prend dans nos bras, elle est si belle… on doit rester avec elle une heure, hors du temps…
Et puis on nous la reprend, on nous fait signer des papiers, on me remet dans ma chambre et on doit dormir… le lendemain à 10h soit 12h a peine après avoir accoucher on nous dit qu’on peut rentrer. L’impression que la vie reprend son cours comme si de rien était.

On rentre le coeur et le ventre vide. Beaucoup de questions se bouscule, je me sens coupable. Est ce que c’est à cause du vaccin? Est ce que ma décision pour protéger mon bébé l’a finalement fait partir? Est ce que c’est parce que j’ai laissé mon chat monter sur mon ventre il y a quelques jours? Est ce que j’aurai du retourner aux urgences? Pourquoi je n’ai pas senti que son cœur ne battait plus? Tellement de questions qui sont encore aujourd’hui en suspens.

Pour le vaccin je ne souhaite pas de débat. Je vous raconte l’histoire telle qu’elle s’est passé. Sans dire que ca en est la cause. D’ailleurs les médecins m’ont dit qu’ils ne pourraient pas me l’infirmer ou me le confirmer. Et je pense que malgré tout j’ai pris la bonne décision en faisant ce vaccin. Mais forcément je culpabilise parce que c’est un des seuls « événements » qu’il s’est passé avant. C’est la première fois que j’en parle justement parce que je ne voulais pas que mon histoire soit reprise par des antivax, et serve dans une bataille qui n’est pas la mienne. Je vous en parle parce que la culpabilité est malgré tout présente. Et que j’ai du mal à avancer.

Hier c’était la date présumée du terme. Je suis une boule d’angoisse depuis quelques jours. Des crises de larmes, des douleurs somatiques, des attaques de panique…. J’ai l’impression d’avoir été encore dans le déni jusque hier et me prendre tout en pleine face… Je suis terrifiée, j’ai peur de l’avenir, peur de ne pas pouvoir continuer sans elle. Elle me manque tellement…. J’aimerai tellement savoir ce qu’il a pu se passer… j’aimerai revenir en arrière. Essayer de changer les choses…. Ou même juste pouvoir la serrer de nouveau contre moi….

Je ne sais pas si vous pourrez m’aider, ni même si vous arriverez jusqu’au bout de ce texte. J’espère que l’écrire me fera du bien.

Margaux