Le vécu de mon IMG

[Djaniss]

Bonjour à toutes et à tous.

Cela fait presque 4 mois que mon fils est parti trop tôt, suite à une IMG...
C'est comme si c'était hier...
Il y a 4 mois, je lançais de désespoir sur Facebook ce message, tellement ma douleurs était immense, et que je manquais d'interlocuteurs.
J'avais l'envie que tout soyent au courant de ma détresse, que rien ne soit tabou. Je voulais tout évacuer, ne rien garder pour moi...
Je n'avais pas encore pu voir de psychologue... Difficile en période covid d'en avoir de disponible...
J'avais écrit ceci... Ce texte qui résonne toujours en moi, depuis le jour de mon accouchement...


"Je ne trouve pas le sommeil.
Les infirmières m'ont proposées des anxiolytiques pour m'aider à dormir, je n'en veux pas. Je pleure... Dans quelques heures, mon ventre sera affreusement vide, tout comme je le serais, le temps du deuil.
J'ai hâte de te rencontrer, mais j'ai aussi envie de te garder encore un peu au chaud, sous mon nombril. Je ne sais pas si ton petit cœur bat encore, où si les cachets pris, pour arrêter ma grossesse, ont bien fait effet.
Je ne te voulais pas en souffrances, je ne te voulais pas en soin palliatif si tu avais survécu aux 9 mois de colocation dans mon corps.
C'est une décision affreuse qui prend aux tripes. Je pleure. Je serre fort le doudou qui t'était destiné.
Toute les projections que nous avions fait de toi, et ce, bien avant ta conception, seront dur à oublier, et se retrouvent à néant.
Je veux pleinement vivre ces derniers instants, où je te sais encore dans mon ventre, en pleine conscience, même si cela est extrêmement douloureux.
Tu es né(e) en moi, tu seras mort(e) en moi.
Je ne sais pas si l'accouchement sera long. Mais j'ai hâte de te voir, de te serrer dans mes bras pour te faire mes derniers adieux.
Tu sera petit(e), inachevé(e), je me sentirai incomplète, et amputée de toi.
Oui je vais perdre un morceau de moi même.
Ces 3 mois passés avec toi auront été intenses, et je ne les oublierai pas.
Dans quelques heures, tu auras ton petit prénom, pour que l'on ne t'oublie pas, même si pour le moment tu n'auras existé qu'en moi.

Désolée pour ce triste et funèbre témoignage.
Mais la maternité n'est pas toujours magique, et apporte malheureusement, beaucoup de tragique."

Aujourd'hui, ça va un peu mieux, la vie à repris son cours, mais la douleur est toujours là.
Je pense que j'essaie de me mentir à moi même en disant à tout mon entourage que ça va mieux, car c'est ce qu'ils désirent entendre...
La semaine prochaine, mon compagnon et moi auront les résultats de l'autopsie de notre petit bout.
Ça cogiter à fond dans ma tête.
Même si je sais que je ne dois pas me sentir coupable des malformations de mon fils, mon alimentations, mode de vie... C'est vraiment difficile d'attendre des réponses...
Ce qui est difficile, c'est de se sentir impuissante aux recherches sur les causes qui aurait pû causer les diverses malformations de mon fœtus...
L'envie de remuer ciel et terre pour comprendre...
L'envie de tout analyser, l'eau du robinet, le moindre aliments ingurgité pendant les mois de grossesse... Les champs autour de la maison...
Mais le remuer comment... Pas le pouvoir, ni les moyens.

Le seule moyen pour soulager ma peine est d'en parler, parler tout autour de moi.
Il n'y a pas eu de tabou.

Pour remonter la pente, je me consacre à fond dans le jardinage, et au bonheur de tout mes petits animaux de la maison, chiens, chat, volailles...
Le bénévolat au secours populaire m'aide du fait de ne pas rester seule chez moi à tourner en rond est reçasser mon malheur.
J'ai beaucoup dessiner mon fœtus pour aider à amoindrir mon deuil. Je pense que c'est pour prolonger la rencontre qui fut trop courte avec lui. De l'observer pour retranscrire et imprimer les moindres détails de sa morphologie dans mon cœur et mon âme.

D'ici quelques jours, à notre rendez vous à l'hôpital pour les résultats d'analyses de l'autopsie et les recherches génétiques, l'équipe médicale nous dira si il est possible de se lancer dans la conception d'un petit frère ou d'une petite sœur.

Nous avons appelé le petit bout Nino.
Nino signifie "le petit garçon", car il restera à jamais un petit garçon gravé dans nos cœurs...
Un prénom qui a une symbolique forte.
Un prénom différents de celui prévu initialement, que l'on garde pour le où la cadet(te), pour ne pas qu'il y ait de transfert. Un prénom qui sera mixte, car on a aucune attente particulière sur le sexe de l'enfant.

Merci de m'avoir lu.

Difficile de continuer d'en parler à mon entourage, a qui je sens profondément, qui désirent je passe à autre chose rapidement... Les deuils doivent être express dans notre société... Pour ne pas les lasser de ma peine.
Et puis il faut se relever au plus vite possible pour affronter les prochains traca que la vie nous réserve...

Cet IMG est mon 3em deuil périnatale après 2 fausses couches précoces, comprenant un œuf clair, le tout en moins d'un an et demi.
C'est moche mais ça blinde à force...

Je remercie l'équipe médicale qui m'a vraiment bien entourée pour ce dernier deuil. Ça m'a permis d'avancer et à me relever plus facilement.
Ce qui ne fut pas le cas lors de mon oeuf clair.

Merci encore aux personnes qui me lisent.
J'espère que mon témoignage aidera d'autres mamanges.
Car c'est le témoignage des autres qui m'a beaucoup aidé pour mon deuil.
De les lire, ça m'a permis de trouver les maux manquant pour décrire les souffrance ressenti, et permis de moins culpabiliser, et de me sentir moins seule.

Merci à vous tous et vous toutes.

[Calie56]

Bonjour,

Ton témoignage est très poignant, très touchant, merci pour ce partage.

Je me retrouve dans beaucoup de chose, cette douleur, cette recherche de sens, ce besoin de le crier au monde entier, puis ce moment où pour les proches le temps est écoulé ils ont besoin que l'on aille mieux, que l'on avance.

Je crois sincèrement que peu de personnes peuvent comprendre à part les femmes qui ont vécu ce drame, cette terrible épreuve.

J'espère que tu as trouvé du soutien et une écoute pour pouvoir partager ton vécu, ton histoire.

Le 18 juin, était aussi le 4ème mois sans mon fils, la douleur est différente, elle n'est plus présente à chaque instant, elle n'est plus à vif comme au départ bien que parfois elle revient me serrer le ventre comme au 1er jour. Ma vision de la vie, de mon entourage a été bouleversée. Le vide et le manque sont très présents mais un sentiment d'apaisement en pensant à lui si beau et serein est apparu.

Je te souhaite que la suite de ton chemin soit plus doux et que vous puissiez prononcer ce prénom gardé secret au petit frère ou à la petite sœur de Nino.

Douce pensée pour votre petit ange parti rejoindre les étoiles avec tout l'amour que vous lui avez apporté.

Aurélie