Cri2710 a écrit : ↑21 avril 2021, 18:57
Bonjour à toutes,
Ma prochaine écho est lundi, j'en ai une tous les 15 jours, je suis surveillée comme le lait sur le feu et bien sûr je sais que ce n'est pas pour rien...Mes 2 petits ont 7 mm d'écart (environ 10%), on avait déjà le même écart à la l'échographie du 1er trimestre, c'est pas mal en soit, le médecin a dit "on lui demande pas d'être aussi grand que l'autre, juste qu'il suive sa courbe", ce qu'il a l'air de faire.
Mais il faut être honnête, le moindre petit grain de sable chez moi ça part en cacahuète dans ma tête mais on va dire que ça va. Il s'est passé 5 ans depuis que j'ai perdu mon 1er bébé, je le sens qd même que ça m'aide que ce ne soit pas trop brûlant cette perte.
Concernant les autres, conjoints, parents, amis, connaissance, j'ai appris beaucoup dans ces circonstances de deuil, de difficultés à la naissance et la principale info apprise est la suivante: ne pas écouter les conseils/remarques pseudo-bienveillantes non sollicité(e)s, les autres veulent toujours nous imposer leur point de vue, (pour selon eux nous aider à avancer ah ah ça me fait rire car en vrai c tout l'inverse on nous enfonce) alors même qu'ils sont incapables de porter nos baskets 5 minutes (et surtout ils ne voudraient en aucun cas prendre notre place). On nous fait souvent remarquer que l'on est trop ci, trop ça, trop obnubilée, trop effrayée, trop fragile...mais je vous assure que c'est tout l'inverse en réalité: je pense qu'il n'y a pas plus fortes que les femmes de ce forum ici, vivre un tel drame, se relever, reprendre le risque de revivre la même chose, si ce n'est pas de la force c'est quoi? C'est aussi beaucoup d'espoir! On oublie toujours de voir l'espoir qu'il y a à vivre une nouvelle grossesse après une perte d'un enfant, c'est un sentiment positif l'espoir.
Alors on a le droit de se plaindre, on a le droit d'avoir peur de tout, d'être à fleur de peau, de pleurer, de toujours penser au pire car en réalité c'est tout ça qui nous aide à rester debout, à évacuer, à avancer, c'est juste que ça gêne les autres, et bien je dirais tant pis pour eux.
Pour ce qui est de la relation avec mon conjoint, il y a 5 ans ça a été très difficile, il ne me comprenait pas, puis il y a eu mon fils Eliott, et sa naissance compliquée ça a été encore pire pour être honnête, j'ai douté parfois que l'on puisse dépasser ça. Mais aujourd'hui, ça va vraiment, il a fallu du temps mais on a réussi.
Etre incomprise à l'époque, entendre toute ses sornettes de sa part, de celle de ma mère aussi qui, bien que très proche de moi, n'a jamais trouvé les mots pour me soutenir ("mais tu es déçue de ton bébé? pourquoi tu pleures?" le genre de phrase qu'elle m'a dit), m'a tout bonnement amenée à devenir sourde un matin. Je me lève, je m'installe au petit dej, la minute suivante je n'entends plus rien, celle d'après je suis projetée au sol avec des vertiges rotatoires insupportables: une surdité brusque ça s'appelle. On sait pas d'où ça vient, la seule explication ce serait lié à un stress post-traumatique, pas trop étonnant après la période difficile que j'avais traversé. J'ai été hospitalisée 10 jours, je risquais de ne jamais récupérer l'audition. C'est arrivé 2 fois, j'ai tout récupéré heureusement à cout de traitement assez lourd. Mais le symbole est lourd de sens, je n'en pouvais plus après avoir vécu tout ça, de n'entendre que des reproches sur ma façon de vivre les choses, d'être toujours remise en question dans mon rôle de mère ou dans mon deuil, et voilà mon corps a parlé = ON COUPE LE SON.
Cette longue et ennuyeuse histoire pour vous dire ceci, si ces remarques des autres pèsent, si on en a marre d'entendre tout ça, alors peut-être faut-il couper le son par soi-même, leur dire que c'est notre façon de vivre les choses et que si ils pensent faire mieux, ils n'ont qu'à prendre notre place mais s'ils ne prennent pas notre place, alors ils feraient mieux de se taire. Nous sommes fortes, nous faisons de notre mieux, pas après pas, étape après étape et la seule bonne façon d'avancer pour nous, est simplement celle que l'on choisit (bien qu'en réalité cela s'impose à nous).
Voilà, je vous envoie tout mon soutien dans ce chemin qui est encore bien long mais on va y arriver.
A bientôt, je vous dirais ce qu'il en est à la prochaine écho lundi 26.
Bien à vous,
Christelle