Je prends le courage d'écrire ici, mon histoire, après avoir lu quelques unes d’entre vous.
J'ai 38 ans. Maman de deux adorables "grandes"filles d'un précédent mariage.
En couple depuis bientôt 5 ans avec mon homme, nous avons mis un moment à désirer un enfant de nous.
La vie de famille avec mes deux enfants est bien remplie et nous ne souhaitions pas brûler des étapes en allant trop vite, souhaitant privilégier notre équilibre familiale qui se construisait au sein de notre famille recomposée.
Il y a 1 an, nous voilà prêt à commencer les essais bébé! Grande joie pour moi, car j'ai eu envie avant mon homme...
En février 2020, je tombe enceinte! Très heureuse, je suis toute excité par cette nouvelle!
Mais voilà qu'une semaine plus tard, un matin, je saigne. Je fais une fausse couche précoce, comme il l'appel. Pour moi, c'est une fausse couche point.
Je saigne beaucoup, autant que mon cœur pleure.
Là je me mets à douter, de moi, de mon corps, de mon âge... J'ai une adénomyose (forme d'endométriose) et une hypothyroïdie d'Hachimoto. Et puis j'ai 37 ans, et puis, et puis... Je doute, de moi.
Les mois passent, le bonheur et la vie continue, dans ma famille, au sein de mon couple.
Fin juillet, petite surprise! Je suis à nouveau enceinte!
Quel bonheur, on est super content. Mais tout de suite, on se dit qu'il ne faut pas trop se réjouir, sachant que les 3 premiers mois sont décisif, et que nous avons déjà vécu une fausse couche.
Premier contrôle à 8SA+3J, tout va bien, bébé est bien là, au bon endroit et son cœur bat très bien! YOUPI
Comme nous sommes en période Covid, nous décidons de le dire aux filles, dans l'idée qu'elles prennent conscience qu'elles devront vraiment faire attention car je deviens "à risque"en raison de la grossesse.
Elles sont super heureuses!
J'ai quelques désagréments de grossesse mais rien de terrible, mise à part une envie de fromage!
Le rdv de fin du premier trimestre arrive, nous sommes tout impatient!
Moi qui me gênais avec mon ventre qui avait déjà porté 2 enfants et pas repris son tonus de jeunesse, je n'ai pas ressentie de gêne au moment de baisser mon collant pour l'échographie: je me sentais tellement bien.
L’échographiste commence l'examen. Elle prend du temps. Je contemple notre bébé. Je suis heureuse.
Puis... Puis elle nous dit qu'elle a de la peine à mesurer la nuque. Elle nous dit également qu'elle ne voit pas un os sur le nez, et que ça n'est pas bon signe. Je ne peux pas y croire, d'ailleurs je crois que je ne l'écoute pas.
Elle entre les données dans son ordinateur, je me rhabille.
On s'assoit, mon homme et moi, puis elle tourne l'ordinateur vers nous. Là je peux lire 1/4.
1 risque sur 4 de trisomie. 1/4. 1 sur 4. C'est impossible. Mon cœur se brise. Une partie de moi n'est plus là. Et je pleure.
Mon amoureux se lève, et je le vois se fermer, il le dit d'ailleurs... Je suis tellement triste.
L'échographiste nous fixe une chorio dans 3 jours.
Nous rentrons, tous les deux, mains dans la main, à pied, sous le soleil, les larmes pleins les yeux.
Il y a un détail qui compte pour nous, dans notre histoire, qui n'est finalement pas un détail d'ailleurs: j'ai une sœur plus petite de 2 ans, qui est atteinte d'une maladie génétique neurodégénérative. Le handicap c'est toute ma vie, une grosse partie de ma vie plutôt.
Petite, et jeune adulte, je me suis beaucoup investie et occupée de ma sœur. Toute ma famille est très active dans le monde du handicap à Genève, mes parents ont beaucoup œuvré pour cette cause, aux seins d’associations, de groupe de parents, etc.
Bref, tout cela pour vous dire que je ne connais que trop bien ce que c'est d'avoir un enfant handicapé, ou d'être la sœur d’une personne avec un handicap...
Et voilà, que potentiellement ça allait m'arriver à moi. Je ne pouvais pas y croire
Je vous passe les détails jusqu'aux résultats, bien que vous vous en doutez l'annonce aux filles d'un risque de trisomie et l'attente ont été épouvantables...
Le verdict tombe: notre bébé est le 1 sur 4. Notre bébé est porteur de trisomie 21. Et je pleure. Nous pleurons. Tous, toute ma famille a le cœur brisé.
Un rdv à la maternité est fixé dans 2 jours.
La taille de mon petit bébé est à la limite pour effectuer un curetage (je suis à 13SA4J), on m'hospitalise rapidement afin de m'éviter un accouchement voie basse.
Le 16 octobre 2020, on m'enlève mon petit du creux de mon ventre. On me vide de lui. Je suis vide de lui. Vide.
Heureusement, dans notre malheur, nous avons eu de la chance car très bien entouré par l'équipe médicale très attentive à nous durant cette terrible journée. J'ai bien réagit à l'intervention médicale, heureusement, et nous avons pu rentrer chez nous.
Mes filles étaient chez leur père, ce qui a aidé car j'ai ensuite du m'occuper d'elles aussi, elles qui ont eu beaucoup de chagrin.
Nous avons beaucoup parlé, et j'ai pu être présente grâce à l'arrêt que j'ai eu par la suite.
Ça nous a a tous fais du bien, et énormément aidé.
J'ai beaucoup pleuré le premier mois, puis mes larmes se sont calmer, la vie a repris son cours, mais sans oublier.
J'ai encore des moments de tristesse, de manque et de vide, mais je suis en paix avec notre décision. Je ne souhaitas pas une vie comme ça pour mon bébé, ni pour mes filles. C'est trop dur. D'autant plus que je n'ai pas fini de devoir être présente pour ma sœur...
Mon bébé je l'ai appelé Moon, ça veut dire lune en anglais. C'est son petit surnom, J'avais besoin de faire ça, car sinon il existe nulle part sauf dans nos cœurs. Moon est dans les étoiles, et il joue maintenant avec la lune.
Merci de m'avoir lue.
Djoon.