Ma fille, mon bébé, mon trésor...
J'écris ici parce que tu n'es plus là... J'écris ici parce que ce Dimanche 28 Juin 2020 à 3h14, tu es née sans vie... J'écris ici car c'est ton papa et moi qui en avons décidé ainsi... Pour ton bien mon bébé, nous avons pris la lourde décision de l'IMG à 4 mois de grossesse...
Cette grossesse je la désirai depuis longtemps. Mais avec ton Papa, nous voulions d'abord faire les choses bien... avoir chacun un CDI pour subvenir à tes besoins, un nid douillé au calme à la campagne pour t'accueillir, une voiture familiale pour ta sécurité... Nous étions prêts. Tout celà s'est concrétisé et il était temps pour nous de nous lancer dans l'aventure d'une grossesse...
Alors le 6 Janvier 2020, je fais retirer mon implant contraceptif. Le 10 Mars 2020, j'apprends que je suis enceinte. Quelle surprise ! Nous ne pensions pas que ça fonctionnerait aussi vite... Nous sommes si heureux tu sais, nous allions devenir ton papa et ta maman
C'est le confinement à cause du coronavirus... Je suis au chômage partiel pour ne pas risquer quoi que ce soit pour toi. Ca ne tombe finalement pas plus mal car étant donné les nausées, la fatigue extrême et tous les symptômes pas très cool de la grossesse, j'étais bien à la maison. Ce confinement nous a aussi permis de garder cette grossesse secrète jusqu'aux fameux 3 mois... Ce fameux objectif que l'on franchit pour diminuer concidérablement le risque de fausse couche et qui se valide par une echo et le tri test... En parlant d'échos, c'est le coeur lourd que je devais y aller seule... Ton papa n'a jamais pu y assister. Ce fichu corona imposait au milieu médical de sévères restrictions
Avec ton papa nous voulions tellement annoncer cette nouvelle à la famille de vive voix, de manière originale... Nous savions à quel point tu allais être le bonheur de beaucoup de monde...
Et ce fut le cas ! Lors du déconfinement, c'est avec beaucoup d'émotion que nous avons annoncé ta présence dans mon ventre à ta mamie Béa... Elle qui attendait ça depuis tellement longtemps. Elle qui exerce le métier d'assistante maternelle et à qui nous t'aurions confié les yeux fermés pour aller travailler... Elle qui t'aurait tellement apporté... Toi, sa première petite fille... Avec ton papa, nous n'oublierons jamais ses larmes de bonheur...
Puis nous l'avons annoncé à ton tonton Cyril, qui n'en revenait pas. Il était tout ému. Saches aussi qu'il aurait très certainement essayé de faire de toi une petite geek c'est sûr
C'est aux 70 ans de ton Papi Philippe que nous avons continué d'annoncer ma grossesse à la famille... A ta mamie Corinne, à tes tatas, Tifenn et Aurélia, à tes tontons, Raph et Gaël, à tes cousines, Evana et Garance... Comme je te l'ai déjà dit, tu faisais déjà le bonheur de tous !
Puis vient ce Mardi 16 Juin 2020... Un simple RDV de contrôle chez le gynéco. Un simple RDV qui deviendra le début de ce cauchemar...
Le gynéco me fait une petite écho non prévue au programme... Il veut revoir ton cerveau me dit-il, car il n'avait pas pu bien le voir la dernière fois... Finalement, il ne me révèle rien sur ton cerveau mais il me dit qu'il y a un épanchement pleural au niveau de tes poumons... Que je dois aller faire une écho référée chez un spécialiste. Je sors de ce RDV abasourdie. Je suis triste, j'ai peur... Que t'arrive t-il mon bébé ? 2 jours plus tard, le 18 Juin 2020, nous voilà chez l'échographiste spécialiste, qui va tout faire basculer... L' écho est silencieuse, j'ai peur, mais ton papa est là. C'est la première fois qu'il te découvre... Je ne veux pas le regarder, car je sais au plus profond de moi que c'est la dernière fois qu'il te verra derrière cet écran...
"Epanchement pleural bilatéral"
"Malformation sévère du cerveau"
"Trisomie 13"
"Amniocentèse"
"Incurable"
"IMG"...
Voilà les mots qui résonnent encore en moi...
Ce 18 juin 2020, nous savions que tout était fini mon bébé... Je m'effondre... Pourquoi moi ? Pourquoi toi ? Je ne comprends pas, tout allait pourtant si bien... Je pleure de douleur. Tu es en moi, ton coeur bat si bien et pourtant... tu ne vivras pas.
Je fais cette amniocentèse le Lundi 22 Juin. Elle ne révèlera finalement pas de trisomie 13. L'origine de ton mal n'est pour le moment pas connue mon bébé. Les recherches des médecin sur le liquide amniotique se poursuivent...
En revanche, cette amniocentèse nous révèlera que tu es une petite fille...
Il n'y avait donc plus de surprise... il en était ainsi, nous devions à présent nous préparer à t'accueillir, toi, notre bébé, notre fille...
Tout est allé très vite. Trop vite.
Les médecins sont formels. Tu n'as pas de trisomie, mais ton cerveau ne s'est pas bien développé... Tu n'as qu'un seul hémisphère. C'est un diagnostic grave. Incurable. Tu n'aurais pas survécue mon bébé. Sinon dans la souffrance... Comment imaginer te donner la vie pour souffrir ? Comment vivre et te regarder mourir ? Avec ton papa c'était inconcevable... Nous voulions ton bonheur, pas ton malheur. Nous préférons endurer la souffrance de ta perte toute notre existence plutôt que de t'infliger quelques heures, quelques jours, quelques mois ou même quelques années de vie dans la douleur.
C'est pourquoi tout est allé très vite.
Jeudi 25 Juin 2020, je prenais le premier comprimé...
Vendredi 26 Juin 2020, je suis hospitalisée, on me pose des laminaires dans le col de l'utérus...
Samedi 27 Juin 2020, on me donne un comprimé... Puis un autre... On me pose la péridurale... Encore et encore des comprimés... Je vomis... J'ai des tremblements démultipliés en réaction à la péri... Ton papa est là, pas une seconde il ne me laisse. Il est mon pilier, il est mon soutien infaillible. Je n'aurai pas réussi sans lui. Il me dit que je suis forte. Moi je me sens faible. Il me dit qu'il est fier de moi. Moi je me sens misérable. J'ai peur. J'ai soif. Je suis fatiguée. Je veux que ça se finisse. Je pleure. Mais mon col ne s'ouvre pas plus qu'à 1... C'est long... Trop long... J'angoisse. On me donne des calmants. Je m'endors...
Dimanche 28 Juin 2020, vers 2h30 du matin peut-être, je suis sortie brutalement de mon sommeil car la poche des eaux s'est rompue. Ce moment est gravé en moi. Je panique, ça y est. Ton papa appele la sage femme. Je ressens les contractions qui me font mal. J'ai mal, j'ai pourtant dit que je ne voulais pas avoir mal. C'est la fin je le sais, tu arrives mon bébé... La sage femme me soulage avec une dose de péri. Je sens que ça pousse... elle m'examine et me dit "votre puce est là, on va s'installer tranquillement"...
2 fois... Il aura fallu que je pousse 2 petites fois pour que tu sois là. 3h14 du matin. Tu es née. Mais tu ne cries pas... tu ne crieras jamais... Mes contractions ont arrêté ton petit coeur avant que tu ne sortes... Je ne sais même pas vraiment si je réalise. La sage femme t'emmène pour te nettoyer, te préparer, te faire belle ma fille. Ta mamie Corinne t'a tricoté une jolie couverture rose pour t'envelopper. Papa et moi t'avons acheté un joli doudou rose pour t'accompagner et te rassurer. Tu n'es pas seule mon bébé. On est là. Sur ce doudou, on y a accroché la médaille de mon Bola offert par ta mamie Béa où est inscrit "un ange va naître"... A croire que c'était écrit...
J'ai peur de te rencontrer je l'avoue... Je demande à ton papa d'aller seul te découvrir pour me rassurer. C'etait votre moment à tous les 2. Je sais qu'il t'a dit sa colère mon bébé. Mais je sais aussi qu'il t'a dit à quel point il t'aimait. Tu es sa fille à tout jamais et nous savons toutes les 2 qu'il aurait été un papa formidable...
Puis je t'ai rencontré à mon tour... Tu es si petite. Si petite mais si belle. Mon bébé, mon trésor, ma merveille... Je n'aurai jamais imaginé que tu aurais le visage si doux, si apaisé. Tu es magnifique. Tu as les yeux ouverts et le sourire. Je n'en reviens pas. Quel cadeau tu nous fais... Un vrai visage d'ange. Oui car c'est ce que tu es devenue mon bébé, un petit ange.
Je suis apaisée, soulagée. Ce moment de rencontre est un bonheur remplit d'amour. Je te prends dans mes mains, je te caresse, je te parle. Je pose même un baiser sur ton front. Avec ton papa nous prenons des photos pour ne jamais oublier ton regard, ton visage. Tu es notre premier bébé, notre fille. Tu es tellement belle. Je me sens maman. Je ne veux pas te laisser. Tu es tout pour moi mon bébé et j'en veux au monde entier de nous avoir séparées, de nous faire vivre cette injustice... Je sais pourtant que nous avons pris la meilleure des décisions pour ton bien. Que c'est une décision d'amour. Je sais aussi que tu ne nous en veux pas. Je sais que tu es en paix et que tu nous aimes très fort. Je sais que tu es là, près de nous, malgré tout. Mais pour le moment ma douleur est indescriptible. Je souffre de ne pas t'avoir à mes côtés. Je souffre maintenant de ne jamais t'avoir sentie bouger dans mon ventre alors que c'est pourtant ce que j'ai souhaité très fort que ce moment n'arrive pas. Car j'avais peur. Peur de trop m'attacher. Mais maintenant que je t'ai vu, porté, je m'en veux. Je regrette terriblement... Pardonne-moi de ne pas m'être sentie maman pendant ces 3 mois, pardonne-moi de ne pas t'avoir parlé à travers mon ventre, de ne pas l'avoir beaucoup carressé... Je m'en veux terriblement car j'ai peur que tu puisses croire que je ne t'ai pas aimé. Mais je te jure mon bébé que mon amour pour toi est inimaginable et que chaque jour de ma vie je penserai à toi. Tu es et restera mon premier bébé, ma fille, ma Lylou que j'ai perdu à tout jamais. Personne ne te remplacera, personne ne t'oubliera je te le promets !
Je sais que tu es venue sur notre chemin pour nous faire comprendre des choses... Je sais que ce malheur laissera place au bonheur. Je sais que c'est une épreuve de plus à surmonter pour me rendre encore plus forte. Mais pour le moment, j'ai trop de peine, trop de tristesse. Mon coeur est brisé. Une partie de moi s'en est allée... Un long chemin de reconstruction m'attend... Mais mon bébé je t'en pris, si tu peux me faire signe, fais-le. J'ai besoin de toi. J'espère au plus profond de moi que tu as rejoins ma Manou et mon Papé et qu'ils prennent soin de toi
Saches ma Lylou que tu resteras mon bébé pour la vie et qu'avec ton papa nous faisons tout pour que tu es ta place dans notre quotidien. Tu fais partie de la famille, ta place sera toujours là. Tu seras inscrite sur le livret de famille. Je parlerai de toi, mon bébé. Tes photos, tes empreintes, ton doudou, ton bracelet de naissance...tout est gardé précieusement. On ne t'oubliera jamais Lylou. Jamais. Comme dit ton papa, "dans ce malheur il y aura toujours ce petit bonheur qui restera dans notre coeur, notre petite Lylou".
Et pour moi mon bébé, je finirai en te citant ceci :
L'essentiel dans ma vie est de savoir que tu as été là...
L'essentiel dans mon coeur est de savoir que tu y resteras...
Je t'aime si fort
Ta mamange...
❤❤❤