Je travaille en maternité depuis 13 ans.
J'ai toujours été sensible a la souffrance des familles face a un deuil périnatal,
J'essaie de faire de mon mieux pour accompagner les parents dans cette epreuve, préparer les nouveaux nés respectueusement.
Côté personnel,
Ce sont des années perdus d'infertilité dut a une très faible réserve ovarienne et une endométriose détecté tardivement.
Nous avons eu la chance avec mon conjoint de démarrer un parcours FIV ICSI
Sereins et détendus étonnamment,
Conscient du coup de pouce,
1er transfert embryonnaire,
test de grossesse ++
...Et mes angoisses commencent...
Peur d'une grossesse arrêté, d'une FC précoce, d'une MFIU.
Tout y passe !
Et je devient complètement addict aux échographies,
Complétement droguée !
Seule la vision d'un battement cardiaque me rassure pour un temps.
Et cela devient irraisonné, alors même que je perçoit les premiers mouvements de notre fille à 16 sa.
J'essaie de me raisonner.
Mon conjoint aussi est stupéfait de me voir ainsi.
Je contacte une association pour un accompagnement, mais je n'accroche pas.
Je lâche prise doucement vers 20 sa.
Ma fille doit être un pachyderme, mon utérus vibre sous ses coups de pieds.
Je suis heureuse, grosse et belle.
Un coeur léger, je me projette.
Visualise même un accouchement physio,un allaitement. Je ne doute de plus rien !
Au rdv de l'écho T2 ma gynécologue de ville est inquiete :
elle visualise un hydramnios sans voir autre chose, et m'oriente vers le CDPN *****.
Nouvelle échographie morphologique poussée,
ou une tache échogene est découverte au niveau du cervelet.
Le monde s'arrête.
Non ça ira bien, je le sais.
Mon intuition me dit ok.
Une tache ça veut rien dire
Elle est forte, c'est notre bébé.
Ça ne peut pas nous arriver. Pas nous.
Non.
Le medecin au vu de l'image est pessimiste.
S'en suit un mois d'examens non stop.
Un mois entre parenthèse.
Un mois a ce centrer sur l'important, à vivre au jour le jour, a osciller avec un panel d'émotions contradictoires.
Moi je me dit qu'il ce sont trompé.
Ce bébé à trop d'énergie pour être malade,
Elle n'arrête jamais de bouger !
Je joue avec elle, lui parle. Lui demande de guérir.
Papa lui se met un peu en retrait,
Il ne me touche plus le ventre,
Il essai comme il peut de moins souffrir.
Puis les résultats de l'IRM :
Handicap élevé moteur et intellectuel
dut a une hémorragie cérébelleuse.
Le neuropédiatre pose les mots avec douceur malgré le pronostique sans appel.
Nous allons te laisser retourner a ta liberté ma chérie. Que tu ne soit pas prisonnière de cette vie qui ne t'appartiendra pas.
Le moment du foeticide a été un moment calme.
Dans ma bulle. Je veut rester connecté avec elle jusqu'au bout. Je suis calme.
Je m'évade dans un lieu où je me sent bien, apaisé de joli souvenirs d'enfance.
Ma fille s'endort définitivement en siège,
Sa tête posée tout contre mon cœur.
Notre rencontre a lieu le lendemain,
Dans mes bras Sam était à sa place,
Je lui ai parlé, beaucoup. Je lui ai tout raconté.
Je l'ai aimé si fort, notre mini nous.
Papa aussi lui a parlé, mais avec des mots silencieux, comme ses larmes.
C'était il y a deux semaines.
P'tite Sam,
Mon ventre est bien trop plat sans toi,
Seule devant mon miroir, ce n'est plus nous,
Seulement moi.
Je t'aime , tu me manques