Aucune patience, je ne me reconnais plus...

[Marion13022018]

Bonjour,
J'ecris ici en espérant trouver des oreilles attentives et des conseils. Je n'ose pas en parler à mon entourage car j'ai honte de mon comportement et je ne me reconnais plus.
Le 1er septembre j'ai subi une IMG, j'ai accouché d'un petit garçon sans vie... Depuis je suis aneanti. Je me sens vide et meurtri de l'intérieur.
J'essaie d'aller de l'avant mais je n'y arrive pas..
J'ai déjà une petite fille de 2 ans et demi que j'aime plus que tout mais voilà depuis cette IMG je ne me reconnais plus. Je n'ai plus aucune patience avec elle, tout m'énerve. Je me fâché constamment. Je n'ai plus envie ni la force de m'en occuper (je me sens horrible de penser comme ceci, svp ne me jugez pas).
Je ne sais pas quoi faire pour changer cela. Je pense qu'elle ressent que quelque chose est différent car elle régresse, ne veut plus manger seule, redemande la couche alors qu'elle est propre depuis 4 mois, se réveille la nuit alors qu'elle fait ses nuits depuis ses 2 mois...
Je me sens désemparée. Elle ne mérite tellement pas ça. Des que je m'énerve ou autre je culpabilise de suite mais pourtant c'est plus fort que moi..
Que faire ?

[Caroline20032020]

Bonjour Marion,

Je suis désolée que tu aies eu à rejoindre ce forum. Tout d'abord, ton IMG est très récente. Il est normal que tu te sentes désemparée. Toutes les émotions que tu décris sont parfaitement légitimes.

J'avais moi aussi une petite fille de l'âge de ton aînée quand ma deuxième est née. Ce n'est vraiment pas facile de vivre toutes ces bouleversements interieurs en ayant aussi à prendre en charge la vie quotidienne et les émotions d'une autre petite personne qui partage déjà notre vie. C'est même très difficile... Je crois qu'à l'âge de nos enfants, la disponibilité mentale et émotionnelle de l'adulte joue énormément dans la façon dont se déroule le quotidien. La fatigue nerveuse et émotionnelle nous empêche d'être complètement disponible et ça ajoute de la difficulté à cette période de développement des 2 3 ans qui est franchement déjà assez pénible comme ça. Alors, vraiment, ne te mènes pas la vie trop dure, de ce que tu semble dire, tu fais déjà le maximum, tu aimes ta fille, tu peux te regarder avec bienveillance, ce que tu vis n'est pas facile.

Je ne peux pas te donner de recette miracle car chaque individu et chaque famille est différente, mais je peux te partager ce qui m'a aidée moi au même moment.

D'abord, nous lui avons expliqué et répété ce qui se passait. Nous lui avons dit que nous étions très tristes car sa petite sœur n'était pas avec nous. Que si on pleurait ou se fachait plus vite pour des broutilles, ce n'était pas sa faute. Qu'elle aussi avait le droit d'être triste et fâchée. On est souvent allés au cimetière avec elle. J'ai vu une différence car on lui avait directement dit qu'il y avait un problème, mais entre le premier diagnostique et la décision de l'img, on avait oublié de l'informer que sa petite sœur allait naître et mourir (oups ^^). Le fait de verbaliser avec elle l'a un peu apaisée.

Ensuite, on s'est fait aider des qu'on a pu (confinement) et on l'a rapidement confiée 2 nuits semaines à nos parents pour souffler et se reposer. Ca me permettait d'avoir des longs moments rien qu'à moi pendant lesquels je pouvais être une lavette si je voulais.

On se relayait avec mon conjoint. Des qu'on sentait que l'autre perdait ses moyens, on prenait le relais. Je me suis souvent excusée auprès d'elle de m'emporter si violemment. Je lui disais que ce qu'elle avait fait m'avait contrariée, mais qu'en vrai, j'explosais car c'était juste une accumulation de contrariétés qui m'avait poussée à bout. Lui expliquer permettait aussi de me l'expliquer à moi même et de dédramatiser ensemble.

Dormir aussi. Après l'accouchement j'ai été épuisée pendant un bon mois. La fatigue ajoute à la difficulté de gérer le quotidien. Je faisais des siestes tous les jours.

En parler avec la psy de l'hôpital m'a aussi donné quelques clé.

Voilà en vrac. Je pense que d'autres pourront encore te donner quelques pistes.

Je pense bien à toi.

Caroline

[Marion13022018]

Merci beaucoup pour ta réponse qui me fait beaucoup de bien. Et je suis vraiment désolé pour ta princesse
J'ai subi mon IMG à 15SA et nous avions encore rien dit sur le fait que j'étais enceinte à notre fille du coup c'est très compliqué. J'essaie de lui expliquer que je suis triste et qu'il faut que je me repose mais elle veut rien savoir je crois...
J'ai commencé un suivi psy qui me fait beaucouo de bien donc j'espère ça va continuer.
J'espère arriver à remonter la pente.. Merci beaucoup pur tout tes conseils vraiment.
Bon courage à vous aussi.. Je t'embrasse

[caroline2212]

Bonjour.

J'ai subi mon img à 36 SA début juillet. Et j'ai une petite fille de 2 ans et demi. Quand je suis rentrer de l'hôpital j'ai épuisé, perdu. En plus d'être anéanti par la perte de mon fils j'avais le sentiment de ne plus savoir m'occuper de ma fille.
Elle était dur avec moi, ne voulais plus s'endormir sans que je soit à côté d'elle. Et je trouvais qu'elle regressais.
J'ai réussi à lui parler, à lui expliqué que je n'était pas bien, lui expliquer que son frère n'était plus là, qu'il était très très malade et que maman était très trissese parce qu'on aimais son frère même si il ne serait pas là.
Ne culpabilise pas de ce que tu ressens. C'est normal. C'est tellement compliqué de réussir à gérer tous ces sentiments et gérer une enfant qui ne sais pas tous ce qui ce passe. Nos enfants sont des éponges. Ils sentent qu'ils y a un souci, mais ne savent pas l'exprimer. Et nos on a plus de patience.
Ton img est ressente et ta puce n'était pas au courant de ta grossesse. Il faut lui parler pour qu'elle comprenne que tu ne sois pas bien, même si pour elle c'est très subjectif.
Quand je voyais que je n'arrivais pas à passer un cape avec ma fille j'ai pensais au pedopsy mais après avoir réussi à parler avec ma fille, les choses sont passés naturellement.
Surtout ne t'en veux pas, tu en fait déjà beaucoup et tu aimes à ta fille c'est ce qui compte. Il faut laisser un peu de temps pour retrouver une stabilitée.

Je te souhaite courage à toi et ta famille.