Mon IMG date d’une semaine et j’ai ressenti le besoin de venir sur le forum pour lire des témoignages car je suis totalement perdue, j’ai le sentiment de débloquer, de ne plus être moi… Je suis rassurée d’une certaine manière de me reconnaître dans vos messages.
Mon compagnon et moi vivons cette épreuve très différemment, j’ai besoin d’en parler et lui préfère taire le sujet. Même s’il me dit que je peux lui en parler je sais qu’au fond il espère le contraire. Je culpabilise aussi car je le vois avancer, reprendre le cours de notre ancienne vie et moi je continue à pleurer plusieurs fois par jour, il est mal de me voir comme ça et je vois bien qu’il est totalement désemparé. Je ne sais pas comment l’aider et m’aider à la fois…
Une semaine après, j’ai le sentiment de stagner, voire régresser. Un jour je vais bien, je peux penser à mon bébé sans avoir les larmes aux yeux, vivre le quotidien normalement, puis, le lendemain c’est la chute, je ressens un vide énorme en moi, tout me renvoie à notre fille et je m’effondre. Je ne me reconnais plus, mon chéri a toujours eu l’habitude de m’appeler « son roc » et mes amis de me dire que je suis une personne forte qui peut tout surmonter ; pourtant là, je suis brisée et pleine de doutes.
Ce qui nous a conduit à une IMG c’est un mini doute lors de l’échographie des 5 mois, notre fille qui était parfaitement en forme avait les os du nez peu développés. Mais la sage-femme nous a dit que c’était très certainement dû aux origines de mon conjoint qui est métis, rien d’alarmant. Mais deux semaines après, elle nous a rappelé en nous disant qu’elle avait demandé l’avis d’un confrère et qu’elle nous incitait à faire une échographie supplémentaire pour vérifier ce petit détail. Là encore le docteur fait le même constat, très rassurant mais sans évincer la possibilité d’une anomalie chromosomique. Mes examens précédents étaient très rassurants, un score de 1/6042, une clarté nucale parfaite et un développement normal du fœtus. On nous propose de poursuivre les tests, soit un DPNI, soit une amniocentèse. On a choisi l’amniocentèse pour être sûr une fois pour toute et ne plus perdre de temps. Et puis, c’est le coup de téléphone qui vous plonge dans un cauchemar, le résultat de l’amniocentèse montre une trisomie 21. Notre monde s’est effondré, personne ne s’attendait à ce résultat, ni les professionnels, ni nous. On avait évoqué cette éventualité sans trop y croire, nous avions décidé de faire une IMG si le résultat était positif. Mais c’est une chose d’en parler quand c’est une éventualité, s’en est une autre de choisir la date pour procéder à une interruption de grossesse. Les choses se sont très vite enchaînées, l’amniocentèse le 9/10, l’IMG le 21/10. Depuis je n’ai pas touché terre.
L’IMG a été une réelle épreuve pour moi, phobique des hôpitaux, des aiguilles, du sang etc. J’avais peur de cet accouchement particulier, peur de ce moment de l’injection pour mettre fin à la vie de ma fille, peur du moment où elle allait quitter mon corps et qui mettrait fin à ces 27 semaines passées à deux, peur du moment où on allait me demander si je voulais la voir, peur du moment où on devrait décider si on veut lui donner un nom, s’occuper du devenir du corps, la déclarer ou non à l’état civil… Toutes ces étapes à franchir m’ont terrifié avant mon entrée à la maternité. J’ai eu de la chance de tomber sur une équipe médicale géniale, la sage-femme qui m’a suivi était bienveillante et d’un soutien très important. Avec le recul, je me rends compte que je n’ai pas vraiment réalisé ce qui se passait, j’étais tellement terrifié par le côté médical que le seul moment où j’ai pleuré c’est juste après l’injection, quand l’équipe médicale est partie et qu’on s’est retrouvés seuls avec mon compagnon. Là j’ai réalisé que mon bébé s’était définitivement endormi.
Avant l’IMG je n’arrivais pas à décider si je voulais la voir ou non, mon compagnon ne voulait pas. Nous avions décidé de ne pas lui donner de prénom (même si on en avait choisi un avant tout ça), de laisser l’hôpital s’occuper du corps, mais pour ce qui était de la voir, je n’arrivais pas à me décider. J’avais peur de voir ce corps sans vie, de me graver une image dans la tête que je voudrais peut-être effacer après, j’avais peur aussi de voir des traits de trisomie chez ma fille que j’avais maintes fois imaginé autrement. J’avais aussi très peur de m’attacher plus à mon bébé en le voyant et d’être plus touchée de lui dire adieu ensuite. La sage-femme qui nous a accompagné a été formidable, on a beaucoup discuté et après l’accouchement elle m’a dit que ma fille était jolie et ne présentait pas de signe de trisomie, que j’avais tout le temps de me décider, que je pourrais la voir n’importe quand. Ce n’est que le lendemain que j’ai décidé de la voir, mais je l’ai à peine regardé dans les bras de la sage-femme, j’ai senti les larmes monter mais je n’ai rien pu faire de plus. Ça n’a duré que 5min, pendant lesquelles j’ai parlé à la sage-femme et ignoré ma fille. Je suis revenue dans la chambre, presque fière de montrer à mon compagnon que j’avais géré mes émotions. Puis le soir, au moment de m’endormir, je me suis effondrée, je me suis détestée d’avoir traité ma fille comme ça, de ne pas lui avoir dit au revoir. Le lendemain j’ai demandé à la voir encore avant de quitter la maternité. Là je n’avais plus de blocage émotionnel, je l’ai vu et j’ai fondu en larmes, je suis restée avec elle près d’une demi-heure. Partir a été la chose la plus dur que j’ai jamais faite. J’avais le sentiment de l’abandonner et je réalisais que c’était la dernière fois que je voyais mon bébé.
Une semaine après j’ai encore ce besoin de la voir, je sais qu’elle est toujours là puisqu’on a ce délai de 10 jours pour réclamer le corps et que même après ce délai, la crémation n’est pas toujours faite de suite. Je n’arrête pas de penser qu’elle est seule, dans une morgue, qu’elle va être incinérée à la chaine je ne sais pas quand. Je n’ai pas trouvé sur le forum de discussion à ce sujet mais c’est quelque chose qui m’obsède, j’ai ce vide en moi depuis l’accouchement et en même temps son corps est toujours là, je lui ai dit au revoir mais elle n’est pas partie encore. C’est très perturbant comme situation, je ne sais pas quoi faire.
Je vous remercie d’être arrivé au bout de ce pavé et d’avoir pris le temps de me lire.
Une IMG et puis après ?
Re: Une IMG et puis après ?
Bonjour Caroline,
je suis désolée que vous vous retrouvez dans cette situation. Votre perte est toute récente, c'est absolument normal d'être bouleversée. Les premiers moments qu'on vit après une telle annonce sont des moments de sidération, quand on ne comprend pas bien ce que ca nous arrive. C'est après, au fur et à mesure, qu'on commence à comprendre déjà ce que ca nous arrive et d'intégrer.
De mon coté, j'ai perdu ma fille à 21 semaines de grossesse le 19 septembre, suite à une IMG pour trisomie 21 aussi. Ca fait plus d'un mois depuis et depuis cette date ca n'a pas existé un seul jour quand je n'ai pas pleuré, ou quand je n'ai pas pensé à elle. Comme vous, j'ai eu longtemps le sentiment qu'elle est encore avec moi jusqu'au point que je sursautais au moindre mouvement intestinal que je sentais, en pensant à elle quand elle bougeait. Les premières trois semaines je n'osais pas à toucher mon ventre, vraiment je ne pouvais pas mettre ma main sur le ventre, justement par peur et horreur de sentir ce ventre vide. Donc je vous comprends parfaitement quand vous dites que vous avez l'impression qu'elle est encore avec vous. Ca prend du temps à accepter la réalité, celle que nos bébés ne sont plus avec nous, ca ne peut pas se faire de jour au lendemain. Après plus d'un mois, je ne suis toujours par convaincue d'avoir intégrer cette réalité et j'ai une peur terrible pour le début du février quand serait été la date prévue d'accouchement.
Vous avez très bien fait d'avoir demander à revoir votre fille, d'ailleurs si vraiment vous ressentez le besoin je pense que vous avez encore la possibilité de retourner pour passer un petit moment avec elle. Pour moi aussi le retour à la maison a été horrible, sortir de l'hôpital le ventre et les bras vides, en laissant ma fille derrière, ca a été extrêmement dur...
Essayez d'en parler de ce que vous ressentez, éventuellement de vous faire aider aussi par une psychologue (je vois encore la psychologue du CHU et ca me fait beaucoup du bien). N'hésitez pas de revenir sur le forum pour en discuter et lire aussi d'autre témoignages, car vous allez voir que vous n'êtes pas seule et ce que vous ressentez est normal.
Courage à vous pour traverser cette épreuve !
je suis désolée que vous vous retrouvez dans cette situation. Votre perte est toute récente, c'est absolument normal d'être bouleversée. Les premiers moments qu'on vit après une telle annonce sont des moments de sidération, quand on ne comprend pas bien ce que ca nous arrive. C'est après, au fur et à mesure, qu'on commence à comprendre déjà ce que ca nous arrive et d'intégrer.
De mon coté, j'ai perdu ma fille à 21 semaines de grossesse le 19 septembre, suite à une IMG pour trisomie 21 aussi. Ca fait plus d'un mois depuis et depuis cette date ca n'a pas existé un seul jour quand je n'ai pas pleuré, ou quand je n'ai pas pensé à elle. Comme vous, j'ai eu longtemps le sentiment qu'elle est encore avec moi jusqu'au point que je sursautais au moindre mouvement intestinal que je sentais, en pensant à elle quand elle bougeait. Les premières trois semaines je n'osais pas à toucher mon ventre, vraiment je ne pouvais pas mettre ma main sur le ventre, justement par peur et horreur de sentir ce ventre vide. Donc je vous comprends parfaitement quand vous dites que vous avez l'impression qu'elle est encore avec vous. Ca prend du temps à accepter la réalité, celle que nos bébés ne sont plus avec nous, ca ne peut pas se faire de jour au lendemain. Après plus d'un mois, je ne suis toujours par convaincue d'avoir intégrer cette réalité et j'ai une peur terrible pour le début du février quand serait été la date prévue d'accouchement.
Vous avez très bien fait d'avoir demander à revoir votre fille, d'ailleurs si vraiment vous ressentez le besoin je pense que vous avez encore la possibilité de retourner pour passer un petit moment avec elle. Pour moi aussi le retour à la maison a été horrible, sortir de l'hôpital le ventre et les bras vides, en laissant ma fille derrière, ca a été extrêmement dur...
Essayez d'en parler de ce que vous ressentez, éventuellement de vous faire aider aussi par une psychologue (je vois encore la psychologue du CHU et ca me fait beaucoup du bien). N'hésitez pas de revenir sur le forum pour en discuter et lire aussi d'autre témoignages, car vous allez voir que vous n'êtes pas seule et ce que vous ressentez est normal.
Courage à vous pour traverser cette épreuve !
Re: Une IMG et puis après ?
Bonsoir Caroline,
Comme Elena je suis désolée que vous ayez vécu cette douloureuse expérience.
J’ai moi aussi subi une IMG car mon petit garçon était porteur de trisomie 21, mais un peu plus tôt que vous, à 17 SA.
Je crois que c’est normal d’être perdu, c’est une épreuve très difficile. Mon mari et moi avions réfléchi avant ma grossesse à ce que nous ferions si j’étais enceinte d’un enfant handicapé, nous avions décidé d’interrompre la grossesse, mais quand on nous a annoncé la trisomie 21, nous ne nous en sommes pas tenus à notre décision initiale. Nous avons réfléchi pendant 15 jours, en envisageant sérieusement de poursuivre la grossesse, consulté des médecins, des parents pour essayer de cerner au plus près quel pourrait être l’avenir de notre enfant. Finalement nous avons conclu qu’il y avait trop de risques qu’il souffre.
Cette période de réflexion m’a permis d’évoluer aussi sur ce que je voulais après l’IMG et pour les obsèques de notre petit garçon: j’ai très vite su que je voudrais voir mon bébé, mon mari était beaucoup plus réticent et avait peur, mais finalement il n’a pas regretté qu’il nous ait été présenté après l’accouchement et nous l’avons gardé deux heures avec nous. En revanche, au départ je trouvais qu’il était trop petit pour lui donner un prénom (nous lui avions trouvé un surnom avant la première échographie), mon mari et moi étions d’accord pour prendre en charge les obsèques, mais je souhaitais une incinération et je ne voulais pas le faire inscrire sur le livret de famille. Finalement nous lui avons donné un prénom, je me suis rangée au souhait de mon mari d’une inhumation et je l’ai fait inscrire sur le livret de famille.
Ensuite une fois rentrée de la maternité j’ai eu besoin de retourner à la chambre mortuaire plusieurs fois. Mon mari n’est venu qu’une seule fois avec moi et ça l’a beaucoup affecté. Le soir du jour où j’y suis allée pour la première fois, nous étions à table pour le dîner et comme vous d’un coup est arrivée l’idée que mon bébé était tout seul à la chambre mortuaire. Ça m’a suffoquée, d’autant plus que j’étais coupée en deux entre ce sentiment d’avoir abandonné mon bébé et la raison qui me disait que ça n’avait aucun sens puisqu’il ne sentait plus rien.
Le sentiment de vide, je l’ai ressenti aussi. Et même le sentiment que c’est comme si toute ma grossesse avait été effacée, qu’il ne s’était rien passé.
Les états d’esprit contradictoires, je les ai expérimentés également : après mon accouchement, j’ai été occupée par la préparation des obsèques et n’ai pas eu trop le temps de me laisser aller. Ensuite, une fois sortie de tout cela, pendant un bref moment j’ai été portée par une sorte de fierté d’avoir réussi à tout traverser et d’être encore debout. Et puis il n’y a plus rien eu à faire, la « fierté » est retombée et je me suis retrouvée comme vous l’écrivez plus mal qu’immédiatement après l’IMG, à pleurer tout le temps et à ne plus trouver d’intérêt à rien.
Un mois après, je connais toujours des jours avec et des jours sans, et même au sein d’une même journée des moments avec et des moments sans.
Ce qui est très compliqué aussi pour moi c’est que tout ceci n’est pas de l’ordre du rationnel, mais de l’émotionnel et que ma raison aussi solide soit-elle n’arrive pas à maîtriser les émotions. Je ne regrette absolument pas la décision que nous avons prise, mais ça ne m’empêche pas de pleurer, pour des raisons souvent inattendues ou imprévisibles : l’autre jour j’étais en train de me préparer à manger et tout d’un coup est venue l’idée que je ne pourrai jamais préparer un gâteau pour mon petit garçon.
La différence de vécu entre mon mari et moi est assez similaire à celle que vous décrivez entre votre compagnon et vous : j’ai besoin d’en parler, lui non, il est mal de me voir mal. En revanche, la deuxième fois que nous sommes retournés au cimetière une semaine après l’enterrement c’est lui qui était très mal, alors que pour moi cette visite était plutôt apaisante. Cette épreuve que nous avons vécue nous a rapprochés et soudés, pourtant pendant un moment nous nous sommes beaucoup disputés car nous étions à cran. Maintenant cela va mieux.
Pour ce qui est des émotions, j’ai décidé de ne pas lutter car c’est trop fatigant. Je laisse venir, même si ça me semble idiot. De toute façon je n’y peux rien.
J’ai l’impression qu’il faut faire beaucoup comme on le sent : si vous regrettez de ne pas avoir assez vu votre fille, allez la voir. Si finalement vous regrettez de laisser l’hôpital s’occuper du corps, dites que vous avez changé d’avis. Vous en avez le droit et pour ma part je pense que c’est une situation déjà tellement douloureuse qu’il ne faut pas en plus se placer dans la situation d’avoir des regrets pour ne pas avoir osé se raviser (nous l’avons fait pour l’autopsie que nous avions demandée et à laquelle finalement nous avons renoncé, le personnel de la chambre mortuaire a très bien compris et a fait tout le nécessaire pour l’annuler).
Je vous souhaite beaucoup de courage, essayez de trouver des petites choses qui vous font du bien, ça aide aussi.
Comme Elena je suis désolée que vous ayez vécu cette douloureuse expérience.
J’ai moi aussi subi une IMG car mon petit garçon était porteur de trisomie 21, mais un peu plus tôt que vous, à 17 SA.
Je crois que c’est normal d’être perdu, c’est une épreuve très difficile. Mon mari et moi avions réfléchi avant ma grossesse à ce que nous ferions si j’étais enceinte d’un enfant handicapé, nous avions décidé d’interrompre la grossesse, mais quand on nous a annoncé la trisomie 21, nous ne nous en sommes pas tenus à notre décision initiale. Nous avons réfléchi pendant 15 jours, en envisageant sérieusement de poursuivre la grossesse, consulté des médecins, des parents pour essayer de cerner au plus près quel pourrait être l’avenir de notre enfant. Finalement nous avons conclu qu’il y avait trop de risques qu’il souffre.
Cette période de réflexion m’a permis d’évoluer aussi sur ce que je voulais après l’IMG et pour les obsèques de notre petit garçon: j’ai très vite su que je voudrais voir mon bébé, mon mari était beaucoup plus réticent et avait peur, mais finalement il n’a pas regretté qu’il nous ait été présenté après l’accouchement et nous l’avons gardé deux heures avec nous. En revanche, au départ je trouvais qu’il était trop petit pour lui donner un prénom (nous lui avions trouvé un surnom avant la première échographie), mon mari et moi étions d’accord pour prendre en charge les obsèques, mais je souhaitais une incinération et je ne voulais pas le faire inscrire sur le livret de famille. Finalement nous lui avons donné un prénom, je me suis rangée au souhait de mon mari d’une inhumation et je l’ai fait inscrire sur le livret de famille.
Ensuite une fois rentrée de la maternité j’ai eu besoin de retourner à la chambre mortuaire plusieurs fois. Mon mari n’est venu qu’une seule fois avec moi et ça l’a beaucoup affecté. Le soir du jour où j’y suis allée pour la première fois, nous étions à table pour le dîner et comme vous d’un coup est arrivée l’idée que mon bébé était tout seul à la chambre mortuaire. Ça m’a suffoquée, d’autant plus que j’étais coupée en deux entre ce sentiment d’avoir abandonné mon bébé et la raison qui me disait que ça n’avait aucun sens puisqu’il ne sentait plus rien.
Le sentiment de vide, je l’ai ressenti aussi. Et même le sentiment que c’est comme si toute ma grossesse avait été effacée, qu’il ne s’était rien passé.
Les états d’esprit contradictoires, je les ai expérimentés également : après mon accouchement, j’ai été occupée par la préparation des obsèques et n’ai pas eu trop le temps de me laisser aller. Ensuite, une fois sortie de tout cela, pendant un bref moment j’ai été portée par une sorte de fierté d’avoir réussi à tout traverser et d’être encore debout. Et puis il n’y a plus rien eu à faire, la « fierté » est retombée et je me suis retrouvée comme vous l’écrivez plus mal qu’immédiatement après l’IMG, à pleurer tout le temps et à ne plus trouver d’intérêt à rien.
Un mois après, je connais toujours des jours avec et des jours sans, et même au sein d’une même journée des moments avec et des moments sans.
Ce qui est très compliqué aussi pour moi c’est que tout ceci n’est pas de l’ordre du rationnel, mais de l’émotionnel et que ma raison aussi solide soit-elle n’arrive pas à maîtriser les émotions. Je ne regrette absolument pas la décision que nous avons prise, mais ça ne m’empêche pas de pleurer, pour des raisons souvent inattendues ou imprévisibles : l’autre jour j’étais en train de me préparer à manger et tout d’un coup est venue l’idée que je ne pourrai jamais préparer un gâteau pour mon petit garçon.
La différence de vécu entre mon mari et moi est assez similaire à celle que vous décrivez entre votre compagnon et vous : j’ai besoin d’en parler, lui non, il est mal de me voir mal. En revanche, la deuxième fois que nous sommes retournés au cimetière une semaine après l’enterrement c’est lui qui était très mal, alors que pour moi cette visite était plutôt apaisante. Cette épreuve que nous avons vécue nous a rapprochés et soudés, pourtant pendant un moment nous nous sommes beaucoup disputés car nous étions à cran. Maintenant cela va mieux.
Pour ce qui est des émotions, j’ai décidé de ne pas lutter car c’est trop fatigant. Je laisse venir, même si ça me semble idiot. De toute façon je n’y peux rien.
J’ai l’impression qu’il faut faire beaucoup comme on le sent : si vous regrettez de ne pas avoir assez vu votre fille, allez la voir. Si finalement vous regrettez de laisser l’hôpital s’occuper du corps, dites que vous avez changé d’avis. Vous en avez le droit et pour ma part je pense que c’est une situation déjà tellement douloureuse qu’il ne faut pas en plus se placer dans la situation d’avoir des regrets pour ne pas avoir osé se raviser (nous l’avons fait pour l’autopsie que nous avions demandée et à laquelle finalement nous avons renoncé, le personnel de la chambre mortuaire a très bien compris et a fait tout le nécessaire pour l’annuler).
Je vous souhaite beaucoup de courage, essayez de trouver des petites choses qui vous font du bien, ça aide aussi.
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- Messages : 2
- Enregistré le : 28 octobre 2019, 18:21
Re: Une IMG et puis après ?
Bonjour,
Merci pour vos réponses, c'est idiot mais c'est réconfortant de voir qu'on est pas seule à ressentir tous ces sentiments contradictoires. Aujourd'hui j'ai l'impression que c'est un jour "avec", mais je m'attends à m'effondrer à tout moment...
Hier j'ai rencontré une psychologue, nous avons discuté de tout et cela m'a fait beaucoup de bien. Je lui ai parlé de mon angoisse quand je pensais à ma fille seule à l'espace mortuaire de l’hôpital et ce compte à rebours de 10 jours pour se rétracter et récupérer le corps. Elle m'a fait prendre conscience que ma décision était prise (de ne pas faire de cérémonie et laisser l’hôpital s'en charger) et ce qui me faisait douter de cette décision c'était en fait la peur d'en finir. J'accorde de l'importance à ce corps car c'est tout ce qu'il me reste de mon bébé et que je ne suis pas encore prête à lui dire au revoir, même si je sais qu'elle est déjà partie depuis 1 semaine...
C'est très compliqué de ne plus se comprendre, j'ai le sentiment que mes émotions me jouent des tours, que je ne peux plus faire confiance à ce que je ressens car ça change tout le temps. Voir un psychologue va beaucoup m'aider je pense. Et mon conjoint, ma famille, sont rassurés que je sois suivie.
J'ai conscience que ça va être un long chemin pour retrouver une vie normale et surmonter cette épreuve, que je vais devoir faire avec ces émotions contradictoires.
Je vous souhaite aussi beaucoup de courage.
Merci pour vos réponses, c'est idiot mais c'est réconfortant de voir qu'on est pas seule à ressentir tous ces sentiments contradictoires. Aujourd'hui j'ai l'impression que c'est un jour "avec", mais je m'attends à m'effondrer à tout moment...
Hier j'ai rencontré une psychologue, nous avons discuté de tout et cela m'a fait beaucoup de bien. Je lui ai parlé de mon angoisse quand je pensais à ma fille seule à l'espace mortuaire de l’hôpital et ce compte à rebours de 10 jours pour se rétracter et récupérer le corps. Elle m'a fait prendre conscience que ma décision était prise (de ne pas faire de cérémonie et laisser l’hôpital s'en charger) et ce qui me faisait douter de cette décision c'était en fait la peur d'en finir. J'accorde de l'importance à ce corps car c'est tout ce qu'il me reste de mon bébé et que je ne suis pas encore prête à lui dire au revoir, même si je sais qu'elle est déjà partie depuis 1 semaine...
C'est très compliqué de ne plus se comprendre, j'ai le sentiment que mes émotions me jouent des tours, que je ne peux plus faire confiance à ce que je ressens car ça change tout le temps. Voir un psychologue va beaucoup m'aider je pense. Et mon conjoint, ma famille, sont rassurés que je sois suivie.
J'ai conscience que ça va être un long chemin pour retrouver une vie normale et surmonter cette épreuve, que je vais devoir faire avec ces émotions contradictoires.
Je vous souhaite aussi beaucoup de courage.
Re: Une IMG et puis après ?
Bonjour Caroline,
vous avez très bien fait d'aller discuter avec une psychologue, c'est important en ce moment car on est trop bouleversées par cette situation. Et puis vous comme nous toutes femmes passées récemment par cette expérience terrible appelée l'IMG, on est juste au début d'un long chemin de contradictions, d'incompréhensions vers nous mêmes, des moments quand ca va et puis juste après des moments de douleur intense... J'ai écouté récemment une conférence de Christophe Fauré (vous trouvez sur youtube plusieurs de ses conférences si vous pensez que ca peut vous aider), c'est un psychiatre spécialiste du deuil et à un moment donné il faut un belle analogie sur la douleur de la perte de qqn, il dit que dans les premiers temps d'un deuil la douleur est tellement forte, comme une musique très forte et très bruyante qui couvre tout autre son, même si en sourdine il y a une autre musique plus douce, plus calme. Avec le temps cette musique forte ne disparait pas mais elle change de volume, elle laisse la place à d'autres musiques à se faire entendre.
Bonne courage à vous.
vous avez très bien fait d'aller discuter avec une psychologue, c'est important en ce moment car on est trop bouleversées par cette situation. Et puis vous comme nous toutes femmes passées récemment par cette expérience terrible appelée l'IMG, on est juste au début d'un long chemin de contradictions, d'incompréhensions vers nous mêmes, des moments quand ca va et puis juste après des moments de douleur intense... J'ai écouté récemment une conférence de Christophe Fauré (vous trouvez sur youtube plusieurs de ses conférences si vous pensez que ca peut vous aider), c'est un psychiatre spécialiste du deuil et à un moment donné il faut un belle analogie sur la douleur de la perte de qqn, il dit que dans les premiers temps d'un deuil la douleur est tellement forte, comme une musique très forte et très bruyante qui couvre tout autre son, même si en sourdine il y a une autre musique plus douce, plus calme. Avec le temps cette musique forte ne disparait pas mais elle change de volume, elle laisse la place à d'autres musiques à se faire entendre.
Bonne courage à vous.