Ce soir, une autre illustration des phrases qui blessent.
Comme toutes ces petites remarques, je ne l'ai pas vue venir, je suis restée abasourdie, j'ai répondu puis me suis tue devant l’entêtement de mon interlocuteur.
Pourtant, mon interlocuteur était ma Maman, qui elle aussi a été touchée par le décès de sa petite fille. J'étais pourtant très fière de lui avoir démontré comme le deuil périnatal est complexe, et tabou, et éternel. Mais ce soir, il y a eu un retour à zéro... Notre conversation tourne dans ma tête depuis deux heures, je suis déçue. Je ne lui en veux pas, mais je suis déçue car je faisais un pas vers elle, et sa remarque a clairement fermé la porte. Voici notre conversation.
Je lui parle de l'avant première de "Et je choisis de vivre" suivi d'un débat animé par l'association Souvenange. Je lui ai envoyé le lien par mail et voulais lui proposer qu'on y aille ensemble. N'habitant pas dans le même département, je vais voir ce film une première fois cette semaine, en pensant y aller une seconde fois avec ma mère.
Elle me dit : j'ai lu le résumé, tu me diras si c'est bien. La maman (Amande dans le film), elle a perdu son enfant à quel âge ? C'est la même histoire que toi ?
Moi : elle a perdu son enfant à 9 mois de vie je crois, en tout cas durant la première année de vie.
Elle : Ah... Donc ce n'est pas la même histoire que toi quand même.
Moi : Ben si, elle a perdu son bébé. C'est le thème du film. On a perdu un enfant, et c'est notre vie d'après, comment on s'en relève.
Elle : Oui mais ce n'est pas comme toi. Son bébé, elle a vécu avec.
Moi, qui la coupe immédiatement : C'est la perte d'un enfant, c'est la même chose pour moi (je ne me suis pas lancé dans une argumentation, j'ai bien senti que ce n'était pas le moment, par téléphone).
Elle : Il faut que tu acceptes qu'on ne pense pas la même chose. Ce n'est pas la même chose, je pense que si tu perdais ton fils aujourd'hui (il a 3 ans) tu ne réagirais pas pareil, tu trouverais que ce n'est pas la même chose.
Moi, non encline à débatre : c'est la perte d'un enfant, c'est la même chose. Toutes les Mamanges pensent comme nous (mon mari et moi).
Elle (et là c'est le coup de massue...) : Il faut que tu arrêtes de te sentir appart des autres, tout le monde ne pense pas comme toi et ne se pose pas autant de questions.




Et là j'ai radicalement changé de sujet et écourté l'appel téléphonique.
Je ne lui en veux pas car c'est ma Maman, et je pense que derrière ses propos blessants, il y a en fait une grande inquiétude de voir sa fille ne pas se relever de cette épreuve. Je sais qu'en relatant cette discussion ici, je l'expose à des remarques blessantes.
Il y a encore deux semaines elle a eu une oreille très attentive à mon cheminement, c'est pourquoi je suis très déçue de ses propos aujourd'hui. Je pense que je le lui dirai.
Le retentissement émotionnel qu'entraine la perte de notre enfant n'est pas lié au nombre de semaine de grossesse ou de semaines de vie. Dès lors que nous le considérons comme notre enfant, l'amour est présent, sans mesure possible, sans comparaison possible avec un aîné vivant.
Merci de votre écoute sur ce forum, j'avais besoin de relater cette conversation pour essayer qu'elle ne tourbillonne plus dans ma tête...

Alexandra.