Bonjour,
Je m’appelle A. et j’ai 28 ans. Le 31 Janvier 2018, j’ai accouché à terme de mon deuxième fils, sans vie cette fois-ci.
Quelques jours après l’accouchement, j’ai décidé que je viendrai déposer mon histoire ici, quand j’aurais déjà passé certaines étapes du deuil, de la perte. Et que mon témoignage sur ce forum marquerait un pas dans ma reconstruction.
J’ai la sensation que j’en suis là maintenant. Alors, j’écris.
Je suis tombée enceinte « par hasard ». En tout cas, ce n’était pas prévu. A l’époque, je traversais une période difficile dans mon couple et dans la vie. Ce bébé imprévu est arrivé. Nous avons décidé de le garder et d’essayer de recoller nos morceaux. On y est progressivement parvenu. Mais pendant toute la grossesse, j’étais inquiète. Inquiète de voir à quel point cette deuxième grossesse différait de la première. Chose plutôt normale en réalité, mais moi, ça m’inquiétait. J’avais été « un peu malade » pour le premier, là, je vomissais mes trippes à chaque repas et j’avais des migraines à m’en faire exploser le cerveau. Et puis m’on ventre s’est arrondi plus vite, plus tôt. Alors que pour mon premier fils, je crapahutais encore au 9ème mois, là, à 4 mois et demi, j’avais déjà un ventre de plus de 6 et j’avais du mal à être « dynamique ». Il parait que c'est comme ça, « ce sont les bébés d’après le 1er », c’est normal. Mais moi, j’étais pas tranquille quand même. Et puis j’étais très fatiguée. Avec un premier enfant en bas âge dans les pattes, c’est normal. Et puis mon mari a perdu sa mère, il est rentré dans sa famille, qui habite à 10.000 km de la France. Et je me suis occupée seule de la maisonnée, en plus de mon travail, où les déplacements et autres sont le quotidien. Alors, en décembre, la sage-femme m’a arrêtée. Heureusement, j’étais crevée. Mais tout allait bien quand meme.
Début Janvier, nous allons faire la dernière échographie. Jusqu’à présent, inquiète sans raison, je n’avais pas trop investi la grossesse. Je m’étais dit : « on attend la dernière échographie pour acheter ce dont on aura besoin ». Mis à part un berceau à moitié équipé et un minuscule carton de vêtements pour bébé 0 mois, on n’avait rien. Parce que j’étais pas tranquille. Sans raison tangible.
Je m’allonge sur le lit du radiologue-échographe, toujours très sympathique. J’aimais bien le contact avec lui. Il fait les échographies. Le bébé est beau, bien proportionné, il bouge bien, beaucoup même. A la fin, le médecin nous dit « bon, il a un ventricule légèrement plus gros que la moyenne, mais ce n’est pas grave. Ça arrive fréquemment. Vous verrez, ça se résorbe après la naissance ». Et hop, nous voilà sorti du cabinet.
Nous ne sommes pas trop rassurés pour autant. Et petit à petit, durant la journée, nous tournons et retournons les pages du rapport, relisons les mesures prises. Mon mari est médecin. Et en se refaisant le film de l’échographie, des choses lui reviennent en tête : l’échographe n’a pas fait les gestes essentiels lors d’une détection d’une potentielle anomalie : il n’a pas mesuré cette anomalie (le compte rendu la qualifie de légère, sans qu’on sache de combien elle est exactement), il n’a pas fait appel à un confrère pour un 2ème avis et il ne nous a pas, par mesure de précaution, orienté vers le diagnostic anté-natal de notre hopital de référence. C’est tout ça qui fait fortement tiqué mon époux.
Je passe les détails. Mais la fin de l’histoire, c’est un accouchement à 9 mois de grossesse d’un bébé sans vie, à qui on avait diagnostiqué à la suite d’échographies poussées et IRM, une absence totale et isolée du corps calleux, ce petit pont qui relie les deux ventricules cérébraux.
Aujourd’hui, c’est l’heure pour moi de délester mon histoire ici, dans ce jardin du souvenir. Merci à toutes pour vos témoignages souvent libérateurs bien que très douloureux, qui m’ont aidés et accompagnés durant ces derniers mois sur le chemin si laborieux du deuil. Bon courage aux autres, aux suivantes car malheureusement, il y en aura toujours. Sachez que la vie apporte des belles choses comme des plus laides, mais qu’il est possible de vivre avec, au mieux.
Je laisse également un message dans la rubrique « les choses qui nous aidés à aller mieux », avec toutes les choses qui m’ont aidé à retrouver des moments plus léger et une ligne d’horizon plus apaisée.
C'était le 31 Janvier
Re: C'était le 31 Janvier
Salut Alp,
Je viens de lire ton témoignage qui m'impressionne. Je suis impressionnée par ta force de vivre si peu de temps après la naissance de ton garçon. Je trouve ton message très fort, très touchant et plein de positivité.
Ce n'est pas facile de continuer à avancer après une tel drame et c'est bien de trouver des ressources qui permettent d'avancer dans le deuil. Personnellement, ma grande a été un moteur énorme.
Plein de courage pour la suite
Marie
Je viens de lire ton témoignage qui m'impressionne. Je suis impressionnée par ta force de vivre si peu de temps après la naissance de ton garçon. Je trouve ton message très fort, très touchant et plein de positivité.
Ce n'est pas facile de continuer à avancer après une tel drame et c'est bien de trouver des ressources qui permettent d'avancer dans le deuil. Personnellement, ma grande a été un moteur énorme.
Plein de courage pour la suite
Marie
Maman de Zoé née en Juillet 2013, de Léo né sans vie à 34SA en Avril 2015 (CMV) et de Mina née en Mars 2016
http://www.petiteemilie.org/phpbb/viewt ... =14&t=4414
http://www.petiteemilie.org/phpbb/viewt ... =14&t=4414
Re: C'était le 31 Janvier
Bonjour
Je suis Hélène j'ai lu ton histoire cela est très émouvante et tragique à la fois
J'ai un peu près la même sauf que moi j'ai accouché de mon garçon à 8 mois sans savoir qu'il était mort dans mon ventre le 7 février 2018
J'ai beaucoup d'admiration pour toi pour ton courage et les mots que tu emplois sont si juste et de caractère professionnels
Tout le monde me dis que j'ai eu du courage d'avoir accouché de mon fils ce fut et c'est toujours une souffrance totale un accouchement en silence comme toi mon couple battais de l'aile et bat toujours de l'ail mon mari viens de perte sa grand mère qui la élevé il la considérait comme sa mère alors encore plus de silence tabous...
les épreuves de la vie sont si dur on fait semblant devant le monde entier et en faite ce n'est pas le cas
Sincères pensés pour ton bébé et tous les autres petits être précieux partis sans l'avoir mériter
Je suis Hélène j'ai lu ton histoire cela est très émouvante et tragique à la fois
J'ai un peu près la même sauf que moi j'ai accouché de mon garçon à 8 mois sans savoir qu'il était mort dans mon ventre le 7 février 2018
J'ai beaucoup d'admiration pour toi pour ton courage et les mots que tu emplois sont si juste et de caractère professionnels
Tout le monde me dis que j'ai eu du courage d'avoir accouché de mon fils ce fut et c'est toujours une souffrance totale un accouchement en silence comme toi mon couple battais de l'aile et bat toujours de l'ail mon mari viens de perte sa grand mère qui la élevé il la considérait comme sa mère alors encore plus de silence tabous...
les épreuves de la vie sont si dur on fait semblant devant le monde entier et en faite ce n'est pas le cas
Sincères pensés pour ton bébé et tous les autres petits être précieux partis sans l'avoir mériter
Re: C'était le 31 Janvier
Bonjour Hélène
Ton histoire me touche comme toute mais c est tellement dur de se dire que tt allait bien jusqu'au jour où tout bascule...et ce qui me touche encore plus c est que comme toi ma 1ere grossesse était un fleuve tranquille je naviguais partout en pleine forme et la bim des le départ grosse douleur au ventre beaucoup de fatigue comme toi un 1er enfant de 3 ans et demi bien Speed ect une vie à 100 à l heure un mari qui travaille en décalé qui fait du sport de niveau donc peu présent ...
Personne ne comprends que je me sens pas bien ... Je marche comme si j étais à 9 mois je suis fatiguée essoufflé... Seule réponse des médecins et gynécologues c est normal ect....bref
Ton histoire me touche comme toute mais c est tellement dur de se dire que tt allait bien jusqu'au jour où tout bascule...et ce qui me touche encore plus c est que comme toi ma 1ere grossesse était un fleuve tranquille je naviguais partout en pleine forme et la bim des le départ grosse douleur au ventre beaucoup de fatigue comme toi un 1er enfant de 3 ans et demi bien Speed ect une vie à 100 à l heure un mari qui travaille en décalé qui fait du sport de niveau donc peu présent ...
Personne ne comprends que je me sens pas bien ... Je marche comme si j étais à 9 mois je suis fatiguée essoufflé... Seule réponse des médecins et gynécologues c est normal ect....bref
Re: C'était le 31 Janvier
Bonjour Alp,
je suis triste de t'accueillir ici et lire ton témoignage. J'espère qu'il t'apportera ce que tu es venue chercher ici en déposant ton histoire et que ça te fera avancer dans ton travail de deuil.
je suis triste de t'accueillir ici et lire ton témoignage. J'espère qu'il t'apportera ce que tu es venue chercher ici en déposant ton histoire et que ça te fera avancer dans ton travail de deuil.
Re: C'était le 31 Janvier
Plus d'un an après le départ de mon petit M. pour les limbes, j'éprouve le besoin de revenir lire les quelques lignes que j'avais couchées ici.
Je suis très "symbole". Disons que ça m'aide pour certains passage dont les rituels ont été effacés de nos société.
Merci à toutes pour vos témoignages, qui m'ont chacun apporté une part de réconfort, de soulagement de ne pas "être la seule", de compassion et d'empathie, car c'est aussi important pour moi de pouvoir en garder, même dans ses occasions (même si, soyons honnête, j'en étais totalement incapable les premières jours/semaines - ce qui est complètement normal il me semble).
Un an après, j'ai retrouvé une vie "normale", sans qu'elle soit la même. Tout y parait de l'extérieur. Mais à l'intérieur, quelque chose s'est cloisonné en moi. Une forme de désolidarisation entre mon coeur, mon corps et mes espoirs. Pour une question de survie, j'imagine. J'ai repris le gout de vivre, les plaisirs de la vie et ses moments de légèreté.
Par contre, j'ai toujours autant besoin de me protéger du bonheur des autres quand il est lié à un enfant : je n'arrive pas à côtoyer des mamans avec des bébés (en tout cas pas sans me sentir mal), je ne peux pas voir les enfants de mes amies qui sont nés la même année que mon petit M., ni ceux qui sont nés après d'ailleurs. Je ressens une dureté à l'égard des bébés des autres.
Je sais aussi que cette dureté se ramollira une fois que j'aurais pu donner vie à un autre enfant. Quelque chose se remettra alors en moi, j'en suis sûre.
Nous avons attendu un an avant de reprendre les essais. J'étais enceinte de 6SA jusqu'à cette semaine, mais je viens de faire une fausse couche il y a 2 jours. Mis à part un mauvais tour du hasard de la vie, je ne comprends pas trop pourquoi le sort s'acharne sur moi à ce niveau là, moi qui n'avait pas de problème pour tomber enceinte. Est-ce que j'aurais un vrai problème ? Autre que "c'est la faute à pas de chance", au "hasard" ? Quelque chose de plus grave ? Je me force à ne pas croire à cette hypothèse, à ne être trop atteinte parce que sinon j'aurais trop de mal à vivre avec ça et que j'ai besoin de mon espoir et de ma ténacité pour arriver à m'apaiser, en tout cas pour tenir bon jusqu'au moment où la naissance d'un bébé vivant et en bonne santé pourra me réconcilier avec mon corps et la maternité.
Je sais que beaucoup d'entre vous ont tous ces soucis, et je suis tellement admirative de la manière dont vous arrivez à vivre avec. Je n'ose imaginer la force qu'il faut pour cela, et les ressources qu'il faut se constituer pour. Ni d'ailleurs les blessures qui vont avec....
Pour ma part, j'espère encore que cela ne soit que le fruit du hasard. On verra bien à la prochaine grossesse quelle hypothèse sera infirmée/confirmée.
Cette fausse couche m'a fait revenir ici, lieu qui m'avait aussi consolé de ma perte et du tournant de l'histoire qu'avait pris la mienne.
Courage à toutes dans ce que vous traversez. On arrive à vivre avec, chacune à son rythme. S'accorder le droit de s'effondrer, pour mieux refaire surface, après, quel que soit le temps qu'il nous faut pour y parvenir.
Je suis très "symbole". Disons que ça m'aide pour certains passage dont les rituels ont été effacés de nos société.
Merci à toutes pour vos témoignages, qui m'ont chacun apporté une part de réconfort, de soulagement de ne pas "être la seule", de compassion et d'empathie, car c'est aussi important pour moi de pouvoir en garder, même dans ses occasions (même si, soyons honnête, j'en étais totalement incapable les premières jours/semaines - ce qui est complètement normal il me semble).
Un an après, j'ai retrouvé une vie "normale", sans qu'elle soit la même. Tout y parait de l'extérieur. Mais à l'intérieur, quelque chose s'est cloisonné en moi. Une forme de désolidarisation entre mon coeur, mon corps et mes espoirs. Pour une question de survie, j'imagine. J'ai repris le gout de vivre, les plaisirs de la vie et ses moments de légèreté.
Par contre, j'ai toujours autant besoin de me protéger du bonheur des autres quand il est lié à un enfant : je n'arrive pas à côtoyer des mamans avec des bébés (en tout cas pas sans me sentir mal), je ne peux pas voir les enfants de mes amies qui sont nés la même année que mon petit M., ni ceux qui sont nés après d'ailleurs. Je ressens une dureté à l'égard des bébés des autres.
Je sais aussi que cette dureté se ramollira une fois que j'aurais pu donner vie à un autre enfant. Quelque chose se remettra alors en moi, j'en suis sûre.
Nous avons attendu un an avant de reprendre les essais. J'étais enceinte de 6SA jusqu'à cette semaine, mais je viens de faire une fausse couche il y a 2 jours. Mis à part un mauvais tour du hasard de la vie, je ne comprends pas trop pourquoi le sort s'acharne sur moi à ce niveau là, moi qui n'avait pas de problème pour tomber enceinte. Est-ce que j'aurais un vrai problème ? Autre que "c'est la faute à pas de chance", au "hasard" ? Quelque chose de plus grave ? Je me force à ne pas croire à cette hypothèse, à ne être trop atteinte parce que sinon j'aurais trop de mal à vivre avec ça et que j'ai besoin de mon espoir et de ma ténacité pour arriver à m'apaiser, en tout cas pour tenir bon jusqu'au moment où la naissance d'un bébé vivant et en bonne santé pourra me réconcilier avec mon corps et la maternité.
Je sais que beaucoup d'entre vous ont tous ces soucis, et je suis tellement admirative de la manière dont vous arrivez à vivre avec. Je n'ose imaginer la force qu'il faut pour cela, et les ressources qu'il faut se constituer pour. Ni d'ailleurs les blessures qui vont avec....
Pour ma part, j'espère encore que cela ne soit que le fruit du hasard. On verra bien à la prochaine grossesse quelle hypothèse sera infirmée/confirmée.
Cette fausse couche m'a fait revenir ici, lieu qui m'avait aussi consolé de ma perte et du tournant de l'histoire qu'avait pris la mienne.
Courage à toutes dans ce que vous traversez. On arrive à vivre avec, chacune à son rythme. S'accorder le droit de s'effondrer, pour mieux refaire surface, après, quel que soit le temps qu'il nous faut pour y parvenir.
Re: C'était le 31 Janvier
Merci Bisounours pour ta douceur et tes encouragements
Courage à toi également. Choisir l'IMG et la traverser, c'est deux choses bien difficiles, mais pas le choix que de les vivre.
Effectivement, heureusement que mon grand est là, sinon je pense que j'aurais été encore plus noyée... Je regrette juste que nous tardions tant à lui donner un petit frère/une petite soeur. Mais le pus important, c'est que lui soit déjà là.
Je pense bien fort à toi aussi.
Courage à toi également. Choisir l'IMG et la traverser, c'est deux choses bien difficiles, mais pas le choix que de les vivre.
Effectivement, heureusement que mon grand est là, sinon je pense que j'aurais été encore plus noyée... Je regrette juste que nous tardions tant à lui donner un petit frère/une petite soeur. Mais le pus important, c'est que lui soit déjà là.
Je pense bien fort à toi aussi.