Culpabilité d'aller de l'avant

[Ann312]

Bonjour à tou(te)s,

J’ai besoin de me confier sur un sujet qui n’est pas facile pour moi. J’ai peur que beaucoup ne comprennent pas ce que je ressens. Mais après pas mal d’hésitation, j’ai besoin de savoir si d’autres ont vécu la même chose.

Mon petit Tom est né sans vie il y a peu de temps (un peu plus de 3 semaines) et j’ai le sentiment de commencer déjà à aller de l’avant. Ce sentiment me fait peur, parce que je ne sais pas si c’est normal.. Je ne dis pas que je vais bien, mais je vais mieux. Je pense à mon loulou chaque seconde, mais je ne le pleure pas chaque seconde. Je ne dors pas extrêmement bien, mais même si je me réveille souvent, je ne reste plus éveillée pendant 1h ou 2 comme au début. Bien sûr, j’ai des bas et je pleure mon petit Tom, mais beaucoup moins que le lendemain de notre sortie de l’hôpital.

J’ai peur aussi d’un revers. Je sais que je peux replonger dans quelque temps au vue de pas mal de témoignages que j’ai lu. J’ai peur d’aller mieux, parce que j’ai peur d’aller moins bien par la suite et donc peur que la chute soit violente. La semaine dernière j’ai eu des hauts et je n’ai pas pu m’empêcher d’appréhender le bas qui allait suivre, et qui est arrivé même si les bas me semblent moins violents.

Après je sais que ce n’est pas dans mon caractère de rester sur mon canapé à me morfondre. Et je n’ai tout simplement pas envie de m’écrouler. J’ai envie de faire des choses, de marcher, de m’occuper. Seul voir nos amis reste compliqué. J’ai vu une amie il y a 2 semaines, puis deux amies la semaine dernière, mais c’était des personnes « choisies » que je savais prévoyantes. J’ai même accepté de parler d’autre chose que de mon petit loulou pendant le repas, ce qui n’aurait pas été possible 1 semaine plus tôt.

En bref, je ne me sens pas au fond du trou et j’ai envie d’aller de l’avant. Mais j'ai peur qu'il soit trop tôt pour ressentir ça. Et surtout vous n’imaginez pas à quel point je culpabilise de ressentir ça..

[Natange]

Coucou Ann312,

ce que tu vis, je l'ai vécu aussi. Après une semaine, plus ou moins (après l'inhumation de mon fils), j'ai commencé à aller de mieux en mieux. Au début, je culpabilisais aussi, surtout quand on voit à quel point c'est difficile pour beaucoup d'autres parents. Mais très vite, j'ai fait le choix d'accepter d'aller mieux et d'arrêter de culpabiliser. Ca m'a fait un bien fou d'admettre que j'avais le droit d'aller mieux mais j'avais tout de même peur d'un retour de manivelle. Si ça peut te rassurer, ce retour de manivelle n'est jamais arrivé. Chacun vit son deuil à son rythme et j'ai envie de te dire tant mieux si tu as la chance de vite remonter la pente.

[Mapetiteplume2017]

Coucou Anne, je comprends que ce sentiment te perturbe... Je pense qu’en effet on vit nos deuils de manières différentes... Après qlqs semaines j’allais mieux aussi, j’ai eu des retours de coup de mou encore par la suite mais je les ai supporté, je ne paniquais plus car je savais que je pouvais aller mieux vu que c’était déjà arrivé... J’ai appris à profiter du présent lors des moments plus sereins, refaire le plein d’énergie pour affronter les coups de mou... et finalement ça fait un moment que je n’en ai plus eu, comme tu dis ils me paraissent moins violents. Essaye d’accepter d’aller mieux et profiter de cet état plus agréable à vivre, si un coup de mou doit arriver il arrivera mais tu auras p-e davantage les outils pour l’affronter... C’est p-e pour ce qu’ils paraissent moins violents.

La psy m’a proposé de réfléchir à ce qui me faisait remonter la pente quand ça n’allait pas, je me suis rendue compte que des petits trucs m’aidaient comme aller marcher, aller nager, chercher du soutien sur le forum ou auprès de certaines amies, et surtout tout simplement me laisser me morfondre un peu pour mieux me relever ensuite...

J’ai juste envie de te dire de profiter d’aller mieux, peu importe le nombre de semaines depuis le départ de Tom, tu as p-e passé de grosses étapes sans t’en rendre compte, et qu’elles te permettent de vivre ton deuil plus sereinement... Concernant la culpabilité je m’efforce de penser que ma petite Emma doit être rassurée de voir que je vais mieux, tout comme ton petit Tom doit être rassuré aussi... Par moment je culpabilise encore mais je me rends compte que même si je me sens mieux je pense encore énormément à ma puce, de manière plus sereine et toujours remplie d’amour...

Pensées à nos anges qui veillent sur nous et nous donnent la force de surmonter cette épreuve

[Ann312]

Merci Natange et Sophie,
Comme d'habitude vous répondez présentes et vous trouvez les mots justes.
J'avais peur de choquer en écrivant ça.. C'est déjà rassurant de voir que je ne suis pas la seule.

J'ai peur parce que je lis quotidiennement ce forum, je lis chaque nouvelle histoire et je ne me reconnais pas dans pas mal de témoignages, dans lesquels je peux lire la détresse de mamanges..
Mais peut être que je culpabilise aussi parce que j'ai peur du regard des autres, peur qu'ils ne comprennent pas si je ne pleure pas toutes les 10 min.. C'est bizarre comme sentiment. Je n'ai bien sûr pas envie de faire la fête, mais je suis entre 2.
Parfois je n'ai pas le moral, mais j'ai envie effectivement que mon loulou soit fier de sa Maman et rassuré de voir que je ne touche pas le fond non plus.
Ce qui m'aide énormément, c'est que je sais pourquoi nous avons pris la décision de l'img. Je sais que c'était la seule et unique décision à prendre. Je n'aurais jamais supporter de voir mon fils enchaîner les séjours à l'hôpital et souffrir par ma faute pour finir par l'enterrer dans 10 ou 20 ans..
C'est vrai que je culpabilise beaucoup.. Mais je sais aussi que ce n'est évidemment pas parce que je ne pleure pas, que je ne pense pas à mon petit Tom.. Bien au contraire.

Je vais prendre vos conseils et prendre des forces au cas où une vague de bas arrive. Parce que je crains bien sûr quelques dates clés, comme cette fameuse dpa le 13 mai prochain.. Et puis si cette vague n'est pas si violente que ça, j'essaierai de me dire "tant mieux!". Peut être aussi que j'appréhende tellement certaines choses que quand elles arrivent, elles sont finalement moins violentes que ce à quoi je m'attendais..

Je vais essayer d'accepter d'aller mieux, ce sera peut être ce qui sera le plus difficile pour moi. Et peut être que la psy que je vais rencontrer m'aidera plus à accepter cela, plutôt que d'essayer de me faire aller de l'avant. J'avais hésité à mettre un autre titre à ce post "Accepter d'aller de l'avant", c'est peut être beaucoup plus ça finalement..

Merci pour vos conseils
Tellement de bisous à vos anges et mon petit chaton que nous aimons tant

[Mapetiteplume2017]

Je me retrouve bcp dans ce que tu écris... Cette culpabilité de supporter la situation alors que c’est terrible... m’a psy m’a dit que j’en parlais souvent de ma culpabilité ^^ J’ai même culpabilisé de ne pas avoir versé une seule larme à l’hôpital... Je ne suis pas qlqn d’émotive, enfin si mais je l’exprime très rarement en pleurant... Il m’arrive de culpabiliser à l’idée de ne pas « pleurer suffisamment » mon bébé... Au fur et à mesure je me rends compte que comme je pleure très rarement, j’ai finalement bcp pleuré mon bébé... A l’hôpital j’ai été super bien prise en charge, et puis j’avais envie d’être forte et d’accueillir mon bébé la tête haute, mais mon corps débordait de larmes... C’est seulement en quittant l’hôpital que j’ai craqué... et puis comme tu dis j’ai pas besoin de pleurer pour penser à elle c’est clair... Mais parfois ça me ferait du bien de pleurer un peu plus... mais j’y arrive pas :/

Au début je me vexais quand on me disait que j’étais courageuse, j’avais l’impression de ne pas avoir le choix alors que les autres avaient l’air de trouver ça exceptionnel que je sois « tellement courageuse », c’est sur ce forum que je me suis rendue compte que je n’étais pas la seule à me battre et à être courageuse, et que ça ne coulait pas de source de surmonter cette épreuve comme on le fait... Je prends ça pour un compliment mnt, et je n’hésite pas à le dire à d’autres...

Certaines dates ou événement vont sûrement être encore difficiles, mais comme tu dis le fait de les appréhender tu t’y prépares d’une certaine manière... et puis tu sais maintenant que ça va mieux par la suite... N’hésite pas à en parler à la psy elle pourra probablement t’aider

Bon, on s´est bien trouvée pour les romans

Douces pensées à nos poussins tellement aimés par leur maman... courageuse

[Mapetiteplume2017]

On ne doit pas culpabiliser d’aller de l’avant... ça ne veut pas dire oublier mais c’est accepter qu’on ne peut rien changer à ce qui s´est passé et que la vie continue malgré tout ... Avec notre étoile qui veille sur sa famille

[Mimai]

Allez de l'avant c est ce qu'il faut et tu ne dois pas culpabiliser de cela....
Moi ça fera 3 semaines mercredi qui vient et j essaie d aller de l avant car comme toi de base je suis une personne très dynamique qui ne peut rester en place et je ne suis pas du genre à me morfondre ...
Et puis j ai une p'tite fille de 4 ans donc pour elle je le dois d être là d être " comme avant" à ses yeux...
Moi pour m occuper je marche... Je cuisine... je fais du ménage à gogo
J aimerais partir en vacances mais Mr n as pas de jours...

[Mapetiteplume2017]

C’est vrai qu’on a la chance de pouvoir partir en voyage, mais parfois juste un we ou une journée ça fait déjà bcp de bien

[Ann312]

Oui, c'est vrai qu'on a de la chance de pouvoir partir en vacances. Mon homme avait gardé pas mal de congés pour la naissance de Tom, et puis il a toujours eu plus de jours que moi, alors on en profite.
Mais oui déjà un week end ou une belle journée fait beaucoup de bien. Samedi nous sommes allés faire une petite rando en montagne et ce grand bol d'air m'a fait un bien fou!
Mimai, j'espère que vous pourrez quand même vous ressourcer un peu.

Sophie, c'est exactement ce que j'ai dit à mon homme hier (peut être pour l'accepter..), ce n'est pas parce que je pleure moins mon fils aujourd'hui que je pense moins à lui ou que je vais l'oublier bien sûr. Je sais que c'est comme ça, maintenant on ne peut plus rien n'y faire et me morfondre ne fera pas revenir notre petit Tom.. J'ai cette culpabilité qui me ronge et en même temps je me dis que je ne peux pas m'écrouler, je dois assumer notre décision.

Je voulais rebondir sur cette notion de courage. Pas mal de personnes m'ont dit que j'étais courageuse, mais j'ai beaucoup de mal à l'accepter. Ce mot prend un autre sens quand il vient d'une mamange, mais quand quelqu'un me le dit, je ne comprends pas pourquoi. En fait, c'est un compliment et je ne comprends qu'on nous fasse un compliment vu la situation. Je ne le mérite pas.. Nous avons pris la décision de l'img pour épargner notre fils et nous vivrons avec cette décision. Et pour moi, cette manière d'agir aujourd'hui est un fait, ni bien, ni mal, c'est comme ça. Alors j'ai du mal à accepter qu'on me complimente sur une attitude à laquelle je ne peux rien faire et qui découle d'une décision que je dois assumer. Je ne sais pas si je m'exprime bien, cette notion est compliquée pour moi. Mais bon, j'espère que vous aurez saisi le fond de ma pensée.

Belle journée à vous toutes et toujours plus de bisous à nos loulous.

[Mapetiteplume2017]

Bien sûr je te comprends, c’est exactement ce que j’ai pensé les premières semaines... Un jour j’ai répondu à une amie que je n’avais pas l’impression d’avoir le choix d’être courageuse, elle m’a répondu:
« Si si c’est un choix et une force le courage que vous avez... vous pourriez vous morfondre et vous plaindre et vous faites exactement le contraire ! C’est vraiment très courageux !! ».
Ça m’a fait réfléchir et j’ai eu un déclic ce jour là... Pourtant mon amie n’est pas mam’ange et elle ne peut pas comprendre ce qu’on vit, mais elle voit la manière dont j’essaye de m’en sortir...
Comme tu dis, tu fait le choix d’assumer votre décision plutôt que de t’écrouler, c’est vrai que c’est un fait de devoir vivre avec cette décision de l’img, mais la manière dont on vit avec cette décision n’est pas un fait, c’est là qu’est le courage...
Il te faudra p-e encore un peu de temps pour accepter que peu importe les raisons pour lesquelles vous avez fait ce choix, tu l’assumes et garde la tête hors de l’eau... c’est qlq chose de très dur à vivre et inhumain d’avoir pris la décision d’ôter la vie de notre enfant mais on a décidé de vivre l’invivable pour lui éviter cette vie de souffrance, on a décidé de le protéger et de souffrir à sa place...
Je te suis depuis ton arrivée ici et je peux te dire que tu es une femme et une maman très courageuse! Et bien sûr que si tu le mérites ce compliment

Doux câlins à nos petits anges