Après avoir lu beaucoup de vos témoignages, tous très touchants et bouleversants, je me décide à poster le mien.
Tout d'abord je me présente: j'ai 27 ans, mariée depuis 6 ans, j'ai deux enfants de 4 ans et 2 ans.
Nous voulions un troisième enfant, j'ai retiré mon stérilet le 14 novembre et deux semaines après je tombais enceinte, je l'ai su tout de suite mais tout de même sous le choc que ça arrive si vite!
Premier rdv chez gygy, l'embryon se développe bien. Je suis totalement insouciante, mes grossesse précédentes s'étant tellement bien passées outre les nausées et les brulures d'estomac!
Le début des problèmes a commencé par une énorme sinusite que mon mari aussi a attrapé, un truc carabiné, 3 antibiotiques pour m'en sortir (ça a durée 3 semaines), cela est descendu sur les poumons, on me met sous cortisone et ventoline etc... je culpabilise de prendre tous ces médicaments mais je n'ai pas le choix pour ma santé.
Un après-midi alors que je dormais dans mon canapé, je sens quelque chose couler entre mes jambes, mon coeur s'emballe, je fonce au toilettes et là l'horreur totale: du sang, du sang bien rouge qui coule. Pour moi c'est sur je fais une fausse couche. Je fonce aux urgences... Echo: bébé bouge bien, pas de décollement visible mais on m'explique que c'est surement un petit décollement et que le sang de l'hématome s'étant évacué on ne voit pas forcément le décollement.
Je suis rassurée, les saignements s'arrêtent très vite. La semaine d'après je reprend le travail, je me sens très faible, vraiment bizarre, au bout de 3 jour je quitte mon travail je ne me sens pas bien: gastro (je travaille en crèche et mon corps a décidé de choper tous les microbes

Le problème est que ces saignements m'affaiblissent, je maigris malgré que je mange...Je fais attention, je reste allongée, mon mari s'occupe de tout en rentrant du travail. Ma voisine s'occupe d'emmener les enfants à l'école et chez la nounou, je ne dois plus faire de voiture, bref nous sommes bien entourés et je respecte tout ce qu'on me dit de faire.
Les saignements continuent jusqu'au jour ou plutôt jusqu'à la nuit où je saigne tellement que mon matelas est touchée! J'appelle la gygy le lendemain qui me dit de ne pas m'inquiéter. Je suis morte d'inquiétude mais je lui fais confiance, quelques jours passent, mais je décide de ne plus attendre je sens que ça ne va pas, j'ai même dit à mon mari que ça allait mal finir...je suis faible, je ne tiens pas debout...à la maternité on m'accueille sans me faire attendre, c'est qu'ils me connaissent bien...et là à l'échographie je vois tout de suite que quelque chose cloche: mon bébé est tout serré, en boule...le médecin tout en douceur et avec les bons mots (mais qui font mal quand même) m'annonce que je n'ai plus du tout de liquide amniotique, et qu'à ce stade (15SA+5 jours) mon bébé ne survivra pas, ses poumons ne se développeront pas et il aura de graves malformations des membres...c'est comme un coup de poignard en plein coeur...mon bébé lui veut vivre, il s'accroche depuis le début, il bouge je le sens...
Je n'ai pas vu que j'avais perdu les eaux cette fameuse nuit car je saignais et j'étais tellement habituée au sang...
On m'a gardé à l'hôpital car gros risque d'infection, donc sous antibio directement, le lendemain son petit coeur battait toujours...j'ai pris les premiers cachets...le sang s'est mis à couler de plus en plus fort, ils n'ont pas attendu les fameuses 36h pour me donner le comprimé pour l'expulsion car l'hémoglobine chutait vite, 7 de tension, ma santé était en jeu...
Malgré toutes la bonne volonté de l'équipe médicale pour que je ne souffre pas, j'ai eu un accouchement violent, cela s'est déclenché 10 minutes après la prise du cachet, je sentais mon bébé pousser...mon mari a été là tout le temps sauf que ça s'est fini en anesthésie générale tellement je souffrais et pour la révision utérine. Tout était paisible quand je me suis réveillée, mon mari était là. Les sages-femmes étaient douces, compréhensives, à l'écoute et très accompagnantes.(par contre j'en veux à gygy d'avoir pris tout ça trop à la légère...)
Nous avons donc aidé notre petit Ethan à s'envoler le 27 février...
Je l'ai vu, il avait un petit visage tout paisible...
Nous avons laisser l'hôpital se charger de l'inhumation à laquelle nous avons pu assisté avec mon mari. Nous avons pu lui dire au revoir...Il avait un petit cercueil en bois avec une jolie plaque avec son prénom, il est dans un caveau avec d'autres petits bébés.
Le retour à la maison à été dur, j'allais m'éloigner de lui mais cela m'a fait du bien à la fois de retrouver mes enfants...ils m'ont tant manqués... je m'accrochent à eux, ils sont ma raison de vivre, grâce à eux j'ai vite retrouvé le sourire et une manière plus paisible de penser à Ethan car on en parle surtout avec mon fils qui pose des questions. Même si ça n'efface pas la douleur, j'ai la chance d'avoir mes enfants et de pouvoir avancer pour et grâce à eux...
Mon mari n'en parle pas mais je sais qu'il est très malheureux (il a pleuré en choisissant son prénom et au cimetière), je respecte sa manière de faire son deuil...par contre il m'écoute quand je lui parle.
Je suis bien entourée, la famille (ma mère, mon beau-père et les parents de mon mari se sont beaucoup occupé des enfants), mes collègues (extraordinaires, elles ont été là depuis le début de tout ça), les amis.
Mais vous ici vous comprenez mieux que quiconque...
J'ai une pensée pour vous tous et toutes et pour tous nos petits anges....
Merci à l'association petite Emilie.