Mon fils Alexandre est né sans vie le 25 novembre 2015. Il avait une cardiopathie non opérable et nous avons choisi l'IMG à 26 semaines de grossesse.
C'est le choix le plus difficile que j'ai eu à faire de toute ma vie. Ce choix s'est fait de façon la plus objective possible, en accord parfait avec mon conjoint et nous avons eu la chance d'être bien suivis et très bien entourés par ma famille. Nous avons également la chance d'avoir déjà un garçon qui met du soleil dans nos vies.
Le deuil est difficile, mais avec le temps je pense accepter mieux cette fatalité. J'ai vu un psy qui a trouvé que j'avais assez de recul et qui s'est montré confiant sur ma capacité à m'en sortir.
Nous approchons des 2 ans du décès de mon fils et je pense avoir bien avancé dans mon deuil et j'arrive à avoir une certaine "sérénité" vis-à-vis de ce moment de notre vie.
Seulement voilà, dans ce processus il arrive que je m'effondre. Cela arrive lorsque je suis confrontée à de jeunes mamans qui ont des "problèmes".
Je mets ce mot entre guillemets car j'aimerai tant avoir les mêmes problèmes. Ce qui me détruit encore plus c'est que ce sont des personnes qui connaissent mon vécu. Je dois donner l'impression que je vais bien, du coup plus personne ne prend de gants.
Être confrontée à des femmes qui vous racontent par le détail leur accouchement qui a été si difficile, à leurs nuits qu'elles ne font plus...
Je n'ai qu'une envie c'est leur décrire mon accouchement pour Alexandre, leur décrire les nuits d'angoisses et de désespoir.
Leur expliquer la façon dont j'ai perdu "l''envie", passer des journées en mode automatique et se rendre compte qu'à l'intérieur plus rien ne se passe.
Plus d'émotions, plus de bonheur, plus de légèreté. Dans les premiers temps je n'était plus capable de prendre une seule décision, même la plus simple.
Je n'avais plus de notion de ce qui pouvait être essentiel, tout me paraissait futile.
Je sais que cette réponse serait injuste vis-à-vis de ces femmes qui effectivement vivent ce qu'elles ont à vivre comme elles le peuvent. Mais pourquoi ça doit être moi qui doit garder à l'intérieur ce que j'ai vécu ? Pourquoi je dois faire semblant d'être compatissante ?
Parce qu'elles sont fragiles et doivent s'occuper de leur bébé ?
Presque 2 ans après je n'ai pas de réponse à cette question et presque 2 ans après mon mari me récupère à la petite cuillère quand je suis confrontée à ces comportements. Je fais donc tout mon possible pour éviter ces situations, mais ça marche pas à tous les coups

Est-ce que mon deuil n'est pas aussi avancé que je le pense ? Est-ce que je suis tout simplement jalouse ?
J'écris ce message aujourd'hui pour savoir comment vous gérez ce genre de situation, si vous réussissez à les gérer !
Merci pour vos réponses.