Quand la culpabilité revient après quelques années

[Fanny28]

Voilà maintenant plus de trois ans que tu es partie ma puce,
De cette épreuve de devoir vivre sans toi, nous avons poursuivi notre chemin avec ton papa, nous avons du passer par cette sidération, la colère, appréhender ce vide... pour retrouver le bonheur a deux. Quel long chemin!
Puis ton frère est arrivé, à une date toute particulière, qui m a dérangé pendant un temps d ailleurs... mais il est la, bien vivant, et il rempli notre foyer de bonheur!
Cette année encore, je me suis pris une claque car la date de ton anniversaire a été très difficile pour moi. Le corps parle, les maux de tête, les vertiges, ce mal être que je ne supportais pas.. pourquoi être si mal alors que lui a besoin de sa maman, forte, heureuse...
Avec les mois qui ont passé, et certaines rencontres, j ai pu comprendre... la culpabilité m a envahie a nouveau sans que je m en rende compte.
Et cette force qui m a poussée vers l avant depuis ton départ... s est doucement transformée en culpabilité de t avoir abandonnée. Culpabilité exacerbée depuis l arrivée de ton frère. Je réalise aujourd hui que malgré ce traumatisme, oui nous sommes plus forts aujourd hui, grâce à toi, je ne peux refaire l histoire, tu étais très malade, et cette vie la, nous n en voulions pas pour toi, trop de souffrances ma belle..
J avance donc encore aujourd'hui, je fais du tri, je me remet à dessiner, créer, pour te laisser en paix, que tu restes dans mon coeur, mais plus comme une blessure à vif, à "porter".
Je réalise que j ai encore du travail à faire sur moi, pour être heureuse, et cela sera grâce et avec toi ma petite fille.
Je t aime tendrement, je t aimerai éternellement !

[Fanny28]

Bonjour,

J ai créé ce post pour parler de notre parcours... de l après.. Après quelques années, quand on se sent bien, que l on a le sentiment d avancer, mais que certaines souffrances nous rattrapent...
Cela va tellement vite, et c est souvent insupportable de ne pas maîtriser.

Lors d un rendez vous avec un thérapeute avec mon conjoint, "pour aller voir, pour avancer, pour finir de régler certaines choses pour que nous soyons bien avec notre fils" je me suis rendue compte que j avais "occulte" le caractère "non viable" de la trisomie 21 de ma fille, et que je porte une certaine culpabilité de l avoir abandonnée.
Alors ce n est pas encore réglé, mais de pouvoir mettre des mots sur mon mal être m a déjà fait tellement de bien,
Que j ai eu envie de partager ça ici. Car je suis certaine ne pas être la seule à vivre cela.
L esprit s organise parfois de telle façon qu' il "réécrit l histoire" et cela peut nous laisser impuissant face à cela.
N oublions pas que c est un acte d amour que de traverser cette épreuve de l img, et que nos enfants partis si tôt, nous font grandir et avancer, au delà de la souffrance de les perdre. Ne restons pas seuls.

Quelques jours après, nous avons fait du tri a la maison, dans certaines affaires qui restaient encore et ressemblaient finalement pour nous a des "reliques" qui ont un effet négatif sur nous. Nous n avons gardé que les souvenirs qui nous tiennent à coeur.
C est déjà un début, qui apaise.

Et vous, comment avez vous gérez cette période?
Si certains d entre vous ont envie d en parler ?

Steph

[Natange]

Je n'ai absolument pas le même recul puisque ça ne fait que 4 mois que mon fils est né sans vie. Il était également atteint de t21. Ce choix a toujours été très clair pour moi car, comme toi, nous ne voulions pas d'une vie de souffrance pour lui, ni pour son grand frère, ni pour nous.
Nous nous sommes préparés au mieux à notre courte rencontre avec lui et tout était prêt avant l'img pour espérer ne pas avoir de regret après.

Après sa naissance, qui fut un réel moment de bonheur, je me suis très vite sentie mieux. C'est à ce moment que j'ai ressenti de la culpabilité. Je ne trouvais pas normal d'aller mieux si rapidement. Heureusement, j'ai très vite su me raisonner et j'ai fait le choix de recommencer à sourire et d'accepter d'aller si bien. Au début de cette acceptation, j'avais peur de me prendre un gros retour de manivelle et de tomber bien bas mais jusqu'ici, ça n'est pas arrivé. Ma DPA n'est pas encore passée mais je ne pense pas que ça va m'affecter fortement.

Je pense très souvent à mon fils, surtout quand je vis de bons moments. J'ai des moments de nostalgies où je me dis qu'il devrait toujours être dans mon ventre lors de certains évènements. Mais ça s'arrête là et je ressens plus de tendresse que de peine. Hier, un maman a donné naissance à des jumeaux. Je savais que nos enfants auraient du naître à peu près en même temps. J'ai donc réalisé que s'il avait fait comme son grand frère qui est né une semaine avant terme, au jour d'aujourd'hui, mon bébé serait peut-être dans mes bras. La vie a fait qu'à la place de le serrer tout contre moi, je le porte très haut dans mon coeur. J'espère continuer toujours avec cet amour pour mon fils, loin de tous regrets et de culpabilité. Je ne sais pas s'il aura un petit frère ou une petite soeur. Si c'est le cas, j'espère vivre cette naissance sereinement, tout en gardant une grande place pour mon petit ange.