Forum de l'association Petite Émilie

Bonjour à toutes et à tous,

Le 08 Avril 2017, j'ai appris que j'étais enceinte de 4SA, un réel petit bonheur qui allait pointé le bout de son nez...
Échographie de datation faite, un bébé qui pousse magnifiquement bien, quel petit haricot c'était!
Puis tout se met en place... Les rendez-vous, les prises de sang, les habitudes à modifier pour le bon déroulement de la grossesse, je vivait tout cela avec une telle magie dans les yeux c'était incroyable.
Puis le 15 Mai, échographie du 1er trimestre... Suspicion d'un Laparoschisis auprès de bébé (malformation de la paroi intestinale qui implique que bébé a ses intestins qui se forment hors de son corps)... Tout cela à confirmé le 01er Juin.
Ça y est, c'est le jour J, nous allons enfin revoir bébé et savoir comment il vas...
Échographie faite, malformation confirmée, claque dans la figure, désarroi, peur, je ne saurait vous décrire tout ce qui s'est passé en moi à cet instant...
Le lendemain nous avons une seconde échographie privée afin de déterminer le sexe du bébé... c'est un GARCON ! Oh quel bonheur de savoir que ce petit être est un garçon, sexe que l'on voulait tous les deux avec papa...
Nous avons plusieurs entretiens concernant le Laparoschisis, malformation très bénigne qui n'a aucun impact sur la vie et le bon développement de bébé, opération dès la naissance et tout est réglé, l'espoir est là et nous sommes tellement soulagé..
Puis vient le 13 Juillet, nouvelle échographie de contrôle... Présence d'une malformation cardiaque auprès de notre petit bout, à confirmer avec une échocardiographie le 18 Juillet pour déterminé la gravité, la prise en charge et le devenir de ce petit coeur...
Hier, le 18 Juillet, nous faisons l'échographie et apprenons que notre fils à un ventricule unique ainsi qu'une transposition des aortes... Maladie isolée, échelle de gravité 7/10, demande recevable à une interruption de grossesse, il ne peut pas supporter autant d'opérations dès la naissance et risque une insuffisance cardiaque dès ses premiers soupirs...
Papa et moi sommes anéantis, après avoir discuter longuement nous prenons la décision d'interrompre la grossesse, nous voulons qu'il ne souffre pas, qu'il soit en paix, et on ne veut pas lui infliger autant d'épreuves...
Aujourd'hui je vous écris de mon canapé, les yeux boursouflés, le corps fatigué, le téléphone qui sonne et re sonne pour des messages de courage.
Aujourd'hui je ne sais plus, je suis convaincue de ma décision qui a été extrêmement dure à prendre, je ne sais pas comment abordé la suite, car j'ai encore ce petit bout, mon premier bébé, mon fils, LUCAS qui est en moi et je me suis levée avec la peur au ventre, l'incompréhension et des questions pour "demain" en tête, j'ai besoin d'écrire, d'en parler, de comprendre, et je sais qu'ici je serais mieux comprise que personne pour cette étape difficile à traverser...
J'ai besoin de vos conseils, de votre vécu, des étapes à passer, et de savoir comment "demain" se passera...

Merci à vous.


Cordialement.

Bonjour Justine, désolée de t'accueillir ici...
Encore une triste histoire....

Profite de cette grossesse jusqu'au dernier moment...

Pour ma part ça a été très difficile... J'ai passé la dernière semaine de ma grossesse à pleurer, je regrette car ma petite Anaïs a sûrement ressenti tout ça....
J'ai eu des comprimés 48h et 24h avant le Déclenchement, pour arrêter les hormones de grossesse et préparer le col... Puis le jour j 1 comprimé pour Déclencher les contractions... Ça a été rapide
.. Comprimé à 10h, et à 15h j'avais accouché. Les contractions ont été douloureuses mais supportables, et la péri est arrivée trop tard...
J'ai pu tenir ma petite fée déjà si jolie, lui parler.
Le plus dur a été le retour à la maison... Le ventre et les bras vides... J'ai passé des jours et nuits à pleurer... Une vraie ombre...
L'hôpital à pris en charge les obsèques... Je n'ai pas eu la force de le faire..
Aujourd'hui, 4 mois et demi après, je pleure toujours cette petite fée...

Si tu as des questions n'hésite pas.
Bon courage à toi et ton conjoint

Bonjour Justine,

Pour ma part j'ai essayé de rester forte jusqu'à l'accouchement, je me disais que ressentir l'amour pour mon bébé, et non pas la peine de le perdre, serait la dernière chose que je pourrais faire pour lui. Je suis contente d'avoir pu faire cela pour lui, qu'il ait ressentir mon amour jusqu'à la fin...

J'ai pris les fameux comprimés deux jours avant l'accouchement. Le jour J j'étais très effrayée mais l'équipe médicale à été au top. Le jour de mon entrée a l'hôpital, ils m'ont posé une sonde de foley sur le col. Cela a été douloureux au début, mais quand j'ai réussi à me détendre cela s'est fait tout seul.

Mon mari a pu passer la nuit avec moi sur un lit d'appoint. Le lendemain, il y avait trop d'accouchement pour être prise en charge tout de suite, alors je ne suis descendue en salle de naissance qu'à 17h. Ce fut une longue journée d'attente.
Arrivée en salle de naissance, ils m'ont retiré la sonde et posé la péridurale. J'appréhendais beaucoup ce moment et je me suis évanouie quand l'anesthésiste m'a piqué. Il faut dire que j'étais à jeun depuis la veille, fatiguée et que l'anesthésiste ne m'a pas adressé trois mots, il était au téléphone tout le temps, parlant d'autres patients, très énervé, et pas du tout à ce qu'il faisait, alors j'ai probablement paniqué et decompensé quand il m'a piqué.
Une fois la seconde péridurale posée (à cause de mon malaise il y a eu du sang dans la perf, il a fallut tout refaire), je n'ai plus rien senti, et ils m'ont posé les comprimés sur le col à 19h. Les choses ont avancé lentement, et un second comprimé à du être posé à 22h. Les choses se sont alors accélérée, j'ai perdu les eaux vers 23h30 et j'ai senti mon petit sortir de moi à minuit et quart. La sage femme m'a proposé de le voir, je n'étais pas décidée avant ça. Elle m'a dis "il est magnifique, enfin je veux dire...il n'est pas abîmé par l'accouchement". Alors je lui ai dis que je voulais le voir. Je suis restée un petit quart d'heure avec lui, il était effectivement magnifique. Je lui ai dis ce que j'avais à lui dire avant son départ. Ensuite ils ont vérifié que le placenta était bien sorti avec le bébé, puis je suis remontée dans ma chambre, j'ai mangé et dormi.

Ce n'est que le lendemain que la peine à commencé à être violente. J'ai souhaité tout de même rentré chez moi. Les jours qui ont suivis à la maison zone été terribles. J'ai ressenti une détresse morale qui était presque physique tellement elle était forte. Le temps est passé depuis. Cela fait presque 5 mois aujourd'hui. Ma peine est différente, plus douce. Mais je me sens différente, je me sens une maman, je ne suis plus la même. C'était également mon premier enfant.

Bon courage à toi, plein de pensée dans ces moments pénibles...

Bonjour Justine

Désolée de t'accueillir ici. J'espère que tu trouveras un maximum de réponses à tes questions ainsi que le soutien dont tu as besoin. Le forum m'aide beaucoup à avancer personnellement.

Pour ce qui est du protocole d'accouchement, ils sont un peu différent d'un établissement à l'autre. J'ai eu personnellement pour mes deux anges une prise de comprimés le 1 er jour, une pose de laminaires (bâtonnets qui aident à dilater le col) le lendemain soir, puis la péridurale et les cachets pour déclencher l'accouchement le 3 ème jour. Les deux fois l'accouchement a été assez rapide et j'ai été prise en charge de façon remarquable par l'équipe médicale. J'espère que tu pourras vivre ton accouchement de cette manière également.
Pour ce qui est de la suite, "l'après", la vie n'est plus la même, tu seras la maman de ce petit. Après, chaque situation est unique et même si nos histoires se ressemblent, elles restent malgré tout différentes. Chacun fait son deuil à sa façon, à son rythme, comme il peut.

Si je peux me permettre de te donner un conseil, si tu en as la possibilité, essaie de profiter autant que possible de ton bébé et de faire ce qui te semble être le mieux pour préparer ton accouchement et dire au revoir à ton bébé. Personnellement, c'est en me préparant et en faisant tout un tas de petites choses pour mes bébés que j'ai pu trouver un maximum de paix.
N'hesite pas à poser tes questions si tu en as et partager ici tes réflexions et ta douleur. Nous sommes là pour ça.
Je te souhaite beaucoup de courage.

Bonjour Justine.Rse,

je suis triste de t'accueillir ici et de lire ton histoire. Si cela peut aider, j'ai écrit un sujet reprenant toutes nos réflexions d'avant img: http://www.petiteemilie.org/forum/viewt ... f=11&t=702

Avant mon img, le 8 mars 2017, j'ai passé beaucoup d'heures sur internet à lire des sites et des forums qui parlent du deuil périnatal et des conseils donnés aux parents. J'ai essayé de me préparer au mieux à vivre l'img de la façon qui me correspondait le mieux.
Le conseil que je peux te donner est de t'écouter, d'écouter tes souhaits pour espérer ne rien regretter et de respecter les choix de ton conjoint si ils ne sont pas les mêmes.

On peut se relever de cette épreuve. J'ai réussi a en retenir que le positif. Mon fils fait partie de ma vie. Il me donne le sourire et énormément d'amour. Je suis heureuse d'avoir croisé sa courte vie.

Je te souhaite bien du courage pour les jours à venir et j'espère que tu trouveras un peu de réconfort sur le forum.

Bonjour Justine
c'est avec tristesse que je t'écris pour essayer de te réconforter au mieux.
Lorsque que nous avons appris la maladie cardiaque incurable de notre petit Anton le 16 juin 2017, nous avons tout de suite voulu faire l'IMG pour lui éviter une jeune vie de souffrance sans avoir aucun résultat d'un 'coeur normal' au bout.
À partir de ce moment là, je me suis mise dans une bulle qui a exclu amis et famille. Je n'ai pas eu la même démarche que toi de demander plus d'informations sur cet acte (d'amour pour certains me disent) du coup, j'ai vraiment été effrayée, triste, en colère...

Ma gynécologue m'a informé des étapes le 21 juin et je rentrais à l'hôpital le 25 juin. Cette attente était longue (car Anton bougeait) et courte à la fois (j'aurai aimé encore profiter de lui et lui faire des caresses).
Le 25 juin à 20h, je prends les cachets qui commencent à préparer le col, sous l'oeil avisé de l'infirmière. Le processus est en marche... À partir de ce moment là, mon cerveau est parti à des milliers de KM, mon coeur également. Seul mon corps restait là et subissait. Le lundi 26 d'enchainent les visites : sage femme cadre, anesthésiste. Tous me parlent mais je n'entends rien... Le 26 au soir, on me pose 3 bâtonnets pour assouplir le col. Pendant la nuit, j'ai senti que mon col travaillait avec des contractions, mais tout à fait supportable.

Le mardi 27 juin à 8h, je descends en salle de travail : pose de la péridurale (la notion de souffrance est vraiment bien prise en compte pour que tu ne souffres pas trop physiquement), l'amniocenthèse et l'endormissement de mon petitou (le moment le plus dur pour moi) ... Ensuite, la sage femme a retiré les bâtonnets, percé la poche des eaux et inséré les cachets pour déclencher les contractions de travail à 12h30.
À 15h39 exactement, Anton est arrivé en 2 contractions, sans pousser. Il faisait 32 cm et 650g au début de ce 6ème de grossesse.
Si cela peut te réconforter, la douleur morale a été plus dure que la douleur physique (si comme moi tu as peur d'avoir mal, d'ajouter ce fardeau physique à une journée si difficile)
Je suis ressortie le mercredi 28 juin le ventre vide, les bras vides, extrêmement fatiguée et le coeur rempli de larme.

Nous avons voulu le voir, le câliner, l'admirer et lui dire au revoir. Je n'ai pas eu le courage de prendre en charge sa crémation, ce qui est mon regret aujourd'hui. Mais je sais qu'il a été incinéré le 7 juillet, suite aux analyses que nous avons acceptées.

Voilà 3 semaines que cela s'est passé, et le souvenir est encore vif. Je pourrai te décrire chaque seconde de cette prise en charge, même si je semblais être absente. On aura toute beaucoup de travail sur nous mêmes et seul conseil que je peux te donner pour cette IMG (même si c'est difficile à faire) : concentre toi, détend toi et pense au moment où tu serreras ton bébé (si tu souhaites le faire). Mon seul bonheur a été de le rencontrer. Il paraissait dormir sereinement. C'est cette image que je garde et que j'ai immortalisé en photo

Je te souhaite beaucoup de courage et t'embrasse
Jennifer

Bonjour à tous,

Je lis vos messages et j'ai tellement d'exemple a prendre sur vous, votre courage...
Hier j'ai fais l'amniocentèse, je m'attendais à tout sauf à le voir... Regarder l'écran et se dire que c'est ce petit être que je vais laisser même si c'est la meilleure chose à faire ça m'a tout simplement dévastée...
Les sages femmes ont étés magnifiques avec moi, j'ai déjà rencontrée une des psychologues et je sais que j'en aurais besoin...
Elle m'a expliquer comment cela se passerait... Mardi matin les cachets pour stopper le processus de grossesse et entrée à l'hôpital Jeudi matin pour "l'expulsion" comme ils disent si bien... Ce mot me tord de douleurs!
Alors quand je me dis que Vendredi tout sera finit je suis soulagée et en même temps remplie de tristesse...
Je me dis que ni Lucas ni nous ses parents ne souffriront plus, mais je sais aussi que je vais laisser partir mon bébé, et je refuse d'y croire...

Je me dis que le plus dur reste à venir et ça me ronge de l'intérieur... Je me répète en boucle "reste forte, on s'en sortira" je passe des heures à parler à mon ventre comme ci je le préparait à son départ et que je le reconfortait et que j'essayais de le convaincre que je fais ça par amour, comme ci il allait m'en vouloir...

Je n'arrive plus à me regarder dans une glace car me voir enceinte Et savoir tout cela ça me rend tellement triste, même me toucher est une épreuve... j'ai l'impression de le rejeter alors que j'essaie de me protéger au maximum...

Je n'arrive pas à me préparer a ce qui va suivre...