Forum de l'association Petite Émilie

Bonjour à tous,

J'ai perdu ma petite Lucie le 17 mai à la suite d'une IMG (à cause d'une agénésie du corps calleux) à 26 SA+7J.

Les semaines qui ont suivi l'accouchement ont été très difficiles à vivre. Aujourd'hui, j'ai réussi à remonter la pente et je vais quand même mieux globalement.

Cependant, depuis quelques jours, j'ai l'impression que mon moral rechute: nous allons partir en vacances dans 4 jours ce qui n'était pas prévu puisque ma grossesse ne l'aurait pas permis. Je n'arrive pas du tout à me réjouir ces vacances, bien au contraire et je ne sais pas pourquoi, j'ai le sentiment d'abandonner Lucie et je n'ai pas du tout envie de partir. Mon mari et mes deux enfants attendent ce départ en vacances avec impatience alors que moi pas du tout. Mon mari ne cesse d'insister sur le fait que cela va nous faire beaucoup de bien alors que je ressens totalement l'inverse car je sais que je ne vais pas en profiter comme il faudrait.

La DPA sera le 20 août et à ce moment, nous serons chez ma famille avec beaucoup de monde (car nous fêtons le 14 août les 80 ans de ma grand-mère) et j'ai peur que ce soit très difficile à vivre pour moi autour de cette date. J'ai peur de gâcher les vacances de tout le monde et je me sens très mal.

Je sais que je devrais être heureuse de passer du temps en famille avec mes enfants (car eux sont là et je les aime plus que tout) mais aujourd'hui je ne pense qu'à Lucie qui aurait du être bien au chaud dans mon ventre et que rien ne va se passer comme prévu. Cela me rend très triste, je me sens très seule car mon mari lui, ne parle que de ces vacances qui vont être géniales et je ne veux pas gâcher son plaisir (lui aussi a beaucoup souffert ces derniers temps)

Comment avez-vous vécu des moments semblables?

Merci de m'avoir lue.

Bonjour api,

je vais également partir en vacances dans quelques temps alors que ce n'était pas prévu puisque je devais accoucher vers le 22 juillet. Cette décision de vacances, nous l'avons prise dès qu'on a su que je devrais vivre une img. J'ai moi-même réservé notre séjour quelques jours après l'accouchement de mon petit garçon. C'était une évidence pour nous de profiter de vacances puisque plus rien ne nous en empêchait et je me réjouis vraiment d'y être. Nous allons à la mer et nous avons prévu de ramener un peu de sable et quelques coquillage pour mettre sur la tombe de Michelangelo.

J'espère vraiment que tu pourras profiter un peu de tes vacances avec ta famille.

Bonjour Api,

Je suis dans le même cas que toi. Je devais accoucher autour du 15/08 et nous ne devions pas partir en vacances, nous aurions dû rester chez nous, moi à couver et mon mari a finir la chambre du bébé.

Au lieu de cela nous allons passer du temps en famille, comme toi. Mais cela ne me fait pas envie, je préférerai rester chez moi. Je ne suis pas emballée, j'espère que j'arriverai à ne pas trop y penser. Plus la date approche plus je ressent cruellement la perte de ce bébé et le fait que depuis, aucun autre ne soit venu le remplacer. Mais je tente de positiver, il n'y a que cela a faire.

Bonsoir Audrey,

Ton ressenti, ton appréhension vis à vis de ces vacances semblent bien légitimes. Peut être est-ce aussi lié au fait qu'après cette épreuve, même si tu commences à te sentir mieux, tu es encore fragile et partir de chez toi, de ton cocon, tes repères, c'est quelque chose d'insécurisant?
Et puis l'idée de passer de bons moments te fait visiblement culpabiliser. Là-dessus, je comprends aussi. Il m'arrive de m'en vouloir de rire, d'apprécier quelque chose d'agréable etc... mais j'essaie de vite me reprendre. Je viens de subir une IMG, il y a un mois, après avoir perdu mon premier ange en septembre dernier. J'avais déjà à l'époque travaillé sur ces sentiments avec la psy. Et je suis maintenant plus à même de faire face à ça (l'expérience!...). Je sais que j'ai souffert terriblement, et je continue et continuerai à souffrir de la perte de mes enfants. Et m'empêcher de rire ou de profiter des choses positives ne me les ramènera pas et ne me les fera pas oublier pour autant. Et d'où ils sont, ils préfèrent me voir rire que pleurer. Je me répète ça à chaque fois que c'est nécessaire. Et visiblement ça marche bien pour moi. Je reviens de 15 jours de vacances où j'ai essayé d'en profiter autant que possible. Depuis mon retour, c'est plus dur et je l'accepte aussi. Les montagnes russes, je sais bien que ça ne peut pas être autrement.
Ton ressenti est ce qu'il est aujourd'hui, peut être t'apercevras tu finalement que ce n'était qu'une appréhension et que tu arrives à profiter quand même de ces vacances. C'est ce que je te souhaites en tout cas.

Bonjour,

Merci à toutes pour vos messages. Cela me fait beaucoup de bien de lire ce que ressentent les personnes ayant vécu un drame semblable au mien. Je pense aussi que partir en vacances est aussi mieux pour moi plutôt que de rester enfermée chez moi. Même si ce ne seront pas les mêmes vacances qu'avant, je pense qu'il y aura beaucoup de bons moments mais aussi des coups de cafard (un peu comme ces derniers jours car le plus dur étant passé, j'avais quand même réussi à remonter la pente).

Aujourd'hui, nous avons préparé une jolie boîte à déposer sur le lieu de recueillement dans laquelle mes enfants ont déposé des doudous et des dessins et je dois admettre que cela m'a fait du bien de lui faire ce cadeau et je culpabilise un peu moins de partir demain.

Comme toi, Anne, j'envisage une autre grossesse mais pas aujourd'hui car l'IMG est trop récente et je voudrais la vivre le plus sereinement possible, plutôt reprendre les essais vers la fin de l'année. J'en avais discuté avec la psychologue de l'hôpital ou je suis suivie et elle m'avait dit que bien souvent les femmes ayant subi une IMG avaient du mal à mettre en route une autre grossesse avant la DPA (c'est une sorte de période de deuil pour le corps et l'esprit).

Merci encore de vos réponses et courage à vous toutes.