Vivre ce moment avec mon conjoint dans la présence - Sentir quels seront nos besoins à tous trois autour de ce moment
Posté : 30 juin 2017, 18:20
Bonjour,
Je laisse un premier message en espérant que vous puissiez m'aider à sentir comment vivre les journées à venir.
Je suis enceinte d'un peu plus de 18 semaines d'un petit garçon porteur de trisomie 21.
La découverte s'est faite en plusieurs étapes - première échographie, clarté nucale épaisse, premier choc, tri-test et des résultats qui continuent de me montrer que mon bébé pourrait être un petit bébé trisomique parfait avec tous ces chiffres que je lis, compare, inspecte, puis DPNI, attente des résultats, résultats positifs à la trisomie 21, puis amniocentèse et résultats du fish test ce mercredi matin et résultats complets jeudi ou vendredi de la semaine prochaine.
Je vous écris car je ne sais pas comment faire pour vivre ce moment le mieux possible avec mon conjoint.
Mon conjoint, d'une autre nationalité et non francophone, vit à l'étranger. Nous nous voyons 1 à 2 fois par mois. Il était présent à la première échographie, nous avions ensuite passés plusieurs jours ensemble mais nous ne nous sommes vus qu'une après-midi depuis les résultats du DPNI et il n'a pus être présent à aucun autre des rendez-vous à l'hôpital. Nous nous parlons tous les jours au téléphone depuis que nous sommes dans ce moment difficile. L'après-midi où nous avons pu nous retrouver, ce mardi, tout à lâché pour moi - pics dans la tête, migraine, vomissements, pleurs. Je n'en pouvais plus je crois de ne pas me laisser aller à vivre cette impensable tension entre la vie et la mort. Sa présence m'a permis de relâcher ce que je tenais seul. Il a aussi du coup senti vraiment pour la première fois un peu de ce qui nous arrive.
Il a ces derniers temps eu bien des moments d'oubli ou de déni inquiétant. Je lui ai expliqué plusieurs fois le déroulé, les rendez-vous à l'hôpital, la commission, l'avant img, le pendant img. J'ai partagé avec lui tout ce que j'avais pu demander, lire, comprendre. Il a pourtant eu des questions étonnantes, me demandant si après l'amniocentèse, "quelque chose" pouvait être fait le jour même dans l'après-midi, et autres discussions surréalistes qui m'ont laissé sentir qu'il était en très grand décalage avec la situation.
Je ne peux pas empêcher mon petit garçon d'avoir une trisomie, mais je peux faire de mon mieux pour que nous soyons pleinement présents, mon conjoint et moi-même, à ce moment si court où nous allons découvrir et presque aussitôt dire au revoir à notre petit garçon.
Je vous dis tout cela, et maintenant j'en arrive à vous dire ce que je n'arrive pas à sentir : son emploi du temps est très contraint, j'ai peur que nous n'ayons pas beaucoup de temps en continu autour de ce moment. Je tiens pour ma part à ce que nous vivions un temps continu allant de quelques jours avant l'hôpital, à la naissance, au retour à la maison et quelques jours à la maison. Ensuite, je pourrais sans doute repartir avec lui, ou rester quelques jours ici chez moi, un lieu qui m'apaise très profondément, avant de partir le retrouver.
J'aurais été reconnaissante si certaines d'entre vous qui avez eu l'infini tristesse de vivre ce moment pouviez m'aider à sentir quelles seront sans doute mes besoins profonds autour de ce moment et aussi, à quoi nous devons veiller à être très vigilants tous deux, pour que ce moment ne nous éloigne pas, pour que mon conjoint puisse avoir le temps de prendre conscience de ce qui se passe sans choc soudain, pour que je ne risque pas d'avoir un ressentiment profond contre lui à le voir repartir trop vite, au moment même où se retrouver seule serait peut-être le plus difficile.
Nous n'avons que cela pour nous, faire en sorte qu'il y ait le plus d'amour possible, autour de notre petit garçon et entre nous, et le moins de douleurs inutiles.
Je vous remercie infiniment si vous pouviez partager votre expérience, votre sentiment.
J'ai très besoin de tout faire pour que ce moment soit le plus fluide et harmonieux possible.
Nous sommes trois qui sommes là à devoir nous sentir les plus légers et aimés possibles.
Avec vous aussi,
Géraldine
Je laisse un premier message en espérant que vous puissiez m'aider à sentir comment vivre les journées à venir.
Je suis enceinte d'un peu plus de 18 semaines d'un petit garçon porteur de trisomie 21.
La découverte s'est faite en plusieurs étapes - première échographie, clarté nucale épaisse, premier choc, tri-test et des résultats qui continuent de me montrer que mon bébé pourrait être un petit bébé trisomique parfait avec tous ces chiffres que je lis, compare, inspecte, puis DPNI, attente des résultats, résultats positifs à la trisomie 21, puis amniocentèse et résultats du fish test ce mercredi matin et résultats complets jeudi ou vendredi de la semaine prochaine.
Je vous écris car je ne sais pas comment faire pour vivre ce moment le mieux possible avec mon conjoint.
Mon conjoint, d'une autre nationalité et non francophone, vit à l'étranger. Nous nous voyons 1 à 2 fois par mois. Il était présent à la première échographie, nous avions ensuite passés plusieurs jours ensemble mais nous ne nous sommes vus qu'une après-midi depuis les résultats du DPNI et il n'a pus être présent à aucun autre des rendez-vous à l'hôpital. Nous nous parlons tous les jours au téléphone depuis que nous sommes dans ce moment difficile. L'après-midi où nous avons pu nous retrouver, ce mardi, tout à lâché pour moi - pics dans la tête, migraine, vomissements, pleurs. Je n'en pouvais plus je crois de ne pas me laisser aller à vivre cette impensable tension entre la vie et la mort. Sa présence m'a permis de relâcher ce que je tenais seul. Il a aussi du coup senti vraiment pour la première fois un peu de ce qui nous arrive.
Il a ces derniers temps eu bien des moments d'oubli ou de déni inquiétant. Je lui ai expliqué plusieurs fois le déroulé, les rendez-vous à l'hôpital, la commission, l'avant img, le pendant img. J'ai partagé avec lui tout ce que j'avais pu demander, lire, comprendre. Il a pourtant eu des questions étonnantes, me demandant si après l'amniocentèse, "quelque chose" pouvait être fait le jour même dans l'après-midi, et autres discussions surréalistes qui m'ont laissé sentir qu'il était en très grand décalage avec la situation.
Je ne peux pas empêcher mon petit garçon d'avoir une trisomie, mais je peux faire de mon mieux pour que nous soyons pleinement présents, mon conjoint et moi-même, à ce moment si court où nous allons découvrir et presque aussitôt dire au revoir à notre petit garçon.
Je vous dis tout cela, et maintenant j'en arrive à vous dire ce que je n'arrive pas à sentir : son emploi du temps est très contraint, j'ai peur que nous n'ayons pas beaucoup de temps en continu autour de ce moment. Je tiens pour ma part à ce que nous vivions un temps continu allant de quelques jours avant l'hôpital, à la naissance, au retour à la maison et quelques jours à la maison. Ensuite, je pourrais sans doute repartir avec lui, ou rester quelques jours ici chez moi, un lieu qui m'apaise très profondément, avant de partir le retrouver.
J'aurais été reconnaissante si certaines d'entre vous qui avez eu l'infini tristesse de vivre ce moment pouviez m'aider à sentir quelles seront sans doute mes besoins profonds autour de ce moment et aussi, à quoi nous devons veiller à être très vigilants tous deux, pour que ce moment ne nous éloigne pas, pour que mon conjoint puisse avoir le temps de prendre conscience de ce qui se passe sans choc soudain, pour que je ne risque pas d'avoir un ressentiment profond contre lui à le voir repartir trop vite, au moment même où se retrouver seule serait peut-être le plus difficile.
Nous n'avons que cela pour nous, faire en sorte qu'il y ait le plus d'amour possible, autour de notre petit garçon et entre nous, et le moins de douleurs inutiles.
Je vous remercie infiniment si vous pouviez partager votre expérience, votre sentiment.
J'ai très besoin de tout faire pour que ce moment soit le plus fluide et harmonieux possible.
Nous sommes trois qui sommes là à devoir nous sentir les plus légers et aimés possibles.
Avec vous aussi,
Géraldine