Ange 2 mars 2017
Posté : 27 juin 2017, 17:27
J’ai mis beaucoup de temps avant de venir témoigner sur le forum. Mon mari m’y a encouragé une fois de plus hier soir. « si ça ne te fait pas de bien ça ne te fera pas de mal. Et tu pourras peut être aider quelqu’un sans le savoir «
Je vous ai beaucoup lu ces derniers mois, car moi aussi je suis devenue une mamange.
Et dieu sait que ce n’est pas quelque chose que j’avais imaginé, encore moins souhaité.
Notre petit garçon, Ange, est parti le 2 mars 2017 à 16h05. C’était une IMG pour trisomie 21 libre et homogène.
Notre histoire est semblable à beaucoup de celles que je peux lire sur ce forum.
Une première grossesse à 38 ans, 2 mois après notre mariage. Le bonheur et la surprise que ça arrive du premier coup, juste après l’enlèvement du stérilet. Nous étions heureux. Presses de le dire, de partager cette nouvelle vie. Mais cette étoile a décidé de suivre un autre chemin.
Je vous passerez la gynécologue qui m’annonce l’arrêt de la grossesse et me laisse repartir seule chez moi en disant de refaire une écho dans 3 semaines, mon super médecin traitant qui prend les choses en main et m’adresse un autre gynéco qui confirme ce diagnostic et prévoit une aspiration pour le 10 décembre 2014. (Grossesse estimée à 2 ½ mois mais personne n’en fut certain)
Ce fut difficile et extrêmement douloureux tant physiquement que moralement de perdre cette étoile, seule, chez moi, au fond des wc, la veille de l’aspiration, le 9 décembre 2014. Le corps fait ce qu’il veut et c’est une notion que je vais intégrer pour le reste de ma vie.
Je n’ai pas eu de vérification quant au fait que j’ai tout éliminé de la grossesse. J’ai bien eu du *****@ pour « finir » le travail mais personne n’ira voir. Et je n’y penserai pas.
S’en suivront 9 mois de règles extrêmement douloureuses et abondantes. En septembre 2015 je craque et consulte de nouveau pour savoir ce qui se passe. Le verdict tombe : la muqueuse utérine est pleine de trous il faut faire un curetage. Je ne saurais jamais si cela est du à la non vérification de mon utérus après la FC. L’intervention a lieu le 9 décembre 2015. Un an jour pour jour………. No coment…….
Je ressortirai de la clinique avec une ordonnance de 3 mois pour des hormones pour régulariser mes cycles et la consigne de tomber vite enceinte car je vieillis…………. Au niveau prise en charge psychologique je repasserais……….
Psychologiquement je suis perdue. Je n’arrive pas à avancer vis-à-vis de cette FC. Tout le monde y va de son commentaire « ca va venir quand tu n’y penseras plus » « tu as fait ta FC la prochaine sera la bonne » etc……… je les ai haïs ces phrases. Je m’arme de courage et commence un suivi avec une sage-femme sophrologue. Et là je commence à avancer, à faire le deuil de cette FC. Ca se fait doucement.
Parallèlement, ne voyant toujours pas de petits pieds arrivés, nous décidons mon mari et moi de faire les tests pour savoir si nous sommes infertiles voir stériles.
Spermogramme de champion pour lui, trompe gauche complètement tortueuse pour moi . il va falloir en passer par une plastie tubaire puis par une insémination.
Quand j’entends le mot inséminer je refuse. Pas moyen que ça se passe comme ça.
Je me fais opérer le 22 septembre 2016 et je tombe enceinte, naturellement, à l’ancienne, début novembre.
Quel bonheur ! quelle revanche !!!
Cette fois c’est la bonne ! j’en suis sure !!!
Je suis presque contente d’avoir mal aux seins, des nausées, envie de faire pipi tout le temps.
La 1ere écho est rassurante. Tu es là, en vie et le gynéco dit que nous pourrons annoncer ta présence pour noël. Nous sommes heureux mais prudents. Attentionnés. Nous te parlons. Te disons que nous voulons te rencontrer dans quelques mois. Que nous t’aimons déjà.
Et puis j’attrape une bronchite. Carabinée. Et mon corps ne sait pas faire tout en même temps. Les signes sympathiques de grossesse disparaissent et laissent place à ceux de la maladie. Je suis terrorisée. Je ne me sens plus enceinte. J’ai peur de te perdre. Nous revoyons le gynéco qui t’a échographié 4 jours plus tôt. Besoin d’être rassurés, tous les 2.
Et là je vis le moment le plus humiliant de toute ma vie. Au lieu de me rassurer, le médecin m’agonie. « il va falloir me détendre, qu’on va quand même pas me mettre sous antidépresseur, que je fais vivre un enfer à mon mari, que je vais faire partie de ces femmes qui vont acheter un doppler de poche pour vérifier ton cœur et que je ne saurais pas m’en servir et que je le consulterai en urgence tout le temps….» et j’en passe des pires encore. Il consent à faire vite fait une echo qui montre que tu es toujours bien là.
Nous sommes rassurés mais extrêmement choqués de l’attitude du praticien. Ce ne sera pas possible de faire le suivi de la grossesse avec cette personne. Nous changerons de gynécologue
Autant dire que tout ca n’arrange ma bronchite qui se complique de la grippe. Je suis extrêmement fatiguée, je mange peu, je dors tout le temps. Le malaise dans la salle d’attente de mon médecin traitant me conduit à un arrêt de travail de 1 mois. Je suis infirmière libérale et là je suis une loque. Je ne peux pas soigner les gens. Il faut que je me soigne moi.
Au fil des semaines, je récupère. Je te sens gazouiller dans mon ventre. Tout va mieux. Même si j’ai du mal à être détendue, pleinement épanouie. Va savoir pourquoi.
L’échographie du 1er trimestre a lieu le 18 janvier 2017. Je sais déjà que j’aurai droit au tri-test vu que je vais avoir 40 ans dans 3 semaines. Et nous savons déjà que nous voulons un enfant en bonne santé, que nous ne garderons pas un enfant trisomique. Tout ça ce sont des paroles de bien-portant. Des mots que l’on dit quand on ne sait pas. Des généralités.
Et là, c’est le coup de massue. Clarté nucléale à 2,8. Pas mauvaise en soi mais la gynéco annonce déjà un mauvais résultat au tri-test et la ponction de trophoblaste directe. Je suis abasourdie. Je ne m’attendais pas du tout à ça.
Et malheureusement elle a raison. Tri-test : 1/23. Ponction prévue le 2 février 2017.
Mon mari reste optimiste, moi pas du tout. Je sens qu’au fond de moi, ça va pas le faire.
Je te demande de ne plus bouger, de ne plus te faire sentir. C’est trop dur d’imaginer que je vais peut être devoir me séparer de toi.
Le jour J, la ponction se passe mal. Je sers de cobaye à l’interne du service. Pas un mot du medecin titulaire. Aucune empathie. Aucun mot rassurant. Et pourtant ce sont 3 femmes qui s’occupent de moi, dont une enceinte jusqu’aux dents…… J’aurai posé mon ventre sur la table ça aurait eu le même effet. Je sais que l’examen ne se passe pas comme il faut. Je les entends murmurer au dessus de mon bidou. Je comprends que la quantité prélevée n’est pas suffisante. Mais ça, on ne me le confirmera qu’à demi-mot, parce que j’insiste. Et elles me diront que je n’aurais qu’à faire une amniocentèse dans 10 jours pour savoir si il y’a une anomalie……………. La colère me prend et ne m’a pas quitté depuis ce jour.
La soignante enceinte jusqu’aux dents qui était là pendant l’examen aura un retour d’empathie et nous appellera l’après- midi même pour nous dire que le laboratoire pourra faire les tests.
Et l’attente commence. En générale, on a les 1er résultats du tri-test au bout de 48 à 72h.
Nous devrons attendre 12 jours.
12 jours d’enfer.
Le résultat de trisomie 21 tombera le 14 février 2017, par téléphone.
C’est mon mari qui sera prévenu. Le pauvre.
Et pourtant l’enfer est loin d’être fini.
Le 14 février ce sont les premiers résultats. Il faut encore attendre le 17 février pour avoir les résultats certifiés à 100% et ainsi pouvoir engager la procédure d’IMG.
Les consultations auprès des sage-femmes et de la psychologue s’enchaînent.
Nous sommes « rassurés » sur le déroulement des événements mais encore bien inconscients de l'épreuve qui nous attend.
L'IMG est prévue pour le 2 mars 2017 à 8h. L'avant veille je prends le cachet de ***********. Je continue de travailler. Ma grossesse se voit peu, pour une fois que mon embonpoint sert à quelque chose. J'ai peu de questions de mon entourage. Je ressens les contractions dues au médicament.
C'est dur. Insurmontable. Mais tel un petit soldat, je ne flanche pas. Enfin si. Le matin même. Avant de partir au CHU. Au moment où mon mari me dit « ça va aller ». non ça n'ira pas. Notre bébé est sans doute déjà mort. Et je vais devoir accoucher. Non. Ça ne peut pas aller.
Je ne suis informée que le jour même que l'accouchement peut durer très lontemps, que ce ne sera peut être pas pour aujourd'hui.
Même pas peur.
Et là, j'ai envie de dire que dans notre malheur nous avons eu un peu de chance.
La péridurale a été un merveilleux soulagement et l'équipe soignante discrète, présente et efficace.
j 'ai été déclenché à 10h et Ange est né à 16h05.
J'ai pu voir mon petit garçon, le tenir dans mes bras. Lui dire tout ce que j'avais à lui dire.
Les sage-femmes ont pu faire des empreintes et le prendre en photo.
Les caractéristiques de la trisomie étaient déjà bien présents sur son petit visage.
Il a été incinéré par le CHU.
Il est inscrit sur notre livret de famille car né à 18 semaines.
Tout ce récit pour dire que nous avançons très péniblement.
Que mon enfant me manque tout le temps.
Que je suis en colère de savoir qu'il sert d'engrais à la pelouse du crématorium.
Ou je sais que mes mots sont durs et irrévérencieux mais c'est tout ce que je peux formuler pour le moment.
Je ne supporte plus les femmes enceintes.
Je fais mon Hermite car je ne suis pas capable d'empathie et de soutien aux Autres pour l'instant.
Ma colère est plus sourde. Je suis triste mais je ne sais pas l'exprimer autrement que par la colère.
Le sentiment de culpabilité de ne pas avoir su « faire un enfant normale » et de ne pas l'avoir garder me hante encore par moment. Pourtant je sais que c'était le solution qui nous semblait la plus réaliste et respectueuse pour lui. Nous savons mon mari et moi ce qu'est d'avoir un enfant différent, ayant tous les 2 travaillés avec ces enfants et adultes. Mon mari dit que nous avons choisi de souffrir à sa place. J'essaye d m'en persuader mais c'est tellement dur.
J'ai peur pour la prochaine grossesse. Je sais déjà que j'aurai la ponction de trophoblaste.
Difficile pour le moment de ne pas imaginer le pire.
Je voudrais tellement y croire.
Nous voudrions tellement y croire.
Je vous ai beaucoup lu ces derniers mois, car moi aussi je suis devenue une mamange.
Et dieu sait que ce n’est pas quelque chose que j’avais imaginé, encore moins souhaité.
Notre petit garçon, Ange, est parti le 2 mars 2017 à 16h05. C’était une IMG pour trisomie 21 libre et homogène.
Notre histoire est semblable à beaucoup de celles que je peux lire sur ce forum.
Une première grossesse à 38 ans, 2 mois après notre mariage. Le bonheur et la surprise que ça arrive du premier coup, juste après l’enlèvement du stérilet. Nous étions heureux. Presses de le dire, de partager cette nouvelle vie. Mais cette étoile a décidé de suivre un autre chemin.
Je vous passerez la gynécologue qui m’annonce l’arrêt de la grossesse et me laisse repartir seule chez moi en disant de refaire une écho dans 3 semaines, mon super médecin traitant qui prend les choses en main et m’adresse un autre gynéco qui confirme ce diagnostic et prévoit une aspiration pour le 10 décembre 2014. (Grossesse estimée à 2 ½ mois mais personne n’en fut certain)
Ce fut difficile et extrêmement douloureux tant physiquement que moralement de perdre cette étoile, seule, chez moi, au fond des wc, la veille de l’aspiration, le 9 décembre 2014. Le corps fait ce qu’il veut et c’est une notion que je vais intégrer pour le reste de ma vie.
Je n’ai pas eu de vérification quant au fait que j’ai tout éliminé de la grossesse. J’ai bien eu du *****@ pour « finir » le travail mais personne n’ira voir. Et je n’y penserai pas.
S’en suivront 9 mois de règles extrêmement douloureuses et abondantes. En septembre 2015 je craque et consulte de nouveau pour savoir ce qui se passe. Le verdict tombe : la muqueuse utérine est pleine de trous il faut faire un curetage. Je ne saurais jamais si cela est du à la non vérification de mon utérus après la FC. L’intervention a lieu le 9 décembre 2015. Un an jour pour jour………. No coment…….
Je ressortirai de la clinique avec une ordonnance de 3 mois pour des hormones pour régulariser mes cycles et la consigne de tomber vite enceinte car je vieillis…………. Au niveau prise en charge psychologique je repasserais……….
Psychologiquement je suis perdue. Je n’arrive pas à avancer vis-à-vis de cette FC. Tout le monde y va de son commentaire « ca va venir quand tu n’y penseras plus » « tu as fait ta FC la prochaine sera la bonne » etc……… je les ai haïs ces phrases. Je m’arme de courage et commence un suivi avec une sage-femme sophrologue. Et là je commence à avancer, à faire le deuil de cette FC. Ca se fait doucement.
Parallèlement, ne voyant toujours pas de petits pieds arrivés, nous décidons mon mari et moi de faire les tests pour savoir si nous sommes infertiles voir stériles.
Spermogramme de champion pour lui, trompe gauche complètement tortueuse pour moi . il va falloir en passer par une plastie tubaire puis par une insémination.
Quand j’entends le mot inséminer je refuse. Pas moyen que ça se passe comme ça.
Je me fais opérer le 22 septembre 2016 et je tombe enceinte, naturellement, à l’ancienne, début novembre.
Quel bonheur ! quelle revanche !!!
Cette fois c’est la bonne ! j’en suis sure !!!
Je suis presque contente d’avoir mal aux seins, des nausées, envie de faire pipi tout le temps.
La 1ere écho est rassurante. Tu es là, en vie et le gynéco dit que nous pourrons annoncer ta présence pour noël. Nous sommes heureux mais prudents. Attentionnés. Nous te parlons. Te disons que nous voulons te rencontrer dans quelques mois. Que nous t’aimons déjà.
Et puis j’attrape une bronchite. Carabinée. Et mon corps ne sait pas faire tout en même temps. Les signes sympathiques de grossesse disparaissent et laissent place à ceux de la maladie. Je suis terrorisée. Je ne me sens plus enceinte. J’ai peur de te perdre. Nous revoyons le gynéco qui t’a échographié 4 jours plus tôt. Besoin d’être rassurés, tous les 2.
Et là je vis le moment le plus humiliant de toute ma vie. Au lieu de me rassurer, le médecin m’agonie. « il va falloir me détendre, qu’on va quand même pas me mettre sous antidépresseur, que je fais vivre un enfer à mon mari, que je vais faire partie de ces femmes qui vont acheter un doppler de poche pour vérifier ton cœur et que je ne saurais pas m’en servir et que je le consulterai en urgence tout le temps….» et j’en passe des pires encore. Il consent à faire vite fait une echo qui montre que tu es toujours bien là.
Nous sommes rassurés mais extrêmement choqués de l’attitude du praticien. Ce ne sera pas possible de faire le suivi de la grossesse avec cette personne. Nous changerons de gynécologue
Autant dire que tout ca n’arrange ma bronchite qui se complique de la grippe. Je suis extrêmement fatiguée, je mange peu, je dors tout le temps. Le malaise dans la salle d’attente de mon médecin traitant me conduit à un arrêt de travail de 1 mois. Je suis infirmière libérale et là je suis une loque. Je ne peux pas soigner les gens. Il faut que je me soigne moi.
Au fil des semaines, je récupère. Je te sens gazouiller dans mon ventre. Tout va mieux. Même si j’ai du mal à être détendue, pleinement épanouie. Va savoir pourquoi.
L’échographie du 1er trimestre a lieu le 18 janvier 2017. Je sais déjà que j’aurai droit au tri-test vu que je vais avoir 40 ans dans 3 semaines. Et nous savons déjà que nous voulons un enfant en bonne santé, que nous ne garderons pas un enfant trisomique. Tout ça ce sont des paroles de bien-portant. Des mots que l’on dit quand on ne sait pas. Des généralités.
Et là, c’est le coup de massue. Clarté nucléale à 2,8. Pas mauvaise en soi mais la gynéco annonce déjà un mauvais résultat au tri-test et la ponction de trophoblaste directe. Je suis abasourdie. Je ne m’attendais pas du tout à ça.
Et malheureusement elle a raison. Tri-test : 1/23. Ponction prévue le 2 février 2017.
Mon mari reste optimiste, moi pas du tout. Je sens qu’au fond de moi, ça va pas le faire.
Je te demande de ne plus bouger, de ne plus te faire sentir. C’est trop dur d’imaginer que je vais peut être devoir me séparer de toi.
Le jour J, la ponction se passe mal. Je sers de cobaye à l’interne du service. Pas un mot du medecin titulaire. Aucune empathie. Aucun mot rassurant. Et pourtant ce sont 3 femmes qui s’occupent de moi, dont une enceinte jusqu’aux dents…… J’aurai posé mon ventre sur la table ça aurait eu le même effet. Je sais que l’examen ne se passe pas comme il faut. Je les entends murmurer au dessus de mon bidou. Je comprends que la quantité prélevée n’est pas suffisante. Mais ça, on ne me le confirmera qu’à demi-mot, parce que j’insiste. Et elles me diront que je n’aurais qu’à faire une amniocentèse dans 10 jours pour savoir si il y’a une anomalie……………. La colère me prend et ne m’a pas quitté depuis ce jour.
La soignante enceinte jusqu’aux dents qui était là pendant l’examen aura un retour d’empathie et nous appellera l’après- midi même pour nous dire que le laboratoire pourra faire les tests.
Et l’attente commence. En générale, on a les 1er résultats du tri-test au bout de 48 à 72h.
Nous devrons attendre 12 jours.
12 jours d’enfer.
Le résultat de trisomie 21 tombera le 14 février 2017, par téléphone.
C’est mon mari qui sera prévenu. Le pauvre.
Et pourtant l’enfer est loin d’être fini.
Le 14 février ce sont les premiers résultats. Il faut encore attendre le 17 février pour avoir les résultats certifiés à 100% et ainsi pouvoir engager la procédure d’IMG.
Les consultations auprès des sage-femmes et de la psychologue s’enchaînent.
Nous sommes « rassurés » sur le déroulement des événements mais encore bien inconscients de l'épreuve qui nous attend.
L'IMG est prévue pour le 2 mars 2017 à 8h. L'avant veille je prends le cachet de ***********. Je continue de travailler. Ma grossesse se voit peu, pour une fois que mon embonpoint sert à quelque chose. J'ai peu de questions de mon entourage. Je ressens les contractions dues au médicament.
C'est dur. Insurmontable. Mais tel un petit soldat, je ne flanche pas. Enfin si. Le matin même. Avant de partir au CHU. Au moment où mon mari me dit « ça va aller ». non ça n'ira pas. Notre bébé est sans doute déjà mort. Et je vais devoir accoucher. Non. Ça ne peut pas aller.
Je ne suis informée que le jour même que l'accouchement peut durer très lontemps, que ce ne sera peut être pas pour aujourd'hui.
Même pas peur.
Et là, j'ai envie de dire que dans notre malheur nous avons eu un peu de chance.
La péridurale a été un merveilleux soulagement et l'équipe soignante discrète, présente et efficace.
j 'ai été déclenché à 10h et Ange est né à 16h05.
J'ai pu voir mon petit garçon, le tenir dans mes bras. Lui dire tout ce que j'avais à lui dire.
Les sage-femmes ont pu faire des empreintes et le prendre en photo.
Les caractéristiques de la trisomie étaient déjà bien présents sur son petit visage.
Il a été incinéré par le CHU.
Il est inscrit sur notre livret de famille car né à 18 semaines.
Tout ce récit pour dire que nous avançons très péniblement.
Que mon enfant me manque tout le temps.
Que je suis en colère de savoir qu'il sert d'engrais à la pelouse du crématorium.
Ou je sais que mes mots sont durs et irrévérencieux mais c'est tout ce que je peux formuler pour le moment.
Je ne supporte plus les femmes enceintes.
Je fais mon Hermite car je ne suis pas capable d'empathie et de soutien aux Autres pour l'instant.
Ma colère est plus sourde. Je suis triste mais je ne sais pas l'exprimer autrement que par la colère.
Le sentiment de culpabilité de ne pas avoir su « faire un enfant normale » et de ne pas l'avoir garder me hante encore par moment. Pourtant je sais que c'était le solution qui nous semblait la plus réaliste et respectueuse pour lui. Nous savons mon mari et moi ce qu'est d'avoir un enfant différent, ayant tous les 2 travaillés avec ces enfants et adultes. Mon mari dit que nous avons choisi de souffrir à sa place. J'essaye d m'en persuader mais c'est tellement dur.
J'ai peur pour la prochaine grossesse. Je sais déjà que j'aurai la ponction de trophoblaste.
Difficile pour le moment de ne pas imaginer le pire.
Je voudrais tellement y croire.
Nous voudrions tellement y croire.