Un bébé imaginaire

[Magalie]

Bonjour,

Je cherchais un sujet de Valérie pour le relire sur l'acceptation de continuer sans grossesse d'après mais je ne le retrouve pas. Je me retrouve depuis quelques semaines dans un paradoxe très inconfortable.

Mon bébé d'amour s'en est allé il y a bientôt 15 mois. Il est pour moi impensable de revivre une nouvelle grossesse : 41 ans, trop d'angoisses et de pleurs durant ma grossesse de mon ange, un accouchement abominable, pour ne pas dire barbare, et 30 jours en enfer. Et depuis évidemment tous les affres du deuil, le manque physique, le cimetière, les "et si..." qui font plus de mal que de bien, les grands frères à accompagner eux aussi dans leur deuil...

Je ne veux pas courir le risque de revivre cela. Sauf que depuis quelques semaines une partie de moi interprète toutes les sensations de mon corps comme des signes de grossesse. Mon ventre gargouille ? Ce sont les mouvements d'un bébé. Des extrasystoles ? Il me donne des coups de pied vers le haut. Nausée ? Mais non ce n'est pas l'excès de café à jeun...

J'ai fait un test, négatif évidemment, mais cela continue.
Suis-je en train de devenir folle ? Je me surprends à penser que C'est bien dommage que les cigognes n'existent pas. Comment faire pour conserver son unité dans son renoncement ?

Merci à vous.

[Lamya]

Bonjour magalie

Je me retrouve dans ce que tu dis et surtout la peur de revivre cette rude épreuve IMG et mon âge ne m'aide pas trop 39ans bientôt 40 ans en octobre

Mais l'envie de retenter ma chance est trop forte
Du coup je pense commencé le fameux ********* comme la gygy m'avait dit ( Traitement 6 mois )

Puis je verrai ce que cela donne

J'ai ma grande de 3ans qui réclame un tifrere (comme elle dis)

Gros bisous

[andrea79]

Bonjour Magalie,

le poste que tu recherches est peut-être le suivant:

http://www.petiteemilie.org/forum/viewt ... ?f=8&t=122

J'ai mis longtemps à accepter que j'aurai toujours plus d'enfants décédées qu'enfants vivants, mais aujourd'hui je suis en paix avec ce fait.

Une pensée pour tes étoiles.

Andrea

[valite]

Bonjour Magalie,

Tu trouveras dans le lien donné par Andréa nos conversations autour de cette vie sans enfant d'après (ni d'avant pour moi). C'est un long cheminement je ne te le cacherai pas, il n'est pas non plus linéaire et tu trouveras peu de soutien. Mais il est possible et il offre aussi une belle vie. Certainement pas celle que l'on imaginait mais une autre vie à construire qui mérite elle aussi d'être vécue.
Tu as tes raisons qui font qu'aujourd'hui envisager/vivre une nouvelle grossesse est impossible, elles sont légitimes car les tiennes. Elles entrent en conflit avec ce désir physique, charnel que tu ressens. Désir qui est aussi décuplé par la perte de ton enfant. Jusqu'où es-tu capable de porter ce désir personnel? quelles sont tes limites, celles de ton conjoint, celles de votre couple? quel est pour toi, pour lui, pour vous deux, le sens de "avoir un enfant"?
Bien évidemment, je n'attends pas de réponses à ces questions (sauf si tu veux les poster et en parler!). Ce sont les questions que je me suis posées. Certaines réponses sont pour moi la clé de ma décision, en particulier celles des limites. J'ai réussi à exprimer clairement des limites à ce désir d'enfant (avec l'aide d'une psychologue!!) au delà des lesquelles je ne pourrai pas aller car cela remettrait (à mes yeux) en cause le fait d'avoir un enfant.

NON, je te rassure, tu n'es pas folle!

Bien à toi

Valérie

[Magalie]

Bonsoir,

Merci à toutes les trois.
Effectivement c'est bien ce post que je cherchais.
Vos réponses me sont précieuses, c'est tellement important de mettre des mots sur ces sensations et les émotions qu'elles déchaînent. Et la question des limites est primordiale en effet Valérie. Je connais clairement la mienne : l'équilibre et l'épanouissement de mes enfants vivants. C'est ce qui m'a fait tenir debout tout au long de cette année. Ce qui m'a empêché de commettre l'irréparable. Je veux à tout prix les préserver.

Mais effectivement il y a une partie de moi, plus animale, qui voudrait encore un petit. Il faut que j'arrive à faire la paix avec elle.

Un pas de plus sur le chemin. Merci à vous d'être présentes pour tous ces pas.

Très affectueusement.
Magalie

[Magalie]

Re,

Je n'ai pas parlé de mon homme dans ma réponse. Évidemment son désir compte énormément pour moi. Et lui aimerait qu' on réessaye.

Et moi je suis prise entre son désir, celui de mon corps (on va dire ça comme ça), et mes limites.

[valite]

Bonjour Magalie,

Je dis souvent de façon un peu maladroite qu'à la mort de mes enfants j'ai réalisé que j'avais 1 corps, 1 cœur et un 1 esprit (1 raison) et que les 3 pouvaient aller dans des sens différents. Jusque là, je n'avais jamais eu conscience de cela car les trois allaient dans le même sens.
Je crois qu'en premier lieu ce qui a été le plus dur c'est l'acceptation physique de la disparition de mes enfants. Bien évidemment ma raison avait intégré la mort mais mon corps et mon cœur NON. D'ailleurs, les premiers temps ce désir d'enfant (physique et affectif) n'était en fait chez moi qu'une façon de nier cette disparition. J'ai mis longtemps à accepter de revivre comme une femme non enceinte.
Cette étape franchie, j'ai travaillé sur ce désir d'enfant, sur la différence entre désir d'enfant et désir de grossesse. Aujourd'hui, je n'ai plus de désir de grossesse mais j'ai toujours un désir d'enfants, je tiens à ce désir, je le cultive. Je le considère comme une façon de se projeter, une vision du couple. Ce qui ne signifie en aucun cas, que je cherche via par exemple une adoption à avoir un enfant. Je resterai malgré tout sans enfant vivant. Je tiens aussi à mon statut de mère à part entière de mes enfants décédés.


Pour ce qui est de ton mari, est-il au courant de tes réflexions? de tes limites? Qu'est ce que lui est capable d'accepter ou pas?

Bien à toi

Valérie

[Nena]

Bonjour Magalie,

J avais écrit moi aussi sur le post " se reconstruire sans grossesse d après"

Merci, Valerie pour ton post, tes mots sont tellement justes.

Je pense effectivement, qu il nous faut du temps et beaucoup d écoute pour savoir si on part dans l aventure d un bebe espoir.
Est ce que l on est assez forte pour affronter une éventuelle IMG. Et tous les souvenirs qui vont revenir à la surface. Donner à ce bébé, sa vraie place.
Pour ma part j ai compris que si j avais un bebe espoir il n atténuera pas la douleur pour ma fille, il ne la remplacera pas. Il me permettra juste d avoir une refanche contre cette maladie. Mais dans quelle limite?
C est ca la vraie question? Quelles sont nos limites? Et parfois, il est nécessaire de dire stop.
Cette décision il faut la prendre à deux, nos conjoints ont aussi leurs mots à dire même si cela peut être douloureux. Il faut entendre leurs souhaits.

Quand en décembre, mon gynécologue m à annoncé être en insuffisance ovarienne j ai beaucoup pleuré. Mais, je me suis rendue compte, il y a peu, que j'avais un poids en moins, une pression en moins. J étais sur le chemin de l acceptation avec bien sur des hauts et des bas.
Mais lorsque je suis retombée enceinte en février dernier, j ai eu l impression que le temps était suspendu à nouveau. La peur, voilà le sentiment qui ne me quittait plus. Et puis cette grossesse s'est encore soldée par une FC.
Apres une longue et tumultueuse discussion avec mon mari, nous avons convenu un dernier essai. Peut importe qu elle sera l issue de cette grossesse elle sera la derniere.
Je me sens libre avec moi meme et en accord avec mon mari.

Ce n est que mon avis, mais à un moment donné, il faut se poser, et vraiment faire le point.

J espère magalie, que tu trouveras une sérénité et un apaisement par rapport à ta décision.
Valerie

[valite]

Bonjour,

Nena: je me permets de "te relancer" (ici) sur une phrase (si tu n'as pas envie de réponde, tu ne réponds pas??!!). Ne pas voir non plus un jugement de ma part. Cette phrase ne me parle plus maintenant comme elle m'a parlée hier....
Tu dis" avoir une revanche sur la maladie. Dans quelles limites".
Un enfant est vraiment une revanche sur quoi que ce soit? Un revanche n'est elle pas associée à une bataille (une guerre?)? Une revanche ne prend elle pas naissance dans la colère?
Une avancée dans le deuil et dans son acceptation n'est-elle pas l'acceptation de cette chose qui en fait nous dépasse tous "la vie et tout ce qu'elle sous entend en particulier la mort...". La mort de nos enfants nous met brutalement devant cette réalité. Rien ni personne n'est plus fort. Il existera toujours une partie qui nous échappera aussi performante soit la médecine.... Etre en paix avec ça est compliqué, ça renvoie à sa propre mort, à la mort des êtres chers, à toutes les situations qui peuvent entrainer la mort( la grossesse en est une mais c'est loin d'être la dernière..). Ce n'est pas pour rien que dans notre société de nombreux sujets sont tabous (au delà du deuil périnatal): le dons d'organe, la fin de vie, le cancer, le choix d'une sépulture pour soi............

Mon objectif n'est pas de terroriser tout le monde, bien au contraire.... Accepter cela c'est aussi avancer plus librement dans la vie...
(ce n'est que mon avis)

Ensuite, dire non m'a aussi permis de me projeter dans une vie où les choses étaient réalisables et cesser de me projeter dans une vie basée sur des "si"., construire une vie sur des possibles et non courir après les choses improbables. Ce qui ne signifie en rien que cela soit plus facile, sans douleur. Mais le fait de commencer à obtenir des choses, de me projeter dans le court terme (très court terme au tout début) et de me rendre compte que j'obtenais ce qu'avais imaginé, m'a permis d'avancer et de retrouver du plaisir.


Bien à vous

Valérie