Forum de l'association Petite Émilie

Bonjour Cheyenne,

Merci pour ton message. En fait la séance de préparation à l'accouchement a été difficile alors même qu'il s'agissait beaucoup de sophrologie, de détente et de méditation... Quant à la réunion sur la péridurale, je crois que le problème venait des explications du médecins, des étapes. Difficile d'imaginer la scène autrement quand on a déjà eu une première expérience. J'ai vu la psycologue du service des grossesses pathologiques assez longtemps mais je ne crois pas que parler de cette émotion qui est "physique" soit la solution...

Les professionnels me disent de me projeter avec cet enfant et de ne pas penser à celui qui est parti. Mais je crois que c'est méconnaître le côté irrationnel et irraisonné de cette émotion. Je revois des images sans les avoir appelées à moi. Difficile dans ces conditions d'avoir une action raisonnable, active...

J'avoue que je ne sais pas trop quoi faire, j'ai décidé de reprendre l'exercice de sophrologie de la SF chaque soir pour tenter de ne plus être submergée et de voir les choses autrement. On verra ce que ça donne. Et je vais réfléchir effectivement à de l'acupuncture ou autre médecine douce...

Merci pour ton message en tous cas. Les moments du débuts sont difficiles, je le sais d'expérience. Comment te sens tu?

Coucou Anne,

Je ne pensais pas mais quand la SF a parlé de la péri ça a été super dur pour moi aussi en fait..
Comme j'étais avec une maman primipare, et que je n'avais pas envie de raconter ma vie, ma SF ne m'a pas posé de question sur le moment mais à la fin elle a bien vu mon trouble.

Bizarrement le cours sur l'accouchement c'est mieux passé. Peut être parce que j'apprenais a donner la vie et que ça changeait de mon expérience avec la maternité..

En tout cas j'espère que tu arriveras à voir le côté positif de ces cours.. Moi je me dis que Victor sera là pour nous accompagner et ça me rassure..

Plein de courage

J'espère qu'effectivement la suite sera plus simple parce que différente, tout simplement.
En tous cas, ça fait du bien de ne pas se sentir seule à réagir comme ça, surtout qu'il n'y a aucune maîtrise dans tout ça.

Bonjour Anne,
Je pense que malheureusement, comme chaque étape du deuil, il faut vivre les émotions pour les laisser passer. Je pense que si tu cherches à retenir ou éviter ces émotions, tu risque de rester bloquer.
Si la sophrologie ne te convient pas, peut-être qu'autre chose, une autre technique pourrait t'aider à traverser cette épreuve.
Dans tous les cas, je te souhaite le meilleur pour l'avenir et quand tu auras ton petit bout dans les bras tu pourras souffler un peu

Bonjour à toutes,

j'ai survolé un peu les messages, désolée...

Pour celles qui se posent la question de l'impact sur "l'enfant d'après"...
Je suis l'enfant d'après, j'ai une soeur qui est décédée à l'âge de 2 ans, un an avant ma naissance. C'est quelque chose que j'ai toujours su, et qui a longtemps été tabou dans ma famille, dans le sens où, voyant nos parents tristes de parler de ma soeur, nous avons de nous-mêmes cessé d'en parler assez tôt. J'ai longtemps cru avoir "remplacé" (le mot n'est pas le bon) ma soeur, comblé un vide. C'est probablement le cas d'ailleurs, mais dans le bon sens. J'ai été très désirée. Le hic, c'est qu'on ne me l'a peut être pas assez dit.
Alors je pense que la clef est peut être la: parler de nos bébés disparus aux suivants (et à ceux d'avant). Leur dire que même si ça nous fait de la peine, on peut et on doit parler de ces bébés qui ne grandiront jamais. Leur dire que chaque enfant est unique, et que le suivant ne remplace jamais le précédent.
J'ai 2 garçons: le 2eme n'est pas la prolongation du 1er. Ils sont 2 êtres distincts, avec leurs caractères propres. Ma fille n'est pas la prolongation de ses frères. Et si j'ai un autre enfant, il ne pourra jamais remplacer mon enfant perdu. Je lui parlerai de sa grande soeur, née trop tôt, trop petite pour rester parmi nous. Toujours parler, encore parler.

Et puis je suis pas complètement déséquilibrée!! Mes parents m'aiment énormément, mes frères et soeurs aussi. Nous sommes très soutenus par tout le monde depuis la mort d'Hanaé. L'amour et le dialogue, il n'y a que ça de vrai!

Voilà, j'espère avoir rassuré certaines d'entres vous...

Bientôt à la date anniversaire des un an de ma DPA, je m'interroge sur ce deuil qui semble revêtir désormais moins de violence, plus de douceur, mais qui dans le cadre de ma grossesse en cours, continue à me poser quelques difficultés...

La mémoire du corps serait elle plus longue que celle de l'esprit ? Ce dernier voyage-t-il plus rapidement que notre corps, qui revit dans la présence grossesse les événements traumatiques du passé? Après quelques moments déconcertants, faits non plus de peine consciente, mais d'image, de flash, qui remontaient à moi sans que je les aient appelés, je tente d'imaginer un scénario différent, un accouchement différent. Je cherche à projeter des images sur un autre départ à la maternité, sur d'autres moments d'accouchements, différents, moins silencieux, moins déjà emprunt de la perte de notre enfant.... Je ne sais pas si ce sera efficace, si cela pourra m'aider le jour J.

J'ai le sentiment ambiguë de partir avec encore moins de "chance" qu'une future maman pour son premier accouchement. Bien sûr, moi j'ai déjà une première expérience, mais mon bébé était petit, je n'ai pas eu à pousser, je n'ai eu aucune douleur ni contractions, et donc je ne sais pas vraiment comment cela va se passer cette fois. Et je pars également avec un handicap psychique, lié à une expérience traumatique (si je puis dire). Difficile ambiguïté, se projeter sans se rappeller.

Bonjour anne,

J'imagine combien cela doit être effrayant vu que la première grossesse n'a pas eu de happy end...

Je ne peux te répondre que sur l'accouchement en lui même, étant a 29sa lors de mon img ma fille (1,150kg) n'avait pas le gabarit d'un bébé né a terme mais je n'ai pris que les antiprogesterones et tout c'est déclencher tout seul. Les médecins m'avais parlé de laminaires a poser sur le col pour l'ouvrir et de médicaments a prendre toutes les 2h pour les contractions et finalement je n' en ai pas eu besoin.

Pour l'img la sage femme m'a expliqué que la dose injecté était plus conséquente que pour un accouchement classique afin, au possible, d'apaiser la douleur étant donné que la douleur psycho est déjà insoutenable. Elle m'a dit aussi que vu notre situation il était possible pour un prochain accouchement d'en discuter avec les médecins, ils seraient plus compréhensif et devraient poser la péridurale plus tôt et également plus dosé (encore faut il ne pas tomber sur un con...)

Pour les contractions j'en ai eu toute la nuit précédent l'img, c'est assez douloureux, mais pas insoutenable et j'avais tendance a me crisper ce qui n'aide pas du tout alors j'ai eu le réflexe (merci la télé) de prendre une grande inspiration lorsque je la sentais venir, ca m'a aidé à me détendre vu que mon attention était Focalisé sur ma respiration et ca passait beaucoup mieux. Marcher m'a aidé aussi mais vu la situation je n'avais pas trop envie de me promener dans les couloirs, je suis plutôt resté caché dans ma chambre.
Le matin elles étaient plus difficile à supporter parce que sa sortie était proche mais une fois la péridurale posé je n'ai plus rien senti.

Pour les poussé, ne sentent plus tellement le bas de mon corps, j'avais évidemment peur de mal faire, la sage femme m'a alors dit qu'il fallait que j'attrape mes jambes et que je pousse "tout en bas, avec le ventre et pas avec les poumons" , dis comme ca ca ne veut pas dire grand chose mais sur le moment j'ai compris de quoi elle parlait.

J'espère avoir pu t'aider
Du courage pour la suite et une pensée a nos anges

18 août 2018, DPA +1 an.

Tout est plus doux, plus apaisé quand je pense à toi, mon premier petit. J'approche de la naissance de mon second bébé avec plus d'optimisme et de joie qu'auparavant dans cette grossesse...

La chambre qui aurait été la tienne est désormais prête pour un autre bébé, et je n'y pense plus comme à ta chambre. Je suis sûre que tu ne nous en veux pas pour ça.

Je voulais te laisser un message pour te dire que je n'oublie pas, même si nous continuons notre chemin. L'arbre planté pour toi pousse bien, et tu es toujours dans mon coeur. Parfois il y a des larmes, mais la détresse est moins aiguë, et je me dit que j'ai eu la chance d'avoir porté à ce jour deux petits.

J'espère qu'à me lire, les autres mamans qui vivent aujourd'hui la perte de leurs bébé se sentiront un peu mieux. La vie est terrible et souvent la souffrance est une compagnie sur notre route. Mais il y aussi tant de belles choses à vivre qu'un jour, la force qui nous anime reprend le dessus et nous oblige à avancer, par amour de nos proches, par loyauté envers nos petits qui n'ont pas vécu et par devoir envers les mamans forte que l'on se sent, malgré l'absence et le deuil.

Merci Anne pour ton témoignage très agréable à lire, douces pensées à ton petit ange qui doit être très fier de sa maman

Un petit mot mon petit, pour te dire que je ne t'oublie pas.

Ta soeur est magnifique, elle sourit, elle est à couper le souffle de beauté et de joie de vivre, et cela me fait un bien fou, je me dit qu'elle porte en elle toute la joie qui s'en était allée à ton départ. Elle est solaire et réchauffe la vie autour d'elle.

Mais je ne t'oublie pas. Je ne pourrais jamais oublier de t'avoir aimer à ce point, durant le temps qui nous a été imparti. Et si ta soeur n'est que lumière, je sais qu'il en aurait été de même pour toi si tu avais vécu.

Ton arbre croît et grandit. Et dans tous les jardins que j'aurai dans ma vie, au fil de nos déménagements, je me suis juré de planter un arbre a ta mémoire.

Je sais que tu veilles sur nous, ton papa, ta soeur, le chat et moi. Notre foyer vibre d'amour, et je sais au fond de mon coeur qu'une partie de cet amour est pour toi. Et si des larmes coulent encore parfois pour toi, tu sais que le souvenir de l'amour que j'ai ressenti à te porter en moi est désormais plus fort que la douleur de ta perte.