5 ans déjà
Posté : 30 janvier 2017, 10:02
J’ai parcouru le site et les messages que j’y ai lus, résonnent en moi.
Je me rends compte que je ne suis pas la seule à avoir fait se terrible choix pour mon petit bonhomme. Et ça m’apaise après plus de 5 ans.
Voici mon histoire.
J’ai 39 ans quand je suis enceinte de mon second enfant.
Comme j’ai déjà fait plusieurs fausses couches nous avons eu droit à une écho précoce.
Nous allons donc à l’écho des 14 semaines moi la peur au ventre sans savoir expliquer pourquoi et le papa tout confiant. La sage femme me demande d’ailleurs si il y a quelque chose qui ne va pas. Je sais juste lui dire que j’ai peur. Papa fait des blagues comme à son habitude pour détendre l’atmosphère et l’examen comment.
Seulement bébé n’est pas très coopératif d’après la sage femme et ne nous montre pas tout ce qu’il doit nous montrer. Elle nous demande donc d’aller faire un tour dans le parc à côté en espérant que bébé se retourne. Je ne sais pas pourquoi mais je suis persuadée qu’il y a un problème.
Lorsqu’on revient dans son cabinet je dois avoir une drôle de tête car elle me redemande si il y a quelque chose qui ne va pas.
Elle reprend l’écho et après le retour à son bureau elle nous annonce qu’il y a des signes qui ne sont pas à prendre à la légère. Une clarté nucale à plus de 6, et une absence de cartilage du nez. Elle nous dit que cela pourrait être les signes dune trisomie ou d’une autre maladie dont je ne me souviens plus, oui rien. Elle nous dit qu’elle souhaiterait une écho de confirmation par un gynécologue de l’hôpital et nous demande si elle peut prendre rdv pour nous. On dit oui bien sûr et elle téléphone donc en notre présence. Le rdv est pour dans 3 jours.
Elle nous explique aussi tout ce qui va suivre, l’écho la biopsie si confirmation et l’attente du résultat.
L’écho de confirmation a été une horreur avec une gynécologue très froide qui nous a dit qu’avec une telle valeur, notre bébé serait sûrement mort lundi avant la biopsie
Mais non notre petit Thomas est resté avec moi jusqu’à la fin.
Les résultats de la biopsie de trophoblaste ont été trisomie 21. Je lai appris au téléphone un après midi alors que j’étais au travail. J’ai séché mes larmes et je suis retournée au travail. Faisant comme si de rien n’était puise que de toute façon au travail personne ne savait que j’étais enceinte. J’ai donc attendu le rdv à l’hôpital 2 jours plus tard.
Une fois le diagnostic posé il fallait savoir ce qu’on allait faire. On en avait parlé pendant l’attente des résultats mais là c’était plus concret. Il fallait le faire ce choix. Les sages femmes de l’hôpital nous ont laissé tout notre temps. Et nous ont bien accompagné elles ont répondu à nos questions à mes angoisses. Une fois la décision de l’IMG prise elles nous ont aussi parlé de l’après . Qu’il pouvait être avec les autres petits anges ou incinéré par nos soins. On a choisi de s’en occupé car j’avais l’impression de moins l’abandonner et on avait besoin de pouvoir se recueillir près de chez nous.
Le jour de sa naissance à été terrible pour moi.
J’ai pris le fameux cachet en présence de la sage femme et je suis revenue le lendemain.
Mais les contractions n’étaient pas vraiment efficaces. J’aurai du m’en douté car lors de mes fausses couches ça avez déjà été le cas. Alors elles ont mis 2 cachets. Puis salle d’accouchement et péridurale. On était au moment du changement de service …. J’ai demandé à mon mari de sonner car je sentais qu’il arrivait …. Mais personne n'est venu ... mon bébé est né tout seul avec son papa et moi. Il était là sur la table. J’ai eu peur qu’il soit vivant (c’est horrible à dire) et j’ai demandé au papa d’aller chercher quelqu’un. Je ne voulais pas qu’il aille voir notre bébé. Une dame en rose est venue elle a enveloppé notre bébé dans un linge. Elle m’a sourie et elle m’a dit je vous le ramène tout de suite. Elle l’a porté comme un vrai bébé. Elle est revenue après, s’est présenté et nous a demandé si nous voulions le voir. Nous avons alors fait connaissance avec notre petit Thomas. Cette femme a été pour moi comme un ange au milieu de tout ça. Thomas était tout petit avec un petit bonnet, emmailloté dans un lange.
J’ai eu ensuite quelques complications. Et je n’ai donc revu Thomas que le soir où je lui ai demandé pardon.
Nous nous sommes occupés de l’enterrement de notre petit bonhomme. J’ai voulu ce qu’il y avait de mieux. J’ai choisi le petit cercueil blanc, l’urne représentants une sphère portée par deux mains, l’emplacement dans le cimetière….. Je l'ai mis à côté de deux petits anges partis une semaine plus tôt. C’est bête mais je ne voulais pas qu’il soit seul.
Et puis je suis retourné travailler une semaine après ma sortie de l’hôpital. Je ne me sentais pas le droit à un arrêt de travail. Je n’ai pas vu de psy non plus. Je ne m’en sentais pas le droit. De quel droit moi qui venais de tuer mon fils, aurais je le droit de prendre la place d’une maman qui aurait perdu son bébé.
J’ai donc repris ma vie d’avant. En pleurant seule tous les matins et tous les soirs pendant longtemps. Et en vivant pour ma fille.
Les pleurs se sont espacés et le désir de ne pas laisser ma fille seule m’a fait surmonter ma peur et nous avons eu un nouveau bébé.
Mes enfants m’ont permis de vivre mais la douleur reste là et la culpabilité revient à chaque fois que je pense à Thomas qui pourrait être heureux avec ses frère et sœur. Ma puce me parle parfois de lui. Et ça me fait du bien car pour elle c’est son petit frère qui était malade et qui n’est plus là. C’est pas plus compliqué que ça.
Aujourd’hui je fais bonne figure au près de tous car seulement 5 personnes de mon entourage sont au courant. Mais ça me pèse. Voir des enfants souffrir m’est insupportable, à tel point que je pleure devant ma tv quand je regarde une émission sur les préma mais que je ne peux m’en décoller.
Grâce aux messages sur ce forum je me rends compte que si je veux avancer pour mes enfants il faut que j’arrête d’idéaliser la vie qu’aurait eu mon petit Thomas.
Mais ce n’est pas facile pour moi. Plus de 5 ans après ça me semble de plus en plus difficile de me rappeler des raisons légitimes de mon choix.
J’espère que je ne vous ai pas embêté avec mon message mais j’avais besoin d’écrire tout ça .
Merci à tous pour vos témoignages.
Claire
Je me rends compte que je ne suis pas la seule à avoir fait se terrible choix pour mon petit bonhomme. Et ça m’apaise après plus de 5 ans.
Voici mon histoire.
J’ai 39 ans quand je suis enceinte de mon second enfant.
Comme j’ai déjà fait plusieurs fausses couches nous avons eu droit à une écho précoce.
Nous allons donc à l’écho des 14 semaines moi la peur au ventre sans savoir expliquer pourquoi et le papa tout confiant. La sage femme me demande d’ailleurs si il y a quelque chose qui ne va pas. Je sais juste lui dire que j’ai peur. Papa fait des blagues comme à son habitude pour détendre l’atmosphère et l’examen comment.
Seulement bébé n’est pas très coopératif d’après la sage femme et ne nous montre pas tout ce qu’il doit nous montrer. Elle nous demande donc d’aller faire un tour dans le parc à côté en espérant que bébé se retourne. Je ne sais pas pourquoi mais je suis persuadée qu’il y a un problème.
Lorsqu’on revient dans son cabinet je dois avoir une drôle de tête car elle me redemande si il y a quelque chose qui ne va pas.
Elle reprend l’écho et après le retour à son bureau elle nous annonce qu’il y a des signes qui ne sont pas à prendre à la légère. Une clarté nucale à plus de 6, et une absence de cartilage du nez. Elle nous dit que cela pourrait être les signes dune trisomie ou d’une autre maladie dont je ne me souviens plus, oui rien. Elle nous dit qu’elle souhaiterait une écho de confirmation par un gynécologue de l’hôpital et nous demande si elle peut prendre rdv pour nous. On dit oui bien sûr et elle téléphone donc en notre présence. Le rdv est pour dans 3 jours.
Elle nous explique aussi tout ce qui va suivre, l’écho la biopsie si confirmation et l’attente du résultat.
L’écho de confirmation a été une horreur avec une gynécologue très froide qui nous a dit qu’avec une telle valeur, notre bébé serait sûrement mort lundi avant la biopsie
Mais non notre petit Thomas est resté avec moi jusqu’à la fin.
Les résultats de la biopsie de trophoblaste ont été trisomie 21. Je lai appris au téléphone un après midi alors que j’étais au travail. J’ai séché mes larmes et je suis retournée au travail. Faisant comme si de rien n’était puise que de toute façon au travail personne ne savait que j’étais enceinte. J’ai donc attendu le rdv à l’hôpital 2 jours plus tard.
Une fois le diagnostic posé il fallait savoir ce qu’on allait faire. On en avait parlé pendant l’attente des résultats mais là c’était plus concret. Il fallait le faire ce choix. Les sages femmes de l’hôpital nous ont laissé tout notre temps. Et nous ont bien accompagné elles ont répondu à nos questions à mes angoisses. Une fois la décision de l’IMG prise elles nous ont aussi parlé de l’après . Qu’il pouvait être avec les autres petits anges ou incinéré par nos soins. On a choisi de s’en occupé car j’avais l’impression de moins l’abandonner et on avait besoin de pouvoir se recueillir près de chez nous.
Le jour de sa naissance à été terrible pour moi.
J’ai pris le fameux cachet en présence de la sage femme et je suis revenue le lendemain.
Mais les contractions n’étaient pas vraiment efficaces. J’aurai du m’en douté car lors de mes fausses couches ça avez déjà été le cas. Alors elles ont mis 2 cachets. Puis salle d’accouchement et péridurale. On était au moment du changement de service …. J’ai demandé à mon mari de sonner car je sentais qu’il arrivait …. Mais personne n'est venu ... mon bébé est né tout seul avec son papa et moi. Il était là sur la table. J’ai eu peur qu’il soit vivant (c’est horrible à dire) et j’ai demandé au papa d’aller chercher quelqu’un. Je ne voulais pas qu’il aille voir notre bébé. Une dame en rose est venue elle a enveloppé notre bébé dans un linge. Elle m’a sourie et elle m’a dit je vous le ramène tout de suite. Elle l’a porté comme un vrai bébé. Elle est revenue après, s’est présenté et nous a demandé si nous voulions le voir. Nous avons alors fait connaissance avec notre petit Thomas. Cette femme a été pour moi comme un ange au milieu de tout ça. Thomas était tout petit avec un petit bonnet, emmailloté dans un lange.
J’ai eu ensuite quelques complications. Et je n’ai donc revu Thomas que le soir où je lui ai demandé pardon.
Nous nous sommes occupés de l’enterrement de notre petit bonhomme. J’ai voulu ce qu’il y avait de mieux. J’ai choisi le petit cercueil blanc, l’urne représentants une sphère portée par deux mains, l’emplacement dans le cimetière….. Je l'ai mis à côté de deux petits anges partis une semaine plus tôt. C’est bête mais je ne voulais pas qu’il soit seul.
Et puis je suis retourné travailler une semaine après ma sortie de l’hôpital. Je ne me sentais pas le droit à un arrêt de travail. Je n’ai pas vu de psy non plus. Je ne m’en sentais pas le droit. De quel droit moi qui venais de tuer mon fils, aurais je le droit de prendre la place d’une maman qui aurait perdu son bébé.
J’ai donc repris ma vie d’avant. En pleurant seule tous les matins et tous les soirs pendant longtemps. Et en vivant pour ma fille.
Les pleurs se sont espacés et le désir de ne pas laisser ma fille seule m’a fait surmonter ma peur et nous avons eu un nouveau bébé.
Mes enfants m’ont permis de vivre mais la douleur reste là et la culpabilité revient à chaque fois que je pense à Thomas qui pourrait être heureux avec ses frère et sœur. Ma puce me parle parfois de lui. Et ça me fait du bien car pour elle c’est son petit frère qui était malade et qui n’est plus là. C’est pas plus compliqué que ça.
Aujourd’hui je fais bonne figure au près de tous car seulement 5 personnes de mon entourage sont au courant. Mais ça me pèse. Voir des enfants souffrir m’est insupportable, à tel point que je pleure devant ma tv quand je regarde une émission sur les préma mais que je ne peux m’en décoller.
Grâce aux messages sur ce forum je me rends compte que si je veux avancer pour mes enfants il faut que j’arrête d’idéaliser la vie qu’aurait eu mon petit Thomas.
Mais ce n’est pas facile pour moi. Plus de 5 ans après ça me semble de plus en plus difficile de me rappeler des raisons légitimes de mon choix.
J’espère que je ne vous ai pas embêté avec mon message mais j’avais besoin d’écrire tout ça .
Merci à tous pour vos témoignages.
Claire