Culpabilité

[MimiPilou]

Plus de 5 ans après je me sens de plus en plus coupable d’avoir dit oui à cette IMG.
Comment gérer cette culpabilité ?
Ce matin j’étais dans le train les yeux rougis. Pourquoi ce matin ? Je ne sais pas. Peut-être parce que chaque départ, chaque mort me ramène à celle de mon petit bonhomme et que ce matin j’ai lu un post sur la mort de quelqu’un .... Même si j'en ai connu d'autres depuis celle de mon petit bonhomme, qui m'ont elles aussi affecté, celle de mon petit Thomas me revient toujours comme une claque.
J'ai beau croire avoir surmonté cette épreuve je me sens toujours aussi responsable de son départ. Plus de 5 ans après.
Alors ce matin je vais encore une fois arriver au bureau avec les yeux rouges. Et je dirais avec un grand sourire que tout va bien et que mes yeux sont rouges à cause du froid.
J’ai le sentiment d’avoir tué mon bébé de ne pas lui avoir laissé la chance de vivre malgré ses problèmes. Car au final sans mon accord cette IMG n’aurait jamais eu lieu.
Je me dis que peut-être aurait-il été heureux et pas si malade que les médecins le pensent ? Je n’arrive plus à me dire que j’ai fait le bon choix.
Comment avez-vous réussi à surmonter cette culpabilité ?

[Marie74]

Je me permets de répondre à ton message pour te dire que ce sentiment je crois que nous l'avons toutes...et il restera enfoui.
Pr ma part j'ai subi l'img en novembre, j'ai bcp culpabilisé, douté de bien fondé de cet acte etc...ms pour surmonter cela je repense toujours à ce que m'a dit la sage femme qui ns a accompagné ce jour là, et qui ns a confirmé que c'était le meilleur choix pour lui, que c'était avant tt un acte d'amour.
Parallèlement mon conjoint me dit aussi et me rappelle svt que pr pratiquer une IMG, les medecins passent le dossier en commission, ce n'est pas un accord anodin de leur part car "ils ne sont pas là pour faire mourir les bébés" me dit-il. Alors je repense un peu à tout ca.
Et puis j'ai plusieurs médecins depuis qui me demandent à chaque fois ce qu'avait notre petit loup et je lis sur leur visage que de tte facon il n'y avait pas d'espoir.

BRef tt ca n'adoucit pas ma peine ms un peu ce sentiment qui me hante et ma question ts les jours en me levant "a t-on fait le bon choix"...

Le problem cest que les medecins sont factuels et nous exposent les problèmes ms ne s'avancent pas ds le choix à faire car ils n'en ont pas le droit ms on lit bien sur eux, on décrypte ce qu'ils pensent malgré tout.
Les larmes me montent en t'écrivant cela ms je crois sincèrement qu'il ne faut pas remettre en question tt le passé...je sais que c'est facile à dire ms on vit déjà avec une peine difficilement surmountable, il faut juste essayer de ne pas s'en infliger d'avantage.

Bon courage en tt cas!

[alamus]

Bonjour MimiPilou,
j'aimerais tant trouver les bons mots...
Tu as choisi l'IMG, mais tu n'avais pas choisi que ton enfant aies des anomalies.
Je pense qu'on choisi l'IMG dans un instinct de protection, parce que nous somme les parents. Comme une lionne qui se lance sur un prédateur pour protéger son petit. Tu as voulu le protéger de la souffrance. Comme tous les parents vis-à-vis leur enfant.

Une amie a des enfants avec d'importants problèmes de santé. Elle a été la femme forte pendant des années. Une battante, un modèle. Elle a tenu une dizaine d'années. Aujourd'hui, elle s'effondre, se demande pourquoi ses enfants ont à passer par ce chemin-là. Si tu avais mené ta grossesse à terme, oui, des joies de parents, tu en aurais connues. De l'amour, il y en aurait eu tout plein. Mais la culpabilité, tu ne crois pas que tu l'aurais aussi ressentie, en voyant ton fils souffrir, sachant que tu étais au courant de ses ennuis de santé avant de la mettre au monde?

Vois-tu, peu importe l'issue (IMG ou pas d'IMG) notre destin s'est vu lié à la culpabilité depuis l'annonce du diagnostic. Coupable de faire l'IMG, ou coupable de voir grandir notre enfant avec des souffrances. Je pense que tu vivrais de la culpabilité même si tu avais mené ta grossesse à terme.

J'espère que cela te console un peu. C'est dur, je sais.
Je pense qu'il n'y avait malheureusement pas de beau scénario. Nous avons simplement (mais à quel prix) choisi celui qui nous semblait le moins pire.
Alamus

[Mline]

Ce choix, le plus terrible et déchirant qui soit, reste un choix d'amour. Car on pense à l'avenir, très certainement sombre, qu'aurait connu nos enfants.On pense aux difficultés du quotidien, aux problèmes de santé, la vie dans les hopitaux, le regard terrible et jugeant des autres.
Oui on les auraient entouré d'amour et de chaleur. Mais on n'aurait rien pu faire concernant ces difficultés la.

Je ne sais pas ce qu'avait ton petit ange, mais je crois que quelque soit le diagnostique cette décision est terrible à prendre... On veut toujours croire que les medecins se trompent. Je me suis répéter cela des semaines avant de comprendre que ma fille vivrait certes, mais dans quelle condition ? Comment fera -t-elle le jour ou ses parents ne seront plus la? Sera-t-elle dépendante de ses frere et soeurs?
Et puis j'ai pensé à elle. Jai pensé à des enfants que j'ai pu connaitre dans mon travail, très malade, qui était très triste et pouvait dire avec une violence extreme qu'ils preferait mourrir que de vivre comme ca... Je revois leur parents, leur détresse leur souffrance. Car la souffrance est contagieuse quand on aime si fort.
Ce que je te dit la est très dur. Mais je veux te donner ma petite expérience.
Ce sont toutes ces choses qui m'ont aidé à prendre cette décision.
Je ne dis pas aujourd'hui que je vis très bien cela. Non sa reste ma failure, ma plaie béante. Il y a des jours si durs.
Mais chaque jour je me dit que si je n'avais pas pris cette décision aujourd'hui jaurais la culpabilité d'imposer cette vie à ma fille, elle qui n'avait rien demandé...


Toute ca ne te réconfortera peut être pas. Peu de chose peuvent apaiser nos souffrances liéesà la perte de nos anges.
J'espère malgré tout que tu réussira a trouver un apaisement.
Souvient toi que tu as fait un choix d'amour, un choix de maman.

[Paul141216]

Bonsoir à toutes,
C'est la première fois que je m'exprime sur ce forum. Je suis en train d'écrire notre histoire et je vous la ferai bientôt partager.
Mimipilou, ce sentiment de culpabilité je le ressens chaque jour, de façon plus ou moins forte et j'ai bien peur que ce sentiment ne me poursuive toute ma vie.
Je pense qu'au delà de la culpabilité nous sommes surtout pleine de regrets et de nostalgie face à cet enfant que nous ne verrons pas grandir. Nous devons faire le deuil de l'avenir et non du passé... Nous aurions toutes voulu les voir vivre , mais à quel prix ?
Je n'aurai pas de meilleur réponses que celles de Mline et Alamus, merci pour ces mots si bien choisis, il sont réconfortant et apaisants. Ils reflètent exactement ce que je ressens.

Courage à toutes

[PatPh]

Comme je comprends cette culpabilité. je crois qu'on la ressent tous, à des degrés plus ou moins forts. Moi aussi je me dis que je n'avais pas le droit de décider à sa place s'il voulait de cette vie, que la trisomie c'est pas si terrible, que peut-être il aurait été heureux.... mais à quel prix pour mon équilibre familial ? Je n'étais pas sûre de pouvoir tout gérer. Et quand bien même j'aurais réussi à tout mener de front, il y a une chose que je ne voulais pas, qui me paraissait trop inacceptable : il aurait été toute sa vie à la charge de ses soeurs. Ou plus précisément, lui et mon aînée (handicapée) auraient été à la charge de ma cadette. Ca fait beaucoup trop pour elle, et je n'ai pas le droit de lui imposer ça...
Donc quand la culpabilité me ronge, je me rappelle que j'ai pris cette décision pour protéger mes filles d'un avenir vraiment trop compliqué, en plus de le protéger probablement lui-même contre une vie bien trop triste et difficile.
Ça n'empêche pas la culpabilité, qui revient trop souvent à mon gré (comme par hasard, mon oncle, trisomique, vient de décéder, à quelques jours de ma DPA... tout m'y ramène en ce moment; il a passé sa vie en institution, il était trisomique profond et probablement autiste aussi) mais ça m'aide à trouver une explication à cette décision impossible et à l'accepter comme étant peut-être le choix le moins pire.

[MimiPilou]

Merci à tous !
Bien sur j’essaie de me rappeler les raisons de ce choix, la souffrance qu'il aurait peut être subit, la charge pour sa grande sœur, l'après papa et maman.
Mais l’incertitude des médecins sur son évolution possible, sur sa vie possible me font douté de mon choix.
Je me dis souvent que l'on aurait pu vivre heureux, que son handicape aurait pu être gérable .... Je sais au fond de moi que j'idéalise la vie qu'il n'aura jamais mais je n'arrive pas à être objective.
Mon petit bonhomme était trisomique, j'ai honte de ne pas lui avoir laissé de chance. Surtout quand on voit autour de nous des enfants trisomiques qui sont heureux.
A l'époque mon choix était réfléchit et si je réfléchi vraiment je pense que je ferrais le même dans les mêmes circonstances car la gynéco à l'annonce du premier verdict après l'éco, nous avait carrément dit "vous revenez Lundi matin pour une amio mais vu sa nuque il sera surement mort d'ici là".
Pleine de tact dans un nomment pareil

Tous vos messages me font réfléchir, ça fait du bien.
Je me rends compte que j’oublie les conséquences que cela aurait put avoir pour lui, sur mes enfants ... Je me rends compte que ma culpabilité me fait idéaliser sa vie avec nous, non réalisée.
J'avais oublier qu'une sage femme m'avait dit que le degré des séquelles ne pouvait être connu qu'au fil des mois suivant la naissance et que ce pourrait être gérable ou toute une vie en institut. Je ne voulais pas ça pour mon enfant.

Comment faites vous pour géré cette culpabilité ?
A qui en parlez-vous ?

[MimiPilou]

Ecrire ici me fait prendre conscience de beaucoup de choses.
Je me rends compte que j’ai complètement perdu toute confiance en moi.
Je ne peux même pas m’occuper correctement de mes enfants.
Mon petit bonhomme a été hospitalisé à l’âge de 2 ans pour une cérébéllite (atteinte du cervelai). Il est resté 3 jours à l’hôpital car il ne pouvait plus marcher, parler, manger seul, tenir assis, … mais je n’ai pas pu rester avec lui.
J’y allais la journée avec mon père ou ma mère, jamais seule, mais j’étais incapable de rester la nuit. C’est le papa qui prenait le relai. Je prétextais que j’allais m’occuper de sa grande sœur mais en fait je me rends compte que j’avais peur de m’occuper de mon enfant malade.
Aujourd’hui encore il m’est impossible d’emmener un de mes enfants aux urgences. J’imagine et pire et perds tous mes moyens.

Je veux que ça change, il faut que ça change !!!

[Marie74]

Déjà tu es sur la bonne voie si tu en as conscience et que tu decides d'aller de l'avant.

Tu as avais peur de t'en occuper peut etre aussi parce que tu avais peur de ce qui pouvais se passer, que l'on t'annonce de mauvaises nouvelles encore.
Tu y allais la journée donc tu t'en occupais tt de meme.

Tu as l'air d'avoir pris conscience de bcp de choses et c'est déjà un bout début pr se reprendre en main.
Pour ma part je vais chez une psy qui m'aide bcp. Elle est spécilisée en périnatalité.
il y en des bons et des moins bons et ej pense que si on juge que le feeling n'est pas là il ne faut pas heister à changer...ou si le psy ne te correspond pas il y a d'autres methods, la sophrologie, l'hypnose. Je pense que c'est important d'accepter un soutien car s'en sortir tt seul c'est extremement dur.

Bon courage et de volonté ms tu y arriveras.

[Mjjm]

Mimipilou je pense que la culpabilité on ne ressent toujours je crois même qu'on ne ressentira jusqu'à la fin de notre vie parce qu'on est pas sûr de ce qui aurait ete la vie de notre enfant au final.

Il va falloir apprendre à vivre avec, c'est difficile c'est sûr mais la vie est ainsi faite on n'a pas le choix maintenant on a fait un choix on l'assume et il faut vivre vivre parce que il y a d'autres enfants qui sont en jeu pour toi tout comme tu doit vivre aussi pour toi.

Tu as déjà amorcé le changement, tu as pris conscience de ce qui n'allait pas et ce que tu ne veux plus faire pour toi et pour tes enfants de ce fait moi je pense que tu es sur la bonne voie pour le changement que tu souhaites amorcé ce qui te reste à faire c'est juste trouver le moyen qui puisse t'aider qui puisse te soulager en plus de ce forum