Forum de l'association Petite Émilie

Bonsoir,
C’est le cœur très lourd que j’écris ce soir.
Déjà Le 12 janvier 2024 nous avons du subir une IMG à 16 SA pour cause de trisomie + malformations. Eudes a ainsi marqué notre vie à jamais. Ça a été extrêmement dur mais le projet d’un autre bébe m’a, a terme, permis d’avancer et de garder de l’espoir.
Après de nombreux traitements/operations (syndrome d’asherman) j’ai pu retomber enceinte d’une merveilleuse petite fille mais la, le sort s’acharne, le 6 novembre dernier son cœur s’est arrêté à 31 SA.
Pas d’explication à ce jour…
Je suis aneantie. Ysée me manque. Eudes aussi.
J’ai la chance d’avoir déjà une fille de 3,5 ans mais elle était déjà tellement investie de son rôle de grande sœur.
Mon compagnon est ferme et définitif (je le connais bien) PLUS JAMAIS. (Il faut dire que j’ai 40 ans et lui 47… et que j’ai fait une hémorragie massive due à la rétention placentaire lors de la naissance d’Ysée, j’ai bien failli y rester)
Donc il ne souhaite pas qu’on recommence.
J’ai mille questions, parce que je préfère cogiter plutôt que d’accepter l’inacceptable, Ysée ne rejoindra jamais la famille. Elle me manque cruellement. À chaque seconde. Le plaisir a disparu, la joie aussi. La colère, la douleur ont pris la place. Mais j’ai Léonie qui a besoin de moi (et heureusement) sauf que sa tristesse m’affecte profondément également. Elle ne sera pas, jamais sœur…
Je ne sais pas par où commencer pour juste respirer. Pour vivre avec l’absence de mes deux enfants perdus… c’est trop!
Est ce que vous avez des pistes en ce qui concerne le choc de la perte d’un bébé à 7 mois de grossesse et au deuil d’un second enfant en même temps…
Je vous remercie pour votre bienveillance

Je n’ai pas les mots pour dire combien votre histoire me touche... je ne peux malheureusement pas vous aider dans votre cheminement, mon histoire n’est pas similaire à la votre cependant je me projette tout de même dans cette peur de revivre ce traumatisme même de façon différente une deuxième fois. Je comprends que votre mari ait eu peur et ferme la porte à une nouvelle histoire pour se protéger mais il est sûr que pour vous démarre alors le double deuil: celui de vos enfants, et celui de la maternité.

Je vous souhaite de trouver l’apaisement

Merci de votre réponse. Je me sentais un peu seule face à ma douleur

Maman d'Ysée,

Toutes mes condoléances pour tes enfants, Eudes et Ysée, je t'envoie mes plus douces pensées dans cette tempête de douleurs. La vie est injuste, parfois inacceptable, par où commencer pour réussir à respirer ? Chaque histoire de vie est différente mais cette question me parle, et je dirais que l'on peut commencer par demander de l'aide : aux proches, aux professionnels, aux associations spécialisées, à d'autres parents endeuillés, etc. Puis comme tu le fais en venant ici, en posant des mots sur cette terrible épreuve. Pour ma part, parler de notre histoire m'aide à réaliser que c'est ainsi, que c'est notre histoire et que nous nous construisons/rons avec elle dans nos bagages.

Nos aînées ont besoin de nous, et comme tu le dis, "heureusement", car je veux croire que, pour elles, nous sommes capables de tout affronter, même l'inacceptable...

Le deuil d'une prochaine grossesse, le deuil d'une grossesse qui se déroule bien, le deuil de la fratrie dont nous rêvions, sont autant de deuils qui s'ajoutent aux deuils de nos enfants. Faut-il les dissocier ? Faut-il les accepter d'un bloc ? Comment encaisser le choc ? Je n'en ai encore aucune idée. Pour le choc je vais essayer de trouver l'aide d'un professionnel, peut-être via l'EMDR. Autorisons nous d'avancer un pas après l'autre, à notre rythme... As tu un suivi de prévu prochainement avec les professionnels qui vous ont pris en charge pour cette grossesse ?

Courage, ne restes pas seule avec ta peine,
Tendres pensées à nos enfants

Merci pour ton message,
De fait, partager fait « du bien »… pour les suivis… je ne me sens pas prête à affronter ce qui me semble être un tsunami de douleur.. j’ai peur.
Nous ne l’avons enterrée qu’il y a 8 jours et déjà chaque jour est plus difficile. Avant ça nous étions dans ce que j’appelle l’événementiel, organiser l’accouchement, me remettre de l’hémorragie, organiser les funérailles… et puis… le vide.
J’entends beaucoup parler de l’edmr … je ne suis pas familière avec cette thérapie. Je vais me pencher sur la question du coup. Merci pour cette piste.
Je sais que je dois prendre step by step mais perdre le contrôle me panique aussi. Bref… le chemin sera long

Le cœur de la tempête est tout récent, c'est ok d'avoir peur, d'être en colère, d'avoir mal . Tu es en post partum et tu as vécu, en plus de la perte de ton enfant, un accouchement particulièrement difficile avec de lourdes csq, prends le temps qu'il te faut...

Je repensais à ton interrogation "par où commencer juste pour respirer". Finalement, dans un premier temps, n'est il pas suffisant de se concentrer sur nos besoins primaires (se nourrir, se laver, dormir, aimer...) ? Cette réalité injuste ne disparaîtra pas (malheureusement), il sera toujours temps de l'affronter plus tard, non ?

Prends soin de toi

Bonjour Maman d'Ysée,

Toutes mes condoléances pour Eudes et Ysée.

Je suis sincèrement désolée de t'accueillir ici dans des circonstances si difficiles et injustes.

La perte d'un bébé est une douleur innommable. Je peux difficilement imaginer à quel point il est douloureux de passer par cette épreuve une deuxième fois.

Dans un premier temps, essaie juste de survivre et de garder un rythme de vie. Chaque jour, chaque pas en avant est déjà un exploit après un tel drame.

Sois indulgente avec toi-même. Donne-toi le temps d'être triste, de crier, d'être en colère...

Essaie de t'entourer. Parle. Fais-toi suivre par une aide psychologique. Je sais que certaines personnes de ce forum ont également été bien aidées par l'EMDR.

Comment vis-tu le fait que ton conjoint ne souhaite plus tenter ? Que veux-tu de ton côté ?

Je t'envoie tout mon soutien. J'ai une douce pensée pour tes deux étoiles.

Merci pour ton message,
Je suis tellement fatiguée d’avoir si mal. Ma grande pleurait encore ce matin « je veux pas que ma petite sœur elle est morte »… c’est atroce!
Je comprends mon compagnon… il a failli me perdre et a déjà perdu 2 enfants, il a 47 ans et j’avais déjà beaucoup du insister et le rassurer après la première perte..
la pour lui c’est plus possible, il se demande ce qui arriverait la prochaine fois.
Pour moi c’est plus dur, je vois sur tous les forum à quel point avoir un autre enfant permet d’avancer, de garder espoir. Et puis il y a ma grande qui doit rester fille unique… ce n’était pas le projet.
Nous avons démangé dans notre nouvelle maison, 2 jours avant le drame. Donc une chambre que je avais peinte pour Ysée avec tellement d’amour.
Je ne sais pas quoi faire de toute cette douleur. C’est trop pour un cœur de maman.

Toutes mes condoléances Maman d'Ysée.

Ayant moi-même vécu une MFIu au mois de septembre avec des complications, je reste disponible si tu as besoin de parler.
Je rejoins les autres en disant qu'il ne faut pas rester seule avec ta peine et qu'il faut demander de l'aide aux professionnels.

Courage à vous 3, une pensée pour tes petits anges