Maladie de Jeun
Posté : 24 septembre 2025, 10:34
Bonjour a toutes et à tous . Je vous partage aujourd'hui un bout de notre histoire . Celle-ci plutôt banale d une grossesse surprise il y a quelques mois . Nous étions 4 bientôt 5, que d émotion et de surprise lors de l annonce à notre famile.
Le temps de faire connaissance avec ce petit être qui grandit en moi arrive . Avec le recul , je n ai eu que peu de temps de sérénité et d insouciance.
Arrive les premiers examens, on nous parle déjà de résultats anormaux tri test, DPNI , l' attente est longue dès le départ . On a des bonnes nouvelles , des " fausse joie " finalement mais ça on ne le savait pas encore..
Et puis il y a cette écho pré morpho a 17 sa , je ne savais même pas que ça existait..
On nous signale un problème , encore . ton fémur , tes bras , pour le reste tout semble normal..
On nous parle peut être juste d un " petit bébé " On est petit , nos premiers aînés n était pas bien grand a la naissance non plus ok ça colle..
On était naïf, trop naïf , on se protège comme on peut en se donnant des explications parfois plus ou moins farfelues..
Nouvelle écho , la réalité nous rattrape on nous parle d os courbé, très court et le temps de l amiocentese arrive . L attente est longue, très longue 4 semaines pour un résultat " normal "
On est pas bcp avancé.. entre temps on se renseigne , toutes les potentielles maladies que cela peut être .. on se demande lesquelles sont "gérables" , lesquelles peut on accepter de faire endurer a notre fils , dans toute sa vie future ?! Sacré responsabilitée.
On nous parle du DAN ,le diagnostic anté natal . Ils allaient certainement trouver ce qui ne va pas chez notre petit garçon . Ça se concrétise .
Je reçois les informations , comme on regarde le journal , j écoute , j attends les rendez vous qui s enchaînent , les échographies sont des tortures et les mauvaises nouvelles continuent . Quel supplice.
Les semaines passent. Je suis déjà a 6 mois et demi . Mon fils bouge , vit dans mon ventre et souffre peut être . On ne sait pas , personne ne sait.
Le diagnostic tombe a 26 sa et 5 jours. La DYSPLASIE THORACIQUE ASPHYXIANTE . Quel nom barbare . Qui a déjà entendu parler de cette maladie ? Ils l ont inventé exprès pour nous ?
Bien non , cette maladie au nom terrifiant , c est nous qui lui avons transmis . Ça rajoute de la culpabilité à ma culpabilité.
Mais finalement, le nom c est un detail car notre choix a été pris depuis plusieurs semaines.
Nous avons officiellement le droit de mettre fin aux actuelles potentielles souffrances de notre fils avant qu il ne suffoque à la naissance . Ce n est pas terrible , c est indicible .
On attend , enfin j attends . Je dis aurevoir a mon bébé a travers mes pensées , peut être m entend t il de l' intérieur . Je ne sais pas si je dois prendre mes distances avec ce petit être qui remue ou si je dois caresser mon ventre pour lui montrer à quel point je l aime et qu il va me manquer . Et en faite je n ai même pas de temps de me poser la question que ma main se dirige presque comme un réflexe sur mon ventre .
C est mon fils , je l aime et je ne m imagine pas a quel point il va me manquer .
Et la arrive ce jour , ce jour où ma vie va basculer à jamais mais je ne savais pas encore.
" Le geste " ce mot qui est souvent empreint de douceur , va être aujourd hui celui de la mort.
On arrive à l' hôpital comme on arrive pour un simple rendez vous . Sur le coup je banalise un peu le truc , je pleure a peine on arrive même a rigoler un peu . L' équipe qui nous accompagne est super, la sensation d une petite lumière dans l obscurité parfaite .
Alors oui je ne sens rien je suis completement anesthésié , je suis même comme qui dirait a " l'ouest " l anesthésie m a rendu plus " docile " . Je me souviens juste du champ qui tombe et la gyneco qui me dit on re fera une écho pour contrôler , et moi naïvement qui demande combien de temps ça prend. Et elle me dit " la c est fini en faite , le coeur ne bat plus " .
Quel con , quelle idiote . C est bizarre mais je pleure a peine . Je reste là allongée pendant plusieurs heures avec mon bébé sans vie dans le ventre en attendant de pouvoir remonter et retourner chez moi . Parce que oui quand on fait une IMG et surtout avec des antécédents de césarienne comme moi , il faut attendre au moins 24/48 h avant le déclenchement.
Quel supplice . J ai mon ventre de femme enceinte , j' ai un bébé dedans mais il ne vit plus. Alors je suis quoi ? Un corbillard ?
Le lendemain se passe , finalement je n' ai pas le choix. Les heures et les jours passent qu on le veuille bien ou non.
Je prépare ma valise. Celle de mes enfants aînés car " ils vont aller chez papi et mami le temps que maman aille a l' hôpital pour que naisse le bébé " . Bébé qu ils ne verront jamais .
Le lendemain arrive , vite, finalement . Le chemin se passe dans un silence mortel.
Je suis effrayée mais aussi soulagée de pouvoir donner naissance à mon bébé même si je sais que jamais je ne le verrai vivre.
L angoisse de comment va se dérouler l accouchement est là aussi. Je n' ai jamais accouché car voie basse. Pourtant , ils vont essayer .
Encore une fois on a attendu une bonne partie de la journée , nous ne sommes pas prioritaire et c est normal. Plus rien ne presse désormais. Le travail débute en fin de journée . Hors de question de souffrir , j' ai déjà du mal à gérer ma peine alors gérer un corps qui veut expulser un bébé sans vie non merci.
Le travail avance plus vite que je ne l aurai cru. Ils avaient peut être raison , c est plus facile d accoucher d' un bébé sans vie.
Je suis dissociée. Je fais tout ce qu on me dit de faire , j obéis docilement .
Arrive le moment de l expulsion . Finalement je vais l avoir mon accouchement par voie basse .
Il est sorti , même pas dans le bon sens . Un peu la galère , mais on avait le temps vu qu il ne vivait pas. Je demande à ce qu il ne me l amoche pas trop car je voulais le voir.
Je suis choquée de ce que j' ai pu dire quand j' y repense.
On l emmene, j' y fais même pas vraiment attention . J étais concentrée. Il faut expulser le placenta . Le ressenti est qu il est aussi gros que mon petit garçon .
Je suis soulagée , c est fini . Je ne sais même pas si je pleure , je crois pas.
Je m écroule de fatigue. On s écroule de fatigue car on est deux à vivre ça. Il est là , il semble fort , solide . C' est une épreuve qu on oubliera jamais. Nous étions déjà unis par la naissance de nos aînés et nous sommes désormais unis par le décès de notre dernier.
Je me réveille quelques heures apres il me semble. Non ce n est pas un cauchemar , il s' est bien passé ce qu il s' est passé . J' y crois à moitié.
On me demande si je veux voir mon bébé . Évidemment. Tout est dit, c est mon bébé.
On me le décrit , j' ai peur de le voir.
Cette peur s' est dissipée alors même qu elle passait le pas de la porte avec mon bébé dans ses bras. C est mon bébé , il est là.
Il est beau , tellement petit , tellement fragile .
Je m écroule , je ne peux même pas décrire ce que je ressens.
Une partie de mon âme est partie avec lui
Maël 20.09.2025
Le temps de faire connaissance avec ce petit être qui grandit en moi arrive . Avec le recul , je n ai eu que peu de temps de sérénité et d insouciance.
Arrive les premiers examens, on nous parle déjà de résultats anormaux tri test, DPNI , l' attente est longue dès le départ . On a des bonnes nouvelles , des " fausse joie " finalement mais ça on ne le savait pas encore..
Et puis il y a cette écho pré morpho a 17 sa , je ne savais même pas que ça existait..
On nous signale un problème , encore . ton fémur , tes bras , pour le reste tout semble normal..
On nous parle peut être juste d un " petit bébé " On est petit , nos premiers aînés n était pas bien grand a la naissance non plus ok ça colle..
On était naïf, trop naïf , on se protège comme on peut en se donnant des explications parfois plus ou moins farfelues..
Nouvelle écho , la réalité nous rattrape on nous parle d os courbé, très court et le temps de l amiocentese arrive . L attente est longue, très longue 4 semaines pour un résultat " normal "
On est pas bcp avancé.. entre temps on se renseigne , toutes les potentielles maladies que cela peut être .. on se demande lesquelles sont "gérables" , lesquelles peut on accepter de faire endurer a notre fils , dans toute sa vie future ?! Sacré responsabilitée.
On nous parle du DAN ,le diagnostic anté natal . Ils allaient certainement trouver ce qui ne va pas chez notre petit garçon . Ça se concrétise .
Je reçois les informations , comme on regarde le journal , j écoute , j attends les rendez vous qui s enchaînent , les échographies sont des tortures et les mauvaises nouvelles continuent . Quel supplice.
Les semaines passent. Je suis déjà a 6 mois et demi . Mon fils bouge , vit dans mon ventre et souffre peut être . On ne sait pas , personne ne sait.
Le diagnostic tombe a 26 sa et 5 jours. La DYSPLASIE THORACIQUE ASPHYXIANTE . Quel nom barbare . Qui a déjà entendu parler de cette maladie ? Ils l ont inventé exprès pour nous ?
Bien non , cette maladie au nom terrifiant , c est nous qui lui avons transmis . Ça rajoute de la culpabilité à ma culpabilité.
Mais finalement, le nom c est un detail car notre choix a été pris depuis plusieurs semaines.
Nous avons officiellement le droit de mettre fin aux actuelles potentielles souffrances de notre fils avant qu il ne suffoque à la naissance . Ce n est pas terrible , c est indicible .
On attend , enfin j attends . Je dis aurevoir a mon bébé a travers mes pensées , peut être m entend t il de l' intérieur . Je ne sais pas si je dois prendre mes distances avec ce petit être qui remue ou si je dois caresser mon ventre pour lui montrer à quel point je l aime et qu il va me manquer . Et en faite je n ai même pas de temps de me poser la question que ma main se dirige presque comme un réflexe sur mon ventre .
C est mon fils , je l aime et je ne m imagine pas a quel point il va me manquer .
Et la arrive ce jour , ce jour où ma vie va basculer à jamais mais je ne savais pas encore.
" Le geste " ce mot qui est souvent empreint de douceur , va être aujourd hui celui de la mort.
On arrive à l' hôpital comme on arrive pour un simple rendez vous . Sur le coup je banalise un peu le truc , je pleure a peine on arrive même a rigoler un peu . L' équipe qui nous accompagne est super, la sensation d une petite lumière dans l obscurité parfaite .
Alors oui je ne sens rien je suis completement anesthésié , je suis même comme qui dirait a " l'ouest " l anesthésie m a rendu plus " docile " . Je me souviens juste du champ qui tombe et la gyneco qui me dit on re fera une écho pour contrôler , et moi naïvement qui demande combien de temps ça prend. Et elle me dit " la c est fini en faite , le coeur ne bat plus " .
Quel con , quelle idiote . C est bizarre mais je pleure a peine . Je reste là allongée pendant plusieurs heures avec mon bébé sans vie dans le ventre en attendant de pouvoir remonter et retourner chez moi . Parce que oui quand on fait une IMG et surtout avec des antécédents de césarienne comme moi , il faut attendre au moins 24/48 h avant le déclenchement.
Quel supplice . J ai mon ventre de femme enceinte , j' ai un bébé dedans mais il ne vit plus. Alors je suis quoi ? Un corbillard ?
Le lendemain se passe , finalement je n' ai pas le choix. Les heures et les jours passent qu on le veuille bien ou non.
Je prépare ma valise. Celle de mes enfants aînés car " ils vont aller chez papi et mami le temps que maman aille a l' hôpital pour que naisse le bébé " . Bébé qu ils ne verront jamais .
Le lendemain arrive , vite, finalement . Le chemin se passe dans un silence mortel.
Je suis effrayée mais aussi soulagée de pouvoir donner naissance à mon bébé même si je sais que jamais je ne le verrai vivre.
L angoisse de comment va se dérouler l accouchement est là aussi. Je n' ai jamais accouché car voie basse. Pourtant , ils vont essayer .
Encore une fois on a attendu une bonne partie de la journée , nous ne sommes pas prioritaire et c est normal. Plus rien ne presse désormais. Le travail débute en fin de journée . Hors de question de souffrir , j' ai déjà du mal à gérer ma peine alors gérer un corps qui veut expulser un bébé sans vie non merci.
Le travail avance plus vite que je ne l aurai cru. Ils avaient peut être raison , c est plus facile d accoucher d' un bébé sans vie.
Je suis dissociée. Je fais tout ce qu on me dit de faire , j obéis docilement .
Arrive le moment de l expulsion . Finalement je vais l avoir mon accouchement par voie basse .
Il est sorti , même pas dans le bon sens . Un peu la galère , mais on avait le temps vu qu il ne vivait pas. Je demande à ce qu il ne me l amoche pas trop car je voulais le voir.
Je suis choquée de ce que j' ai pu dire quand j' y repense.
On l emmene, j' y fais même pas vraiment attention . J étais concentrée. Il faut expulser le placenta . Le ressenti est qu il est aussi gros que mon petit garçon .
Je suis soulagée , c est fini . Je ne sais même pas si je pleure , je crois pas.
Je m écroule de fatigue. On s écroule de fatigue car on est deux à vivre ça. Il est là , il semble fort , solide . C' est une épreuve qu on oubliera jamais. Nous étions déjà unis par la naissance de nos aînés et nous sommes désormais unis par le décès de notre dernier.
Je me réveille quelques heures apres il me semble. Non ce n est pas un cauchemar , il s' est bien passé ce qu il s' est passé . J' y crois à moitié.
On me demande si je veux voir mon bébé . Évidemment. Tout est dit, c est mon bébé.
On me le décrit , j' ai peur de le voir.
Cette peur s' est dissipée alors même qu elle passait le pas de la porte avec mon bébé dans ses bras. C est mon bébé , il est là.
Il est beau , tellement petit , tellement fragile .
Je m écroule , je ne peux même pas décrire ce que je ressens.
Une partie de mon âme est partie avec lui
Maël 20.09.2025