Fausse couche silencieuse
Posté : 11 septembre 2025, 05:44
Bonjour,
Je vous écris ce message car je suis en pleine insomnie. Il y a 24h, j’étais enceinte de 12SA, sur mon petit nuage. Après des essais "naturels" pendant plus d’un an suivis d’un parcours en PMA où, par grande chance, je suis tombée enceinte à la première stimulation ovarienne. J’avais ma première échographie dans une semaine.
Le matin en m’essuyant après la miction, je découvre des pertes brunes. J’en parle à ma mère qui me dit de voir un médecin. J’appelle ma sage-femme de ville qui ne répond pas et ne me rappellera jamais. Honteuse, je vais frapper en service de gynécologie (je travaille dans un CHU) pour demander conseil. On me dirige vers les urgences gyneco. Encore plus honteuse de déranger, je vais aux urgences, je me confonds en excuses de les déranger pour de petites pertes qui ne sont probablement rien. Deux externes me reçoivent et me disent que j’ai bien fait de venir. Ils me posent des questions et me disent que l’interne va passer me faire une échographie de contrôle. Après une bonne trentaine de minutes seule dans la pièce, une femme entre et se présente comme la gynécologue. Je comprends qu’il s’agit du médecin senior. Je comprends mais je continue à garder espoir. Elle pose la sonde sur mon ventre. Son visage est stoïque, aucune émotion n'est visible mais les secondes de silence deviennent des heures. Je comprends mais je refuse. Elle me dit que c’est trop petit et me demande si elle peut passer en endo-vaginal. Je comprends mais je refuse toujours. En endo-vaginal, nouveau silence. Je finis par pleurer avant l’annonce. Le fameux "je suis désolée Madame, je ne vois pas d’activité cardiaque". Je pleure. Beaucoup. Ensuite j’apprends qu’au vu de la taille de ce que j’appelle mon "bébé", même s’il ne s’agit "que" d’un embryon, il est mort dans mon ventre depuis près d’un mois (8SA).
Je me déteste, j’ai le sentiment de ne pas avoir eté suffisamment à l’écoute de mon corps. La migraine de 5 jours qui n’en finissait plus. La disparition de mes nausées que j’ai attribué à la fin du 1er trimestre. L’absence d’évolution de poids depuis quelques temps. Mon ventre qui a dégonflé. Tout aurait du m’alerter.
Je déteste mon corps. Le corps d’une femme de 39 ans qui n’arrive plus à enfanter, qui n’arrive plus à ovuler et, quand on lui donne un coup de pouce médical, qui n’est pas capable de maintenir mon bébé en vie. Ce corps qui me trahit et m’empêche de donner un petit-frere ou une petite sœur à mon petit garçon de 2 ans.
Dans 5h, je serai de nouveau à l’hôpital pour le curetage. Cela va durer la journée. Je suis scindée entre l’idée d’en terminer au plus vite et celle de garder encore un peu mon bébé pour moi. A 8 SA, je me dis qu’il va être jeté dans une poubelle de déchets organiques et être brûlé, sans que je puisse lui dire aurevoir et l’imaginer autrement que dans mes pensées.
Je me trouve ridicule et non légitime de pleurer sur mon sort vis-à-vis des parents qui perdent un enfant beaucoup plus tardivement dans la grossesse ou à la naissance. Je me trouve non légitime de pleurer sur une fausse couche précoce alors que c’est ultra fréquent et banalisé (du moins du point de vue medical).
Mais la douleur est là. La douleur mélee à la peur. La peur de tout recommencer. La peur désormais d'être enceinte. Car je ne vivrai plus jamais une grossesse sereinement. La peur de perdre encore un bébé ou d’avoir un bébé malade, au vu de mon âge. A 39 ans j’ai tellement envie de ce 2e enfant. C’est viscéral mais les statistiques sont contre moi et j’ai l’impression de me battre en vain. L’entourage de mon conjoint me culpabilise encore plus. Ma belle-mère me dit de "lâcher prise". La grand-mère me dit d’arrêter de forcer le destin. Je suis perdue. Je me sens coupable de la mort de ce petit être. J’en veux à la terre entière. A ma sage-femme qui n’a même pas pris la peine de me rappeler, à la PMA qui m’a abandonnée aussitôt que mon test de grossesse était positif alors que j’aurais peut-être eu besoin d’une surveillance médicale plus rapprochée, à mon conjoint qui ronfle à côté de moi pendant que j’écris ce message, à ma meilleure amie qui n’a pas trouvé les mots à la hauteur de ce que j’attendais d'elle dans cette épreuve.
Je vous écris ce message car je suis en pleine insomnie. Il y a 24h, j’étais enceinte de 12SA, sur mon petit nuage. Après des essais "naturels" pendant plus d’un an suivis d’un parcours en PMA où, par grande chance, je suis tombée enceinte à la première stimulation ovarienne. J’avais ma première échographie dans une semaine.
Le matin en m’essuyant après la miction, je découvre des pertes brunes. J’en parle à ma mère qui me dit de voir un médecin. J’appelle ma sage-femme de ville qui ne répond pas et ne me rappellera jamais. Honteuse, je vais frapper en service de gynécologie (je travaille dans un CHU) pour demander conseil. On me dirige vers les urgences gyneco. Encore plus honteuse de déranger, je vais aux urgences, je me confonds en excuses de les déranger pour de petites pertes qui ne sont probablement rien. Deux externes me reçoivent et me disent que j’ai bien fait de venir. Ils me posent des questions et me disent que l’interne va passer me faire une échographie de contrôle. Après une bonne trentaine de minutes seule dans la pièce, une femme entre et se présente comme la gynécologue. Je comprends qu’il s’agit du médecin senior. Je comprends mais je continue à garder espoir. Elle pose la sonde sur mon ventre. Son visage est stoïque, aucune émotion n'est visible mais les secondes de silence deviennent des heures. Je comprends mais je refuse. Elle me dit que c’est trop petit et me demande si elle peut passer en endo-vaginal. Je comprends mais je refuse toujours. En endo-vaginal, nouveau silence. Je finis par pleurer avant l’annonce. Le fameux "je suis désolée Madame, je ne vois pas d’activité cardiaque". Je pleure. Beaucoup. Ensuite j’apprends qu’au vu de la taille de ce que j’appelle mon "bébé", même s’il ne s’agit "que" d’un embryon, il est mort dans mon ventre depuis près d’un mois (8SA).
Je me déteste, j’ai le sentiment de ne pas avoir eté suffisamment à l’écoute de mon corps. La migraine de 5 jours qui n’en finissait plus. La disparition de mes nausées que j’ai attribué à la fin du 1er trimestre. L’absence d’évolution de poids depuis quelques temps. Mon ventre qui a dégonflé. Tout aurait du m’alerter.
Je déteste mon corps. Le corps d’une femme de 39 ans qui n’arrive plus à enfanter, qui n’arrive plus à ovuler et, quand on lui donne un coup de pouce médical, qui n’est pas capable de maintenir mon bébé en vie. Ce corps qui me trahit et m’empêche de donner un petit-frere ou une petite sœur à mon petit garçon de 2 ans.
Dans 5h, je serai de nouveau à l’hôpital pour le curetage. Cela va durer la journée. Je suis scindée entre l’idée d’en terminer au plus vite et celle de garder encore un peu mon bébé pour moi. A 8 SA, je me dis qu’il va être jeté dans une poubelle de déchets organiques et être brûlé, sans que je puisse lui dire aurevoir et l’imaginer autrement que dans mes pensées.
Je me trouve ridicule et non légitime de pleurer sur mon sort vis-à-vis des parents qui perdent un enfant beaucoup plus tardivement dans la grossesse ou à la naissance. Je me trouve non légitime de pleurer sur une fausse couche précoce alors que c’est ultra fréquent et banalisé (du moins du point de vue medical).
Mais la douleur est là. La douleur mélee à la peur. La peur de tout recommencer. La peur désormais d'être enceinte. Car je ne vivrai plus jamais une grossesse sereinement. La peur de perdre encore un bébé ou d’avoir un bébé malade, au vu de mon âge. A 39 ans j’ai tellement envie de ce 2e enfant. C’est viscéral mais les statistiques sont contre moi et j’ai l’impression de me battre en vain. L’entourage de mon conjoint me culpabilise encore plus. Ma belle-mère me dit de "lâcher prise". La grand-mère me dit d’arrêter de forcer le destin. Je suis perdue. Je me sens coupable de la mort de ce petit être. J’en veux à la terre entière. A ma sage-femme qui n’a même pas pris la peine de me rappeler, à la PMA qui m’a abandonnée aussitôt que mon test de grossesse était positif alors que j’aurais peut-être eu besoin d’une surveillance médicale plus rapprochée, à mon conjoint qui ronfle à côté de moi pendant que j’écris ce message, à ma meilleure amie qui n’a pas trouvé les mots à la hauteur de ce que j’attendais d'elle dans cette épreuve.