Témoignage d'une ISG lors de la grossesse d'après...
Posté : 09 juin 2025, 22:12
Bonjour,
Ici je m’appelle Melcaran, et après 2 interruptions spontanées, 1 curetage, et 2 accouchements dont une IMG, aujourd’hui je suis enceinte de 22 SA et j’attends 2 jumelles. Mais la foudre nous est retombée dessus et nous avons accompagné il y a quelques jours l’une de nos princesses rejoindre son grand-frère dans les étoiles. Nous attendons impatiemment sa sœur, en pleine santé au creux de nos bras.
Loin de l’imaginaire de la grossesse, porter la mort et porter le vie en même temps est incohérent. Je pleure chaque jour. Je suis en colère. Alors, aujourd’hui, parce qu’il n’y a pas de raison pour que notre tristesse soit tabou, je vous partage notre histoire. Même si nous sommes toujours seuls face à ces tempêtes, ce sera toujours un témoignage de plus pour les parents qui vivent ou vivront une épreuve similaire.
Notre grande est née en 2019 après une grossesse agréable et insouciante. Son petit frère est né sans vie en 2022 à la suite d’une IMG pour trisomie 21. Rapidement après cette perte sans nom, nous mettons les pieds en PMA. Nous sommes orientés vers une FIV avec dépistage préimplantatoire (DPI) à la suite de la mise en évidence d’une translocation chromosomique. L’objectif : permettre la détection, avant le transfert, d’éventuelles anomalies chromosomiques ou génétiques des embryons afin d’éviter un échec d’implantation, une interruption de grossesse ou certaines maladies graves. Toute fois, l’analyse du nombre de chromosomes (nommé PGT-A ou DPI-A) est encore interdit en France. Dans notre pays, il faut attendre l’échographie du premier trimestre et une prise de sang spécifique pour détecter les anomalies aneuploïdes aux conséquences d’une particulière gravité reconnue aujourd’hui comme incurable et pouvant mener à une IMG. Après deux protocoles de FIV DPI, et aucun transfert nous nous sommes tournés vers le don de gamètes. Deux ans plus tard, lors de la deuxième tentative nous avons la chance d’avoir un positif. Comble du bonheur nous n'attendons non pas un mais deux bébés. Après la perte de notre fils cela nous semble être un renouveau, la lumière au bout du tunnel.
Mais quelques mois plus tard, ce bonheur nous est volé : le DPNI est positif à la trisomie 21. L’amniocentèse confirme que l’une de nos jumelles est atteinte. Le même diagnostic que son grand frère, sans explication génétique, et ce malgré un parcours de trois ans de PMA que nous avions emprunté pour ne plus jamais revivre le cauchemar du passé. Je suis en colère. Notre entourage et même certains soignants se sont interrogés sur la raison pour laquelle, avec notre parcours, les embryons transférés n’avaient pas été testées. L’interdiction du DPI-A n’est visiblement pas connue et apparaît à tous comme une aberration. En 2025, en France, cette douleur, cette détresse, aurait pu – aurait dû – nous être évitées.
Après la sidération, nous réfléchissons aux suites, nous envisageons toutes les possibilités, nous étudions les prises en charge nécessaires, nous nous renseignons sur les risques pour sa jumelle. Nous lisons et écoutons les rares témoignages que nous trouvons, nous les partageons à nos proches qui font de leur mieux, pour essayer de comprendre ce que l’on traverse. Aucune option n’est acceptable, j’espère simplement que notre décision sera respectée pour ce qu’elle est, une décision d’amour.
Le 23 mai je signe le papier de demande d’interruption sélective de grossesse.
Le 30 mai, je suis admise au service de grossesse à haut risque, j’entre au bloc. Je suis entourée de nombreux professionnels de santé, tous bienveillants. Ils prennent le temps de m’expliquer chaque étape des préparatifs : branchements divers, contrôles échographiques, mise en place de la rachianesthésie, puis installation du champ stérile. L’amour de ma vie vient à mes côtés. Nous demandons de la musique, la voix angélique d’Agnès Obel nous accompagne. Je respire aussi calmement que possible, je perds pied, je pense à chacun de mes enfants, je dis au-revoir à ma princesse… Puis l’obstétricienne m’annonce que le petit cœur est arrêté. Je pleure. Elle me propose de voir sur l’échographie sa sœur, d’entendre ce cœur qui bat toujours. Je pleure. Après quelques heures sous surveillance, et après avoir entendu de nouveau le petit cœur toujours battant, nous quittons l’hôpital, rendez-vous dans une quinzaine de jours, maintenant repos.
Je supplie la vie pour que ce petit cœur en bonne santé rejoigne nos bras dans quelques mois.
Force et amour...
Prenez soin de vous.
Ici je m’appelle Melcaran, et après 2 interruptions spontanées, 1 curetage, et 2 accouchements dont une IMG, aujourd’hui je suis enceinte de 22 SA et j’attends 2 jumelles. Mais la foudre nous est retombée dessus et nous avons accompagné il y a quelques jours l’une de nos princesses rejoindre son grand-frère dans les étoiles. Nous attendons impatiemment sa sœur, en pleine santé au creux de nos bras.
Loin de l’imaginaire de la grossesse, porter la mort et porter le vie en même temps est incohérent. Je pleure chaque jour. Je suis en colère. Alors, aujourd’hui, parce qu’il n’y a pas de raison pour que notre tristesse soit tabou, je vous partage notre histoire. Même si nous sommes toujours seuls face à ces tempêtes, ce sera toujours un témoignage de plus pour les parents qui vivent ou vivront une épreuve similaire.
Notre grande est née en 2019 après une grossesse agréable et insouciante. Son petit frère est né sans vie en 2022 à la suite d’une IMG pour trisomie 21. Rapidement après cette perte sans nom, nous mettons les pieds en PMA. Nous sommes orientés vers une FIV avec dépistage préimplantatoire (DPI) à la suite de la mise en évidence d’une translocation chromosomique. L’objectif : permettre la détection, avant le transfert, d’éventuelles anomalies chromosomiques ou génétiques des embryons afin d’éviter un échec d’implantation, une interruption de grossesse ou certaines maladies graves. Toute fois, l’analyse du nombre de chromosomes (nommé PGT-A ou DPI-A) est encore interdit en France. Dans notre pays, il faut attendre l’échographie du premier trimestre et une prise de sang spécifique pour détecter les anomalies aneuploïdes aux conséquences d’une particulière gravité reconnue aujourd’hui comme incurable et pouvant mener à une IMG. Après deux protocoles de FIV DPI, et aucun transfert nous nous sommes tournés vers le don de gamètes. Deux ans plus tard, lors de la deuxième tentative nous avons la chance d’avoir un positif. Comble du bonheur nous n'attendons non pas un mais deux bébés. Après la perte de notre fils cela nous semble être un renouveau, la lumière au bout du tunnel.
Mais quelques mois plus tard, ce bonheur nous est volé : le DPNI est positif à la trisomie 21. L’amniocentèse confirme que l’une de nos jumelles est atteinte. Le même diagnostic que son grand frère, sans explication génétique, et ce malgré un parcours de trois ans de PMA que nous avions emprunté pour ne plus jamais revivre le cauchemar du passé. Je suis en colère. Notre entourage et même certains soignants se sont interrogés sur la raison pour laquelle, avec notre parcours, les embryons transférés n’avaient pas été testées. L’interdiction du DPI-A n’est visiblement pas connue et apparaît à tous comme une aberration. En 2025, en France, cette douleur, cette détresse, aurait pu – aurait dû – nous être évitées.
Après la sidération, nous réfléchissons aux suites, nous envisageons toutes les possibilités, nous étudions les prises en charge nécessaires, nous nous renseignons sur les risques pour sa jumelle. Nous lisons et écoutons les rares témoignages que nous trouvons, nous les partageons à nos proches qui font de leur mieux, pour essayer de comprendre ce que l’on traverse. Aucune option n’est acceptable, j’espère simplement que notre décision sera respectée pour ce qu’elle est, une décision d’amour.
Le 23 mai je signe le papier de demande d’interruption sélective de grossesse.
Le 30 mai, je suis admise au service de grossesse à haut risque, j’entre au bloc. Je suis entourée de nombreux professionnels de santé, tous bienveillants. Ils prennent le temps de m’expliquer chaque étape des préparatifs : branchements divers, contrôles échographiques, mise en place de la rachianesthésie, puis installation du champ stérile. L’amour de ma vie vient à mes côtés. Nous demandons de la musique, la voix angélique d’Agnès Obel nous accompagne. Je respire aussi calmement que possible, je perds pied, je pense à chacun de mes enfants, je dis au-revoir à ma princesse… Puis l’obstétricienne m’annonce que le petit cœur est arrêté. Je pleure. Elle me propose de voir sur l’échographie sa sœur, d’entendre ce cœur qui bat toujours. Je pleure. Après quelques heures sous surveillance, et après avoir entendu de nouveau le petit cœur toujours battant, nous quittons l’hôpital, rendez-vous dans une quinzaine de jours, maintenant repos.
Je supplie la vie pour que ce petit cœur en bonne santé rejoigne nos bras dans quelques mois.
Force et amour...
Prenez soin de vous.